Varignon, Pierre, Projet d' une nouvelle mechanique : avec un examen de l' opinion de M. Borelli sur les propriétez [propriétés] des poids suspendus par des cordes WORKS INCLUDED: Examen de l' opinion de M. Borelli sur les propriétez [propriétés] des poids suspendus par des cordes, 1687

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Author: Varignon, Pierre
Title: Projet d' une nouvelle mechanique : avec un examen de l' opinion de M. Borelli sur les propriétez [propriétés] des poids suspendus par des cordes WORKS INCLUDED: Examen de l' opinion de M. Borelli sur les propriétez [propriétés] des poids suspendus par des cordes
Year: 1687
City: Paris
Publisher: Martin
Number of Pages: [10], 133, [2] S., [13] Falttaf. : graph. Darst.

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Table of contents
1. Page: 0
2. PROJET D’UNE NOUVELLE MECHANIQUE AVEC Page: 9
3. A PARIS, Page: 9
4. M. DC. LXXXVII. AVEC PRIVILEGE DU ROI. Page: 9
5. A MESSIEURS DE L’ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES@ Page: 11
6. PREFACE. Page: 17
7. AVER TISSE MENT. Page: 26
8. PROJET D’UNE NOUVELLE MECHANIQUE. Page: 27
9. Axiome. Page: 27
10. Demande. Page: 28
11. LEMME I. Page: 29
12. Demonstr ation. Page: 29
13. Corollaire. Page: 29
14. LEMME II. Page: 30
15. Demonstration. Page: 30
16. Corollaire I. Page: 31
17. Corollaire II. Page: 31
18. LEMME III. Page: 32
19. Demonstration. Page: 32
20. Corollaire I. Page: 33
21. Corollaire II. Page: 33
22. Corollaire III. Page: 33
23. LEMME IV. Page: 33
24. Demonstration. Page: 34
25. Corollaire I. Page: 34
26. Corollaire II. Page: 34
27. Corollaire III. Page: 35
28. LEMME V. Page: 35
29. Demonstration. Page: 35
30. PROPOSITION FONDAMENTALE DES POIDS SUSPENDUS AVEC DES CORDES Page: 37
31. Demonstration. Page: 37
32. Corollaire I. Page: 40
33. Corollaire II. Page: 40
34. Corollaire III. Page: 40
35. Corollaire IV. Page: 40
36. Crollaire V. Page: 41
37. Corollaire VI. Page: 41
38. Corollaire VII. Page: 41
39. Corollaire VIII. Page: 42
40. Corollaire IX. Page: 43
41. Corollaire X. Page: 43
42. Corollaire XI. Page: 44
43. Corollaire XII. Page: 44
44. Corollaire XIII. Page: 44
45. Corollaire XIV. Page: 45
46. Corollaire XV. Page: 45
47. Corollaire XVI. Page: 46
48. Corollaire XVII. Page: 47
49. Corollaire XVIII. Page: 47
50. Corollaire XIX. Page: 48
51. Remarque. Page: 48
52. PROBLEME. Page: 49
53. Solution. Page: 49
54. Demonstration Page: 50
55. PROPOSITION FONDAMENTALE DES POULIES, Page: 51
56. Demonstration. Page: 51
57. Corollaire I. Page: 53
58. Corollaire II. Page: 53
59. Corollaire III. Page: 53
60. Corollaire IV. Page: 54
61. Corollaire V. Page: 54
62. Corollaire VI. Page: 55
63. Corollaire VII. Page: 56
64. Corollaire VIII. Page: 56
65. Corollaire IX. Page: 57
66. Corollaire X. Page: 57
67. Corollaire XI. Page: 58
68. Corollaire XII. Page: 58
69. Corollaire XIII. Page: 59
70. Corollaire XIV. Page: 59
71. Corollaire XV. Page: 60
72. Corollaire XVI. Page: 61
73. Corollaire XVII. Page: 62
74. PROBLEME. Page: 63
75. Solution Page: 63
76. Demonstration. Page: 63
77. Demonstration. Page: 64
78. Corollaire. Page: 64
79. Remarque. Page: 65
80. PROPOSITION FONDAMENTALE DES POIDS SOUTENUS Page: 66
81. Demonstration. Page: 66
82. Corollaire I. Page: 68
83. Corollaire II. Page: 68
84. Corollaire III. Page: 69
85. Corollaire IV. Page: 69
86. Corollaire V. Page: 70
87. Corollaire VI. Page: 70
88. Corollaire VII. Page: 70
89. Corollaire VIII. Page: 70
90. Corollaire IX. Page: 71
91. Corollaire X. Page: 71
92. Corollaire XI. Page: 72
93. Corollaire XII. Page: 73
94. Corollaire XIII. Page: 73
95. Corollaire XIV. Page: 75
96. Corollaire XV. Page: 75
97. Corollaire XVI. Page: 75
98. Corollaire XVII. Page: 76
99. Corollaire XVIII. Page: 77
100. Corollaire XIX. Page: 78
101. Corollaire XX. Page: 78
102. Corollaire XXI. Page: 78
103. Corollaire XXII. Page: 79
104. Corollaire XXIII. Page: 79
105. Corollaire XXIV. Page: 80
106. Corollaire XXV. Page: 80
107. PROBLEME. Page: 81
108. Solution. Page: 81
109. Demonstration. Page: 82
110. Corollaire I. Page: 82
111. Corollaire II. Page: 82
112. Corollaire III. Page: 82
113. Corollaire IV. Page: 83
114. Corollaire V. Page: 83
115. PROPOSITION FONDAMENTALE POUR TOUTES SOR TES DE LEVIERS, Page: 84
116. Demonstration. Page: 84
117. Corollaire I. Page: 86
118. Corollaire II. Page: 86
119. Corollaire III. Page: 86
120. Corollaire IV. Page: 87
121. Corollaire V. Page: 87
122. Corollaire VI. Page: 87
123. Corollaire VII. Page: 88
124. Corollaire VIII. Page: 88
125. Corollaire IX. Page: 89
126. Corollaire X. Page: 89
127. Corollaire XI. Page: 91
128. Corollaire XII. Page: 91
129. Corollaire XIII. Page: 92
130. LEMME VI. Page: 92
131. Demonstration. Page: 93
132. Corollaire I. Page: 93
133. Corollaire II. Page: 94
134. Corollaire III. Page: 94
135. Corollaire IV. Page: 94
136. Corollaire V. Page: 94
137. AUTRE PROPOSITION DES LEVIERS, Pour tous les cas poſſibles de la fondamentale précédente. Page: 96
138. Demonstration. Page: 96
139. Corollaire. Page: 97
140. PROBLEME. Page: 97
141. Solution. Page: 98
142. Corollaire I. Page: 99
143. Corollaire II. Page: 99
144. DE LA VIS REMARQUES. I. Page: 104
145. II. Page: 104
146. III. Page: 104
147. IV. Page: 105
148. V. Page: 105
149. PROPOSITION DE LA VIS. Page: 105
150. Demonstration. Page: 106
151. Corollaire I. Page: 108
152. Corollaire II. Page: 108
153. Corollaire III. Page: 108
154. EXAMEN DE L’OPINION DE M BORELLI SUR LES PROPRIETEZ DES POIDS ſuſpendus par des cordes. Page: 111
155. AVERTISSEMENT. Page: 113
156. EXAMEN DE L’OPINION DE M. BORELLI Sur les propriétez des Poids ſuſpendus par des cordes. Page: 115
157. ET AT DE LA QUESTION. Page: 115
158. CHAPITRE I. SENTIMENT D’HERIGONE, DE STEVIN, &c. SUR LES PROPRIETEZ DES POIDS ſuſpendus par des cordes, Démontré par la propoſition même que M. BORELLI avoit cru leur être contraire. Page: 118
159. Remarque. Page: 122
160. CHAPITRE II. NOUVELLES DEMONSTRATIONS du ſentiment d’Hérigone, de Stévin, &c. Sur les propriétez des poids ſuspendus par des cordes. AVEC QUELQUES PROPOSITIONS de M. Borelli renduës par la méthode du Projet précédent beaucoup plus générales qu’elles ne le peuvent être par la ſienne. Page: 125
161. AVER TISSEMENT. Page: 125
162. Definition I. Page: 126
163. Definition II. Page: 126
164. PROPOSITION I. Page: 126
165. Demonstrations. Page: 127
166. Corollaire I. Page: 129
167. Corollaire II. Page: 130
168. Corollaire III. Page: 131
169. PROPOSITION II. Page: 131
170. Demonstration. Page: 131
171. Corollaire. Page: 134
172. LEMME. Page: 135
173. Demonstration. Page: 135
174. PROPOSITION III. Page: 136
175. Demonstration. Page: 136
176. Autre Demonstration. Page: 137
177. Corollaire. Page: 140
178. Remarque. Page: 140
179. PROPOSITION IV. Page: 144
180. Demonstration. Page: 144
181. Corollaire I. Page: 146
182. Corollaire II. Page: 147
183. Corollaire III. Page: 149
184. Corollaire IV. Page: 149
185. Corollaire V. Page: 150
186. Corollaire VI. Page: 151
187. Corollaire VII. Page: 152
188. Corollaire VIII. Page: 153
189. PROBLEME. Page: 153
190. Solution. Page: 154
191. FIN. AU RELIEUR. Page: 198
192. A PARIS, Page: 198
193. EXTRAIT DV PRIVILE’GE du Roy. Page: 199
194. FAVTES A CORRIGER. Page: 200
1
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811[Handwritten note 1]22[Handwritten note 2]33[Handwritten note 3]
9
PROJET
D’UNE
NOUVELLE
MECHANIQUE
AVEC
Un Examen de l’opinion de M. BORELLI,
ſur
les propriétez des Poids ſuſpendus
par
des Cordes.
1[Figure 1]
A PARIS,
Chez {la Vcuve d’Edme Martin, \\ Jean Boudot, \\ & Estienne Martin,} ruë S. Jaques, \\ au Soleil d’or.
M. DC. LXXXVII.
AVEC
PRIVILEGE DU ROI.
10
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11 2[Figure 2]
A MESSIEURS
DE

L’ACADEMIE

ROYALE

DES
SCIENCES@
MESSIEVRS,
Fe
n’ay pas crû devoir expoſer au
jugement
du public ce Projet
12EPITRE. Nouvelle Mècbanique, ſans m’ap-
puyer
d’une auſſi grande autboritè
que
la vôtre, moy qui n’ay encore au-
cun
nom dans les Lettres, &
qui dois
par
conſèquent me dèfier de ces pre-
miers
mouvemens que @amour des
Sciences
inſpire àceux qui commencent
à
s’y apliquer.
Sans cela on pourroit
juſtement
m’accuſer de quelque tèmèri-
, d’avoir entrepris de dècouvrir dans
cette
matière ce que tant de ſc1;
avans
Autbeurs
n’ont pas dècouvert;
& je
craindrois
de m’être laiſſè tromper
par
ces illuſions flateuſes de la nou-
veautè
qui abuſent d’ordinaire les
bommes
, lorſqu’ils ſe piquent d’avoir
des
opinions particulières.
Fe puis dire
neanmoins
, Messieurs, que ce
n’eſt
pas l’ambition de me ſignaler par
des
idèes extraordinaires qui
13EPITRE. pouſſè à ècrire ce petit traitè; c’eſt un
Eſſay
que j’ay voulu faire de mes for-
ces
pour être connu de vous, &
pour
vous
donner occaſion de m’encourager
dans
l’ètude que j’ay embraſsèe.
Si je
n’ay
pas tout ce qui eſt nècèſſaire pour
inſtruire
les autres, j’ay du moins
toute
la docilitè qu’il faut pour être
inſtruit
:
je ne me flatte point auſſi
d’avoir
ètabli des principes certains
dans
ce Projet, n’y d’en pouvoir
tirer
des conſèquences infaillibles:
Vous enjugerez mieux que perſonne,
Messieurs, Vous qui pènètrez ſi
avant
dans les Sciences les plus rele-
vèes
.
On ſçait que rien n’ècbape à
vos
ſoins &
à vôtre èxactitude; La
Nature
ſi avare aux autres de ſes
treſors
&
ſi obſtinèe à ſe cacber, n’a
ſe dèfendre contre la pènètration
de
vôtre eſprit &
contre la
14EPITRE. de vos recbercbes; vous en avez plus
dècouvert
en vingt ans, qu’on n’a-
voit
fait en pluſieurs Siècles.
Vos
Obſervations
Aſtronomiques ont dè-
voilè
(pour ainſi dire) des Planettes
qui
ſe dèroboient à nos yeux;
vos
meſures
ſi prèciſes ſur la terre, par
raport
à celles que vous preniez en
même
tems dans le Ciel, ont rècti-
fiè
mille erreurs de nos anciens Geo-
grapbes
.
La Pbyſique vous doit
ce
qu’elle a de plus curieux, ſoit
dans
la diſſection du Corps bumain
&
des Animaux, ſoit dans la deſ-
cription
&
dans l’analyſe des Plan-
tes
, des Eaux &
des Mineraux.
Lue ne vous doivent point auſſi les
Matbematiques
en gènèral pour
tant
d’ouvrages celebres que vous
avez
mis au jour?
Enfin, il n’y
15EPITRE. point de Science que vous n’ayez
perfectionnèe
&
que vous n’enri-
cbiſſiez
de tems en tems par vos
travaux
.
Lue n’attend on pas en-
core
de vous, animez comme vous
êtes
par les bienfaits d’un Grand
Roy
, qui veut renàre ſon Regne
auſſi
glorieux par les Sciences &
par
les
Arts, qu’il l’eſt dèja par ſes
prodigieuſes
Conqueſtes, &
par tou-
tes
ſes Hèroϊques actions?
A quoy
ne
devez vous pas aſpirer vous-
meſmes
aujourd’buy ſous la protè-
ction
d’un Miniſtre ſi ſage &
ſi vi-
gilant
, qui excite tout le monde par
ſes
ordres &
par ſon exemple à
illuſtrer
&
à cèlèbrer un Regne ſi
plein
de merveilles ?
Souffrez donc,
Messieurs, s’il vous plaît,
vous
qui êtes comme à la ſource
16EPITRE. toutes les Sciences bumaines, & à qui
rien
ne manque pour continuer vos
recbercbes
, &
pour augmenter vos
connoiſſances
, que j’oſe vous offrir
&
mettre au jour ce que j’ay puisè
dans
cette ſource, &
qu’en eſſayant
de
vous ſuivre &
de vous imiter, je
puiſſe
quelquefois profiter de vos
lumières
, &
vous aſſeurer que je ſuis
avec
une parfaite vènèration,
MESSIEVRS,
Vôtre tres-humble & tres-
obéϊſſant
ſerviteur
VARIGNON.
17 3[Figure 3]
PREFACE.
A L’ouverture du ſecond Tome des
Lettres
de Monſieur Deſcartes, je
tombai
ſur un endroit de la 24.

il
dit que c’eſt une cboſe ridicule,
que
de vouloir employer la raiſon du Le-
vier
dans la Poulie.
Cette réfléxion m’en
fit
faire une autre@:
Sçavoir s’il eſt plus rai-
ſonnable
de s’imaginer un levier dans un
poids
qui eſt ſur un plan incliné, que dans
une
poulie.
Aprés y avoir penſé, il me
ſembla
que ces deux machines étant pour le
moins
auſſi ſimples que le levier, elles n’en
devoient
avoir aucune dépendance, &
que
ceux
qui les y rapportoient, n’y étoient forcez
que
parce que leurs principes n’avoient pas aſſez
d’étenduë
pour en pouvoir démontrer les pro-
priétez
indépendamment les unes des autres.
En effet en éxaminant ces principes un
18PREFACE. de prês, il me parut qu’ils ne pouvoient ſervir,
tout
au plus, qu’à démontrer que l’equilibre
ſe
trouve toujours dans un levier auquel ſont
appliquez
deux poids qui ſont entr’ eux en
raiſon
rèciproque des diſtances de leurs lignes
de
direction à ſon point d’appui;
encore n’é-
toit-ce
qu’en ce cas:
. Que ce levier fût
droit
.
. Que ſon point d’appui fût entre les
lignes
de direction des poids qui y ſont appli-
quez
.
. Lue ces mêmes lignes fuſſent pa-
ralleles
entr’elles, &
perpendiculaιres à ce
levier
.
Auſſi Guid-Ubalde, & les autres qui
s’en
tiennent à la démonſtration d’Archimede,
ont-ils
été obligez de faire@revenir de gré ou
de
force toutes ſortes de machines à cette
eſpece
de levier, &
de réduire de même tous
les
autres cas à celui-ci.
C’eſt peut-être ce qui a porté M. Deſcartes,
&
M. Vvallis a prendre une autre route;
quoi qu’il en ſoit, ce n’a pas été ſans ſuccez:
puiſque
celle qu’ils ont ſuivie, conduit éga-
lement
à la connoiſſance des uſages de chacune
de
ces machines, ſans être obligé de les faire
dépendre
l’une de l’autre;
outre qu’elle à mené
M
.
Vvallis beaucoup plus loin
19PREFACE. Autheur, que je ſçache, n’eût encore été de
ce
côté-là.
La comparaiſon que je fis de ces deux
fortes
de principes, me fit ſentir que ceux d’Ar-
chimede
n’étoient ny ſi étendus, ny ſi con-
vainquants
que ceux de M.
Deſcartes, & de
M
.
Vvallis; mais je ne ſentis point que les uns
ny
les autres m’éclairaſſent beaucoup:
J’en
cherchai
la raiſon, &
ce défaut me parut venir
de
ce que ces Autheurs ſe ſont tous plus atta-
chez
à prouver la néceſſité de l’équilibre, qu’à
montrer
la maniére dont il ſe fait.
Ce fut ce qui me fit réſoudre à prendre le
parti
d’épier moi-même la nature, &
d’eſſayer
ſi
en la ſuivant pas à pas, je ne pourrois point
apercevoir
comment elle s’y prend pour faire
que
deux puiſſances, ſoit égales, ſoit inégales,
demeurent
en équilibre.
Enfin je m’appliquai
à
chercher l’équilibre lui-même dans ſa ſource,
ou
pour mieux dire, dans ſa génération.
Le premier objet qui me vint à l’eſprit, ce
fut
un poids qu’une puiſſance ſoutient ſur
un
plan incliné;
D’abord je me le
20PREFACE. de telle figure que le concours de ſa ligne de
direction
avec celle de cette puiſſance, ſe fit
dans
quelqu’un de ſes points:
De-là je vis que
leur
concours d’action ſe faiſant auſſi par ce
moyen
dans ce ſeul point, il devenoit alors
ſon
centre de direction:
De ſorte que ſi ce
plan
eut manqué tout d’un coup, ce corps au-
roit
néceſſairement ſuivi l’impreſſion de ce
point
.
Je cherchai enſuite quelle devoit être
cette
impreſſion, &
j’aperçus que celles que
faiſoient
ſur ce point, &
la peſanteur de ce
poids
, &
la puiſſance qui le retenoit, étant
les
mêmes que s’il eut été pouſſé en même-
tems
par deux forces qui leur euſſent été éga-
les
, &
qui euſſent agi ſuivant leurs lignes de
direction
:
J’aperçus, dî-je, qu’il lui en réſultoit
une
impreſſion compoſée ſuivant une ligne
qui
étoit la diagonale d’un parallelogramme
fait
ſous des parties de ces lignes de direction,
qui
étoient entr’elles, comme ce poids &

cette
puiſſance:
D’où je vis que l’impreſſion
de
ce corps ſe faiſoit alors ſuivant cette diago-
nale
, qui devenoit en ce cas ſa ligne de di-
rection
;
mais que ce plan lui étant perpendi-
culairement
oppoſé, il la ſoutenoit toute en-
tiére
;
ce qui faiſoit que ce poids ainſi
21PREF ACE. par le concours d’action de ſa peſanteur & de
la
puiſſance qui lui étoit appliquée, demeuroit
ſur
ce plan incliné de même que s’il eut été
horizontal
, &
que cette impreſſion compoſée
n’eut
été qu’un effet de ſa ſeule peſanteur.
De cette penſée j’en vis naître pluſieurs
autres
, &
jem’aperçus . Que toute l’impreſ-
ſion
que ce plan recevoit alors de ce poids
ainſi
ſoutenu par cette puiſſance, ſe faiſoit
ſuivant
cette diagonale.
. Que ſa charge,
c’eſt-à-dire
, la force de cette même impreſ-
ſion
, étoit à ce poids &
à cette puiſſance,
comme
cette même diagonale à chacun des
côtez
qui les répréſentent dans ſon parallelo-
gramme
.
. Que ce poids, & cette puiſſance
étoient
toujours entr’eux comme ces mêmes
côtez
, c’eſt-à-dire, en raiſon réciproque des
ſinus
des angles que font leurs lignes de direc-
tion
avec cette diagonale, ou (ce qui revient
au
même ) en raiſon réciproque des diſtances
de
quelque point que ce ſoit de cette diago-
nale
à leur lignes de direction.
Je vis enfin
preſque
tout à la fois quantité de choſes tou-
tes
nouvelles qu’on verra dans les Corollaires
de
la propoſition des ſurfaces.
22PREF ACE.
Aprés avoir ainſi trouvé la maniére dont
l’équilibre
ſefait ſur des plans inclinez, je cher-
chai
par le même chemin comment des poids
ſoutenus
avec des cordes ſeulement, ou appli-
quez
à des poulies, ou bien à des leviers, font
équilibre
entr’eux, ou avec les puiſſances qui
les
ſoutiennent;
& j’aperçus de même que tout
cela
ſe faiſoit encore par la voye des mouve-
mens
compoſez, &
avec tant d’uniformité
que
je ne pûs m’empêcher de croire que cette
voye
ne fût véritablement celle que ſuit la
nature
dans le concours d’action de deux
poids
, ou de deux puiſſances, en faiſant que
leurs
impreſſions particulieres, quelque pro-
portion
qu’elles ayent, ſe confondent en un@
ſeule
qui ſe décharge toute entiére ſur le point
ou
ſe fait cét équilibre:
De ſorte que la
raiſon
Phyſique des effets qu’on admire le
plus
dans les machines me parut être juſte-
ment
celle des mouvemens compoſez.
Je me démontrai d’abord par cett@ mé-
thode
, &
ſans le ſecours d’aucune machine,
les
propriétez des poids ſuſpendus avec des
cordes
, en quelque nombre qu’elles ſoient, &
23PREF ACE. pour tous les angles poſſibles qu’elles peuvent
faire
entr’elles.
De-là je paſſai à une démonſ-
tration
des poulies qui comprend toutes les
directions
poſſibles des puiſſances, ou des
poids
qui y ſont appliquez, ſoit que le centre
de
ces poulies demeure fixe, ſoit qu’on le ſup-
poſe
mobile.
Enſuite au lieu de la démonſtra-
tion
qu’on ne fait ordinairement que pour les
plans
inclinez, j’en trouvai une qui s’étend
généralement
à toutes ſortes de ſurfaces, &
à
toutes
les directions poſſibles des puiſſances,
ou
des poids qui y ſont appliquez.
Enfin d’une
ſeule
démonſtration je découvris les proprié-
tez
de toutes les eſpeces de leviers, de quel-
que
figure, &
dans quelque ſituation qu’ils
ſoient
, &
pour toutes les directions poſſibles
des
puiſſances, ou des poids qui y ſont appli-
quez
.
Des vuës ſi étenduës me ſurprirent, & l’é-
vidence
avec laquelle le détail de tout cela
me
paroiſſoit, indépendamment même du
général
, me confirma encore dans l’opinion
ou
j’étois, qu’il faut entrer dans la génération
d
e l’équilibre pour y voir en ſoi, &
pour y
reconnoître
les propriétez que tous les
24PREF ACE. principes ne prouvent, tout au plus, que par
néceſſité
de conſéquence.
Il y a encore un avantage dans la route
que
je tiens, c’eſt qu’elle facilite extrémement
le
calcul des forces, tant des poids, que des
puiſſances
, en ce que leurs raports y ſont tou-
jours
déterminez immédiatement par les ſinus
des
angles que font leurs lignes de direction
avec
celle de l’impreſſion qui réſulte de
leur
concours d’action, &
que cette méthode
détermine
pour le point ou elles concourent.
On y voit, que lors que deux puiſſances,
ou
deux poids, ou bien une puiſſance &
un
poids
font équilibre, ſoit avec des cordes
ſeulement
, ſoit à l’aide de quelque poulie, de
quelque
ſurface, ou de quelque levier que ce
ſoit
;
ils ſont toujours entr’ eux en raiſon réci-
proque
des ſinus de ces mêmes angles.
J’avois deſſein d’expliquer avec cette mé-
thode
les effets les plus ſurprenans, &
les plus
difficiles
des machines compoſées que l’on ren-
contre
dans les arts, &
dans la nature; mais cela
demandoit
plus de loiſir, &
même un plus
grand
nombre d’expériences que l’état de
25PREF ACE. fortune ne me peut permetre: c’eſt pour cela
que
je me ſuis déterminé à ne donner préſente-
ment
que les Propoſitions fondamentales de
la
Méchanique:
peut-être que de plus habiles
gens
que moy, &
qui ſeront plus en état de
faire
cette entrepriſe, voudront bien ſe donner
la
peine d’en faire l’application à la Phyſique.
Mais en attendant, je ne laiſſeray pas d’a-
maſſer
tout ce que je pouray d’expériences
pour
ce deſſein;
c’eſt pourquoy je prie ceux
qui
n’auront pas en vuë d’y travailler, de vou-
loir
bien me communiquer celles qu’ils croi-
ront
s’y pouvoir rapporter:
& ſur tout de
me
faire part de tout ce qui leur viendra de
difficultez
ou de lumieres ſur les principes
qu’on
propoſe icy, leur promettant d’en uſer
avec
toute la docilité d’un homme qui ne
cherche
que la vérité.
26 4[Figure 4]
AVER TISSE MENT.
LES corollaires qu’on verra
citez
dans la Solution de cba-
que
Problême ſuivant, ſeront de la
Propoſition
fondamentale qui le pré-
cède
.
C’eſt de peur d’ennuyer par
des
rèpètitions trop frèquentes qu’on
ne
la citera point.
271 5[Figure 5]
PROJET
D’UNE

NOUVELLE
MECHANIQUE.
6[Figure 6]
CE C 1 n’ètant que pour ceux qui entendent aſſez
ces
matières pour en pouvoir juger, on ne s’arrê-
tera
point à répéter des Définitions, ny des Axio-
mes
qui ſe trouvent par tout;
en voici ſeulcment
un
, avec une demande, &
quelques Lemmes
particuliérement
néceſſaires pour l’intelligence de ce Projet.
Axiome.
Les eſpaces que parcourt un même corps, ou des
corps
égaux dans des tems égaux, ſont entre-eux
comme
les forces qui les meuvent;
& réciproque-
ment
lorſque ces Eſpaces ſont entre-eux comme
282NOUVELLE forces, elles les font parcourir au même corps, ou à
11LEMMES. des corps égaux en tems égaux.
Demande.
On ſuppoſe ici que dans tout corps qui ſe meut,
ou
qui fait effort pour ſe mouvoir, il y a toûjours
un
certain point qui ſurchargé de l’impreſſion de
tous
les autres, détermine ce corps à ſuivre celle
qu’il
a pour lors vers l’endroit il tend.
On ne ſe
met
point en peine que ce point ſoit le même dans
toutes
les ſituations poſſibles de ce corps:
c’eſt aſſez
que
dans chaque ſituation il y en ait un que l’on
appelle
ici ſon Centre de gravité, ou, plus générale-
ment
ſon Centre de direction, ou, d’équilibre, du moins
pour
le tems qu’il détermine ainſi ce corps à ſuivre
ſon
impreſſion;
& la ligne qui joint ce point avec
celui
il tend, s’appelle ſa Ligne de direction.
On ne met ceci en ſuppoſition que pour abréger; autrement
on
le pourroit dèmontrer:
car il n’y arien de plus évident que
de
tous les points d’un corps, il y en a toûjours, &
même
néceſſairement
, quelqu’un autour duquel l’impreſſion qu’ils
ont
tous vers le côtè ou ce corps tend, ſe trouve ſi ègalement
partagèe
qu’ils demeureroient en èquilibre deſſus, ſi ſans cban-
ger
la ſituation de ce corps par raport à l’endroit il tend,
on
le rendoit fixe;
& par conſèquent l’impreſſion d’un tel
point
ainſi ſurcbargè de celle de tous les autres, étant la
même
que s’il ètoit le ſeul qui en eût, il doit déterminer ce
corps
à la ſuivre.
Il n’y a rien-là, ce me ſemble, que de clair; cependant
s’il
ſe trouvoit quelqu’un qui faute de le voir de même, fit
difficultè
de l’accorder, il peut prendre dans la ſuite les corps
dont
on parlera, pou@ des points qui ayent la peſanteur, ou
l’impreſſion
qu’on y ſuppoſe;
ou bien pour des puiſſances appli-
quées
de même, &
qui leur ſoient ègales: parce que les
293ME’CHANIQUE. trations ſuivantes ſe peuvent également appliquor aux uns
11LEMMES.&
aux autres.
7[Figure 7]
LEMME I.
LE poids A ètant ſuſpendu à une corde EH, ou à deux
22fig. 1.
2
.
3
.
4
.
MH &
NH attacbèes à un même point fixe H;
ou bien ſoutenu ſur un pieu EH, ou ſur deux MH & NH
appuyez
auſſi ſur un même point H:
en ſorte que la li-
gne
A H, qui joint ſon Centre de gravitè A avec ſon
point
de ſuſpenſion, ou d’apuy, faſſe quelque angle que c@
ſoit
avec ſa ligne de direction AK:
Ce poids tombera de A
vers
B le long de l’arc A B dont H eſt le centre, juſqu’à
ce
que la ligne AH ſoit dans la perpendiculaire, ou dans
le
plan borizontal H B, &
étant arrivé en B, ily demeu-
rera
, ſi l’on n’y ſuppoſe à’autre cauſe que ſa peſanteur.
Demonstr ation.
L’effet de la peſanteur du poids A, c’eſt de l’ap-
procher
( byp.
) du centre de la terre, c’eſt-à-dire,
( dem.
) d’en approcher ſon centre de gravité A,
tant
que rien ne l’en empêche.
Or dans la ſituation
preſente
rien ne l’empêche de s’en approcher de la
longueur
de A K, en tombant le long de l’arc A B
juſqu’en
B;
au contraire étant arrivé en B, la cor-
de
E H, ou les cordes M H &
N H; ou bien le plan
horizontal
H B, le retiennent &
l’empêchent de
deſcendre
davantage;
& par conſéquent ce poids
dans
la ſituation preſente tombera le long de l’arc A B
juſqu’en
B, &
y étant arrivé, il y demeurera. Ce
qu’il
faloit demontrer.
Corollaire.
On prouvera de même que tout autre corps,
304NOUVELLE quelque côté qu’il tende, appuyé ſeulement ſur un
11LEMMES. de ſes points, ou même ſur une de ſes faces, de quel-
que
largeur qu’elle ſoit, doit neceſſairement avancer
du
côté ou il eſt pouſſé par ſa peſanteur, ou par
quelqu’autre
force que ce ſoit, non-ſeulement tant
que
ſa ligne de direction ne paſſe point par ce point
d’apuy
, ny par aucun de la partie de cette face ſur
laquelle
il s’appuye;
mais encore tant qu’elle n’eſt
point
perpendiculaire au plan, ou à la ſurface qui ſe
trouve
à ſon paſſage;
c’eſt-à-dire, tant que ſon centre
de
direction n’eſt point appuyé:
Car ce centre pou-
vant
encore avancer du côté il tend, la force qui
le
pouſſe, ne manquera pas de l’y obliger;
Mais auſſi
par
une raiſon toute contraire, ſi-tôt que l’un, &

l’autre
arrivera, ce corps demeurera néceſſairement
en
cet état.
8[Figure 8]
LEMME II.
LE poids MN étant ſuſpendu par deux cordes P M &
22fig. 5.
6
.
RN, attacbées aux clous P &
R, & qui prolon-
gées
concourent en H, ſa ligne de diréction A H paſſera
par
ce point de concours.
Demonstration.
Premiérement ( fig. 5. ) l’effort que le poids M N
fait
pour attirer le point P de la corde P M vers M,
étant
le même qu’il feroit contre le point H, ſi cette
corde
prolongée y étoit attachée, &
non plus en P;
ce corps, ou ce poids eſt ſoutenu par cette corde,
comme
ſi elle n’étoit attachée qu’en H.
Pour la
même
raiſon il eſt auſſi ſoutenu par la corde R N,
comme
ſi étant prolongée, elle n’étoit attachée qu’en
H
:
Il eſt donc ſoutenu par ces deux cordes
315ME’CHANIQUE. ble, comme ſi l’une, & l’autre étant prolongée, elles
11LEMMES. n’étoient attachées qu’en ce ſeul point:
& par con-
ſéquent
( Lemm.
1. ) la ligne de direction A K de ce
poids
ainſi ſuſpendu, paſſera par le point H les
cordes
P M &
R N concourent. Ce qu’il F. D.
Secondement ( fig. 6. ) l’effort que le poids M N fait
pour
attirer le point P de ſa corde P M vers M, étant
le
même que celui dont il preſſe ſon point C vers H,
il
eſt encore ſoutenu par cette corde, comme il le
ſeroit
par le pieu C H.
Et pour la même raiſon il
eſt
ſoutenu par la corde R N, comme il le ſeroit par
le
pieu D H:
Donc il eſt ſoutenu par ces deux cor-
des
, comme il le ſeroit par ces deux pieux enſemble:
& par conſéquent ( Lemm. 1. ) la ligne de direction
A
K de ce poids ainſi ſuſpendu, paſſera encore par le
point
H.
Ce qu’il F. D.
Corollaire I.
De-là il eſt clair que de quelque côté que tende
le
corps M N, &
que ſa ligne de direction ſoit tour-
née
, ſoit que cette impreſſion lui vienne de ſa pe-
ſanteur
, ou de quelque autre force, cette ligne de
direction
paſſera toûjours par le point H, ou les cor-
des
qui le retiennent, doivent concourir, ou con-
courent
en effet.
Corollaire II.
De ſorte que ſi ces cordes ne concourent qu’à une
diſtance
infinie, c’eſt-à-dire qu’elles ſoient paralleles
entre-elles
, cette ligne de direction ſera auſſi parallele
à
l’une &
à l’autre.
9[Figure 9]
326NOUVELLE11LEMMES. 10[Figure 10]
LEMME III.
SI le point A ſans peſanteur eſt pouſſé en même tems,
22fig. 7.&
uniformément par deux puiſſances E & F ſuivant
les
lignes A C &
A B, qui faſſent entre-elles quelque an-
gle
C A B que ce ſoit, &
que la force dont agit la puiſ-
ſance
E, ſoit à celle dont agit la puiſſance F, comme A C
à
A B.
Ce point A ſuivra la Diagonale A D du paral-
lelogramme
B C fait ſous ces deux lignes.
Demonstration.
Le point A pouſſé par la puiſſance E vers C D,
l’eſt
de même que s’il y étoit porté avec la ligne A B
toûjours
parallele à elle-même, de la même viteſſe
qu’il
y eſt pouſſé;
Nous pouvons donc le regarder
comme
pouſſé de cette maniére vers C D avec la
ligne
A B toûjours parallelle à elle-même, ou à C D,
au
même tems qu’il eſt pouſſé par la puiſſance F
le
long de la même ligne A B.
Or cela bien conçu,
il
eſt clair qu’en quelque point, par exemple G, que
la
ligne A B rencontre A D, le point A s’y trouvera
toûjours
:
parce que la force qui le porte avec A B
vers
C D, eſt à celle qui le porte le long de la mê-
me
A B, comme ( byp.
) A C à A B; c’eſt-à-dire, en
tirant
H K par le point G parallele à A B, comme
A
K à K G:
Donc ( ax. ) au même tems que A B
parcourt
A K, &
qu’elle arrive avec le point A en
H
K, ce même point parcourt une partie de A B
égale
à K G;
& par conſéquent il ſe trouve alors
en
G.
On démontrera de même qu’au même tems
que
A B arrive en C D, le point A ſe trouve en D;
& ainſi dans tous les autres points de la Diagona-
le
A D:
& par conſéquent ce point ainſi pouſſé
337ME’CHANIQUE. meuvra exactement le long de cette ligne. Ce qu’il
11LEMMES. F.
D.
Corollaire I.
Quand bien même les forces dont agiſſent les puiſ-
ſances
E &
F augmenteroient ou diminuëroient,
pourvu
que ce fut ſuivant la même proportion de
part
&
d’autre; ce même point ſe meuvroit encore
exactement
le long de A D:
parce que ces forces
ſeroient
encore entre-elles comme A C à A B, ou
comme
A K à K G.
Corollaire II.
C’eſt la même choſe que le point A ſoit pouſſé le
long
de A D par le concours d’action des puiſſances
E
&
F, ou qu’il y ſoit pouſſé par une ſeule puiſſance
d’une
viteſſe égale à celle que lui cauſent ces deux
enſemble
.
Corollaire III.
Puiſque le point A parcourt A D & A B en même
tems
, la force, ou le compoſé de forces, qui le pouſ-
ſe
le long de A D, eſt à celle qui le pouſſe le long
de
A B, ( ax.
) comme A D à A B. Et pour la même
raiſon
, elle eſt à celle dont il eſt pouſſé le long de
A
C, comme A D à A C.
11[Figure 11]
LEMME IV.
PRèſentement que le point A ſoit le centre de diréction
22fig. 8. du corps E F, &
que ce corps ſoit pouſſè en même tems
&
uniformèment par deux puiſſances appliquées en E &
en
F, ſuivant les lignes E C &
F B, qui paſſent par le
point
A, avec des forces qui ſoient entr’elles comme A
348NOUVELLE& A B: que l’on acbeve le parallelogramme B C, & que
11LEMMES. l’on regarde pour un moment ce corps comme s’il n’avoit au-
cune
peſanteur.
Quelque angle BAC que ces lignes faſſent
entr’elles
, ce corps ainſi pouſſè ſuivra la diagonale A D.
Demonstration.
Les lignes EC & FB, ſuivant leſquelles les puiſ-
ſances
E &
F agiſſent, paſſant ( byp. ) par le point A,
il
eſt pouſſé en même-tems, &
uniformement ſuivant
ces
mêmes lignes vers CD &
BD, par des forces
qui
ſont entr’elles, ( byp.
) comme A C à A B: Donc
( Lem.
3. ) le point A, & par conſéquent auſſi
( Dem.
) le corps EF ſuivra la diagonale AD. Ce
qu’il
F.
D.
Corollaire I.
On voit que c’eſt la même choſe que le corps EF
ſoit
pouſſé ſuivant AD par le concours d’action de
deux
puiſſances appliquées en E, &
en F, ſuivant
des
lignes EC &
FB qui paſſent par ſon centre de
gravité
A, ou qu’il y ſoit pouſſé par une ſimple
puiſſance
d’une viteſſe égale à celle que lui cauſent
ces
deux enſemble:
de ſorte que ſi AD étoit perpen-
diculaire
à l’horizon, &
que la peſanteur, que nous
concevons
préſentement être dans ce corps, l’em-
portât
le long de cette ligne avec une ſemblable vi-
teſſe
, il la ſuivroit de même que s’il n’avoit en effet
aucune
peſanteur, &
qu’il fût pouſſé de la maniére
que
nous venons de dire, par les deux puiſſances
E
&
F.
Corollaire II.
C’eſt pour cela auſſi que ce corps étant pouſſé par
ſa
peſanteur ſuivant A D perpendiculaire à l’hori-
zon
, s’il lui ſurvenoit quelqu’autre force qui
359ME’CHANIQUE. pouſſât de même ſuivant quelqu’autre ligne qui ren-
11LEMMES. contrât celle-cy;
Quelque angle que ces deux lignes
fiſſent
entr’elles, ce corps ſuivroit la diagonale d’un
parallelogramme
fait ſous des parties de ces lignes,
qui
depuis le point de leur rencontre, fuſſent entre-
elles
, comme la peſanteur de ce poids &
cette nou-
velle
force:
Il la ſuivroit, dis-je, de la même
maniére
que s’il n’étoit pouſſé que par une ſeule
puiſſance
ſuivant cette diréction, &
d’une viteſſe
égale
à celle que lui pouroient cauſer ces deux en-
ſemble
.
Corollaire III.
Il ſuit encore de cette propoſition, & du Corol-
laire
3.
du Lemme 3. , que la force dont le corps E F
eſt
pouſſé le long de A D, eſt à celle dont la puiſ-
ſance
F le pouſſe le long de A B, comme A D à A B;
& à celle dont la puiſſance E le pouſſe le long de A C,
comme
A D à A C.
12[Figure 12]
LEMME V.
L E S trois côtez d’un triangle réctiligne, quel qu’il ſoit,
22fig 9. ſont entr’eux, comme les ſinus des angles auſquels ils
ſont
ooppoſez.
Demonstration.
Soit ABD tel triangle réctiligne qu’on voudra,
inſcrit
dans un cercle, dont C ſoit le centre;
ſur
quelqu’un
de ſes côtez, comme A B, ſoit menée du
centre
C la perpendiculaire C E avec la ligne C A.
Il eſt clair que A E eſt le ſinus de l’angle A C E,
qui
eſt égal à l’angle D;
Donc A B eſt le double
3610NOUVELLE ſinus de l’angle D. Et pour la même raiſon, BD eſt
11LEMMES. le double du ſinus de l’angle BAD;
& AD le dou-
ble
auſſi de celui de l’angle B:
Donc les trois côtez
de
cetriangle ſont entr’eux, comme le double du ſinus
de
chacun des angles auſquels ils ſont oppoſez:
Donc
ils
ſont auſſi entr’eux, comme ces mêmes ſinus.
Ce
qu’il
F.
D.
13[Figure 13]
3711MECHANIQUE. 14[Figure 14]
PROPOSITION
FONDAMENTALE

DES
POIDS SUSPENDUS
AVEC
DES CORDES
En quelque nombre qu’elles ſoient; & pour
tousles
angles poſſibles qu’elles peuvent faire
entre-elles
.
LE Poids K ſoutenu avec les cordes P B & C R par
11fig. 10.
11
.
12
.
13
.
14
.
15
.
16
.
17
.
les puiſſances P &
R, & en équilibre avec elles, eſt
toujours
à cbacune d’elles, comme le ſinus de l’angle P A R que
leurs
cordes font entre-elles, à chacun des ſinus des angles
RAK
&
PAK que font avec la ligne de direction AK
de
ce poids, chacune de ces cordes réciproquement priſes.
Par
exemple
, il eſt à la puiſſance P, comme le ſinus de R A P
au
ſinus de R A K;
& à la puiſſance R, comme le mème
ſinus
de R A P au ſinus de P A K.
Demonstration.
Les impreſſions particuliéres que font les puiſſances
P
&
R, ſur le point A de ce corps, (fig. 10. 11. 12.
13. & 14.) ou de ſa corde, (fig. 15.) étant les mê-
mes
qu’elles feroient, ſi elles le pouſſoient chacune
ſuivant
ſa ligne de direction AP &
AR: .
3812NOUVELLE point regardé comme tiré ſeulement par ces deux
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
puiſſances, doit tendre (Lemm.
3.) le long de quelque
ligne
AD, quiſoit la diagonale d’un parallelogramme
fait
ſous des parties AB &
AC des lignes de direction
des
puiſſances P &
R, qui ſoient entre-elles, comme
ces
mêmes puiſſances.
. Cette ligne AD doit être
la
même que la ligne de direction A K de ce poids
prolongée
du côté de D:
autrement ces lignes A K
&
AD faiſant en A quelque angle entre-elles, ce
point
ainſi pouſſé, ou tiré ſuivant la ligne AD par
le
concours d’action de ces puiſſances, &
à même
tems
ſuivant ſa ligne de direction A K par la peſan-
teur
du poids K, devroit (Lemm.
3.) ſuivre une
troiſiéme
ligne qui fût la Diagonale d’un parallelo-
gramme
fait ſous des parties de ces lignes priſes de-
puis
A, &
qui fuſſent entre-elles, comme la force
dont
ce point eſt tiré par ces puiſſances ſuivant AD,
eſt
à la peſanteur du poids K;
ainſi ce poids ne ſeroit
plus
en équilibre avec ces puiſſances, ce qui eſt contre
l’hypothêſe
.
. La force dont ce point eſt tiré ſuivant
AD
, eſt auſſi égale à la peſanteur de ce poids;
au-
trement
cette ligne étant la même que la ligne de di-
rection
de ce poids, il ſe meuvroit encore en haut, ou
en
bas ſelon la différence de ces forces, ce qui eſt
encore
contre l’hypothêſe:
Donc ce point eſt tiré
de
A vers D par le concours d’action des puiſſances
P
&
R ſuivant la ligne de direction de ce poids, &
d’une
force êgale à ſa peſanteur.
Or la force dont il
eſt
ainſi tiré de A vers D, eſt à celle dont la puiſ-
ſance
P le tire à elle, comme (Lemm.
3. Cor. 3.) A D
à
A B;
c’eſt-à-dire, (Lemm. 5.) comme le ſinus de
l’angle
D B A, ou de ſon complement PAR, (BC
eſt
un parallelogramme) au ſinus de l’angle BDA,
ou
de RAK égal à celui-ci, ou à ſon complement:
Donc ce poids eſt à la puiſſance P, comme le
3913MECHANIQUE. de l’angle PAR, au ſinus de l’angle RAK. On dé-
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
montrera de même que ce même poids eſt à la puiſ-
ſance
R, comme le même ſinus de l’angle PAR, au
ſinus
de l’angle PAK.
Voilà pour les ſix premiers cas. (fig. 10. 11. 12. 13.
14. & 15.) Pour les deux autres, (fig. 16. & 17.)
il
ne faut que concevoir le poids K de telle figure
que
le point A lui appartienne;
c’eſt-à-dire qu’il lui
ſoit
continu, ſans àugmenter ny diminuër ſa peſan-
teur
, ni ſans changer ſon centre de gravité, non
plus
que les angles RAK &
PAK que font les
cordes
que tiennent les puiſſances P &
R, avec ſa
ligne
de direction A K.
Or cela bien conçu, il eſt
clair
par ce qui vient d’être dit, que la peſanteur
de
tout le poids K eſt égale à la force dont le point A
en
ce cas ſeroit pouſſé, ou tiré de A vers D:
ainſi
une
telle force étant (Lemm.
3. Cor. 3.) à celle de la
puiſſance
P, comme AD à AB;
le poids K, qui eſt le
même
(byp.)
que s’il avoit une telle figure, eſt encore
ici
à la puiſſance P, qui eſt encore auſſi (byp) la même,
comme
AD à AB;
c’eſt-à-dire, (Lemm. 5.) comme
le
ſinus de l’angle DBA, ou de ſon complement PAR,
au
ſinus de l’angle BDA, ou de RAK qui lui eſt
égal
;
& de même à la puiſſance R, comme le ſinus
du
même angle PAR au ſinus de l’angle PAK.
Et par conſéquent, quelque ſoit le poids K, & de
quelque
maniére qu’il ſoit ſoutenu avec les cordes
BP
, &
CR par les puiſſances P & R, il eſt toujours
à
chacune de ces puiſſances, comme le ſinus de l’an-
gle
que leurs cordes font entre-elles, à chacun des
ſinus
des angles que font chacune de ces cordes ré-
ciproquement
priſes avec ſa ligne de direction.
Ce
qu’il
F.
D.
Ce ſeroit ici le lieu de répondre à la digreſſion que
4014MECHANIQUE. Borelli à faite contre ce ſentiment dans ſon Traité du mo u-
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
vement des Animaux, tom.
1. chap. 13. Mais la bréveté
qu’on
s’eſt propoſée dans cet eſſay, ne permet pas de s’étendre
ici
autant qu’il faudroit pour cela:
On en verra dans peu
un
examen particulier, l’on fera voir en quoy cet Illuſtre
Autbeur
s’eſt mépris.
Corollaire I.
Il ſuit de cette propoſition que les puiſſances P &
R
ſont entr’elles en raiſon réciproque des ſinus des
angles
que font leurs lignes de direction avec celle
du
poid qu’elles ſoutiennent, c’eſt-à-dire, en raiſon
réciproque
des diſtances de leurs lignes de direction
à
celle de ce poids.
Corollaire II.
D’où l’on voit qu’en mettant une troiſiéme puiſ-
ſance
, dont le nom ſoit K, à la place de ce poids,
qui
faſſe équilibre, comme lui, avec les deux P &
R
qui
le ſoutiennent:
ces trois puiſſances K, P, & R
ſeront
entr’elles, comme les ſinus des angles P A R,
RAK
, &
PAK.
Corollaire III.
D’où il ſuit, non ſeulement que chacune de ces
puiſſances
, de quelque maniére qu’on les prenne,
eſt
toûjours plus petite que la ſomme des deux autres,
de
même que chacun de ces ſinus eſt toujours moin-
dre
que la ſomme des deux autres.
Corollaire IV.
Mais encore qu’elles ſont toutes trois priſes à
diſcrétion
deux à deux, en raiſon réciproque des ſinus
des
angles que font leurs cordes, ou leurs lignes de
diréction
avec celle de la troiſiéme;
4115NOUVELLE en raiſon réciproque des diſtances de leurs lignes de
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
diréction à quelque point que ce ſoit de celle de la
troiſiéme
.
Crollaire V.
Il ſuit encore de cette propoſition, que de quel-
que
côté que tende le corps K, ſoit que cette impreſ-
ſion
lui vienne de ſa peſanteur, ou de quelqu’autre
force
;
celle de cette impreſſion, tant que ce corps
ſera
en équilibre avec les puiſſances P &
R, ſera
toujours
à celle dont chacune d’elles le retient, com-
me
le ſinus de l’angle P A R que font leurs cordes
entr’elles
, à chacun des ſinus des angles R A K &

PAK
, que font chacune de ces cordes réciproque-
ment
priſes, avec la ligne de direction A K de ce
corps
, qui paſſe toûjours (Lem.
2. Cor. 1.) par le
point
A de leur concours.
Corollaire VI.
Ce qui fait voir que ſi l’angle de ces cordes étoit infi-
niment
aigu, c’eſt-à-dire, qu’elles fuſſent paralleles
entre-elles
, la force, quelle qu’elle fût, dont ce corps
agiroit
contre ces puiſſances, ſeroit égale à la ſomme
de
celles dont elles lui reſiſtent:
De ſorte que s’il
agiſſoit
ſeulement comme poids, il ſeroit alors égal
à
la ſomme de ces puiſſances;
& chacune d’elle ſeroit
à
l’autre en raiſon réciproque des diſtances de leurs
lignes
de direction à celle de ce corps, ou de ce poids,
qui
pour lors leur ſeroit (Lem.
2. Cor. 2.) auſſi parallele.
Corollaire VII.
Il ſuit de plus, que ſi le poids K eſt à chacune des
puiſſances
P &
R, comme les ſinus de l’angle R A P,
à
chacun des ſinus des angles R A K &
P A K, elles
le
ſoutiendront en cet état, &
feront équilibre
4216MECHANIQUE. lui: Car ces deux puiſſances étant alors entr’elles,
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
comme les ſinus des angles BDA &
BAD, c’eſt-à-
dire
, (Lem.
5.) comme AB à BD, ou à CA qui lui
eſt
égale;
l’impreſſion compoſée qui réſulte du
concours
d’action de ces deux puiſſances ſur le point
A
, doit (Lem.
3.) le faire tendre de A vers D ſui-
vant
AD, d’une force qui ſoit à celle de chacune
de
ces puiſſances P &
R, (Lem. 3. Cor. 3.) comme
AD
eſt à chacun des côtez AB &
AC, ou BD, du
parallelogramme
BC;
ou bien (Lemm. 5.) comme
le
ſinus de l’angle DBA, ou de ſon complement
PAR
, à chacun des ſinus des angles BDA &
BAD,
ou
de RAK &
de PAK, quileur ſontégaux, ou qui
ſont
leurs complemens;
c’eſt-à-dire, (byp.) comme
le
poids K à chacune de ces puiſſances:
& par conſé-
quent
la force dont ces puiſſances tirent ou pouſſent
le
point A de ce corps, ou de ſa corde vers D, eſt
égale
à celle, dont il eſt tiré vers K ſuivant la même
ligne
DK par la peſanteur de ce poids:
ainſi elles
le
doivent ſoutenir en cet état, &
demeurer en équi-
libre
avec lui.
Corollaire VIII.
Ce qui fait voir que l’on peut faire ſoutenir quel-
22fig. 18. que grand poids K, que ce ſoit, à quelque puiſſance R
que
ce puiſſe être par le moyen d’une corde ſeulement.
Il ne faut pour cela que de quelque point D comme
centre
, avec le rayon A D perpendiculaire à l’hori-
zon
, &
pris à diſcrétion, décrire l’arc A C B; & y
ayant
inſcrit A C qui ſoit à A D, comme la puiſ-
ſance
R au poids K, joignez D C, &
apres avoir
dirigé
par le point A la corde A P de ce poids pa-
rallelement
à C D, attachez-la au crochet P, &
luy
appliquez
en A la puiſſance R ſuivant A C.
Il eſt
clair
par le Corollaire précédent que cette
4317MECHANIQUE. étant (byp.) à ce poids comme A C à A D; c’eſt-à-
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
dire, (Lemm.
5.) comme le ſinus de l’angle D, ou
de
ſon égal D A P, au ſinus de l’angle D C A, ou deſon
complement
PAC;
elle ſe ſoutiendraen cet état.
Corollaire IX.
Ainſi il n’y a point de force R, quelque petite qu’on
l’imagine
, qui ne ſoit capable de mouvoir quelque
grand
poids K que ce ſoit, ſuſpendu à une corde,
&
de le faire ſortir de la ligne PF qui tombe à plomb
de
ſon point de ſuſpenſion:
& cela, juſqu’à ce que
les
ſinus des angles que font leurs lignes de direction
AC
&
AD avec AP, qui va du point elles
concourent
, à ce point de ſuſpenſion, ſoient en raiſon
réciproque
de ce poids &
de cette puiſſance.
Corollaire X.
Et parce que ce mouvement eſt impoſſible, à moins
que
ce poids ne monte de même que le point A de ſa
corde
, du moins de la hauteur du ſinus verſe H E
de
l’angle APE fait par la partie AP de ſa corde,
avec
la ligne AF, qui tombe à plomb de ſon point A
de
ſuſpenſion:
il ſuit évidemment qu’il n’y a point
de
force, quelque petite qu’on l’imagine, qui ne ſoit
capable
de faire monter du moins à cette hauteur
quelque
grand poids que ce ſoit à l’aide ſeulement
d’une
corde attachée à quelque point fixe.
La raiſon pour laquelle on dit ici du moins, c’eſt pour
s’
accommoder à toute bypothêſe:
car ſi l’on regarde les lignes
de
direction des poids comme paralleles entre-elles, ce poids
monte-ici
juſtement de cette hauteur;
mais ſi elles concourent
en
quelque endroit du monde, il doit néceſſairement monter
plus
baut, &
ce d’autant plus (quoi. qu’en proportion diffé-
rente
) que l’angle que fait ſa ligne de direction avec celle
4418NOUVELLE tombe à plomb de ſon point de ſuſpenſion, lorſque ce poids
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
n’eſt plus dans cette même ligne, eſt plus obtus.
Tout cela eſt
clair
;
c’eſt pourquoi on ne s’y arrête pas davantage.
Corollaire XI.
Il ſuit encore du Corollaire 7. que ſi au lieu du
22fig. 10.
11
.
12
.
13
.
14
.
15
.
16
.
17
.
poid K, on mettoit quelque nouvelle puiſſance, (quel-
le
ſoit auſſi appellée K) qui fûtaux deux premiéres P
&
R, commele ſinus de l’angle P A R, aux ſinus des
angles
RAK, &
PAK; c’eſt-à-dire, que ces trois
puiſſances
K, P, &
R fuſſent entr’elles, comme les
ſinus
de ces trois angles PAR, RAK, &
PAK;
elles demeureroient en équilibre entr’elles, de ſorte
qu’aucune
ne l’emporteroit ſur aucune autre.
Corollaire XII.
Ce qui fait encore voir, que ſans rien changer à
l’inclinaiſon
des cordes B P &
C R de ces puiſſances,
une
infinité d’autres miſes en leurs places, pouront
demeurer
en équilibre trois à trois, pourvu qu’elles
ſoient
entr’elles, comme ces trois premiéres.
Corollaire XIII.
On peut auſſi en changeant l’inclinaiſon de ces
cordes
conſerver l’équilibre de ces trois premiéres
puiſſances
K, P, &
R, dans ſix variations différentes
de
leurs angles, pourvu que ces puiſſances faſſent
échange
entr’elles de leurs cordes, juſqu’à ce que
chacune
d’elles ſe trouve appliquée ſucceſſivement
à
chacune de ces cordes pendant deux ſituations dif-
férentes
des deux autres.
Pour l’appercevoir il ne faut
que
s’imaginer que lorſque deux de ces puiſſances,
par
exemple P &
R, font échange de leurs cordes, il
ſe
fait en même-tems une échange des angles que
ces
mêmes cordes faiſoient auparavant avec celle
4519MECHANIQUE. la puiſſance K, qui n’en change point alors, ſans qu’il
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
arrive encore aucun changement à celui qu’elles font
entr’elles
:
de cette maniére l’on aura deux des cas
dont
il eſt ici queſtion.
On en trouvera encore deux
en
concevant de même l’échange des angles qui ſe
fait
dans l’échange des cordes de P &
de K; & encore
deux
pour l’échange de celles de K &
de R: c’eſt ainſi
qu’on
les aura tous ſix.
Corollaire XIV.
Mais tant que chacune de ces puiſſances demeure
appliquée
à la même corde, l’on ne peut en changer
la
direction, c’eſt-à-dire, l’inclinaiſon de ces cordes,
ſans
en rompre l’équilibre;
parce qu’il n’eſt pas poſ-
ſible
de trouver ſeulement deux ſituations de cordes,
ou
les ſinus de ces trois angles R A P, R A K, &
P A K,
ayent
le même raport entr’eux.
Corollaire XV.
C’eſt ce qui fait que tout autant de fois que les
angles
RAP, que font entr’elles les cordes des puiſ-
ſances
P &
R, ſont différens, les poids qu’elles ſou-
tiennent
ſont différens auſſi.
En effet plus cet angle
eſt
obtus, plus le poids qu elles ſoutiennent, doit être
petit
, quoi-qu’en proportion différente:
puiſque plus
cet
angle eſt obtus, moins eſt grande la raiſon de AD
à
AB, &
à BD; c’eſt-à-dire, (Lemm. 5.) celle du
ſinus
de l’angle DBA, ou de ſon complement PAR,
à
chacun des ſinus de l’angle BDA, ou de RAK qui
lui
eſt égal, ou ſon complement;
& de l’angle BAD,
ou
PAK encore égal à celui-ci, ou ſon complement:
qui eſt juſtement celle que ce poids doit alors avoir à
chacune
de ces puiſſances pour demeurer en équilibre
avec
elles;
De ſorte que cet angle peut être ſi obtus
que
ces mêmes puiſſances pourront faire
4620NOUVELLE avec ce poids, quelque petit qu’il ſoit: c’eſt ainſi qu’il
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
peut diminuer à l’infini, &
faire cependant tou-
jours
équilibre avec elles, que@ques grandes qu’on les
ſuppoſe
.
Corollaire XVI.
Voilà ce qui peut arriver en changeant la direction
de
l’une, &
de l’autre de ces deux puiſſances; Mais à
n’en
déplacer qu’une:
. Si elles ſont égales, ou ſi
étant
inégales, il s’en trouve une qui ait une direc-
tion
horizontale, il eſt clair qu’on changeroit le ra-
port
des ſinus des angles que leurs cordes font avec
la
ligne de direction du poids qu’elles ſoutiennent:
ainſi (Cor. I.) elles ne pouroient plus ſoutenir n’y ce
poids
, ny aucun autre.
. Au contraire ſi étant inéga-
les
, elles n’ont aucune de leurs cordes qui ſoit hori-
zontale
;
au lieu du poids qu’elles ſoutiennent, on
poura
encore leur en faire ſoutenir un autre, pourvu
qu’on
change tellement celle de leurs directions qui
fait
le plus grand angle avec celle du poids qu’elles
ſoutiennent
, qu’on lui en faſſe faire un autre encore
avec
elle, qui ſoit le complement du premier:
Car
les
ſinus des angles de leurs cordes avec la direction
du
poids appliqué à leur point de concours, étant
encore
les mêmes qu’auparavant, elles en pouront
encore
ſoutenir un (Cor.
II.) à qui elles ſeront com-
me
ces mêmes ſinus réciproquement pris, à celui de
l’angle
que feront alors leurs cordes entr’elles;
c’eſt-
à-dire
, qui ſera à celui qu’elles ſoutenoient aupara-
vant
, comme ce dernier ſinus à celui de l’angle qu’el-
les
faiſoient alors entr’elles.
Mais auſſi par une raiſon
toute
contraire en tout autre changement de cette
lignede
direction ces deux puiſſances ne peuvent plus
rien
ſoutenir.
4721MECHANIQUE.
La raiſon pour laquelle on vient de demander que ce
11DES POIDS
ſoutenus
avec
d
s cordes ſeu-
lement
.
changement ſe fit dans celle des directions de ces puiſſances, qui
fait
le plus grand angle avec celle du poids qu’elles ſoutien-
nent
;
c’eſt que ſi l’on faiſoit un tel cbangement à l’autre, l’an-
gle
des cordes ſe tourneroit en deſſous, ce qui détermineroit
l’action
de ces deux puiſſances à ſeconder ſa peſanteur, plutôt
qu’àla
ſoutenir.
Corollaire XVII.
Puiſque ce poids pour faire équilibre avec les
puiſſances
P &
R, doit toujours être à chacune d’elles,
comme
le ſinus de l’angle PAR de leurs cordes, à
chacun
des ſinus des angles RAK &
PAK: Il ſuit
évidemment
que ſi enfin cet angle, à force de deve-
nir
obtus, devenoit à rien;
c’eſt-à-dire, que R A &
AP
ne fiſſent plus qu’une même ligne droite, ce poids
ſeroit
auſſi réduit à rien, &
ces deux puiſſances agi-
roient
ſeulement alors l’une contre l’autre:
ainſi tant
qu’il
reſte quelque poids attaché à ces cordes entre ces
puiſſances
, elles font toujours quelque angle PAR
que
ce ſoit.
Corollaire XVIII.
De-là on voit qu’il n’y a point de force imaginable,
n’y
de poids, quelques grands qu’on les conçoive, qui
appliquez
aux extrémitez d’une corde parfaitement
fléxible
, la puiſſent tellement bander qu’elle devienne
parfaitement
droite, pour peu de peſanteur qu’on y
ſuppoſe
:
car quelque prodigieuſe que ſoit cette force,
&
quelques grands que ſoient ces poids, ils auront
toujours
quelque raport à la peſanteur de cette corde:
& par conſéquent elle ſe courbera toujours.
Iuſqu’ici nous n’avons eu aucun égard à cette peſan-
@eur
de cordes, c’eſt pour cela que nous n’y avons
4822NOUVELLE que l’angle qu’elles font entr’elles à l’endroit ou le poids
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
qu’elles ſoutiennent, leur eſt attacbé:
ce ſera en les conſidé-
rant
de même que nous prendrons quelque jour leur peſanteur
pourune
infinité de poids, qui leur étant appliquez dans toute
leur
longueur, leur font faire une infinité d’angles quinous ſer-
viront
à en déterminer la courbure pour toutes ſortes d’bypo-
theſes
.
Corollaire XIX.
On pourroit encore de même démontrer le raport
du
poids K ſuſpendu partrois cordes, ou par davanta-
ge
, même juſqu’à l’infini, aux puiſſances qui le ſou-
tiendroient
;
en prenant pour une ſeule, l’impreſſion
compoſée
de chacun des points, ou deux de ces cor-
des
concourent, laquelle réſulte du concours d’action
des
deux puiſſances qui y ſont appliquées;
& ainſi
toujours
de même, juſqu’à ce qu’enfin toutes ces
puiſſances
, en quelque nombre qu’elles ſoient, fuſſent
réduites
à deux ſeulement:
ce qui réduiroit toujours
tous
ces cas, quclques différens qu’ils fuſſent, à celui
de
la propoſition préſente, qui pour cela a été appel-
lée
Fondamentale.
Remarque.
Lorſque de chacun des nocuds qui lient enſemble les
cordes
avec leſquelles un poids eſt ſoutenu par plu-
ſieurs
puiſſances, ſuivant chacune ſa direction, il
ne
s’en répand point plus de trois dans un même
plan
;
alors cette réduction ſe peut faire ſans con-
noître
aucun raport entre ces puiſſances, n’y d’au-
cune
d’elles à ce poids.
Mais lorſque le contraire
arrive
, c’eſt-à-dire, lorſque d’un même næud il ſe
répand
plus de trois cordes dans un même plan;
alors
pour
chacun de ces plans, il faut connoître entre leſ-
quelles
on voudra des forces qui y ſont appliquées.
4923MECHANIQUE. autant de raports, moins trois, qu’il y aura de telles
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſ@u-
lement
.
forces, ou qu’un même noeud y répandra de cordes.
Par exemple, pour 4. cordes, il ne faudra connoître
qu’un
tel raport.
Pour 5. il en faudra 2. Pour 6. 3.
Pour
7.
4. & ainſi toujours 3. moins que le nombre
de
ces cordes.
On n’entre point dans le détail de tout ceci, de peur de ſe
trop
éloigner de la breveté qu’on s’eſt propoſée;
outre qu’en voi-
la
, ce me ſemble, aſſez pour juger de l’étenduë &
de la fécondité
de
ces principes:
on le verra démontré dans un autre ouvrage.
15[Figure 15]
PROBLEME.
LEs forces de trois bommes K, P, & R, étant données,
ou
même ſeulement le raport qu’elles ont entr’elles, les
appliquer
tellement à trois cordes A K, A P, &
A R, qui
aboutiſſent
à un même næud A, qu’aucun des trois ne l’emporte
ſur
aucun des deux autres.
Solution.
Premièremènt, s’il y a quelqu’une des forces de
ces
trois perſonnes, qui ſoit égale, ou plus grande que
la
ſomme de celles des deux autres, ce Problême par
le
Corollaire 3.
de la propoſition préſente eſt impoſ-
ſible
.
Secondement ſi chacune de ces forces, de quelque
maniére
qu’on les prenne, eſt en effet moindre que
la
ſomme des deux autres;
placez à diſcretion une de
ces
trois perſonnes, par exemple K, &
lui donnez la
direction
AK qu’il vous plaira.
Ayant prolongé à
diſcretion
AK du côté de E, faite ſur AE le triangle
AEF
, tel que ſes trois côtez AE, EF, &
AF, ſoient
entr’eux
, comme les forces de ces trois perſonnes
5024NOUVELLE P, & R. Placez enſuite la perſonne R ſuivant le côté
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
AF de ce triangle, &
la perſonne P ſuivant AP paral-
lele
à EF.
Cela fait, ces trois hommes ſeront dans la
ſituation
requiſe pour demeurer en équilibre.
Demonstration
Leurs forces K, P, & R ſont (Hyp.) entr’elles,
comme
AE, EF, &
AF; C’eſt-à-dire, (Lemm. 5.)
comme les ſinus des angles AFE, EAF, & AEF,
qui
ſont les mêmes que ceux desangles PAR, RAK,
&
PAK: Donc (Corol. II.) ces trois hommes demeu-
reront
ainſien équilibre, ſans qu’aucun d’eux le puiſſe
emporter
ſur lequel que ce ſoit de deux autres.
Ce
qu’il
faloit faire.
16[Figure 16]
5125MECHANIQUE. 17[Figure 17]
PROPOSITION
FONDAMENTALE

DES
POULIES,
Soit que le centre en demeure fixe, ſoit qu’on
le
ſuppoſe mobile;
& pour toutes les
directions
poſſibles des puiſſances, ou des
poids
qui y ſont appliquez.
SOit la puiſſance, ou le poids D appliquè, ou ſuſpendu
11fig. 20
21
.
22
.
23
.
au centre mobile d’une poulie A, autour de laquelle paſſe
la
corde PMNR, dont les extremitez ſont retenuës par
les
puiſſances P &
R: quelque angle MHN que faſ-
ſent
entre-elles les parties MP, &
NR de cette corde,
prolongées
juſqu’àce qu’elles concourent en H;
le poids, ou la
puiſſance
D, ſera toujours à cbacune des puiſſances P &
R,
comme
le ſinus de cet angle, au ſinus de ſa moitié.
Demonstration.
Il eſt clair que tant quele poids, ou la puiſſance D,
demeure
ainſi en équilibre avec les puiſſances P &
R
ſur
la poulie A, non-ſeulement cette poulie demeure
ſans
mouvement;
mais encore la corde PMNR de-
meure
fixe deſſus ſans gliſſer, n’y ſe mouvoir non plus
que
ſi elley étoit colée, ou phyſiquement unie depuis
5226NOUVELLE
M juſqu’à N; & les points M, & N de cette corde
11DES
POULIES
.
ſont auſſi fixes ſur cette poulie, tant que dure cet
équilibre
, que ſi en effet PM, &
RN étoient deux
cordes
, qui y fuſſent ſéparément attachées:
Les puiſ-
ſances
P, &
R reſi ſtent donc au poids, ou à la puiſſan-
ce
D, de même que ſi MP, &
RN étoient deux cor-
des
différentes &
attachées aux points M & N de la
poulie
A, ſuivant les tangentes en cespoints:
De ſorte
que
l’on peut regarder cette poulie comme un corps
qui
tend vers D, ſuivant AD, d’une force égale à
celle
du poids, ou de la puiſſance D;
mais qui eſt re-
tenu
avec les cordes PM &
RN par les puiſſances
P
&
R. Or en ce cas, non-ſeulement ſa ligne de di-
rection
AD paſſeroit (Lemm.
2. Cor. 1.) par le point H,
ou
concourent ces cordes prolongées;
mais encore
cette
poulie regardée avec une telle impreſſion, ſeroit
(prop.
fond. des cordes. Cor. 5.) aux puiſſances P, & R,
qui
la retiennent, comme le finus de l’angle MHN,
aux
ſinus des angles NHA, &
MHA: Donc en effet
la
ligne de direction AD de la poulie A ainſi tirée
par
le poids, ou la puiſſance D, contre les puiſſances
P
&
R, paſſe toujours par le point H, ou leurs cordes
prolongées
concourent;
& le poids, ou la puiſſance
D
, eſt auſſi à chacune de ces puiſſances, comme le
ſinus
de l’angle MHN à chacun des ſinus des angles
NHA
, &
MHA. Or à cauſe que HA, paſſe auſſi
parle
centre de cette poulie, &
que MH, & NH ſont
deux
tangentes, les angles NHA, &
MHA, ſont
chacun
la moitié de l’angle MHN:
Donc le poids,
ou
la puiſſance D, eſt toujours à chacune de puiſſan-
ces
P &
R, comme le ſinus de l’angle MHN, que
ſont
leurs cordes entr’elles, au ſinus de ſa moitié.
Ce
qu’il
faloit démontrer.
18[Figure 18]
5327MECHANIQUE.
Corollaire I.
11DES
POULIES
.
Il ſuit de-là que le poids, ou la puiſſance D, tant
que
dure cet équilibre, eſt toujours à chacune des
puiſſances
P, &
R, en raiſon réciproque des ſinus des
angles
que font les lignes de direction de ce poids, &

de
cette puiſſance avec celle de l’autre;
c’eſt-à-dire,
en
raiſon réciproque des diſtances des lignes de di-
rection
de ce poids &
de cette puiſſance, à quelque
point
que ce ſoit de celle de l’autre.
Et pour la même
raiſon
les puiſſances P &
R ſont auſſi entr’elles en
raiſon
rèciproque des diſtances de leurs lignes de di-
rection
à quelque point que ce ſoit de celle du poids,
ou
de la puiſſance D, qu’elles ſoutiennent.
Corollaire II.
Si la puiſſance, ou le poids D, (le tout étant
appliqué
à la poulie A comme cy-deſſus) eſt à chacune
des
puiſſances P, &
R, comme le ſinus de l’angle
MHN
, que font leurs cordes entr’elles, au ſinus de
ſa
moitié;
elles le ſoutiendront en cet état: parce
que
cette raiſon étant la même qu’il doit avoir aux
puiſſances
qui l’y pourroient ſoutenir;
les puiſſances
p
, &
R leur ſont néceſſairement égales; & par conſé-
quent
étant appliquées de même, elles l’y doivent
auſſi
ſoutenir.
Corollaire III.
Ce qui fait voir que lorſque lepoids D, eſt à cha-
cune
des puiſſances P, &
R, en raiſon réciproque des
diſtances
des lignes de direction de ce poids, &
de
cette
puiſſance, à quelque point que ce ſoit de celle
de
l’autre, il demeure en équilibre avec elles.
Ce
qu’on
dit du poids D ſe doit auſſi de la puiſſance D.
5428NOUVELLE
Corollaire IV.
11DES
POULIES
.
Il ſuit de plus de cette propoſition que les puiſ-
ſances
P, &
R agiſſent contre la puiſſance, ou le poids
D
;
& ce poids, ou cette puiſſance réciproquement
auſſi
contr’elles, de la même maniére que ſi leurs cor-
des
PM, &
RN, prolongées juſqu’en H, y etoient
noiiées
avec la corde AD du poids, ou de la puiſſance
D
;
& que la poulie A étant ôtée, elles tiraſſent contre
ce
poids, ou contre cette puiſſance ſuivant les mêmes
angles
MHA, &
NHA: puis qu’alors le poids, ou la
puiſſance
D ſeroit encore (prop.
fond. des cordes. Cor. 2. &
5
.)
à chacune d’elles, comme le ſinus de l’angle MHN
de
leurs cordes, au ſinus de la moitié de cet angle.
Ainſi que les puiſſances P & R ſoutiennent le poids,
ou
la puiſſance D, par le moyen de la poulie A, avec
la
même corde PMNR;
ou qu’elles ſoutiennent l’un
ou
l’autre ſans poulie, mais avec chacune une corde
PH
, &
RH, noiiée avec AD en H; C’eſt toujours
la
même choſe, pourvu que les angles de ces cordes
avec
la ligne de direction du poids, ou de la puiſſan-
ce
D, ſoient les mêmes dans l’un &
l’autre cas.
Corollaire V.
On voit encore que ſi au lieu du poids, ou de la
puiſſance
D, on attachoit la corde AD à quelque
clou
, comme en D, ou ailleurs;
ce clou feroit la même
réſiſtance
contre les puiſſances P, &
R, que fait pré-
ſentement
le poids, ou la puiſſance D:
ainſi n’étant
arrivé
aucun changement du côté de ces puiſſances,
la
direction de la corde AD ſeroit non ſeulement en-
core
la même qu’auparavant, c’eſt-à-dire, qu’elle
diviſeroit
encore l’angle MHN en deux parties éga-
les
;
mais encore la réſiſtance de ce clou ſeroit égale
à
celle du poids, ou de la puiſſance D:
D’où il ſuit
5529MECHANIQUE.
. Que lors qu’une poulie ſur laquelle deux puiſſan-
11DES
POULIES
.
ces font équilibre, comme ici P &
R, eſt ſuſpenduë
ou
retenuë par une corde telle qu’eſt ici AD, cette
corde
ſe dirige toujours en ſorte qu’elle diviſe en
deux
également l’angle des tangentes de cette poulie
aux
points ou les cordes de ces puiſſances la touchent.
(Il eſt clair que la même choſe arriveroit, ſi au lieu
de
ces puiſſances on appliquoit à leurs cordes des poids
qui
demeuraſſent de même en équilibre ſur cette pou-
lie
) .
La charge du clou, ou la corde qui retient cette
poulie
, eſt attachée, étant égale à la réſiſtance qu’il fait
contre
chacune de ces puiſſances, ou des poids mis en
leurs
places;
eſt à chacun d’eux, ou d’elles, comme le
ſinus
de l’angle de ces tangentes, au ſinus de ſa moitié.
Corollaire VI.
Préſentement ſi la poulie A, au lieu d’être arrêtée
en
D, ou en quelqu’autre point de ſa corde AD,
étoit
ſeulement fixe en ſon centre A;
les puiſſances
P
&
R agiſſant encore deſſus de la même maniére
qu’auparavant
, &
cette poulie leur faiſant auſſi en-
core
la même réſiſtance qu’elle leur faiſoit, lors qu’elle
étoit
retenuë parla corde AH;
elle doit en recevoir
encore
la même impreſſion, &
ſuivant la même di-
rection
qu’auparavant:
Ainſi l’effort commun des
puiſſances
P &
R ſur cette poulie, ne tend encore
qu’à
la mouvoir ſuivant HA avec la même force dont
elles
tiroient auparavant contre le poids, ou la puiſ-
ſance
D, ou contre le clou qu’on vient de ſuſpoſer en
D
:
de ſorte que la charge de cette poulie, lors qu’elle eſt
fixe
, eſt toujours à chacune des puiſſances P &
R, ou
à
chacun des poids qui leur étant égaux, ſeroient mis
en
leurs places, comme le ſinus de l’angle de leurs par-
ties
de cordes PM &
RN prolongées juſqu’à ce
qu’elles
concourent, au ſinus de ſa moitié.
5630NOUVELLE
Corollaire VII.
11DES
POULIES
.
D’où il ſuit que plus l’angle MHN, que ces par-
ties
de corde prolongées du côté de H, font entr’elles,
ſera
obtus, moins ſera grande la charge de la poulie A,
ſoit
que le centre en ſoit fixe, ou qu’il ſoit mobile:
parce que plus cet angle ſera obtus, moins ſera grande
la
raiſon de ſon ſinus au ſinus de ſa moitié, quoi qu’en
proportion
difféentes:
De ſorte que cet angle peut
être
ſi obtus, que la poulie A ne ſera chargée que ſi
peu
qu’on voudra des puiſſances P &
R: juſques-là
même
qu’elle pourroit être ſoutenuë contre elles
par
une puiſſance, ou un poids D indéfiniment petit,
c’eſt-à-dire
, moindre que quelque poids donné, que
ce
ſoit:
Car il ne faut pour cela qu’ouvrir l’angle
MHN
, que font entr’elles les parties de corde PM
&
RN, juſqu’à ce qu’enfin ſon ſinus ſoit au ſinus de
ſa
moitié en moindre raiſon que le poids donné, à
chacune
des puiſſances P &
R.
Corollaire VIII.
Au contraire on peut rendre cet angle MHN
ſiaigu
que la puiſſance, ou le poids D, ou quel-
qu’autre
en ſa place, devra être plus grand que
chacune
des puiſſances P &
R pour être en équilibre
avec
elles;
mais ce poids ne peut pas ainſi augmèn-
ter
à l’infini, de même que nous venons de dire qu’il
peut
diminuer;
Car ne pouvant jamais être plus
grand
que lors que cet angle eſt infiniment aigu,
c’eſt-à-dire
, lors que les parties de corde MP &
NR
ſont
paralleles;
& le ſinus de cet angle n’étant encore
alors
que double du ſinus de ſa moitié, ce poids ne
peut
être tout au plus que double de chacune des puiſ-
ſances
P &
R.
5731MECHANIQUE.
Corollaire IX.
11DES
POULIES
.
D’ou l’on voit en général que lors qu’un poids fait
ainfi
équilibre avec deux puiſſances, ou avec deux au-
tres
poids par le moyen de quelque poulie à moufle,
il
ne peut être tout au plus que double de chacune de
ces
puiſſances, ou de ces autres poids;
mais au con-
traire
il peut diminuer à l’infini, &
faire cependant
toujours
équilibre avec elles, ou avec ces poids, quoi
qu’ils
demeurent toujours les mêmes.
Corollaire X.
Ce qui fait voir que ſur une infinité de cas diffé-
rens
ou cet équilibre peut arriver, il n’y en a qu’un
feul
ou le poids, ou bien la puiſſance D, puiſſe être
double
de chacune des puiſſances P &
R; & que dans
tousles
autres il eſt toujours moindre que double, &

même
moindre à l’infini que chacune d’elles.
Tous ceux qwi ſe mêlent de Mècbanique, ſcavent aſſez
que
l’on regarde ordinairement comme génèrale &
comme
abſolument
vraye cette propoſition:
qu’un poids attaché,
ou
ſuſpendu au centre mobile d’une poulie à moufle,
&
en équilibre avec une puiſſance appliquée à l’ex-
trémitè
d’une corde qui embraſſant cette poulie, à
ſon
autre extrémité retenuë par quelque clou, ou
autrement
, eſt double de cette puiſſance.
Cependant
on
voit par ce dernier Corollaire que ſur une infinité de cas
diffèrens
, ou cet équilibre peut arriver, cette propoſition n’eſt
vraye
que dans un ſeul, qui eſt lors que les parties de corde
gui
touchent cette poulie ſont paralleles;
& fauſſe dans tous
les
autres.
Il eſt vrai que dans la dèmonſtration que les Au-
teurs
qui l’ont avancèe, en donnent, ils ſuppoſent tous que ces
parties
de corde touchent cette poulie aux extrèmitez d’un
même
diametre, &
conſèquemment qu’elles ſont paralleles;
5832NOUVELLE mais outre qu’il eſt rare qu’elles le ſoient, c’eſt que n’ayant
11DES
POULIES
.
point fait cette reſtriction dans leur propoſition, ils la regar-
dent
dans la ſuite comme générale, &
l’appliquent indiffé-
remment
à toutes les machines ou l’on ſe ſert de moufles, ſans
avoir
égard à la ſituation de leurs cordes;
Ce qui les a jettez
dans
des mépriſes conſidérables, comme on le verra dans les
Corollaires
15.
& 17.
Corollaire XI.
Soit que le centre de la poulie A demeure fixe,
ſoit
qu’on le ſuppoſe mobile, tant que ces puiſſances
demeurent
ainſi en équilibre aux extrémitez P &
R
d’une
même corde paſſée par deſſus, ou par deſſous
cette
poulie, elles ſont toujours égales:
puiſque quel-
que
ſoit la charge de cette poulie, ſi elle eſt fixe, ou
bien
le poids qui y eſt attaché, ſi elle eſt mobile;
cette
charge
, ou ce poids, tant que dure cet équilibre, eſt
toujours
à chacune d’elles, comme le ſinus de l’angle
de
leurs parties de corde, au ſinus de ſa moitié.
Corollaire XII.
Si ces parties de corde des puiſſances P, & R,
lorſqu’elles
ſoutiennent la puiſſance, ou le poids D,
ne
ſont point paralleles, ces deux mêmes puiſſances
le
pourront ſoutenir dans deux ſituations différentes
de
leurs cordes;
parce que ces cordes peuvent faire
des
angles égaux en H de part &
d’autre de la poulie
A
, avec ſa ligne de direction AH, ſoit en s’écartant
l’une
de l’autre, (fig.
20. & 22.) ſoit en s’approchant;
(fig. 21. & 23.) & par conſéquent les mêmes puiſſan-
ces
P, &
R, qui dans l’une de ces ſituations de cor-
des
, ſont capables de ſoutenir la puiſſance, ou le
poids
D, le pourront encore ſoutenir dans l’autre.
5933MECHANIQUE.
Corollaire XIII.
11DES
POULIES
.
Mais ſi les parties de corde des puiſſances P & R
ſont
paralleles, elles ne pourront ſoutenir la puiſſan-
ce
, ou le poids D qu’en cette ſeule ſituation;
parce
qu’il
n’eſt pas poſſible d’en trouver d’autre, ou cette
puiſſance
, ou bien ce poids, ſoit double de chacune
des
puiſſances P &
R qui le ſoutiennent.
Corollaire XIV.
On voit encore de cette propoſition que le poids
22fig. 24.
205
.
D étant en équilibre avec la puiſſance R, par le
moyen
de pluſieurs moufles A, B, C, &
c. Séparez,
&
appliquez le long du poteau EG, ou de quelqu’au-
tre
corps que ce ſoit, de la maniére qu’on les voit
ici
;
eſt à cette puiſſance, comme le produit des ſinus
des
angles H, K, L, &
c. que font, lors qu’on les pro-
longe
, les parties des cordes EK, FL, GR, &
c.
qui touchent ces poulies; au produit des ſinus de
chacun
leur moitié:
Car ſelon la propoſition préſen-
te
, la réſiſtance de la poulie A, ou bien le poids D eſt
à
la réſiſtance de la poulie B, comme le ſinus de l’angle
H
, au ſinus de ſa moitié.
La réſiſtance de la poulie
B
eſt auſſi à celle de la poulie C, comme le ſinus de
l’angle
K, au ſinus de ſa moitié.
Enfin la réſiſtance
de
la poulie C eſt encore à celle de la puiſſance R,
comme
le ſinus de l’angle L, au ſinus de ſa moitié;
&
ainſi
de même à l’infini:
Donc en multipliant par
ordre
les termes de toutes ces proportions, c’eſt-à-
dire
, les antécédens par les antécédens, &
les conſé-
quens
par les conſéquens, on aura le poids D à la
puiſſance
R, comme le produit des ſinus des angles
H
, K, L, &
c. au produit des ſinus de chacun leur
moitié
.
6034NOUVELLE
Corollaire XV.
11DES
POULIES
.
Il ſuit de ce dernier Corollaire que ſur une in-
finité
de cas différens, ou le poids D peut être en
équilibre
avec la puiſſance R, à l’aide de pluſieurs
moufles
, de la maniére qu’ils ſont ici;
il n’y en a qu’un
ſeul
, ou ce poids ſoit à cette puiſſance comme le der-
nier
terme d’une progreſſion double, qui en a autant
qu’il
y a de moufles, plus un, eſt au premier;
c’eſt-à-
dire
, ici, comme 8.
à 1. C’eſt lors que les parties de
corde
qui ſont tangentes de ces moufles, ſont paralle-
les
entr’elles:
parce que les angles H, K, L, & c. étant
alors
infiniment aigus, leurs ſinus ſont doubles des
ſinus
de leurs moitiez.
Pour dans tous les autres, il
eſt
toujours à cette puiſſance en moindre raiſon que
ce
dernier terme au premier, &
même, en moindre à
l’infini
:
parce que les angles H, K, L, & c. ne pou-
vant
devenir plus aigus que lorſque ces parties de
cordes
ſont paralleles, les raiſons de leurs ſinus aux
ſinus
de leurs moitiez, ne peuvent auſſi jamais être
chacune
plus grande que celle de 2.
à I. au contraire
ces
angles pouvant devenir toujours plus obtus juſqu’à
l’infini
, les raiſons de leurs ſinus aux ſinus de leurs
moitiez
, peuvent auſſi diminuer à l’infini.
On voit aſſez la mépriſe de ceux qui dans cet uſage des
poulies
à moufle, ont avancé comme propoſition générale que le
poids
D eſt à la puiſſance R, comme le dernier terme
d’une
progreſſion double, qui en à autant qu’il y a
de
moufles, plus un, eſt au premier.
Ce qui les a trom-
pez
c’eſt l’uſage trop étendu qu’ils ont donné à la propoſition
raportée
dans la réfléxion qui ſuit le Corollaire 10.
de la
propoſition
préſente.
19[Figure 19]
6135MECHANIQUE.
Corollaire XVI.
11DES
POULIES
.
Préſentement ſi l’on ſe ſert de pluſieurs poulies
liées
enſemble, comme on les voit dans les figures 26.
22fig. 26.& 27. Il ſuit encore de cette propoſition que la puiſ-
ſance
R eſt au poids D qu’elle ſoutient à l’aide de ces
poulies
, comme le produit des ſinus des moitiez de
chacun
des angles que font, ſi on les prolonge, les
cordes
tangentes des poulies mobiles L, K, &
H, à la
ſomme
des produits de chacun des ſinus de ces mêmes
angles
par les ſinus des moitiez de chacun des autres.
Par exemple, ſoit le ſinus de l’angle de ces cordes fait
en
A, appellé a;
& celui de ſa moitié appellé b. Celui de
l’angle
C, appellé c;
& celui de ſa moitié appellé d.
Enfin
celui de l’angle E, appellé e;
& celui de ſa moi-
tié
appellé f.
Cela ſuppoſé il ſuit, dî-je, de cette pro-
poſition
que la puiſſance R en ce cas eſt au poids D,
comme
bàf à adf + cbf + ebd.
Parceque la corde
RRORNRM
étant également bandée dans tou-
tes
ſes parties, &
d’une force égale à celle de la puiſ-
ſance
R;
on la peut regarder, tant que dure cet équi-
libre
, comme diviſée en autant de cordes RRO,
RN
, &
RM, qu’il y a de poulies L, K, & H, dans
l’écharpe
LH;
& chacune de ces cordes comme fixe
en
O, N, &
M, & tirée du côté de R, R, & R par la
puiſſance
R, ou par d’autres qui lui ſoient égales.

Et
parce que les poulies L, K, &
H, portent chacune
quelque
choſe du poids D, regardons-le auſſi comme
diviſé
en autant de parties x, y, &
z, dont la partie x
ſoit
portée par la poulie L;
la partie y, par la poulie
K
;
& la partie z, par la poulie H.
6236NOUVELLE
Cela conçcû il eſt clair par la propoſition qu’on vient
11DES
POULIES
.
de démontrer
22
que
{ # {x. R :: a. b. \\ R. y :: d. c.} # Donc {x. y :: ad. bc. \\ & \\ x. x + y :: ad. ad + bc. # }Donc
# {z. R :: e. f. \\ R. x :: b. a.} # Donc z. x :: eb. fa.
z. x + y : : adeb. aadf + abcf. Donc z. z + x + y : :
adeb
.
adeb + aadf + abcf. Or R. z : : f. e. Donc R.
z + x + y = D : : adefb. adeeb + aadef + aebcf. Et en
diviſant
les deux terniers termes de cette derniére
proportion
, par ae, l’on aura R.
D : : dfb. edb +
adf
+ bcf.
Ce qu’il faloit démontrer.
Corollaire XVII.
D’où il ſuit que dans cet uſage des poulies, lors
que
les parties de corde, qui touchent celles de l’é-
charpe
LH, ſont paralleles, la puiſſance R eſt au
poids
D, comme l’unité au double du nombre des
poulies
ſuſpenduës;
mais que dans tout autre cas,
elle
lui eſt toujours en plus grande raiſon;
& même,
cette
raiſon augmente, quoi qu’en proportion diffé-
rente
, à meſure que les angles A, C &
E deviennent
moins
aigus, ou plus obtus.
On voit aſſez que tous ces Corollaires avec une infinité
d’autres
qu’on pourroit encore tirer de cette propoſition, dé-
pendent
abſolument de ſon univerſalité, &
que ſans cela
il
ſeroit impoſſible de réſoudre une infinité de Problêmes
qu’on
peut faire ſur cette matiére.
Par exemple celui-ci.
20[Figure 20]
6337MECHANIQUE. 21[Figure 21]11DES
POULIES
.
PROBLEME.
F Aire ſoutenir quelque poids D que ce ſoit, à quelque
22fig. 28. puiſſance R que ce puiſſe être, par le moyen d’une ſeule
poulie
à moufle.
Solution
Premiérement ſi cette puiſſance eſt plus grande
que
ce poids, faite ſur EH perpendiculaire à l’hori-
zon
, &
priſe à diſcretion, le triangle Iſocelle EFH,
dont
chacun des côtez EF, &
FH, ſoit en même rai-
ſon
à ſa baſe EH, que la puiſſance R, dont il eſt
queſtion
, eſt au poids D.
Du point H tirez HG per-
pendiculaire
à HF, &
égale au rayon de la poulie
A
, dont on ſe veut ſervir;
du point G faite encore
GM
parallele à HE, &
qui rencontre HF en M; &
de
ce même point M faite auſſi MA parallele à HG,
&
qui rencontre auſſi EH en A; placez enſuite en
ce
point le centre de la poulie A, &
ſuſpendez le poids
D
à cette poulie ſuivant AH.
Enfin aprés avoir di-
rigé
la partie MR ſa corde ſuivant HF, &
ſon
autre
partie PN parallelement à EF;
arrêtez cette
corde
par un bout au clou P, &
appliquez à l’autre
la
puiſſance R:
cela fait elle ſoutiendra ce poids en
cet
état.
Demonstration.
Le poids D peut être ſoutenu en cet état (Cor. 2.)
par deux puiſſances, à chacune deſquelles il ſoit
comme
le ſinus de l’angle RHP, au ſinus de ſa moitié
EHR
, ou EHP;
c’eſt-à-dire, (Lemm. 5.) comme
EH
à EF, ou bien (hyp.)
comme il eſt à la puiſſance
R
:
Donc le clou P faiſant la fonction d’une de
6438NOUVELLE puiſſances, celle-ci ſoutiendra ce poids en cet état. Ce
11DES
POULIES
.
qu’il faloit faire.
Secondement, ſi c’eſt le poids D qui ſoit plus
grand
que la puiſſance R, quelque grand qu’il ſoit,
&
quelque petite elle, qu’elle puiſſe être, on le lui
22fig. 29. pourra encore faire ſoutenir:
voici comment. Ayant
décrit
du centre F avec le rayon HF perpendicu-
laire
à l’horizon, &
pris à diſcretion, l’arc HEB; &
y
ayant inſcrit une ligne HE, qui ſoit à HF, comme
la
puiſſance R au poids D;
joignez FE, & faite en-
ſuite
HG perpendiculaire à HF, &
égale au rayon de
la
poulie A, dont on ſe veut ſervir;
Du point G faite
encore
GM parallele à HE, &
qui rencontre HF en
M
, d’où il faut faire encore MA parallele à HG, &
qui
rencontre
HE en A, vous placerez le centre de
la
poulie A, à laquelle vous appliquerez la puiſſance
R
ſuivant AH, &
le poids D ſuivant HF, l’autre
bout
de ſa corde étant attaché en P fuivant NP pa-
rallele
à EF.
Cela fait la puiſſance R ſoutiendra en-
core
le poids D en cet état.
Demonstration.
Cette puiſſance peut faire équilibre en cet état avec
deux
autres, pourvu qu’elle ſoit à chacune d’elles,
(Cor.
2.) comme le ſinus de l’angle PHF, au ſinus
de
ſa moitié PHE, ou à EF;
c’eſt-à-dire, (Lemm. 5.)
Comme HE à HF, ou EHF; ou bien (hyp.) comme
elle
eſt au poids D:
Donc le clou P faiſant la fonc-
tion
d’une de ces puiſſances, &
le poids D celle de
l’autre
, la puiſſance R doit le ſoutenir en cet état.

Ce
qu’il F.
D.
Corollaire.
On voit que l’on peut toujours faire ſoutenir
6539MECHANIQUE. que poids que ce ſoit, à quelque puiſſance que ce
11DES
POULIES
.
puiſſe être, par le moyen d’une ſeule poulie à mouf-
fle
:
en appliquant le moindre des deux au centre
mobile
de cette poulie, &
le plus grand au bout libre
de
la corde qui l’embraſſe.
La raiſon en eſt évidente
par
les Corollaires 7.
& 8.
Remarque.
Il n’eſt pas cependant toujours néceſſaire de les
diſpoſer
ainſi:
car s’il arrive que le plus grand des
deux
ne ſoit point plus que double de l’autre, on ſera
libre
d’appliquer celuy qu’on voudra au centre mo-
bile
de la poulie A:
puiſque, qu’il y ſoit, (Cor. 8.)
ou non, (Cor. 7.) il peut toujours monter juſqu’à
être
double de l’autre, mais jamais davantage:
(Cor. 8.)
ainſi
lorſque l’un des deux (la puiſſance ou le poids)
fera
plus que double de l’autre, il faudra néceſſai-
rement
les appliquer ſuivant le Corollaire ci-deſſus;

c’eſt-à-dire
, appliquer le moindre au centre du mouf-
fle
dont on ſe ſert, &
le plus grand ou bout libre
de
la corde qui embraſſe cette poulie à moufle.
22[Figure 22]
6640NOUVELLE 23[Figure 23]
PROPOSITION
FONDAMENTALE

DES
POIDS SOUTENUS
Sur quelque eſpéce de ſurfaces que ceſoit;
& pour toutes les directions poſſibles
des
puiſſances qui y ſont appliquées.
TELLE que ſoit la ſurface GH; le poids EO, &
11fig. 30.
31
.
32
.
33
.
34
.
35
.
36
.
la puiſſance R qui le ſoutient deſſus, ſont toujours en-
tr’
eux en raiſon réciproque des ſinus des angles que font leurs
lignes
de direction avec AD tirée perpendiculairement du point
A
de leur concours, ſur la ſurface GH.
Demonstration.
A fin que ce poids & cette puiſſance demeurent ainſi
en
equilibre ſur la ſurface GH, telle qu’elle ſoit,
il
faut .
que leurs lignes de direction EB & FC,
ſe
rencontrent en quelque point A:
car ſi elles étoient
paralleles
, il eſt clair que le centre de gravité de ce
poids
pourroit encore deſcendre d’une longueur éga-
le
à la diſtance qu’elles auroient entr’elles;
ce qui
eſt
contre l’hypothêſe.
. Les impreſſions particu-
liéres
que font ſur le point A, &
la peſanteur de ce
poids
, &
la puiſſance R qui le retient; étant les mê-
mes
que ſi ce point étoit pouſſé en même temps
6741MECHANIQUE. deux forces qui leur fuſſent égales, ſuivant leurs lignes
11DES POIDS
ſoutenus
ſur
des
ſurfaces.
de direction AC &
AB: le poids EO ainſi ſoutenu ſur
la
ſurface GH par le concours d’action de ſa peſan-
teur
&
de la puiſſance R, doittendre (Lem. 4. Cor. 2.)
ſuivant quelque ligne AD qui ſoit la diagonale d’un
parallelogramme
fait ſous des parties AC &
AB de
leurs
lignes de direction, qui ſoient entr’elles, com-
me
ce poids eſt à cette puiſſance.
. Cette ligne AD
doit
toujours être perpendiculaire à la ſurface GH,
telle
qu’elle ſoit;
par exemple, au point O: autrement
AD
devenant alors la ligne dedirection de ce corps, il
rouleroit
ou couleroit (Cor.
Lemm. 1.) vers H, ou vers
G
, ſelon que cette ligne ſe trouveroit au-deſſus ou
au-deſſous
du point O.
. Cette même ligne doit
encore
paſſer par quelqu’un des points ce poids
touche
cette ſurface, c’eſt-à-dire, par quelqu’un des
points
de ſa baze:
autrement, & pour la même rai-
ſon
, il rouleroit, ou couleroit encore du côté qu’elle
s’en
écarteroit.
. La force dont ce poids eſt ainſi
pouſſé
ou tiré ſuivant AD par le concours d’action
de
ſa peſanteur &
de la puiſſance R, eſt à celle de
cette
puiſſance, (Lemm.
4. Cor. 3.) comme AD à AB;
c’eſt-à-dire
, (Lem.
5.) commele ſinus de l’angle DBA,
ou
de ſon complement BAC, au ſinus de l’an-
gle
BDA, ou de DAC qui luy eſt égal.
Elle
eſt
auſſi pour la même raiſon à la peſanteur de ce
poids
, comme le ſinus du même angle BAC, au ſinus
de
BAD:
Ainſi la peſanteur de ce poids eſt à la
force
de cette puiſſance, comme le ſinus de l’angle
BAD
au ſinus de l’angle DAC;
& par conſéquent
ce
poids, &
cette puiſſance ſont entr’eux en raiſon
réciproque
des ſinus des angles que font leurs li-
gnes
de diréction avec la ligne tirée de leur point de
concours
perpendiculairement à la ſurfacc GH,
telle
quelle ſoit.
Ce qu’il F. D.
6842NOUVELLE11DES POIDS
ſoutenus
ſur
des
ſurfaces.
Les cas ou le point de concours de ces lignes de direction
ſe
trouve encore dans ce poids, mais au-deſſous de ſon centre
de
gravité, ſe réſoudront comme ceux des figures 33.
34. &
36
.
& ceux il ſe trouvera debors, ſe réſoudront auſſi de
même
, en regardant ſeulement ce point comme apparte-
nant
à ce poids, de la maniére que nous avons fait en traitant
des
poids ſoutenus avec des cordes ſeulement, figure 16.
& 17.
Tout cela eſt aiſé; c’eſt pourquoy on n’exprime point ici les
figures
de tous ces cas.
On n’exprime point non plus la figure d’aucune ſurface
borizontale
:
parce que la ligne de direction de quelque poids
que
ce ſoit, lui étant toujours perpendiculaire, il s’y ſoutient
de
lui-même, &
ſans le ſecours d’aucune puiſſance, par la
même
raiſon qu’il en a beſoin, comme l’on vient de voir, pour
demeurer
ſur quelque autre ſurface que ce ſoit.
Cette propo-
ſition
ne laiſſe pas cependant de s’étendre encore juſques-là,
comme
on le verra dans les Corollaires 9.
& 10. ainſi on
n’en
peut pas concevoir une plus générale.
Corollaire I.
On voit des articles 3. & 4. de cette démonſtra-
tion
que le poids EO ne peut-être ſoutenu par quel-
que
puiſſance R que ce ſoit, ſur quelque ſurface
quece
puiſſe être, à moins que la ligne AD ne tombe
perpendiculairement
ſur cette ſurface, &
qu’elle ne
paſſe
en même temps par quelqu’un des points ou
ce
poids touche cette même ſurface;
c’eſt-à-dire,
par
quelqu’un des points de la baze de ce même
poids
.
Corollaire II.
Mais auſſi pour la même raiſon dés que l’un &
6943MECHANIQUE. l’autre arrivera, la puiſſance qui y ſera alors appli-
11DES POIDS
ſoutenus
ſur
des
ſutfaces.
quée ne manquera pas de l’y ſoutenir.
Corollaire III.
De-là on voit qu’il n’y a point non plus de puiſſan-
ce
capable de ſoutenir un poids rond, ou quelque
ſphére
que ce ſoit, ſur quelque ſurface que ce puiſſe
être
, à moins que le concours de leurs lignes de di-
rection
ne ſe faſſe dans ſon centre de grandeur;
parce
que
c’eſt le ſeul point de ce corps, d’où l’on puiſſe
tirer
une ligne qui paſſe par ſa baze, &
qui ſoit en
même
temps perpendiculaire à la ſurface ſur laquelle
il
eſt ſoutenu.
Dans tout autre configuration de poids,
il
en va tout autrement:
parce que l’on y peut trou-
ver
pluſieurs points, d’où il eſt poſſible de tirer de
telles
perpendiculaires.
Corollaire IV.
Il n’y a point encore de puiſſance R, telle quelle
ſoit
, qui puiſſe ſoutenir aucun poids ſur quelque ſur-
face
que ce puiſſe être, à moins que ſa ligne de di-
rection
AR ne ſe trouve dans le complement NAO
de
l’angle CAO, que fait la ligne de direction AC
de
ce poids avec AO tirée du point A perpendiculai-
rement
à cette ſurface GH.
Car . ſi elle concou-
roit
avec AN elle ne feroit plus aueun angle avec
AC
:
ainſi cette puiſſance porteroit ſeule tout ce poids,
&
non avec ce plan; ce qui eſt contre l’hypothêſe.
. Si cette ligne de direction concouroit avec AO,
ou
ſi elle ſortoit de l’angle NAO, la diagonale AD
du
parallelogramme BC ſe tourneroit vers G;
ce
qui
feroit néceſſairement (Corol.
Lemm. I.) tomber ce
poids
de ce côté-là, ce qui eſt encore contre l’hypo-
thêſe
.
Donc la ligne de direction AB de la puiſſance
R
, doit toujours ſe trouver dans le complement
7044NOUVELLE11DES POIDS
ſoutenus
ſur
des
ſurfaces.
de l’angle CAO:
de ſorte que c’eſt-là tout l’eſpace
du
mouvement qu’elle peut avoir.
Corollaire V.
Le plan BAC, ou le parallelogramme BC de
cette
ligne avec AC ligne de direction du poids
EO
, eſt auſſi toujours perpendiculaire à la ſur-
face
que la ligne GH repreſente, &
ſur laquelle ce
poids
eſt ſoutenu;
puiſque la diagonale AD de ce pa-
rallelogramme
BC, l’eſt toujours à cette même ſur-
face
.
Corollaire VI.
On voit auſſi de l’article cinquiéme de la demonſ-
tration
ci-deſſus, que le poids EO eſt à la charge de
cette
ſurface, c’eſt-à-dire, à l’impreſſion que lui &
la
puiſſance
R font enſemble deſſus, ou à la réſiſtance
qu’elle
leur fait, comme le ſinus de l’angle BAD, au
ſinus
de l’angle BAC.
Corollaire VII.
D’où il ſuit que le poids EO, la charge de la ſur-
face
GH, &
la puiſſance R, ſont entr’eux comme
les
ſinus des angles BAD, BAC, ou ABD ſon com-
plement
, &
DAC, ou ADB qui lui eſt égal; c’eſt-à-
dire
, (Lemm.
5.) comme les lignes BD, AD, &
AB
.
Corollaire VIII.
D’où il ſuit encore que plus l’angle BAC eſt obtus,
moins
la charge de cette ſurface eſt grande:
de ſorte
qu’il
le peut devenir juſqu’à un tel point, quelle ſera
ſi
petite qu’on voudra;
c’eſt ainſi qu’elle peut dimi-
nuer
à l’infini.
7145MECHANIQUE.
Corollaire IX.
11DES POIDS
ſoutenus
ſur
des
ſurfaces.
Mais elle ne peut pas augmenter de même; parce
que
ne pouvant jamais être plus grande, que lorſque
cet
angle eſt infiniment aigu;
c’eſt-à-dire, lorſque
les
lignes AC &
AB concourent avec AO: & AD
n’étant
encore alors qu’égale à la ſomme de AB &
de
BD
;
la charge de cette ſurface, qui eſt alors hori-
zontale
ne peut jamais être plus grande que la ſomme
de
ce poids, &
de cette puiſſance.
On entend ici par ſurface horizontale unplan qui le ſoit,
ou
bien un point d’une ſurface courbe dont toutes les tangentes
ſoient
auſſi borizontales.
Corollaire X.
On voit encore qu’il faut d’autant moins de force
22fig 30.
32
.
33
.
36
.
pour ſoutenir ainſi un poids ſuivant la même direc-
tion
AB ſur un même point de quelque ſurface
que
ce ſoit, que cette ſurface, ſi elle eſt droite
(fig.
30. & 33.) ou bien ſi elle eſt courbe; (fig. 32.
36.) , que ſa tangente au point ou la perpendiculai-
re
AO la rencontre, eſt plus inclinée, quoi qu’en
proportion
différente:
parce que la raiſon du ſinus
de
l’angle CAD, au ſinus de l’angle BAD, en eſt
toujours
moindre;
& comme cette inclinaiſon avec
l’horizon
peut diminuer à l’infini, la force qu’il faut
pour
ſoutenir quelque poids ſuivant la même direc-
tion
ſur quelqu’une de ces ſurfaces, ſoit droite, ſoit
courbe
, peut auſſi diminuer à l’infini:
De ſorte que
lorſqu’elle
ſera infiniment inclinée;
c’eſt-à-dire, ho-
rizontale
, du moins dans le point la perpendicu-
laire
AO la rencontre, cette force ſera nulle, &
ré-
duite
à zéro;
c’eſt-à-dire, qu’il n’en faudra plus du
tout
pour l’y ſoutenir.
7246NOUVELLE11DES POIDS
ſoutenus
ſur
des
ſurfaces.
Corollaire XI.
Au contraire pour ſoutenir ce poids ſur le même
point
d’une ſurface toujours également inclinée, telle
quelle
ſoit, mais ſuivant différentes directions de
puiſſance
;
il faut d’autant plus de forces que l’angle
DAB
fait dans l’eſpace NAD par la perpendiculaire
AO
avec la ligne de direction AB de la puiſſance qui
ſoutient
ce poids, differe davantage de l’angle droit:
parce qu’alors la raiſon du ſinus de l’angle CAD, au ſi-
nus
de l’angle BAD, en ſera d’autant plus grande, quoi
qu’en
proportion différente:
& conime cet angle peut-
être
plus ou moins grand qu’un angle droit, &
en diffé-
rer
de plus en plus juſqu’au concours de AB avec AN,
ou
avec AO, ſans que AB ſorte de l’eſpace NAO;
la
puiſſance
qui ſoutient ce poids peut auſſi augmenter
juſques-là
:
mais différemment ſelon que AB s’appro-
che
de l’une, ou de l’autre de ces deux lignes.
Car
.
ne pouvant jamais être plus grande par l’appro-
che
de AB vers AN, que lorſque l’angle NAB, que
ces
lignes font entr’elles, eſt le plus petit qu’elles
puiſſent
faire;
c’eſt-à-dire, celui qu’elles font immé-
diatement
avant que de concourir;
& le ſinus de CAD
étant
encore alors un peu moindre que celui de
BAO
, quoique d’une difference infiniment petite:

Cette
puiſſance ne peut être tout au plus de ce côté-là,
qu’un
peu moindre que ce poids d’une différence qui
ſoit
auſſi infiniment petite.
. Au contraire du côté de
AO
elle pent augmenter à l’infini:
parce que la raiſon
du
ſinus de CAD, à celuy de BAD, augmentant à
meſure
quela ligne AB s’approche de AO, en s’éloi-
gnant
de la ſituation qu’elle auroit ſi elle faiſoit un an-
gle
droit avec AO;
cette force peut auſſi augmenter
de
ce côté-là juſqu’à ce que AB, &
AO concourent.
Or
en ce cas l’angle BAD étant infiniment petit,
7347MECHANIQUE. raiſon du ſinus de CAD à celui de cet angle, ſera auſſi
11DES POIDS
ſoutenus
ſur
des
ſurfaces.
infinie;
& par conſéquent auſſi celle de cette puiſ-
ſance
à ce poids.
Ce qui fait voir que cette puiſ-
ſance
peut augmenter à l’infini dans le mouvement
qu’elle
peut avoir depuis la ſituation ſa ligne de
direction
feroit un angle droit avec la perpendiculaire
AO
, juſqu’au concours de ces deux mêmes lignes, &

demeurer
cependant toûjours en équilibre avec le
même
poids, &
ſur le même point d’une ſurface in-
clinée
, telle quelle ſoit.
Corollaire XII.
Pour les plans perpendiculaires à l’horizon, ou plu-
22fig. 31.
34
.
35
.
tôt paralleles à la ligne de direction de ce poids;
&
pour
les points des ſurfaces courbes, d’où l’on peut
tirer
des tangentes qui ſoient auſſi perpendiculai-
res
à l’horizon:
la ligne de direction AB de la puiſ-
ſance
qui ſoutient ce poids ſur, ou contre ces plans,
ou
ces points de ſurfaces courbes, ne pouvant (Co-
rol
.
4.) s’éloigner de la ſituation elle ſeroit, ſi
elle
faiſoit un angle droit avec AO, qu’en s’appro-
chant
de AO, puiſque l’angle NAO en ce cas eſt
droit
;
cette puiſſance ne peut auſſi augmenter que
de
ce côté-là:
De ſorte qu’elle peut à la vérité aug-
menter
à l’infini de même que ſur les ſurfaces incli-
nées
:
mais elle ne peut jamais être moins grande
que
lorſque ſa ligne de direction AB fait le plus petit
angle
qu’elle puiſſe faire avec AN;
c’eſt-à-dire,
qu’en
ne ſurpaſſant ce poids que d’une différence in-
finiment
petite.
Corollaire XIII.
33fig. 30.
31
.
32
.
33
.
34
.
35
.
36
.
De ſorte que dés le moment que AB & AN vien-
nent
à concourir enſemble, le ſinus de CAD deve-
nant
alors égal à celui de BAD, cette puiſſance
7448NOUVELLE11DES POIDS
ſoutenus
ſur
des
ſurfaces.
vient auſſi égale à ce poids, qui ceſſe auſſi-tôt de s’ap-
puyer
ſur, ou contre la ſurface GH, telle qu’elle
ſoit
.
Ce n’eſt que pour ne pas embaraſſer l’imagination de ceux
qui
ſont accoutumez à regarder une ſurface perpendiculaire à
l’horizon
, comme parallele à la ligne de direction d’un poids, &

une
horizontale, comme lui étant perpendiculaire;
que l’on s’eſt
accommodé
à cette bypotbêſe dans ces trois derniers Corollaires:
car pour les rendre auſſi généraux qu’on les puiſſe imaginer, &
pour
toutes ſortes d’bypotbêſes, il ne faut que regarder les plans,
ou
les tangentes des ſurfaces courbes, que l’on dit ici perpen-
diculaires
à l’borizon, comme paralleles ſeulement à la ligne
de
direction de ce poids, ſans avoir égard à l’angle qu’elles
font
, ou qu’elles peuvent faire avec l’borizon.
De même celles
que
l’on appelle ici borizontales, ſe doivent ſeulement regar-
der
comme perpendiculaires à cette ligne.
De cette maniére ces
Corollaires
ſeront ſi généraux, qu’ils ſe pourront appliquer à
toutes
les directions poſſibles d’un corps ſoutenu ſur ou contre
quelque
ſurface que ce puiſſe être.
Il eſt encore bon de remarquer que lorſqu’on dit ici qu’un
poids
eſt ſoutenu ſur le même point d’une ſurface, l’on ne pré-
tend
pas dire qu’il ne la rencontre jamais qu’en un ſeul point;
mais on entend ſeulement que la ligne AD, qui tombe du
point
A perpendiculairement deſſus, la rencontre toujours dans
le
même point O, tant que ce poids eſt ſoutenu deſſus, quoi que
ce
ſoit ſuivant différentes directions de puiſſances.
La raiſon
de
cette précaution eſt évidente du côté des ſurfaces courbes,
dont
tous les points ont cbacun une tangente d’une direction
particuliére
.
Pour du côté des plans, on la reconnoîtra dans
le
Corollaire 23.
l’on verra que dans l’bypotbêſe du con-
cours
des lignes de direction des poids en quelque points de la
terre
que ce ſoit, ils ne péſent pas toujours également deſſus,
quoique
la ligne de direction de la puiſſance qui leur eſt
7549MECHANIQUE quée demeure toujours la même. Au contraire, ils péſent tou-
11DES POIDS
ſoutenus
ſur
des
ſurfaces.
jours également ſur le même point de quelque ſurface que ce
ſoit
, à moins qu’on ne change la ligne de direction de cotte
puiſſance
, ou la ſi@uation de cette ſurface.
C’eſt pour cela
que
dans les trois Corollaires précédens, l’on examine ſépa-
rément
le changement que peut cauſer dans l’action d’un poids
les
différentes inclinaiſons de la même, ou des différentes ſurfaces
ſur
leſquelles il eſt ſoutenu, &
les différentes lignes de direction des
puiſſances
qui l’yſoutiennent;
on l’aregardé comme appliqué non-
ſeulement
à la même ſurface, mais auſſi toujours au même point.
Corollaire XIV.
Puiſque la puiſſance qui ſoutient quelque poids
que
ce ſoit ſur le même point de quelque ſurface
que
ce puiſſe être, eſt d’autant plus grande que
ſa
ligne de direction AB s’éloigne davantage de la
ſituaton
elle feroit un angle droit avec AO, ſans
cependant
ſortir de l’eſpace NAO:
Il s’enſuit qu’elle
n’eſt
jamais moindre que lorſqu’elle eſt parallele au
plan
, ou à quelqu’une des tangentes au point de la ſur-
face
courbe, ſur lequel ce poids eſt ſoutenu.
Corollaire XV.
D’où l’on voit dans l’hypothêſe ordinaire, ou l’on
22fig. 30. regarde HK comme parallele à AC, que les triangles
BAD
, HKG étant alors ſemblables, cette puiſſance qui
eſt
à ce poids (Cor.
7.) comme AB à BD, lui ſera auſſi
comme
HK à HG:
& comme elle eſt alors la moin-
dre
qu’elle puiſſe jamais être ſelon le Corollaire précé-
dent
;
il s’enſuit qu’elle ne peut jamais être en moindre
raiſon
au poids qu’elle ſoutient ſur un plan incliné,
qu’eſt
celle de la hauteur de ce plan à ſa longueur.
Corollaire XVI.
On voit encore que toute puiſſance qui peut
7650NOUVELLE11DES POIDS
ſoutenus
ſur
des
ſurfaces.
nir un poids ſur un plan incliné ſuivant une ligne
de
direction, qui faſſe avec une perpendiculaire faite
ſur
AD au point A, un angle moindre que celui de
cette
perpendiculaire avec AN;
l’y peut ſoutenir
22fig 30.
33
.
encore, &
ſur le même point, ſuivant une autre ligne
de
direction, qui paſſant de l’autre coté de cette per-
pendiculaire
, faſſe avec elle un angle égal au pre-
mier
:
car les deux angles que font alors ces deux li-
gnes
de direction avec AD, étant complemens à deux
droits
, l’un de l’autre, leurs ſinus ſeront égaux;
&
par
conſéquent ils ſeront en même raiſon au ſinus de
l’angle
CAD;
& par conſéquent auſſi ce même poids
ſeroit
alors en même raiſon aux puiſſances, qui pla-
cées
ſuivant ces différentes directions, le ſoutien-
droient
l’une aprés l’autre;
ainſi elles ſeroient égales
entr’elles
:
Donc la même puiſſance qui ſoutient ce
poids
ſuivant une de ces directions, le peut encore
ſoutenir
ſuivant l’autre ſur le même plan incliné
GH
.
On verra par le Corollaire 23. que pour rendre ce dernier
Corollaire
général pour toutes ſortes d’hypotbéſes, il faut que
ce
poids ſe trouve alors ſur le même point d’un plan toujours
également
incliné.
Corollaire XVII.
. Si AB ne concourt point avec la perpendiculaire
faite
ſur AD au point A, la puiſſance R qui ſoutiet le
poid
EO ſuivant cette même ligne AB, eſt à ce même
poids
en plus grande raiſon que le ſinus de CAD au ſi-
nus
total;
c’eſt-à-dire, dans l’hypoth êſe ordinaire, en
plus
grande raiſon que la hauteur ce plan (Cor.
14. & 15.) à ſa longueur. . Si l’angle de cette per-
pendiculaire
avec la ligne de direction AB de cette
puiſſance
, eſt moindre que l’angle de cette même
7751MECHANIQUE. pendiculaire avec AN, cette puiſſance eſt auſſi moin-
11DES POIDS
ſoutenus
ſur
des
ſurfaces.
dre que ce poids:
puiſque de quelque côté que AB
faſſe
cet angle avec cette pendiculaire, la puiſſance qui
ſoutiendra
ce poids, (Cor.
16.) ſera la même; il s’enſuit
(Cor.
II. n. I.) qu’elle ſera moindre que ce poids dans
l’un
&
l’autrecas: ainſi l’on peut conclure en général
qu’une
même puiſſance peut ſoutenir un même poids
ſur
un même plan incliné ſuivant deux différentes di-
rections
:
pourvu qu’elle ſoit moindre que ce poids, &
qu’elle
lui ſoit cependant en plus grande raiſon que le
ſinus
de l’angle CAD au ſinus total;
c’eſt-à-dire, dans
l’hypothêſe
ordinaire, l’on regarde la ligne de di-
rection
de ce poids comme parallele à la hauteur de ce
plan
:
pourvu que cette puiſſance moindre que ce
poids
, lui ſoit cependant en plus grande raiſon que la
hauteur
de ce plan à ſa longueur.
Corollaire XVIII.
En tout autre cas; c’eſt-à-dire, lorſque cette puiſ-
ſance
eſt plus grande que ce poids, ou du moins qu’el-
le
lui eſt égale, ou bien lorſqu’elle lui eſt en même
raiſon
que le ſinus de l’angle CAD au ſinus total,
elle
ne le peut ſoutenir ſur le même point de ce plan
que
ſuivant une ſeule direction.
Tout cela eſt mani-
feſte
par une raiſon toute contraire à celle du Corol-
laire
précédent.
On voit aſſez comment ces quatre derniers Corollaires ſe
peuvent
appliquer à toutes ſortes de ſurfaces courbes, pour les
points
ou elles peuvent être touchées par des plans inclinez.
Il n’eſt pas difficile non plus de reconnoitre ce qui leur peut
convenir
de ce que nous allons encore dire des ſurfaces planes;

c’eſt
pourquoi nous ne parlerons plus d’orénavant que de
celles-ci
.
7852NOUVELLE11DES POIDS
ſoutenus
ſur
des
ſurfaces.
Corollaire XIX.
Puiſque (Cor. 7.) le poids EO, la puiſſance R, &
la
charge du plan GH, ſont entr’eux comme les li-
22fig. 30. gnes BD, BA, &
AD; ſi la ligne de direction de la
puiſſance
R eſt parallele au plan GH, &
AC celle de
ce
poids parallele auſſi à HK hauteur de ce plan:
ce
poids
, cette puiſſance, &
la charge de ce même plan,
ſeront
entr’eux comme la longueur de ce plan, ſa hau-
teur
, &
ſa baſe; c’eſt-à-dire, comme GH, HK, &
KG
;
parce qu’alors les triangles GHK, & DBA ſont
ſemblables
.
Corollaire XX.
Et pour la même raiſon, ſi cette ligne de direction
33fig. 33. AB eſt parallele à l’horizon;
c’eſt-à-dire, à la baze
GK
de ce plan;
& que AC ſoit encore parallele à ſa
hauteur
HK:
Ce poids, cette puiſſance, & la charge
de
ce plan, ſeront alors entr’eux comme la baze de
de
ce plan, ſa hauteur, &
ſa longueur; c’eſt-à-dire,
comme
GK, KH, HG;
parce qu’alors les triangles
GKH
, &
DBA ſont encore ſemblables.
Fuſqu’ici nous n’avons regardé le même poids que comme
appliqué
au même endroit d’un plan toujours également incli-
:
Mais s’il ſe trouvoit ſucceſſivement en différens points,
qu’arriveroit-il
?
Le voici.
Corollaire XXI.
Il ſuit encore de cette propoſition que les puiſſances
44fig. 37.
38
.
P &
R qui ſoutiennent ſucceſſivement le même poids
A
, ou des poids égaux ſur les points O, &
Q d’un
même
plan HG, ſont entr’elles en raiſon compoſée
de
celles des ſinus des angles QAD, &
QAP; OAR
&
OAD: car puiſque la puiſſance P eſt au poids
7953MECHANIQUE appliqué en Q, comme le ſinus de l’angle QAD, au
11DES POIDS
ſoutenus
ſur
des
ſurfaces.
ſinus de l’angle QAP;
& quele même poids appliqué
en
O, eſt à la puiſſance R, comme le ſinus de l’angle
OAR
, à celui de l’angle OAD:
Il ſuit en multipliant
par
ordre ces deux rangées de proportionnelles;
que
la
puiſſance P eſt à la puiſſance R, comme le produit
des
finus des angles QAD, &
OAR, au produit de
ceux
des angles QAP, &
OAD; c’eſt-à-dire, en
raiſon
compoſée de celles des ſinus des angles QAD,
&
QAP; OAR, & OAD.
Corollaire XXII.
D’où l’on voit que tant que les lignes de direction
AP
, &
AR ſont la même, ou paralleles entr’elles,
&
que celles du poids A appliqué en Q, & en O, ſont
auſſi
paralleles;
les angles QAP, & OAR étant
alors
égaux entr’eux, de même que les angles QAD,
&
OAD, les puiſſances P & R ſont auſſi pour lors
égales
;
ce qui fait voir que ce même poids A péſe
alors
également ſur quelque point O, ou Q de ce
plan
, qu’il ſoit appliqué.
Corollaire XXIII.
Au contraire, s’il n’y a que les lignes de de direc-
tion
AP, &
AR, de ces puiſſances qui ſoient paral-
leles
entr’elles, &
que celles de ce même poids A ap-
pliqué
ſucceſſivement en O, &
en Q, concourent en
quelque
point D, que ce ſoit;
par exemple, au cen-
tre
de la terre:
les angles QAP, & OAR étant en-
core
égaux, les puiſſances P &
R ſeront entr’elles
comme
les ſinus des angles QAD, &
OAD; ou bien,
à
cauſe des paralleles QA, AO, ces puiſſances ſeront
entr’elles
comme les ſinus des angles SAD, &
ASA,
ou
ASD ſon complement;
c’eſt-à-dire, (Lem. 5.) com-
me
DS à AD.
Ce qui fait voir qu’en ce cas plus le poids
8054NOUVELLE11DES POIDS
ſoutenus
ſur
des
ſurfaces.
A eſt haut ſur le plan HG, plus auſſi la puiſſance qui l’y
doit
ſoutenir ſuivant une certaine direction, doit être
grande
.
On voit préſentement qu’il peut y avoir bien de la diffé-
rence
entre un poids ſoutenu ſur un même plan, &
un poids
ſoutenu
ſur le même point du plan;
c’eſt auſſi pour cela qu’on
à
pris ſoin ci-deſſus de ne les pas confondre, &
de faire re-
marquer
cette différence dans la ſeconde réfléxion qui ſuit le
Corollaire
13.
Corollaire XXIV.
Mais s’il n’y a que les lignes de direction du poids
A
placé tantôt en O, &
tantôt en Q, qui ſoient pa-
ralleles
entr’elles;
les puiſſances P & R ſeront alors
entr’elles
comme les ſinus des angles OAR, &
QAP;
c’eſt-à-dire, en raiſon réciproque des ſinus des angles
que
font leurs lignes de direction avec AO, &
AQ,
tirées
des points A ou ces lignes de direction con-
courent
avec celles de ce poids, perpendiculairement
au
plan GH.
Corollaire XXV.
Si préſentement on conçoit que les puiſſances P & R
ſoient
égales, &
que les poids A & A ſoient différens;
on trouvera de méme que ces poids, qu’elles ſoutien-
nent
ſur les points Q &
O du plan GH, ſeront entr’-
eux
en raiſon compoſée de celles des ſinus des angles
QAP
, &
QAD; OAD, & OAR; c’eſt-à-dire, com-
me
le produit des ſinus des angles QAP &
OAD, au
produit
de ceux des angles QAD &
OAR: De ſorte
que
.
Lorſque les lignes de direction de ces puiſ-
ſances
ſont paralleles entr’elles, &
celles de ces poids
paralleles
auſſi;
ces poids ſont égaux. . Mais s’il
n’y
a que celles de ces puiſſances qui le ſoient;
8155MECHANIQUE. poids ſont entr’eux en raiſon réciproque des
11DES POIDS
ſoutenus
ſur
des
ſurfaces.
ſinus des angles que font leurs lignes de direction
avec
les perpendiculaires au plan GH en Q, &
en O.
. Au contraire s’il n’y a que les lignes de direction
de
ces poids qui ſoient paralleles entr’elles;
ils ſeront
entr’eux
en même raiſon que les ſinus des angles que
font
ces mêmes perpendiculaires avec les lignes de di-
rection
des puiſſances qui les ſoutiennent.
Il y auroit encore bien des Corollaires à tirer de cette pro-
poſition
non-ſeulement par raport aux plans, mais auſſi par
raport
aux poli-plans:
en voilà aſſés pour en pouvoir juger.
24[Figure 24]
PROBLEME.
L Apaiſſance R étant donnée, la diſpoſer tellement qu’elle
22fig. 39.
40
.
puiſſe ſoutenir le poids EO auſſi donné, ſur le
plan
GHMN incliné, &
ſuivant ſa longueur GH, de la
hauteur
HK;
& ſuivant ſa largeur GN, de la hauteur
NL
.
Solution.
Aiant placé ce poids en quelque point, ou partie
de
ce plan qu’il vous plaira, de quelqu’un des points
ou
ſa baze le touche;
par exemple, du point O, tirez
OD
perpendiculaire à ce plan, marquez auſſi la ligne
de
direction FC de ce poids, qui rencontre auſſi ce
plan
en L, &
OD prolongée en A. Enſuite de quel-
que
point C qu’il vous plaira de la ligne AC, faite
AC
à CD, comme le poids EO à la puiſſance R.
. Si CD n’eſt pas aſſez longue pour atteindre de C
juſqu’en
quelque point D de la ligne AD, ce Pro-
blême
eſt impoſſible:
parce que la diagonale tirée
8256NOUVELLE11DES POIDS
ſoutenus
ſur
des
ſurfaces.
point A dans le parallelogramme fait ſous ces deux
lignes
;
c’eft-à-dire, ſous AC & CD, étant alors dif-
férente
de AD, elle ne ſeroit pas perpendiculaire à
ce
plan:
ainſi ce poids rouleroit alors (n. 3. Demonſt.)
du côté de L. . Mais ſi CD peut atteindre juſqu’en
quelque
point D de la ligne AD, achevez le paral-
lelogramme
BC, &
placez la puiſſance R ſuivant
AB
:
alors elle ſoutiendra ce poids ſur ce plan.
Demonstration.
Puiſque (Hyp.) cette puiſſance eſt à ce poids com-
me
CD, ou AB qui lui eſt égale, eſt à AC;
leur con-
cours
d’action doit le pouſſer (Lemm.
4. Cor. 2.)
ſuivant AD perpendiculaire (Hyp.) au plan GM,
&
qui paſſe auſſi (Hyp.) par la baſe de ce poids:
Donc
(Cor.
2.) il doit demeurer deſſus en équilibre
avec
cette puiſſance.
Ce qu’il F. D.
Corollaire I.
Il eſt clair que ſi la puiſſance R ceſſoit de retenir le
poids
EO, il couleroit le long de OL.
Corollaire II.
Si CD eſt la plus petite ligne qui puiſſe atteindre
de
C juſqu’en AD;
c’eſt-à-dire, ſi l’angle ADC eſt
droit
, l’angle BAD le ſera auſſi;
& par conſéquent
cette
puiſſance eſt la plus petite (Cor.
14.) qui puiſ-
ſe
ſoutenir ce poids ſur ce plan, &
elle ne l’y poura
ſoutenir
non plus que (Cor.
16.) ſuivant cette ſeule
direction
.
Corollaire III.
Si CD n’eſt pas la plus petite qui puiſſe atteindre
depuis
C juſqu’en AD, mais qu’elle ſoit cependant
cncore
moindre que AC;
cette même puiſſance
8357MECHANIQUE. ſoutenir ce poids ſuivant deux directions différentes;
11DESPOIDS
ſoutenus
ſur
des
ſurfaces.
parce qu’en ce cas CD poura rencontrer AD en deux
points
également éloignez de la perpendiculaire tirée
du
point C ſur AD.
Ce qui revient au Corollaire 16.
de la propoſition précédente.
Corollaire IV.
Enfin ſi CD eſt plus grande que AC, elle ne poura
encore
ſoutenir ce poids que ſuivant cette ſeule di-
rection
.
Ce qui revient auſſi au Corollaire 18.
Corollaire V.
Mais auſſi CD pouvant être infiniment plus gran-
de
que AC, cette puiſſance peut auſſi être infiniment
plus
grande que ce poids, &
demeurer cependant tou-
jours
en équilibre avec lui.
Ce qui revient encore au
nombre
2.
du Corollaire 11.
Tout cela ſe peut aiſément appliquer à toutes ſortes de
ſurfaces
courbes:
ceux pour qui ce Projet eſt écrit le voyent
aſſez
.
25[Figure 25]
8458NOUVELLE 26[Figure 26]
PROPOSITION
FONDAMENTALE

POUR

TOUTES
SOR TES DE LEVIERS,
De quelque eſpéce, & dans quelque ſituation
qu’ils
ſoient;
& pour toutes les directions
poſſibles
des puiſſances, ou des poids qui y
ſont
appliquez.
SOIENT les puißances E & F appliquées aux points
11fig 41.
42
.
43
.
44
.
45
.
46
.
O &
X du Levier MN, de quelque eſpéce, & en
quelque
ſituation qu’il ſoit;
quelque angle OAX que faſ-
ſent
auſſi entr’elles, les lignes de direction de ces puiſſances,
indéfiniment
prolongées vers A:
Ces deux puißances feroni
équilibre
ſur le point fixe B de ce levier, par ou paſſe la dia-
gonale
AG du parallelogramme RS, dont les côtez AS &
AR
ſont
entr’eux, comme les puiſſances E, &
F.
Demonstration.
Concevons pour un moment que MAN eſt la
figure
de ce Levier, &
qu’au lieu d’être tiré, ou
pouſſé
par les puiſſances E &
F, ſon point A ſoit
8559MECHANIQUE. lement pouſſé, mais en même-tems, vers R ſuivant
11DES
LEVIERS
.
AR par une puiſſance égale à F, &
vers S ſuivant AS
par
une autre puiſſance égale à E.
Il eſt conſtant
(Lemm.
3.) que l’impreſſion compoſée que ce point
recevroit
alors du concours d’action de ces deux
puiſſances
, s’il étoit ainſi pouſſé, ne tendroit qu’à le
mouvoir
ſuivant la diagonale AG du parallelogram-
me
RS;
ainſi ne faiſant d’impreſſion ſur tout le corps
MAN
, qu’autant que le point A, à raiſon de l’ob-
ſtacle
qu’il leur fait, lui en communique, toute l’ac-
tion
de ces deux puiſſances ſur ce corps, ſe trouveroit
réünie
dans la ſeule ligne AG, ou AB;
ſi donc il
ſe
trouvoit quelque point fixe dans cette ligne, par
exemple
B, ce point ſoutiendroit, lui ſeul, toute
l’impreſſion
de ces deux puiſſances ſur ce corps, ou
ce
Levier;
& par conſéquent ce corps n’en ayant
alors
que ce qu’elles lui en communiquent, demeu-
reroit
ainſi en équilibre ſur ce point, ſans qu’aucune
d’elles
l’emportât ſur l’autre.
Oſtons préſentement
ces
deux puiſſances, &
remettons les deux premiéres
E
, &
F en action comme auparavant, prenant encore
MAN
pour la figure du Levier, ou elles ſont appli-
quées
.
Il eſt clair que ces deux puiſſances faiſant
toute
la même impreſſion ſur le point A de ce Levier,
&
ſuivant la même direction AG, que faiſoient
auparavant
celles que nous leur avions ſuppoſées
égales
;
leur action doit ſe trouver de même que
celle
de ces deux ſuppoſées, toute réünie dans la
ſeule
ligne AB:
& par conſéquent le point fixe B la
ſoutenant
, lui ſeul, toute entiére, elles doivent encore
demeurer
en équilibre ſur ce point.
Et ſi enfin on
retranche
la partie MAN du corps AMN, en ſorte
qu’il
n’en reſte plus que le Levier MN:
Il eſt encore
clair
que les puiſſances E &
F agiſſant encore ſur ce
levier
de même que lors qu’il étoit joint à la
8660NOUVELLE11DES
LEVIERS
.
retranchée, toute leur action doit encore ſe trouver
réünie
dans le ſeul point B de ce levier, par ou paſſe
la
diagonale AG du parallelogramme RS;
& par
conſéquent
, elles doivent encore demeurer en équi-
libre
ſur ce point.
Ce qu’il faloit démontrer.
Corollaire I.
On voit aſſez qu’en quelque ſituation, de quel-
que
eſpéce, &
de quelque figure, que ſoit le levier
auquel
deux puiſſances, telles qu’elles ſoient, ſont
appliquées
, elles ſeront toujours en équilibre, quelque
angle
que faſſent entr’elles leurs lignes de direction,
tant
qu’il y aura un point fixe de ce levier dans la
diagonale
AG;
c’eſt pourquoi on ne s’arrête point
ici
à exprimer les figures detous les cas de cette pro-
poſition
, chacun le pourra faire à ſon loiſir.
Corollaire II.
On voit encore que les deux mêmes puiſſances E
&
F peuvent faire ſucceſſivement équilibre ſur une
infinité
de points B de ce même levier en changeant
ſeulement
leurs directions:
puis qu’on les peut varier
en
tant de maniéres que AG paſſera ſucceſſivement
par
tous les points imaginables de ce levier, excepté
par
les points O &
X, ces deux puiſſances ſont
appliquées
.
Corollaire III.
Ce qui fait voir que dans la ſuppoſition du concours
des
lignes de direction des poids au centre de la terre,
leurs
centres de gravité, ou de direction peuvent chan-
ger
inceſſamment à meſure qu’ils s’en approchent, ou
qu’ils
s’en éloignent, ſelon la différente ſituation qu’ils
peuvent
avoir par raport à lui, excepté dans les ſphéri-
ques
.
On nes’arrête point à démontrer cela ſur des
8761MECHANIQUE. gures particuliéres, parce qu’il ſuit ſi naturellement
11DES
LEVIERS
.
du Corollaire 2.
qu’il n’y a perſonne qui ne le puiſſe
faire
de ſoi-même.
Corollaire IV.
On voit de plus de cette propoſition que le point fixe
de
ce levier, bien ſon appui B eſt pouſſé de A vers
G
ſuivant AG par l’impreſſion compoſée qu’il reçoit
du
concours d’action de ces deux puiſſances, &
que
la
réſiſtance qu’il leur fait, étant égale à cette même
impreſſion
, eſt à la force de chacune d’elles (Lemm.
3. Cor. 3.) Comme la diagonale AG à chacun des
côtez
du parallelogramme RS, qui les répréſen-
tent
;
c’eſt-à-dire, que cette réſiſtance du point fixe,
bien de l’appui B de ce levier, eſt à la force de la
puiſſance
E, comme AG à AS;
& à celle de la puiſ-
ſance
F, comme la même AG à AR.
Corollaire V.
D’où il ſuit que lors que l’angle OAX eſt infini-
ment
aigu, c’eſt-à-dire, lors que les lignes de direc-
tion
EX &
OF des puiſſances E & F ſont paralleles,
le
point A étant alors infiniment éloigné de B, la
ligne
AG, c’eſt-à-dire, (Cor.
4.) la direction de
l’appui
B leur eſt auſſi parallele, &
toujours vers
l’endroit
, tendent ces deux puiſſances, lors qu’elles
tirent
du même côté;
ou bien vers celui, ou tend la
plus
proche de cet appui, lors qu’elles tirent de diffé-
rens
cótez.
Corollaire VI.
Il ſuit encore du Corollaire 4. pour tous les leviers
22fig. 41.
42
.
de l’eſpéce exprimée dans les figures 41.
& 42. que
plus
l’angle OAX, que les lignes de direction des
puiſſances
E &
F, font entr’elles, ſera obtus,
8862NOUVELLE11DES
LEVIERS
.
ſera grande la charge de l’appui B de chacun de ces le-
viers
;
parce que plus cet angle ſera obtus, moins ſera
grande
la raiſon de AG aux côtez du parallelogramme
RS
, dont elle eſt diagonale, quoi qu’en proportion
différente
:
De ſorte que l’on peut faire cet angle
ſi
obtus que la charge de l’appui B de ce levier ſera
ſi
petite qu’on voudra, quoi que les deux mêmes
puiſſances
demeurent toujours en équilibre deſſus;
juſque-là même qu’elle peut devenir indéfiniment
petite
, c’eſt-à-dire, moindre que quelque poids don-
que ce ſoit.
Il ne faut pour cela qu’ouvrir l’angle
OAX
juſqu’à ce que la diagonale AG du paralle-
logramme
RS, ſoit à chacun de ſes côtez AR &

AS
en moindre raiſon que celle qui eſt entre ce poids
donné
, &
chacune des puiſſances F & E que l’on ſup-
poſe
appliquées à ce levier.
Corollaire VII.
La charge de ce point ne peut pas de même
augmenter
à l’infini:
Car ne pouvant jamais être
plus
grande que lors que l’angle OAX eſt infini-
ment
aigu, c’eſt-à-dire, lors que les lignes de direc-
tion
de ces deux puiſſances ſont paralleles;
& la
diagonale
AG n’étant encore alors qu’égale à la
ſomme
des côtez AR &
RG du parallelogramme
RS
alors infiniment long;
la charge de cet appui ne
peut
être, tout au plus, qu’égale à la ſomme des puiſ-
ſances
E &
F.
Corollaire VIII.
22fig. 43.
44
.
45
.
46
.
Pour les leviers des eſpeces exprimées dans les
figures
43.
44. 45. & 46. Il en va tout autrement:
car plus l’angle OAX eſt obtus, plus la charge,
ou
la réſiſtance de l’appui B eſt grande;
parce que
la
raiſon de la diagonale AG à chacun des côtez
8963MECHANIQUE. parallelogramme RS, en eſt plus grande, quoi qu’en
11DES
LEVIERS
.
proportion différente;
mais elle ne peut pas pour
cela
augmenter à l’infini:
car ne pouvant jamais être
plus
grande que lors que cet angle eſt infiniment
obtus
, c’eſt-à-dire, lors que les lignes de direction
de
ces puiſſances concourent en une ſeule ligne
droite
;
& la diagonale AG n’étant alors qu’égale à
la
ſomme des côtez AR &
GR du parallelogramme
RS
alors encore infiniment long;
la réſiſtance de cet
appui
ne peut par conféquent être encore, toutau plus,
qu’égale
à la ſomme des forces de ces deux puiſſances.
Corollaire IX.
Au contraire, plus cet angle OAX eſt aigu,
moins
eſt grande la charge, ou la réſiſtance de l’ap-
pui
B dece levier:
car plus cet angle eſt aigu, moins
eſt
grande la raiſon de la diagonale AG aux côtez
du
parallelogramme RS, quoi qu’en proportion dif-
férente
;
mais elle ne peut pas non plus ainſi diminuer
à
l’infini de même que nous venons de dire (Cor.
6.)
qu’elle le peut dans les leviers de l’eſpece exprimée
dans
les figures 41.
& 42. Car ne pouvant jamais être
moindre
que lors que cet angle eſt infiniment aigu,
c’eſt-à-dire
, lors que les lignes de direction de ces
puiſſances
deviennent parallel’es;
& le point G, qui
à
meſure que cet angle devient plus aigu, s’approche
de
plus en plus de la ligne AR, (fig.
43. & 44.)
ou
AS (fig.
45. & 46.) entrant alors dans cette
ligne
, AG demeure encore égale à la différence de
AR
à AS;
& par conſéquent la charge, ou la réſiſ-
tance
d’e l’appui B ne peut jamais être moindre que
la
différence des forces des puiſſances E &
F.
Corollaire X.
D’où l’on voit en général . que dans toutes
9064NOUVELLE11DES
LEVIERS
.
tes de Leviers, de quelque figure, en quelque ſitua-
tion
, &
de quelque eſpéce qu’ils ſoient, quelles que
ſoient
auſſi les lignes de direction de puiſſances, ou
des
poids qui y ſont appliquez, la charge de leur apui
22fig. 41.
42
.
43
.
44
.
45
.
46
.
ne peut être jamais plus grande (Corol.
7. & 8.)
que la ſomme de ces poids, ou de ces puiſſances.
.
que dans les leviers de l’eſpéce exprimée par les
figures
41.
& 42. elle peut (Cor. 6.) diminuer à l’infi-
ni
.
. Mais que dans toute autre eſpéce (fig. 43. 44.
45
.
& 46.) elle ne peut jamais être moindre (Cor. 9.)
que
la différence des deux puiſſances, ou des deux
poids
qui y ſont appliquez.
Perſonne que je fçache n’avoit encore démontré la charge,
n’y
la direction des points d’apuy des leviers:
il ne paroit p@ls
même
qu’il ſoit aiſé de le faire par les principes ordinaires;
ſans cela cependant il y à bien des Problêmes qu’on ne ſçau-
roit
réſoudre.
Par exemple, ſans la connoiſſance de la direc-
tion
des apuis, il n’eſt pas poſſible de démontrer qu’elles doi-
vent
être les directions de deux puiſſances, ſoit égales,
ſoit
inégales, pour qu’elles puiſſent faire équilibre ſur
quelque
levier que ce ſoit, dont l’apui eſt une ſphére;
n’y
ſur
combien de points de ce levier ainſi apuié, il eſt poſſi-
ble
qu’elles faſſent équilibre en changeant ſeulement
leurs
directions.
Il n’eſt pas poſſible non plus ſans la connoiſ-
ſance
&
de la direction, & de la charge des apuis des leviers de
trouver
le point d’apui de celui auquel tant de puiſ-
ſances
qu’on voudra, ſoient appliquées, pour toutes
les
directions poſſibles dans leſquelles on les peut ſup-
poſer
;
ny deux puiſſances étant données avec leurs
directions
&
leurs points d’application à un levier,
de
trouver quelle doit être la direction, &
le point
d’application
d’une troiſiéme puiſſance auſſi donnée,
pour
que toutes trois enſemble faſſent équilibre ſur
quelque
point donné, que ce ſoit, de ce levier.
9165MECHANIQUE. penſer la même choſe de tout autre Problême ſur les leviers
11DES
LEVIERS
.
dont la ſolution dépend de la détermination de la charge,
&
de la direction de leurs apuis.
Corollaire XI.
Il ſuit encore de cette propoſition que les puiſſan-
ces
E &
F, qui demeurent ainſi en équilibre ſur le
levier
MN, ſont en raiſon réciproque des lignes BD
&
BP tirées de ſon point d’apui B perpendiculaire-
ment
ſur leurs lignes de direction, qu’elles quelles
ſoient
:
Car puiſque la puiſſance E eſt à la puiſſance
F
, comme AS, ou GR à AR;
c’eſt-à-dire, (Lemm.
5.) comme le ſinus de l’angle GAR, ou de OAB ſon
(fig.
41. 42. 43. & 44.) égal, ou (fig. 45. & 46.)
ſon
complement, eſt au ſinus de l’angle RGA, ou de
XAB
ſon (fig.
41. 42. 43. 45. & 46.) égal, ou (fig.
44
.)
ſon complement; & que d’ailleurs BP eſt le
ſinus
de l’angle OAB, &
BD celui de l’angle XAB: Il
ſuit
quela puiſſance E eſt à la puiſſance F, comme BP
à
BD;
c’eſt-à-dire, en raiſon réciproque des diſtances
de
leurs lignes de direction, au point d’appui de leur
levier
.
Ce qui fait que lors que l’angle OAX eſt
infiniment
aigu, c’eſt-à-dire, lors que les lignes de
direction
de ces deux puiſſances ſont paralleles, &

que
ce levier eſt droit, quelque ſituation qu’il ait,
ces
deux puiſſances ſont toujours entr’elles, tant
que
dure leur équilibre, en raiſon réciproque des
bras
de ce levier pris depuis ſon point d’appui, juſ-
qu’aux
points elles lui ſont appliquées.
Corollaire XII.
L’inverſe de ce dernier Corollaire ſuit encore ma-
nifeſtement
de cette propoſition:
ſçavoir que
9266NOUVELLE que ces deux puiſſances ſont en raiſon réciproque
11DES
LEVIERS
.
des diſtances de leurs lignes de direction au point
d’appui
de leur levier, de quelque eſpece qu’il ſoit,
elles
demeurent toûjours en équilibre;
puis - qu’un tel
point
ne ſe peut trouver ailleurs que dans la diagonale
AG
du parallelogramme RS:
ainſi lorſque, leurs lignes
de
direction étant paralleles, &
leur levier droit,
elles
ſont en raiſon réciproque des bras de ce levier,
elles
demeurent toujours enéquilibre deſſus.
Corollaire XIII.
D’où l’on voit en général que lors que deux puiſſances
font
équilibre ſur un levier, de quelque eſpece, &
en quelque
ſituation
qu’il ſoit, elles ſont toujours entr’elles en raiſon
réciproque
des diſtances de leurs lignes de direction au point
d’appui
de ce levier.
Et réciproquement auſſi, lors qu’elles
ſont
en raiſon réciproque des diſtances de ces mémes lignes au
point
d’appui de ce levier, de quelque eſpece, de quelque figure,
&
en quelque ſituation qu’il ſoit, elles font toujours équilibre
deſſus
.
Voila ce qu’on appelle ordinairement le premier principe
de
Méchanique, &
ce que perſonne, du moins que je con-
noiſſe
, n’avoit encore démontré de cette maniére, n’y ſi gé-
néralement
.
Le voici encore d’une autre façon.
27[Figure 27]
LEMME VI.
S I deux puiſſances D & E appliquées au même point A
22fig. 47.
48
.
49
.
d’un levier AB, dont le point fixe ſoit B, ſont entr’elles
en
raiſon réciproque des ſinus des angles que font leurs lignes
de
direction, qu’elles quelles ſoient, avec ce levier;
elles
demeureront
en équilibre.
9367MECHANIQUE.
Demonstration.
11DES
LEVIERS
.
Le point A ainſi tiré par les puiſſances D & E,
doit
en recevoir une impreſſion ſuivant quelque
ligne
AG qui ſoit la diagonale d’un parallelogramme
RS
fait ſous des parties de leurs lignes de direction
AS
&
AR qui ſoient entr’elles, (Lemm. 3.) comme
ces
mêmes puiſſances;
& la force de cette impreſſion
doit
être à chacune des puiſſances D &
E, comme
(Lem.
3. Cor. 3.) AG à chacune des lignes AS & AR,
ou
SG qui lui eſt égale;
c’eſt-à-dire, (Lem. 5.) comme
le
ſinus de l’angle ASG, à chacun des ſinus des angles
AGS
, ou GAR qui lui eſt égal, &
GAS; & par conſé-
quent
les puiſſances D &
E ſont entr’elles, commeles ſi-
nus
GAR &
GAS. Elles ſont auſſi (hyp.) entr’elles, com-
me
les ſinus des angles RAB &
SAB; & par conſé-
quent
les ſinus de GAR &
de RAB, de même que
ceux
de GAS &
SAB ſont égaux entr’eux: donc les an-
gles
GAR &
RAB, auſſi-bien que GAS & SAB, ſont
auſſi
égaux, ou, du moins, complemens l’un de l’autre à
deux
droits.
D’où il ſuit que AG eſt en ligne droite avec
AB
;
& par conſéquent le point fixe B dulevier AB ſou-
tient
, lui ſeul, l’impreſſion toute entiére que le point A
reçoit
du concours d’action des puiſſances D &
E; & ce
point
demeurant ainſi en repos, ces puiſſances doivent
auſſi
par conſéquent demeurer en équilibre.
Ce qu’il
faloit
démontrer.
Corollaire I.
On voit de-là qu’une même puiſſance peut ainſi
faire
ſucceſſivement équilibre avec pluſieurs autres,
quelques
grandes, ou quelques petites qu’on les ſuppo-
ſe
, pourvu qu’elle ſoit à chacune d’elles en raiſon
9468NOUVELLE11DES
LEVIERS
.
ciproque des ſinus des angles que font avec ce levier
ſa
ligne de direction, &
celle de la puiſſance avec
laquelle
on la compare;
c’eſt-à-dire, pourvû que les
produits
de ces deux puiſſances par les perpendicu-
laires
tirées du point d’appui de ce levier ſur leurs
lignes
de direction, ſoient égaux.
Corollaire II.
D’où l’on voit que l’action d’une puiſſance ne ſe
prend
pas ſeulement de la grandeur de ſa force;
mais
auſſi
de la diſtance de ſa ligne de direction au point
d’appui
du levier ſur lequel elle agit:
De ſorte que
le
produit de cette diſtance par la force de cette puiſ-
ſance
, eſt la meſure juſte de ſon action, ou de l’im-
preſſion
qu’elle fait ſur ce levier.
Corollaire III.
Ainſi en quelque point que ce ſoit d’un levier
quelle
ſoit appliquée, pourvû que la diſtance du
point
d’appui de ce levier à ſa ligne de direction ſoit
toujours
la même, ſon action ſur ce levier ſera auſſi
toujours
la même.
Corollaire IV.
Et par la même raiſon ſi différentes puiſſances éga-
les
agiſſoient ſucceſſivement ſuivant la même direc-
tion
, ou ſuivant des directions également diſtantes
du
point d’appui du levier auquel elles ſeroient appli-
quées
;
leurs actions ſur ce levier ſeroient auſſi-
égales
.
Corollaire V.
Et réciproquement ſi ces puiſſances ainſi appliquées
à
ce levier agiſſent également ſur lui, elles
9569MECHANIQUE. auſſi égales entr’elles: puis que les diſtances de leurs
11DES
LEVIERS
.
lignes de direction au point d’appui du levier auquel
elles
ſont appliquées, ſont (hyp.)
égales, & que les
produits
de chacune d’elles par la force de chacune
de
ces puiſſances, ſont (Cor.
2.) auſſi égaux.
28[Figure 28]
9670NOUVELLE 29[Figure 29]
AUTRE
PROPOSITION

DES
LEVIERS,
Pour
tous les cas poſſibles de la fondamentale
précédente
.
SI les puiſſances E & F appliquées à diſſérens points X
11ſig 50.
51
.
52
.
&
O du levier BO, de quelque ſigure, de quelque eſpéce,
&
en quelque ſituation qu’il ſoit; ſont entr’elles en raiſon
rèciproque
des diſtances BD &
BP de leurs lignes de direction
XE
&
OF, qu’elles quelles ſoient, au point ſixe B de ce
levier
;
c’eſt-à-dire, ſi E. F. : : BP. BD. Ces deux
puiſſances
ainſi appliquées demeureront en équilibre ſur ce
levier
.
Demonstration.
Si la puiſſance E étoit appliquée en O ſuivant une
ligne
de direction OQ, dont la diſtance BQ au point
d’appui
B de ce levier, fût égale à BD qui eſt celle
de
ce même point à la ligne de direction XE qu’elle
a
préſentement, cette puiſſance (Lemm.
6.) demeu-
reroit
en équilibre avec la puiſſance F.
Or l’action
de
cette puiſſance appliquée en X ſuivant XE, eſt
la
même (Lemm.
6. Corol. 3.) qu’elle ſeroit alors ſur
ce
levier:
Donc ces deux puiſſances ainſi
9771MECHANIQUE. en X & en O, doivent demeurer en équilibre. Ce qu’il
11DES
LEVIERS
.
faloit démontrer.
Corollaire.
Il ſuit réciproquement de cette propoſition que ſi
les
puiſſances E &
F font équilibre ſur quelque levier
que
ce ſoit, elles ſeront entr’elles en raiſon récipro-
que
des diſtances de ſon point d’appui à leurs lignes de
direction
:
puis que ſi quelque nouvelle puiſſance miſe
en
la place, par exemple, de la puiſſance E, &
appli-
quée
comme elle au levier BO, étoit en telle raiſon à la
puiſſance
F, elle feroit équilibre avec elle.
Orune telle
puiſſance
(Lemm.
6. Cor. 5.) ſeroit égale à la puiſſance
E
:
Donc la puiſſance E ſeroit auſſi alors à la puiſſance
F
en raiſon réciproque des diſtances de leurs lignes
de
direction au point d’appui du levier ſur lequel
elles
feroient équilibre.
On ne met point ici tous les Corollaires qu’on pourroit tirer
tant
de cette propoſition, que de la précédente, par raport à la
Balance
, à la Romaine, au Tour, aux Rouës à dent, aux Ci-
ſeaux
, aux Tenailles, aux Etocs, &
c. ce ſera lors qu’on en
fera
l’application à la phyſique;
D’ailleurs tres-peu d’atten-
tion
ſuſſit préſentement pour en déduire beaucoup plus que la
breveté
, qu’on s’eſt propoſée dans ce projet, ne permet de ſaire.
30[Figure 30]
PROBLEME.
TANT de puiſſances qu’on voudra appliquées à un
22ſig. 53.
54
.
55
.
56
.
57
.
58
.
59
.
même levier;
par exemple, les cinq que voici M, N,
O
, P, Q, étant données avec leurs lignes de direction AM,
CN
, EO, HP, &
GQ, quelles quelles ſoient; trouver le
point
de ce levier ſur lequel elles peuvent ainſi appliquées de-
meurer
toutes enſemble en équilibre.
9872NOUVELLE
Solution.
11DES
LEVIERS
.
Premiérement ſi ces lignes de direction ſont toutes
22ſig. 53.
54
.
55
.
paralleles entr’elles, de quelque côté que ces puiſ-
ſances
tirent, il faut prendre ſur le levier AH pro-
longé
s’il en eſt beſoin, H λ à G λ, commela puiſſance
Q
eſt à la puiſſance P, &
I’on aura le point λ ſur le-
quel
ces deux puiſſances ainſi appliquées feroient
é
quilibre, (Corol.
12.) ſi elles étoient ſeules. La
direction
de ce point (Cor.
5.) étant vers Q paralle-
lement
à HP, c’eſt-à-dire, (hyp.)
à EO; & ſa charge
étant
(Cor.
7. ſig. 53.) égale à la ſomme des forces de
ces
deux puiſſances, ou (Cor.
9. ſig. 54. & 55.) à leur
diffèrence
:
au lieu d’elles on en peut ſuppoſer une
nouvelle
de cette valeur appliquée en ce point λ, &

dirigée
du côté de la puiſſance Q parallelement à EO.
Il eſt clair que cette nouvelle puiſſance faiſant la
même
impreſſion ſur ce levier que les puiſſances P &

Q
y en faiſoient auparavant, ſon centre d’équilibre
avec
la puiſſance O, ſera le point lequel les trois
puiſſances
O, P, &
Q feroient équilibre, ſi elles
étoient
ſeules, &
appliquées comme elles ſont:
l’ayant
donc trouvé comme l’on vient de faire le point
λ
;
c’eſt-à-dire, ayant fait λF à FE, comme la puiſ-
ſance
O, à la charge qui réſulte au point λ du concours
d’action
des puiſſances P &
Q; on aura le point F
dont
la direction ſera encore (Cor.
5.) parallele à celle
de
ces puiſſances, &
du côté de Q; & la charge en
ſera
égale (Cor.
7. ſig. 53.) à la ſomme de ces trois-ci
O
, P, &
Q; ou (ſig. 54.) à la ſomme de la puiſſance
O
, &
de la diſſérence qui eſt entre les puiſſances P &
Q
;
ou enſin (Cor. 9. ſig. 55.) à la diſſérence qui eſt
entre
la puiſſance O, &
la diſſèrence des puiſſances
P
&
Q: ainſi au lieu de la puiſſance O, & de celle que
nous
avons ſuppoſée en λ, ſi nous en concevons
9973MECHANIQUE. core un autre de la valeur de la charge du point F,
11DES
LEVIERS
appliquée en ce point, &
dirigée du côté de la puiſ-
ſance
Q parallelement à NC;
nous trouverons ſon
centre
d’equilibre D avec la puiſſance N, de même
que
nous avons déja trouvé les points F, &
λ. Enſin
ôtant
encore la puiſſance N avec celle qui étoit appli-
quée
en F, &
mettant à leur défaut au point D une
autre
puiſſance égale à ſa charge, &
dirigée du côté
de
la puiſſance O parallelement à AM;
on trouvera
encore
le centre de direction B qui lui eſt commun
avec
la puiſſance M, de même que l’on vient de faire
les
points λ, F, &
D; & ce point B ſera (Cor. 12.)
celui ſur lequel les cinq puiſſances M, N, O, P, & Q,
ainſi
dirigées demeureront en équilibre.
Ce qu’il
faloit
premiérement trouver.
Corollaire I.
On voit aſſez que ſi ce levier AH, (ſig. 55.) ſe fû@t
terminé
en H, ce Problême en ce cas auroit été im-
poſſible
.
Corollaire II.
Ce que nous venons de démontrer des leviers
22ſig. 56. droits, ſe peut fort aiſément appliquer à toutes ſor-
tes
de leviers courbes;
par exemple, à celui de la fig.
56. en faiſant ſeulement à diſcretion quelque ligne
droite
ah, qui rencontre (il n’importe comment)
toutes
les lignes de direction des puiſſances M, N,
O
, P, &
Q, en a, c, e, h, & g: car la regardant com-
me
un levier auquel ces puiſſances ſont appliquées
en
ces mêmes points, on en trouvera, comme l’on
vient
de faire, le point d’appui b, avec ſa ligne de
direction
bB, qui rencontrant le levier AH, donnera
le
point B qui ſera ſon point d’appui:
Puis que les
rapports
de diſtances de ce point aux lignes de
10074NOUVELLE rection de ces puiſſ nces, qui ſont (hyp & Cor. 5.
11DES
LEVIERS
.
paralleles à b B, ſont les mêmes que ceux des diſtances
du
point b à ces mêmes lignes.
Secondement, s’il ſe trouve quelques -unes des
22ſig 57.
58
.
59
.
lignes de direction des puiſſances données, qui ne ſoient
point
paralleles entr’elles, quelles que ſoient les autres,
&
de quelque côté que ces puiſſances tirent encore;
Voici comment on pourra trouver le point d’appui
du
levier AH auquel elles ſont appliquées.
Soient, ſi
l’on
veut, les directions HP &
GQ des puiſſan-
ces
P &
Q, non paralleles, & qu’elles ſe rencon-
trent
en V:
faite VR à VS, comme la puiſſance P à
la
puiſſance Q;
achevez le parallelogramme RS,
&
faite la diagonale VK qui rencontre en λ le
levier
AH prolongé juſqu’où il en ſera beſoin:
ce
point
ſera (prop.
ſond.) celui ſur lequel ces deux puiſ-
ſances
ainſi appliquées feroient équilibre, ſi elles
étoient
ſeules;
& ſa charge, dont la direction eſt
de
V vers K ſuivant VK, (Cor.
4.) ſera à chacune
des
puiſſances P, &
Q, comme VK à chacune des
lignes
VR &
VS qui les répréſentent: De ſorte que
ſi
au lieu de ces deux puiſſances, on en appliquoit
quelqu’autre
au point λ de ce levier, ſuivant cette
même
direction VK, &
qui eût ce même raport à
chacune
d’elles, c’eſt-à-dire, qui ſût égale à la
charge
de ce point;
elle feroit ſeule ainſi appliquée
la
même impreſſion ſur ce levier que font préſente-
ment
ces deux enſemble;
& par conſéquent ſon
centre
d’équilibre avec la puiſſance O, ſeroit celui
des
trois puiſſances, O, P, &
Q; c’eſt-à-dire, le
point
ſur lequel elles feroient equilibre, ſi elles
étoient
ſeules, &
ainſi appliquées. S’il arrive que
VK
&
OE ſoient paralleles, on trouvera ce point
comme
l’on a fait dans l’hypothêſe des
10175MECHANIQUE. paralleles; mais ſi elles ſe rencontrent en quelque
11DES
LEVIERS
.
point T, il faut, comme l’on vient de faire, prendre
TY
à TZ, comme la puiſſance ſuppoſée en λ, eſt à
la
puiſſance O;
& ayant achevé le parallelogramme
YZ
, faite ſa diagonale TX qui rencontre en F le
levier
AH:
ce point ſera encore (Prop. fond.) celui
ſur
lequel ces deux puiſſances, ou bien ces trois-ici O,
P
, &
Q, feroient équilibre, ſi elles étoient ſeules, &
appliquees
ſuivant les conditions de ce Problême;
&
ſa
charge, dont la direction eſt de T vers X, (Cor.
4.)
eſt en ce cas à la puiſſance O, comme TX à TZ: ôtant
donc
encore cette puiſſance avec celle que nous
avions
ſuppoſée en λ au lieu des puiſſances P &
Q;
&
en mettant une autre en F, dirigée de T vers X
ſuivant
TX, &
qui ſoit à la puiſſance O, comme
TX
à TZ;
elle fera encore ſeule ainſi appliquée la
même
impreſſion ſur le leuier AH, que lui faiſoient
auparavant
les trois puiſſances O, P, &
Q; & par
conſéquent
ſon centre d’équilibre avec la puiſſance
N
, ſera celui des quatres puiſſances N, O, P, &
Q.
S’il
arrive que TX &
NC ſoient paralleles, on trou-
vera
encore ce point comme dans la première partie
de
cette ſolution;
mais ſi elles ſe rencontrent en quel-
que
point β, il faut encore prendre βγ à βε, comme
la
puiſſance ſuppoſée en F, eſt à la puiſſance N;
&
ayant
achevé le parallelogramme εγ, il faut prolon-
ger
ſa diagonale βδ juſqu’à ce qu’elle rencontre le
levier
AH en D, &
ce point ſera (prop. fond.) celui
ſur
lequel ces deux puiſſances, ou bien ces quatre-ci
N
, O, P, &
Q, feroient équilibre, ſi elles étoient
ſeules
, &
appliquées ſuivant les directions données
de
ce problême.
La direction de ce point ſera encore
de
β vers δ ſuivant βδ, (Cor.
4.) & ſa charge ſera
auſſi
à la puiſſance N, comme βδ à βε:
ainſi au lieu
de
la puiſſance N, &
de celle que nous venons
10276NOUVELLE ſuppoſer en F, ſi l’on en ſuppoſe encore quelqu’autre
11DES
LEVIERS
.
en D, dirigée de β vers δ ſuivant βδ, &
qui ſoit à la
puiſſance
N, comme βδ à βε;
cette nouvelle puiſ-
ſance
ainſi appliquée au levier AH, fera encore
feule
ſur lui la même impreſſion que faiſoient aupa-
ravant
les quatre puiſſances N, O, P, &
Q; & par
conſéquent
ſon centre d’équilibre avec la puiſſance
M
, ſera celui des cinq puiſſances données dans ce
problême
.
S’il arrive que βδ ſoit parallele à AM, on
trouvera
encore ce point comme l’'on a fait dans le cas
des
directions paralleles;
mais ſi elles ſe rencontrent
en
quelque point L, il faut encore prendre L θ à ,
comme
la puiſſance qu’on ſuppoſe en D, eſt à la puiſ-
ſance
M;
& ayant achevé le parallelogramme ωθ, il
faut
tirer la diagonale LI, qui rencontrant le levier
AH
, donnera le point B pour centre d’equilibre
(Prop.
fond.) de ces deux puiſſances; c’eſt-à-dire en
remettant
à la place de celle qu’on ſuppoſe en D, les
quatre
N, O, P, &
Q, qu’elle ſuppléoit; ſur lequel
les
cinq puiſſances données, &
appliquées ſuivant
les
conditions de ce Problême, feront équilibre.
Ce
qu’il
faloit encore trouver.
Ce Problème, tout facile qu’il paroit à réſoudre par les
principes
q@’on ſuit ici, eſt peut - étre un des plus diſſiciles
qu’on
puiſſe propoſer à ceux qui ſont dans les principes ordi-
naires
;
non ſeulement quant à la maniére de déterminer les
points
d’appui des leviers pour toutes les directions poſſibles
des
puiſſances, ou des poids qui y ſont appliquez;
mais auſſi
quant
à celle de reconnoitre leur direction, &
leur charge,
de
quelque eſpece, &
dans quelque ſituation qu’ils ſoient:
C’eſt peut ètre auſſi ce qui a fait que les Mécbaniciens, qui
ont
entrepris de démontrer le cas de la figure 53.
n’ont oſé tou-
ch@r
aux autres.
10377MECHANIQUE.
Outre les Poulies, les Surfaces, & les Leviers, on met
11DES
LEVIERS
.
encore la Vis au rang des machines qu’on regarde comme
capitales
entre celles qui ſont propres à faciliter les mouve-
mens
;
mais parce que cette dernière ſe rapporte toute au plan
incliné
&
au levier, dont on va voir qu’elle eſt compoſée,
nous
n’en dirons ici que tres@ peu de choſes.
31[Figure 31]
10478NOUVELLE 32[Figure 32]
DE LA VIS
REMARQUES
.
I
.
ON voit aſſez que tout l’uſage de la Vis eſt de
tirer
, ou de repouſſer ſuivantla direction de ſon
axe
tout ce qui lui fait quelque réſiſtance;
& ſi elle
eſtſixe
, la force, ou le corps contre lequel on s’en ſert,
doit
tirer, ou preſſer ſon écrouë du côté diametra-
lement
oppoſé à celui vers lequel il eſt forcé d’avan-
cer
.
Au contraire ſi c’eſt l’écrouë qui ſoit ſixe, cette
force
, ce corps doit tirer, ou preſſer la vis elle-
même
de ce même côté.
II.
De ſorte, que dans l’uſage de la vis, lors qu’elle
eſt
ſixe, l’on doit regarder tous les points de ſon
écrouë
, comme tirez ou preſſez parallelement à ſon
axe
du côté que cette écrouë eſt preſſée, ou tirée par
la
force, ou par le poids dont elle eſt chargée.
III.
D’où l’on voit que les lignes de direction de tous
ces
points, ſont toutes obliques à celui des pas de
cette
vis ſur lequel ceux de ces points qui le tou-
chent
, s’appuyent;
& par conſéquent (démonſt.
10579MECHANIQUE. ſurf. n. 3.) ſi cette vis, & ſon écrouë étoient Mathé-
11DELA VIS. matiquement juſtes, chacun d’eux tendroit à couler
du
côté que ſa ligne de direction s’écarteroit de la
perpendiculaire
tirée de lui à ce pas;
& parce que
cet
écartement ſe feroit pour tous du même côté, à
cauſe
du paralleliſme de toutes ces lignes, &
de la
pente
uniforme du cordon de cette vis dans toute
ſa
longueur:
Il ſuit évidemment que tous ces points
devroient
s’accorder dans un même mouvement qui
emportât
cette écrouë ſuivant le fil de ce cordon,
c’eſt-à-dire
, en tournoyant du côté de cet écartement;
ſi dans ſon frotement avec la vis, l’inégalité de leurs
parties
ne les acrochoient point enſemble.
IV.
La même choſe ſe doit entendre de tous les points
de
la vis, ſi c’eſt l’écrouë qui ſoit fixe.
V.
Ainſi à regarder l’une & l’autre dans une juſteſſe
Mathématique
, il faut néceſſairement quelque force
pour
retenir celle des deux qui eſt mobile, contre
l’impreſſion
de la force, ou du poids qui la charge.
La voici.
33[Figure 33]
PROPOSITION
DE
LA VIS.
LOrſqu’une puiſſance ſoutient quelque poids, ou l’action
de
quelque autre force à l’aide d’une vis, ſoit que
cette
vis ſoit fixe, ou que ce ſoit ſon écrouë cette
10680NOUVELLE eſt toujours à ce poids, ou a cette force, quelle qu’elle ſoit,
11DELAVIS comme la diſtance qui eſt entre deux des pas de cette vis, à
la
circonfèrence a’un cercle, dont le rayon eſt égal à la diſtance
qui
eſt entre cette puiſſance &
l’axe de cette mème vis.
Demonstration.
Premiérement ſi la vis VXYZ eſt fixe, concevons que
22ſig. 60. le point A de ſon écrouë PQ ſoit retenu ſur un de ſes
pas
GH par quelque puiſſance R dont la direction AB
ſoit
dans le plan de cette écrouë, &
perpendiculaire à
EP
qui y eſt auſſi, &
qui paſſe par le point A. Il eſt clair
que
cette puiſſance retenant par ce moyen toute l’é-
crouë
PQ, ce point A fait ſur elle la même impreſſion
que
s’il ſoutenoit lui ſeul toute l’action du poids, ou de
la
force, quelle qu’elle ſoit, qui pouſſe cette écrouë,
ou
qui la tire (Remarq.
1.) vers ZY parallelement à
l’axe
MS de cette vis:
Ainſi l’on peut regarder le
point
A de cette écrouë, comme ayant lui ſeul ſuivant
AC
perpendiculaire au plan de cette écrouë, &
pa-
rallele
à MS, toute l’impreſſion qu’elle reçoit de ſa
charge
;
de ſorte que ſi l’on fait AD perpendiculaire
au
pas GH de cette vis, &
que de quelque point D
de
cette ligne, l’on acheve le parallelogramme BC,
on
verra (prop.
fond. des ſurf.) que la puiſſance R ſera à
la
charge de l’écrouë PQ, comme AB, à AC, ou à BD
qui
lui eſt égale;
c’eſt-à-dire, à cauſe que le triangle
HFG
roulé ſur la vis VXYZ, eſt ſemblable au
triangle
ABD;
comme HF au demi tour FG de cette
vis
, ou comme 2HF, c’eſt-à-dire, HK à un tour
entier
.
Or regardant EAP comme un levier dont
l’appui
eſt le point E de l’axe MS de cette vis, &
qui
ſe
trouve dans le plan de ſon écrouë;
la puiſſance P,
dont
la direction eſt auſſi dans ce même plan, &
per-
pendiculaire
à EP, &
conſéquemment parallele à
10781MECHANIQUE. ſoutenant ainſi (Hyp.) le point A, ou la charge de
11DELA VIS. l’écrouë PQ au lieu de la puiſſance R, eſt à cette der-
niére
puiſſance, (Lemm 6.
Cor. 2.) comme EA à EP,
ou
comme le tour entier de cette vis à la circonfé-
rence
d’un cercle dont le rayon ſoit EP:
Ainſi en
multipliant
par ordre ces deux rangées de proportio-
nelles
, l’on aura la puiſſance P à la charge de l’écrouë
PQ
, comme la diſtance HK qui eſt entre deux des
pas
de cette vis, à la circonference d’un cercle dont
le
rayon eſt égal à la diſtance EP qui eſt entre cette
fance
&
l’axe de cette même vis.
Secondement, ſi c’eſt l’écrouë PQ qui ſoit fixe,
concevons
que le point A appartient à la vis VXYZ, &

qu’il
eſt retenu ſur le pas de cette écrouë par quelque
puiſſance
R dont la direction ſoit encore ſuivant AB
qu’on
ſuppoſe dans le plan de cetteécrouë, &
perpen-
diculaire
à EP qui y eſt auſſi.
Il eſt encore clair que
cette
puiſſance retenant par ce moyen toute la vis
VXYZ
, ce point A fait encore ſur elle la même
impreſſion
ſuivant AC parallele à MS, que s’il ſou-
tenoit
, lui ſeul, toute l’action de ce qui pouſſe, (re-
marq
.
1.) ou de ce qui tire cette vis vers ZY: ainſi pour
la
même raiſon que ci-deſſus, la puiſſance R ſera
encore
à la charge de cette vis, comme AB à BD;
c’eſt-à-dire, comme HF à FG, ou bien comme HK
au
circuit de cette vis;
& la puiſſance T, qui au lieu de
la
puiſſance R retient cette vis, eſt auſſi à cette dernié-
re
puiſſance, (Lemm.
6. Cor. 2.) comme EA à ST, ou
comme
un tour entier de cette vis à la circonférence
d’un
cercle dont ST ſoit le rayon:
ainſi en multi-
pliant
encore par ordre ces deux rangées de propor-
tionnelles
, on aura encore la puiſſance T à la charge
de
cette vis, comme la diſtance qui eſt entre deux de
ſes
pas, à la circonférence d’un cercle dont le rayon eſt
égal
à la diſtance qui eſt entre cette puiſſance &
l’axe de
cette
même vis.
10882NOUVELLE
Donc lors qu’une puiſſance ſoutient un poids, ou
11DE LA VIS. l’action de quelqu’autre force que ce ſoit, à l’aide
d’une
vis, ſoit que cette vis ſoit fixe, ou que ce ſoit
ſon
écrouë, cette puiſſance eſt toujours à ce poids, ou
à
cette force, commela diſtance qui eſt entre deux des
pas
de cette vis, à la circonférence d’un cercle, dont
le
rayon eſt égal à la diſtance qui eſt entre cette puiſ-
ſance
&
l’axe de cette même vis. Ce qu’il faloit dé-
montrer
.
Corollaire I.
D’où l’on voit que pour peu que la raiſon d’une
puiſſance
à un poids, ou à quelqu’autre force, ſur-
paſſe
celle de la diſtance, qui eſt entre deux des pas
d’une
vis, à la circonférence d’un cercle, dont le
rayon
ſoit la diſtance de l’axe de cette vis à cette
puiſſance
, elle pourra ainſi appliquée ſurmonter ce
poids
, ou cette force à l’aide de cette vis, &
elle le
fera
dautant plus aiſément que cette raiſon ſera plus
grande
.
L’obſtacle que le frotement de la vis avec ſon écrouë
fait
à ce mouvement, doit être compté comme faiſant partie
de
ſa charge:
c’eſt ainſi qu’on la peut réduire à une juſteſſe
Mathématique
, de meme que toute autre machine.
Corollaire II.
D’où il ſuit que plus les pas d’une vis ſont ſerrez,
&
que la diſtance de ſon axe à la puiſſance qui y eſt
appliquée
, eſt grande, plus il eſt facile à cette puiſ-
ſance
de ſurmonter le poids, ou la force qui agit
contr’elle
.
Corollaire III.
Il ſuit encore de cette propoſition qu’une
10983MECHANIQUE. puiſſance peut également mouvoir un même poids,
11DELA VIS. ou ſurmonter une même force, à l’aide d’une même
vis
, ſoit qu’on la ſuppoſe appliquée à cette vis,
qu’elle
le ſoit à ſon écrouë pourvû qu’elle ſoit éga-
lement
diſtante de ſon axe dans l’un &
l’autre cas.
On ne dit rien ici du Coin, de la Scie, du Mortier, & c.
ce ſont plûtôt des inſtrumens, ou des outils propres à faciliter
la
diviſion d’un corps, que des machines qui puiſſent en fa-
ciliter
le mouvement;
on aura peut-être un jour occaſion d’en
parler
.
110
[Empty page]
111
EXAMEN
DE
L’OPINION
DE
M BORELLI
SUR
LES PROPRIETEZ DES POIDS
ſuſpendus
par des cordes.
112
[Empty page]
113 34[Figure 34]
AVERTISSEMENT.
C’EST ici l’éxamen promis dans la réfléxion qui
ſuit
la preuve de la premiére propoſition du Trojet
précédent
.
On ne croyoit pas d’abord le pouvoir donner
ici
;
mais s’étant trouvé fait plûtôt qu’on ne s’y étoit
attendu
, on le joint à ce projet.
On a été naturelle-
ment
conduit par les principes qu’on y ſuit, à une
propoſition
ſur les proprietez des poids ſuſpendus par
des
cordes, qui s’eſt trouvée la meſme que celle que
Monſieur
Borelli avoit critiquée dans Stévin,
&
dans Hérigone; & ç’a été par la neceſſité de
la
juſtiſier qu’on s’eſt trouvé engagé à l’examen de ſa
critique
.
On diviſe cet examen en deux Cbapitres: dans le
premier
on fait voir que le ſentiment que M.
Borelli reprend dans H’erigone, dans Stévin, & dans
les
autres;
bien loin d’ètre contraire, comme il l’a
crû
, à la 68.
propoſition du Tome premier de ſon traité
du
mouvement des Animaux, en eſt une ſuite ſi né-
ceſſaire
, que s’il eut fait encore quelques pas, il y ſeroit
infailliblement
entré.
On indique enſuite dans ce
meſme
Chapitre quelques paralogiſmes que cet Au-
theur
a commis, lors meſme qu’il croyoit en voir dans
les
raiſonnemens qu’il a critiquez.
114AVERTISSEMENT.
Dans le ſecond Cbapitre, apres avoir encore donné
quelques
démonſtrations du ſentiment d’Hèrigone &

des
autres, toutes différentes de celles que M.
Borelli
a
critiqu@es;
on rend par la metbode du Projet
précedent
les Lemmes ſur leſquels cet Au beur a fondé
tout
ce qu’il a dit de la force des Muſcles, beaucoup
plus
généraux qu’ils ne le peuvent eſtre par la ſienne.
Au reſte ſi l’on attaque une erreur ou M.
Borelli eſt tombé, on n’en eſt pas moins perſuadé
du
mérite ex@raordinaire de ce grand bomme, dont
les
principaux Ouvrages doivent eſtre mis au nombre
des
Livres les plus originaux qui ayent paru dans ce
ſiecle-ci
;
mais il n’y a perſonne qui ne puiſſe faire un
fauxpas
, ſur tout dans des matieres auſſi delicates que
celles-ci
, &
le paralogiſme ſe gliſſe auſſi facile-
ment
.
Tout ce qu’on citera de cet Auteur dans cet exa-
men
, ſera pris du Tome premier de ſon Traité du mou-
vement
des Animaux, de l’édition de Rome, faite en
1680
.
On ſpécifie l’édition à cauſe des pages qu’on en
citera
quelques fois.
11589 35[Figure 35]
EXAMEN
DE
L’OPINION
DE
M. BORELLI
Sur
les propriétez des Poids ſuſpendus
par
des cordes.
36[Figure 36]
ET AT DE LA QUESTION.
MOnsieur Borelli dans ſon Traité du
mouvement
des Animaux Tome 1.
Chapi-
tre
13.
a fait une fort longue digreſſion pour prou-
ver
que Hérigone, Stévin, &
pluſieurs autres ſe
ſont
trompez d’avoir avancé comme propoſition gé-
nérale
que le poids T ſoutenu avec les cordes obliques AC
11ſig. @@&
BC par deux poids, ou deux puiſſances R & S; eſt à
11690EXAMEN DE L’OPINION d’eux, ou d’elles, comme la partie HC de ſa ligne de di-
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
rection à chacun des côtez CN &
MC du parallelogramme
MN
, dont elle eſt diagonale.
Cet Autheur dit (pag.
137.) que cette propoſition priſe dans toute ſon
étenduë
&
ſans reſtriction, lui paroît ſuſpecte
pour
bien des raiſons;
& même qu’il la croit capa-
ble
de jetter dans l’erreur.
Il réduit toutes ces prétenduës raiſons à trois:
. il dit (pag. 138.) avoir démontré dans le ſcholie
de la 68.
propoſition du Tome 1. de ce traité, que
les
deux puiſſances R &
S appliquées au poids T
ſuivant
des direction obliques, peuvent demeurer
en
équilibre avec lui, non ſeulement quelque
raport
qu’elles ayent entr’elles, fût-il plus grand,
ou
moindre que celui de NC à CM, mais encore de
quelque
maniére que le raport de la ſomme de ces
deux
puiſſances à ce poids, fût différent de celui
de
la ſomme de NC &
MC à CH. . il a fait, dit-
il
, auſſi pluſieurs expériences qui lui paroiſſent
confirmer
ce ſentiment.
. Enfin il a crû voir du
paralogiſme
dans deux démonſtrations qu’il a criti-
quées
, dont la premiére paroît être du P.
Pardie, & l’au-
tre
commune au reſte des Autheurs qu’il attaque.
Il eſt conſtant que de toutes ces raiſons la premiére
eſt
non ſeulement la principale, mais encore l’unique
qui
puiſſe ſervir à la deciſion de ce différent:
Car . en
fait
d’exactitude &
de préciſion, l’expérience ne
prouve
rien;
ſur tout ici, ou la réſiſtance qui vient
du
frotement des poulies avec leurs pivots, &
c. rend
ces
ſortes d’expériences poſſibles en tant de manieres
différentes
, qu’il n’y a preſque point de ſentiment
pour
, ou contre lequel on n’en puiſſe faire à ſon gré.
. Qu’il y ait, ou qu’il n’y ait point de
11791DE M. BORELLI. dans les raiſonnemens qué cet Autheur critique, on
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſe@-
lemen@
.
n’en peut rien conclure non plus contre le ſentiment
qu’il
attaque;
puiſque la vérité ne dépend point du
tout
de la maniere dont on la démontre.
Toute la queſtion préſente ſe réduit donc à ſça-
voir
ſi en effet M.
Borelli a démontré dans le
ſcholie
de ſa 6 8.
Propoſition Tome 1. que les
deux
puiſſances R &
S appliquées au poids T
ſuivant
des directions obliques, peuvent demeu-
rer
en équilibre avec lui, non ſeulement quelque
raport
qu’elles ayent entr’elles, fût-il plus grand,
ou
moindre que celui de NC à CM;
mais encore
de
quelque maniére que le raport de la ſomme de
ces
deux puiſſances à ce poids, fût différent de
celui
de la ſomme de NC &
MC à CH. Que dî-je?
Ce ſeroit aſſez pour détruire la propoſition qu’il
rejette
, s’il avoit ſeulement démontré un cas ou ce
poids
pût ainſi demeurer en équilibré avec ces puiſ-
ſances
, ſans être à chacune d’elles, comme la partie
CH
de ſa ligne de direction, qui fait la diagonale du
parallelogramme
MN, à chacune des parties de leurs
cordes
, qui lui ſervent de côtez.
Mais bien loin de
l’avoir
fait, la propoſition d’où il tire le ſcholie en
queſtion
, prouve tout le contraire, je veux dire, le
ſentiment
d’où il a crû qu’elle le devoit cloigner.
C’eſt ce qu’on va faire voir dans le premier
Chapitre
de cet Examen;
& dans le ſecond, aprés
avoir
encore donné quelques démonſtrations de ce
même
ſentiment, toutes différentes de celles que
M
.
Borelli a critiquées, on rendra par la méthode
du
Projet précédent les Lemmes qu’il a déduits de ſa
68
.
propoſition, beaucoup plus généraux qu’ils ne le
peuvent
être par la ſienne.
11892EXAMEN DE L’OPINION 37[Figure 37]
CHAPITRE I.
SENTIMENT
D’HERIGONE,
DE
STEVIN, &c.
SUR
LES PROPRIETEZ DES POIDS
ſuſpendus
par des cordes,
Démontré
par la propoſition même que M. BORELLI
avoit
cru leur être contraire.
LE ſcholie de la 68. propoſition de M. Borel-
li
, dont il eſt ici queſtion, porte .
Qu’a-
vec les mêmes inclinaiſons de cordes, le poids qui
y
eſt ſuſpendu, &
les forces qui le ſoutiennent,
peuvent
varier en mille manieres différentes ſans
11ſig. 1. que pour cela il ceſſe de faire équilibre avec elles;
pourvû que la puiſſance R ſoit à la partie X de ce poids,
comme
GC à GF, ou comme AC à CH;
& que
la
puiſſance S ſoit à ſon autre partie Z, comme IC à
IK
, ou comme BC à CH.
.. .. .. . Ce même ſcholie
porte
réciproquement qu’en retenant les mêmes
poids
;
c’eſt - à - dire ici, les mêmes forces, (pourvû que
celui
du milieu ſoit moindre que les deux extrê-
mes
) on peut changer l’inclinaiſon de leurs cordes
ſans
en rompre l’équilibre.
Il eſt clair que la premiére partie de ce ſcholie
peut
avoir deux ſens bien différens.
. Elle peut
ſignifier
que dans cette variation de poids &
11993DE M. BORELLI. forces, ou cet Autheur veut que l’équilibre ſe con-
11DES POIDS
ſoutenus
avcc
des
cordes ſeu-
lement
.
ſerve ſans changer l’inclinaiſon de leurs cordes, ce
poids
demeure toujours à chacune de ces puiſſances
en
même raiſon que la diagonale CH du parallelo-
gramme
MN, à chaque partie de leurs cordes, qui
lui
ſert de côté;
& en cela on va voir que cette conſé-
quence
eſt parfaitement juſte, mais auſſi (Cor.
12.
de la Prop. fond. des poids ſuſpendus par des cordes, du
Proiet
précéd.)
parfaitement conforme au ſentiment
que
cet Autheur attaque.
. Au contraire, ſi on lui
fait
ſigniſier que cet équilibre puiſſe ſubſiſter ſans un
tel
raport;
alors on conclud tres-mal, & même au-
tant
contre cet Autheur que contre Hérigone,
&
c. J’en dis tout autant de la ſeconde partie de
ce
même ſcholie;
& pour le démontrer, je vais
faire
voir que la propoſition d’où M.
Borelli le
tire
, prouve tout le contraire, &
que s’il y eût
fait
un peu plus d’attention, elle l’auroit infaillible-
ment
conduit au ſentiment d’où il a crû qu’elle le
devoit
éloigner;
je veux dire, à croire (du moins
pour
tous les cas qu’elle comprend) que le poids T
ſoutenu
avec les cordes obliques AC &
BC par deux poids,
ou
deux puiſſances R &
S, eſt toujours à chacun d’eux, ou
d’elles
, comme la partie HC de ſa ligne de direction, à cbacun
descôtez
CN &
MC du parallelogramme MN, dont elle
eſt
diagonale.
Voici comment.
Selon cet Autheur (Prop. 68) lorſque les puiſ-
ſances
R &
S ſoutiennent enſemble le poids T, la
puiſſance
R ſoutient pour ſa part une partie X de ce
poids
, de même qu’elle feroit, ſi elle étoit appliquée
ſuivant
ſa même direction AC avec cette partie X au
levier
horizontal CG;
& la puiſſance S ſoutient auſſi
pour
la ſienne l’autre partie Z de ce même poids,
de
même qu’elle feroit, ſi elle étoit auſſi
12094EXAMEN DE L’OPINION ſuivant ſa même direction CB avec cette partie Z au
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
l@ment
.
levier CI qu’on ſuppoſe encore horizontal &
égal
au
premier:
& par conſéquent ſi l’on regarde (Cor 2.
Lem. 3. du Projet précéd.) l’impreſſion que la puiſſance
S
fait ſuivant CB ſur le noeud C qui retient enſemble
les
cordes de ces puiſſances &
de ce poids, comme
compoſée
de deux impreſſions particuliéres, dont
l’une
eſt ſuivant l’horizontale CO, &
l’autre ſuivant
la
perpendiculaire CH;
on trouvera que ce que cette
puiſſance
lui en fait ſuivant CO, eſt égal à la réſiſ-
tance
que feroit alors contre ce même point, &
ſui-
vant
cette même ligne, le levier CG pour empêcher
la
corde ACX de ſe redreſſer;
c’eſt-à-dire, égal à la
charge
de l’apui G de ce même levier.
Or (Cor. 4.
Prop
.
fond. des leviers du Proj. précéd.) la puiſſance R
eſt
à la charge de cet apui, comme le côté AC du
parallelogramme
AE, à ſa diagonale CG;
& la force
de
l’impreſſion que fait la puiſſance S ſur ce même
point
C ſuivant CO, eſt (Cor.
3. Lemm. 3. du Projet
précéd
.)
à celle de cette même puiſſance ſuivant CB,
c’eſt-à-dire
, à cette puiſſance, elle-même, comme
le
côté OC du parallelogramme OH, à ſa diagonale
BC
;
c’eſt-à-dire, en faiſant IK perpendiculaire ſur
BC
, comme CK à CI égale (Hyp.)
à CG: Donc la
puiſſance
R eſt à la puiſſance S, comme le produit
de
AC par CK, au quarré de CG.
Or en faiſant GF
perpendiculaire
ſur AC, les triangles AGC &
GFC
étant
ſemblables, le produit de AC par CF eſt égal
au
quarré de CG:
Donc la puiſſance R eſt à la puiſ-
ſance
S, comme le produit de AC par CK au produit
de
la même AC par CF, c’eſt-à-dire, comme CK à
CF
;
ou bien, à cauſe des rayons IC & CG (byp.)
égaux
, comme le ſinus de KIC égal à BCH, au ſinus
de
FGC égal à ACH:
Donc la puiſſance R eſt à la
puiſſance
S, comme le ſinus de l’angle BCH à
12195DE M. BORELLI. de l’angle ACH qui, à cauſe du parallelogramme
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
MN, eſt égal à CHM:
Donc (Lemm. 5. du Projet
précéd
) la puiſſance R eſt à la puiſſance S, comme
HM
, ou comme ſon égale NC à CM.
Voilà ce que M. Borelli devoit premiérement
conclure
de ſa 68.
propoſition, ſinon en géné-
ral
, du moins pour tous les cas qu’elle com-
prend
:
Sçavoir que lorſque deux puiſſances R & S ſou-
tiennent
enſemble quelque poids T avec des cordes ſeulement,
elles
ſont toujours @ntr’elles en même raiſon que les parties
CN
&
MC de leurs cordes, qui ſervent de côtez au pa-
rallelogramme
MN, qui a pour diagonale une partie CH
de
la li@ne de direction du poids qu’elles ſoutiennent.
De
en
faiſant MP &
NQ perpendiculaires ſur HC, ces
lignes
marquant toujours CP égale à HQ, cet Au-
theur
auroit trouvé, comme il a fait (pag.
137.)
que chacune des puiſſances R & S, étant toujours (par
le
Cor.
de ſa 69. Prop.) à tout ce poids, comme chacun
des
côtez CN &
MC du parallelogramme MN, à la
ſomme
de leurs ſublimitez CP &
CQ; lui eſt auſſi
toujours
comme cbacun de ces mêmes côtez à la diagonale
CH
de ce même para@lelogramme.
Ce qu’il faloit démon-
trer
.
Quoi que cette conſéquence ſuive néceſſairement de la
68
.
Propoſition de M. Borelli, cependant parce-que cette
Propoſition
ne peut pas s’appliquer aux cas ou une de
ces
pu@ſſances ſe trouve avoir ſa direction au deſſous de
l’borizontale
qui paſſe par le point leurs cordes ſe com-
muniquent
, elle n’en eſt pas une ſuitte ſi générale que de la
Propoſition
fondamentale des poids ſuſpendus par des cordes
du
Projet précédent:
C’eſt pour cela qu’on ſe contente ici de
dire
, que ſi cet Autbeur eût fait un peu plus d’attention à
ſa
68.
Prop. il auroit aperçû que tout ce que nous venons
d’en
conclure, eſt abſolument vrai, du moins pour tous
les
cas qu’elle comprend.
12296EXAMEN DE L’OPINION
Telle eſt la conſéquence que Monſieur Borelli
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cotdes ſeu-
lement
.
devoit tirer de ſa 68.
Propoſition; s’il l’eût fait, il
auroit
aperçû .
que la premiére partie du ſcholie
qu’il
en tire, n’eſt vraye qu’en cas que la variation
du
poids T &
des forces ſ & S, entre leſquels il dit
que
l’équilibre ſe peut conſerver ſans changer l’in-
clinaiſon
de leurs cordes, ſoit telle que ce poids de-
meure
toujours à chacune de ces puiſſances en même
raiſon
que la diagonale CH du parallelogramme
MN
, à chaque partie de leurs cordes qui lui ſert de
côté
.
. Il auroit encore que la ſeconde partie
de
ce même ſcholie eſt abſolument fauſſe;
puis qu’il
n’eſt
pas poſſible de faire le moindre changement
auquel
que ce ſoit des angles ACB, ACH, &
BCH,
ſans
changer en même - tems le raport qui eſt, ou
entre
les côtez du parallelogramme MN, ou entre
quelqu’un
d’eux &
ſa diagonale; c’eſt - à - dire, puis
que
(byp.)
on ne change rien au raport qui eſt entre
ce
poids &
chacune de ces puiſſances, ſans faire ceſſer
la
reſſemblance de ces deux raports:
& par conſe-
quent
auſſi, ſuivant ce qui vient d’être conclu de la
68
.
Propoſition de M. Borelli, ſans rompre l’équili-
bre
de ce poids avec ces puiſſances.
Remarque.
Ayant demontré, comme l’on vient de faire,
que
le ſentiment, dont il eſt ici queſtion, bien loin
d’être
contraire à la 68.
Propoſit. de M. Borelli,
comme
cet Autheur l’a crû, en eſt une ſuitte ſi né-
ceſſaire
que, s’il eût fait encore quelques pas, il
l’auroit
linfailliblement trouvé:
c’eſt encore une nou-
velle
raiſon de ne nous point arrêter aux expériences
qu’il
objecte à Stévin, à Hérigone, &
aux autres, &
de
ne toucher à la critique qu’il a faite de leurs
12397DE M. BORELLI. ſonnemens, que pour indiquer les fauſſes ſuppo-
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
ſitions ſur leſquelles il s’eſt appuyé pour y trouver
du
paralogiſme:
Il y en a trois que voici.
. Dans la Critique qu’il a faite du premier de
ces
raiſonnemens, qui paroît être du P.
Pardie,
aprés
avoir dit que, ſi l’on regarde la corde AC com-
me
une verge de fer mobile autour du point fixe A,
22ſig. 2. à laquelle le poids T ſoit attaché, ce poids ſera ſou-
tenu
avec cette verge par ce point fixe, de même que
ſur
un plan CI perpendiculaire à AC;
il fait IL per-
pendiculaire
à l’horizontale LC, &
(pag. 139.) il
dit
:
patet quod pondus T. .. .. .. . ad vim quâ idem T inni-
titur
, &
comprimit idem planum IC, eſt ut IC ad LC.
. Dans la Critique qu’il fait enſuite du rai-
ſonnement
de Hérigone, de Stévin, &
c. aprés
33ſig. 3. avoir regardé le poids T ſoutenu par les cordes AC
&
BC, comme s’il l’étoit ſur les plans CK perpendi-
culaire
à AC, &
CG perpendiculaire à CB, inéga-
lement
inclinez, il dit (pag.
141.) Tunc pondus T
dum
moveri niteretur per duas rectas inclinatas CK &
CG,
cogeretur
moveri, aut niſum exercere per diagonalem CO
ſecantem
angulum GCK bifariam.
Outre cette ſuppoſition, M. Borelli ſe ſert en-
core
ici de la premiére qu’il a déja faite contre le
P
.
Pardie. Il dit (pag. 141.) aprés avoir fait CP
perpendiculaire
à l’horizontale KG:
Idem pondus ab-
ſolutum
T ad vim, quâ comprimit planum CO, eandem
rationem
babebit quàm CO ad OP.
. Enfin ces deux ſuppoſitions ne lui ſuffiſant pas
encore
pour trouver à redire au raiſonnement
12498EXAMEN DE L’OPINION rigone, de Stévin, & c. il y en ajoûte une troi-
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
ſiéme qui ne vaut pas mieux.
Vis, dit-il au même en-
droit
, quam patitur planum CO à compreſſione ponderis T
aqualis
eſt viribus ambarum potentiarum R &
S, quæ
ſuſtinendo
idem pondus in tali ſitu plani CO inclinati vicem
ſupplent
.
On ne démontre point ici la fauſſeté de toutes ces ſup-
poſitions
:
elle eſt trop évidente par la propoſition des Sur-
faces
du Projet précédent, pour s’y arrêter davantage.
D’ailleurs c’eſt, ce me ſemble, avoir ſuffiſamment répondu
à
M.
Borelli que d’avoir démontré, comme l’on vient de
faire
, le ſentiment d’Hérigone, de Stévin, &
c. par la
Propoſition
même que cet Autbeur croyoit leur être contraire:

c’eſt
auſſi tout ce qu’on s’étoit propoſé dans ce premier Cba-
pitre
;
paſſons au ſecond.
38[Figure 38]
12599DE M. BORELLI 39[Figure 39]
CHAPITRE II.
NOUVELLES
DEMONSTRATIONS
du
ſentiment d’Hérigone, de Stévin, &c.
Sur les propriétez des poids ſuspendus par
des
cordes.
AVEC QUELQUES PROPOSITIONS
de
M. Borelli renduës par la méthode du Projet
précédent
beaucoup plus générales qu’elles
ne
le peuvent être par la ſienne.
40[Figure 40]
AVER TISSEMENT.
LE Poids T étant ſoutenu par deux, ou pluſieurs puiſ-
ſances
R, S, &
c. Si des extrémitez G, H, & c. des
11ſig. 4.
5
.
parties CG, CH, &
c. de leurs cordes qui leur ſoient pro-
portionnelles
, on fait GP, HQ, &
c. perpendiculaires ſur
ſa
ligne de direction CD;
elles y déſigncront depuis leurs
points
de rencontre P, Q, &
c. juſqu’au point C ou cette
ligne
concourt avec ces cordes, certaines parties CP, CQ
&
c. d@nt nous parlerons ſouvent dans la ſuite; C’eſt pour-
quoy
nous leur allons donner des noms.
126100EXAMEN DE L’OPINION
Definition I.
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
Lorſque ces parties CP, CQ, & c. ſe trouveront
au-deſſus
du point C, nous les appellerons les ſublimitez
des
puiſſances qui les auront déterminées par leurs
proportionnelles
.
Definition II.
Et celles de ces lignes qui ſe trouveront au-deſſous
de
ce même point C, nous les appellerons les Pro-
fondeurs
de ces mêmes puiſſances.
Selon ces définitions C P eſt la Sublimité de la puiſſance R
dans
les fig.
4. & 5. CL eſt encore la Sublimité de la
puiſſance
S dans la fig.
4. Mais dans la fig. 5. CL eſt la
Profondeur
de cette mème puiſſance.
On avertit encore que lorſqu’on comparera à la ſublimi-
, ou à la profondeur de ces puiſſances, des parties de leurs
cordes
qui leur ſoient proportionnelles, on ne l’entendra pas
indiffèremment
de toutes les proportionnelles qu’on pouroit
leur
aſſigner;
mais ſeulement de celles qui déterminent les ſu-
blimitez
, ou les profondeurs en queſtion.
41[Figure 41]
PROPOSITION I.
LE poids T ſoutenu avec les cordes AC & BC par les
22ſig. 4.
5
.
6
.
7
.
puiſſances R &
S, & en équilibre avec elles, eſt tou-
jours
à chacune d’elles, comme la partie DC de ſa ligne de ái-
rection
, à chacun des còtez GC &
HC du parallelogramme
GH
, dont elle eſt diagonale.
42[Figure 42]
127101DE M. BORELLI.
Demonstrations.
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
. Voyez celle qu’on a donnée de cette même
propoſition
dans le Projet précédent.
. Voyez ci-aprés la Remarque qui ſuitle Corol-
laire
de la Prop.
3.
. Soient conçûs les leviers MC & NC placez
22fig. 4.
5
.
chacun en ligne droite avec chacune des directions
AC
&
BC des puiſſances R & S. De leurs points
d’appui
M &
N pris à diſcretion, ſoient tirées MF
&
NK perpendiculairement à ces mêmes lignes ré-
ciproquement
priſes, &
ML avec NO perpendicu-
laires
auſſi à la ligne de direction DCE de ce même
poids
.
Enfin de quelqu’un des points D de cette
même
ligne faite DH &
DG paralleles à AC & à
CB
.
Cela fait, il eſt clair que le levier CN, étant
(hyp.)
en ligne droite avec la ligne de dìrection CB
de
la puiſſance S, ſupplée néceſſairement tout l’effet
de
cette puiſſance;
& que par conſéquent la puiſ-
ſance
R pourroit ſuivant ſa même direction AC ſou-
tenir
ſeule le poids T avec ce levier ainſi placé, de
même
qu’elle le ſoutient préſentement avec la puiſ-
ſance
S.
Pour la même raiſon la puiſſance S pourroit
auſſi
le ſoutenir ſeule avec le levier CM, de même
qu’elle
le ſoutient préſentement avec la puiſſance
R
:
lepoids T eſt donc ſoutenu par le concours d’ac-
tion
des puiſſances R &
S, de même qu’il le ſeroit
par
la ſeule puiſſance R appliquée avec lui au levier
NC
, ou bien par la ſeule puiſſance S appliquée auſſi
avec
lui au levier CM.
Or dans le premier cas la
puiſſance
R ſeroit (Prop.
fond. des leviers Cor. 13. du
Projet
précéd.)
au poids T, comme NO à NK; c’eſt-
à-dire
, comme le ſinus de l’angle NCO, ou
128102EXAMEN DE L’OPINION DCH, à celui de l’angle NCK, ou de CHD. Et
11DES POIDS
foutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
dans le ſecond cas le poids T, pour la même raiſon,
ſeroit
à la puiſſance S, comme MF à ML;
c’eſt-à-dire
encore
, comme le ſinus de l’angle MCF, ou de CHD,
à
celui de l’angle MCL, ou de HDC:
Donc la puiſ-
ſance
R, le poids T, &
la puiſſance S, ſont entr’eux,
comme
les ſinus des angles DCH, CHD, &
HDC;
c’eſt-à-dire, ( Demm. 5. du Projet précéd.) comme les
lignes
DH, CD, &
CH: Le poids T eſt done à la
puiſſance
R, comme CD à DH, ou à CG;
& à la
puiſſance
S, comme la même CD à CH.
Ce qu’il faloit
démontrer
.
. Si au lieu des puiſſances R & S, les cordes AC
&
BC étoient attachees aux extrémitez de quelque le-
vier
AB, dont l’appui D fut dans la ligne direction de
22fig. 6.
7
.
DCE du poids T.
Il eſt clair qu’en quelque fitua-
tion
que ce levier ſe trouvât alors, (Lemm.
@. du
Projet
précéd.)
il y demeureroit, & que la charge de
ſon
point d’appui ſeroit alors égale au poids T.
Il
eſt
encore clair que les extrémitez A &
B de ce mê-
me
levier ſeroient auſſi tirées ſuivant AC &
BC,
chacune
avec une force égale à celle de la puiſſance
R
, ou S qu’elle ſupplée.
Or les forces avec leſquelles
les
points A &
B de ce levier ſeroient ainſi tirez ſui-
vant
AC &
BC, ſeroient entr’elles, ( Cor. 13. prop.
fond. des leviers du Projet précéd.) comme DF & DK
tirées
du point D perpendiculairement ſur BC &

AC
;
c’eſt-à-dire, en faiſant le parallelogramme GH,
comme
les ſinus des angles DCH &
CDH, ou
(Lemm.
5. du Proiet précéd.) comme les côtez DH &
HC
de ce parallelogramme.
Ces mêmes forces ſe-
roient
auſſi ( Cor.
4. Prop. fond. des leviers au Projet
précèd
.)
chacune à la charge du point d’appui D de
ce
levier, c’eſt-à-dire, au poids T, comme
129103DE M. BORELLI. ces de mêmes côtez à la diagonale DC: les forces
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
des puiſſances R &
S, c’eſt-à-dire, ces mêmes puiſ-
ſances
, elles-mêmes, ſont donc entr’elles, comme
DH
, ou GC &
HC; & au poids T, comme chacun
de
ces mêmes côtez du parallelogramme GH, à ſa
diagonale
DC.
Cequ’il faloit démontrer.
On pourroit encore démontrer cette mème Propoſition en
ſe
ſervant des plans inclinez, pourvû qu’on en prit un qui
fut
perpendiculaire à la direction de quelqu’une des deux
puiſſances
qui ſoutiennent ce poids:
Car cette puiſſance &
la
cbarge de ce plan alors égales, n’ayant qu’un mème
rapport
avec ce poids, non plus qu’avec l’autre puiſſance
qu’on
conſidére en ce cas comme le ſoutenant ſeule ſur ce plan;
on trouveroit par le Cor. 7. de la Prop. des Surfaces du
Projet
précédent, que ce poids eſt toujours à chacune de ces
puiſſances
, comme le ſinus de l’angle que leurs cordes font
entr’elles
, à chacun des ſinus des angles que font avec la
ligne
de direction de ce poids chacune de ces cordes récipro-
quement
priſes.
Tout cela eſt préſentement trop clair pour
s’y
arréter davantage.
Corollaire I.
On peut conclure généralement de ces démon-
22fig. 4.
5
.
6
.
7
.
ſtrations, ce que nous n’avons conclu ( chap.
1.) dela
68
.
Propoſition de M. Borelli, quepour les cas qu’elle
comprend
:
Sçavoir qu’il n’y en à aucun de poſſible,
ou
l’on puiſſe conſerver l’équilibre du poids T avec
les
puiſſances R &
S, en changeant le rapport qu’elles
ont
entr’elles, ou avec lui;
à moins qu’on ne change
en
même-tems l’inclinaiſon de leurs cordes:
non plus
qu’en
changeant l’inclinaiſon de ces cordes, ſans
changer
auſſi le rapport de ces mêmes puiſſances,
ou
entr’elles, ou avec ce poids:
parce que ſans cela
il
n’eſt pas poſſible de faire que chacun des côtez
130104EXAMEN DE L’OPINION& CG du parallelogramme GH, continuë d’être à ſa
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
diagonale DC, comme chacune des puiſſances R &
S
au
poids T;
ce qui doit cependant être, comme onle
vient
de voir, pour qu’elles faſſent équilibre avec lui.
On peut comparer ce Corollaire aux Scholies des Pro-
poſitions
68.
& 69. M. Borelli.
Corollaire II.
Il ſuit encore de ces démonſtrations que chacune
des
puiſſances R &
S eſt au poids T, comme chacune
22fig. 4.
5
.
des parties GC &
HC de leurs cordes, qui leurs ſont
proportionelles
, à la ſomme ( fig.
4.) de leurs ſublimi-
tez
, ou à la difference (fig.
5.) quieſt entre la ſublimité
de
l’une &
la profondeur de l’autre: parce que dans
le
parallelogramme GH les angles GCD &
CDH
étant
égaux, auſſi-bien que les lignes GC &
DH;
de plus les angles qui ſe font en P & en Q, étant auſſi
(avert.)
égaux, les triangles GPC & HQD ſont
non
ſeulement ſemblables, mais encore leurs côtez
CP
&
DQ ſont égaux: Donc (fig. 4.) CP plus CQ
eſt
égal à DQ plus CQ, &
( fig. 5.) CP moins CQ
ſera
auſſi égal à DQ moins CQ.
Or ( fig. 4.) DQ
plus
CQ eſt égal à CD, de même (fig.
5.) que
DQ
moins CQ:
Donc ( fig. 4.) CP plus CQ eſt égal
à
CD, auſſi-bien (fig.
5.) que CP moins CQ. Or
ſelon
les démonſtrations précédentes chacune des
puiſſances
R &
S eſt au poids T, comme chacune de
leurs
proportionelles CG &
HC à CD: Donc cha-
cune
de ces mêmes puiſſances eſt à ce poids, comme
chacune
de ces mêmes proportionelles à CP ( fig.
4.)
plus
CQ, ou (fig.
5.) à CP moins CQ; c’eſt-à-dire,
(Def.
1. & 2.) à la ſomme ( fig. 4.) de leurs ſublimitez,
ou
bien ( fig.
5.) à la différence qui eſt entre la ſublimi-
de l’une &
la profondeur de l’autre.
131105DE M. BORELLI.
Corollaire III.
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
D’où l’on voit que la ſomme des deux puiſſances
qui
ſoutiennent un poids avec des cordes, eſt tou-
jours
à ce poids, comme la ſomme des longueurs de
leurs
cordes, qui leur ſont proportionelles, à la ſomme
de
leurs ſublimitez, ou à la différence qui eſt entre de
la
ſublimité de l’une &
la profondeur de l’autre.
On peut comparer encore ces deux derniers Corollaires à la
69
.
Prop. de M. Borelli, & au Corollaire qu’il entire.
43[Figure 43]
PROPOSITION II.
DE quelque maniére qu’un poids T ſoit ſoutenu avee
22fig. 2. des cordes par quelque nombre de puiſſances A, B, D,
E
, F, &
c. que ce ſoit, appliquèes à un même nœud C; ſi l’ on
prend
ſur leurs cordes autant de parties CG, CR, CM, CN,
CP
, &
c. qui leurs ſoient proportionelles, & que ſous deux
de
ces parties, par exemple, ſous GC &
RC, l’on faſſe un
parallelogramme
RG, dont la diagonale CH faſſe encore
avecune
autre de ces parties CM le parallelogramme HM,
dont
la diagonale CL faſſe encore avec une autre de ces
parties
CN le parallelogramme LN, dont la diagonale
CQ
faſſe encore avec une autre de ces parties CP le paral-
lelogramme
PQ, &
ainſi juſqu’à la derniére de ces propor-
tionelles
.
On verra . Que la diagonale du dernier de ces
parallelogrammes
, qui eſt ici CK, ſera dans la ligne de di-
rection
du poids T.
. Et que chacune de ces puiſſances ſera
à
ce poids, comme chacune de ces proportionelles, ſelon qu’el-
les
leurs répoudent, eſt à cette même diagonale.
Demonstration.
. Puiſque ( hyp.) la puiſſance A eſt à la
132106EXAMEN DE L’OPINION ſance B, comme CG à CR, il réſultera (Lemm. 3. du
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſcu-
lement
.
Projet précèd.)
de leur concours d’action ſur le point
C
, un@ impreſſion compoſée ſuivant CH, d’une force
qui
ſera (Cor.
3. du même Lemm.) à chacune de ces
puiſſances
, comme CH à chacune des lignes CG &

CR
qui les répreſentent:
l’impreſſion, que font en-
ſemble
ces deux puiſſances ſur le point C, eſt donc
la
même que celle que feroit ſeule ſur ce même point
quelque
nouvelle puiſſance qui, lui étant appliquée
ſuivant
CH, au lieu d’elles, leur ſeroit à chacune,
comme
CH à chacune des lignes CG &
CR: & par
conſèquent
les 3.
puiſſances A, B, D, doivent faire
enſemble
la même impreſſion ſur le point C que cette
nouvelle
puiſſance ( je l’appelle H ) feroit alors avec
la
puiſſance D.
Or (Lemm 3. du Projet précéd.) l’im-
preſſion
qui réſulteroit alors du concours d’action
des
puiſſances D &
H ſur le point C, ſe feroit ſui-
vant
CL, d’une force qui ſeroit (Cor.
3. du même
Lemm
.)
à celle de la puiſſance D, comme CL à CM:
Donc l’impreſſion compoſée qui réſulte du concours
d’action
des 3.
puiſſances A, B, D, ſur le point C,
ſe
fait en effet ſuivant CL, d’une force qui eſt à
celle
de la puiſſance D, comme CL à CM:
elles ne
font
donc toutes trois enſemble ſur ce point que la
même
impreſſion que feroit ſeule quelqu’autre puiſ-
ſance
(je l’appelle L) qui appliquée ſuivant CL, au
lieu
de ces trois, ſeroit à la puiſſance D, comme CL
à
CM:
& par conſéquent les 4. puiſſances A, B, D, E,
ne
doivent faire ſur le point C que la même impreſ-
ſion
que feroit alors la puiſſance L avec la puiſſance
E
.
Or (Lemm. 3. du Projet Projet précéd.) l’impreſſion qui
réſulteroit
alors du concours d’action de ces deux
dernieres
puiſſances ſur le point C, ſe feroit ſuivant
CQ
, d’une force qui ſeroit ( Cor.
3. du même Lemm.)
à
celle de la puiſſance E, comme CQ à CN:
133107DE M. BORELLI. l’impreſſion compoſée qui réſulte du concours d’ac-
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
tion des 4.
puiſſances A, B, D, E, ſur le point C,
ſe
fait en effet ſuivant la ligne CQ, d’une force qui
eſt
à celle de la puiſſance E, comme CQ à CN.
On
prouvera
de même que l’impreſſion compoſée qui
réſulte
du concours d’action des 5.
puiſſances A, B,
D
, E, F, ſe fait auſſi ſuivant CK, d’une force qui
eſt
à la puiſſance F, comme CK à CP.
Et ainſi tou-
jours
de même juſqu’à la derniére des puiſſances
appliquées
à ce poids:
D’où il ſuit que l’impreſſion
compoſée
qui réſulte du concours d’action de toutes
ces
puiſſances ſur le point C, en quelque nombre
qu’elles
ſoient, ſe fait toujours ſuivant la diagonale
du
dernier des parallelogrammes faits comme l’on
vient
de dire, c’eſt-à-dire ici, ſuivant CK:
& par
conſéquent
(n.
2. Demonſt. Prop. fond. des poids ſoutenus
par
des cordes du Projet précéd.)
cette diagonale eſt
toujours
en ligne droite avec CT, c’eſt-à-dire, dans
la
ligne de direction du poids T.
Ce qu’il faloit dé-
montrer
.
. On vient de voir que le poids T eſt ſoutenu
par
les puiſſances A, B, D, E, F, &
c. De même qu’il
le
ſeroit, par exemple ici, par la puiſſance F aidée
d’une
autre appliquée ſuivant CQ, à qui elle ſeroit
comme
CP à CQ ( les directions de toutes demeu-
rant
toujours les mêmes):
Donc (prop. 1.) la puiſ-
ſance
F eſt au poids T, comme CP à CK.
Or ( hyp.)
la puiſſance F eſt à chacune des puiſſances E, D, B, A,
&
c. comme CP à chacune des parties de leurs cordes,
CN
, CM, CR, CG, &
c. Donc chacune de ces
puiſſances
eſt au poids T, comme chacune de ces
proportionelles
, ſelon qu’elles leurs répondent, eſt à la
diagonale
CK.
Ce qu’on vient de dire de la puiſſance
F
, ſe prouvera de même de toute autre dont la
134108EXAMEN DE L’OPINION portionelle feroit un des côtez du parallelogramme
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cord@s ſeu-
lement
.
qu’on vient de démontrer avoir toujours ſa diago-
nale
, comme ici CK, dans la ligne de direction du
poids
T:
Ainſi en général de quelque maniére qu’un
poids
ſoit ſoutenu avec des cordes par quelque nom-
bre
de puiſſances que ce ſoit, appliquées à un même
nœud
, chacune de ces puiſſances eſt toujours à ce
poids
, comme chacune de leurs proportionelles qui
ſervent
de côtez aux parallelogrammes dont il eſt ici
queſtion
, eſt à la diagonale du dernier, qu’on vient
de
voir ſe trouver toujours dans ſa ligne de direction.
Ce qu’il faloit démontrer.
Corollaire.
D’où l’on voit que toutes ces puiſſances priſes
enſemble
ſont toujours au poids T qu’elles ſoutien-
nent
, comme la ſomme de leurs proportionelles CG,
CR
, CM, CN, CP, &
c. à la diagonale du paralle-
logramme
qu’on vient de démontrer (n.
1.) ſe trou-
ver
toujours dans la ligne de direction de ce poids:
De ſorte que, lorſque toutes ces puiſſances ſont éga-
les
entr’elles, ces mêmes proportionelles l’étant auſſi,
la
ſomme de toutes ces puiſſances eſt à ce poids, com-
me
une de ces proportionelles à une partie de cette
diagonale
diviſée en autant d’égales qu’il y a de telles
puiſſances
;
c’eſt-à-dire ici, comme laquelle que ce
ſoit
, des lignes CG, CR, CM, CN, CP, à {1/5} de
CK
.
Pour exprimer le raport que nous venons de trouver
entre
ce poids &
les puiſſances qui le ſoutiennent, d’une
maniére
qui en rende le calcul plus facile, ſoit le Lemme
ſuivant
.
44[Figure 44]
135109DE M. BORELLI.11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſcu-
lement
.
45[Figure 45]
LEMME.
DE quelque maniére que la ligne droite CP paſſe par
22fig. 9.
10
.
11
.
12
.
13
.
14
.
15
.
16
.
une des pointes C du parallelogramme IE, ſi des trois
autres
pointes G, I, E, on tire ſur la même CP les trois
perpendiculaires
GL, IP, VE:
ſa partie CL compriſe
entre
le point C, &
la perpendiculaire GL qui part de la
pointe
G qui lui eſt oppoſée, eſt toujours égale à la ſomme de
ſes
deux autres parties CP &
CV compriſes entre ce même
point
C &
les perpendiculaires IP & EV, lors que ces
deux
perpendiculaires tombent du même côté de C;
ou à la
diffèrence
de ces deux parties, lors que ces deux perpendiculaires
tombent
de différens côtez.
Demonstration.
Joignez IE & GC qui ſe coupent par la moitié
l’une
&
l’autre en K, & apres avoir fait QK perpen-
diculaire
à CP, concevez un plan qui paſſe par QK,
à
qui CP ſoit perpendiculaire, &
ſur lequel des
points
I &
E, tombent auſſi perpendiculairement
IM
, &
EN; Enfin joignez QM & QN. Cela fait,
ſoit
que QK, QM, &
QN, ſe confondent en une
ſeule
ligne, ſoit qu’elles en faſſent trois différentes,
il
eſt clair que puis que les lignes IM, PQ, NE, &

VQ
, ſont toutes (Hyp.)
perpendiculaires à ce plan,
elles
ſont auſſi toutes paralleles entr’elles;
& par
conſéquent
.
IM & PQ ſont dans un même plan
avec
PI &
QM: Ainſi les angles en M, Q, & P,
étant
(hyp) droits, MP ſera un parallelogramme.
On prouvera de même que VN eſt auſſi un paralle-
logramme
:
Donc IM eſt égale à PQ, & EN égale
à
VQ.
. De ce que IM & EN ſont paralleles
136110EXAMEN DE L’OPINION tr’elles, il ſuit auſſi que les angles MIK & NEK
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
ſont égaux;
& par conſéquent, ſi l’on joint KM &
KN
, les angles en M &
en N étant (hyp.) égaux,
auſſi-bien
que les lignes IK &
KE, les triangles IMK
&
ENK ſeront non ſeulement ſemblables, mais en-
core
IM ſera égale à EN.
Or on vient de voir (n. 1.)
que IM eſt égale à PQ, & EN égale à VQ:
Donc
PQ eſt égale à VQ:
Donc (fig. 9. 11. 12. 13.
&
14.) CP plus CV, ou ( fig. 10. 14. 15. & 16.)
CP
moins CV, eſt égal à deux fois CQ.
Or à cauſe
que
les triangles CGL, &
CKQ ſont ſemblables, &
que
CG eſt double de CK;
CL ſera auſſi double de
CQ
:
Donc (fig. 9. 11. 12. 13. & 14.) CP plus CV,
ou
(fig.
10. 14. 16. & 16.) CP moins CV, eſt égale
à
CL.
Ce qu’il faloit dèmontrer.
46[Figure 46]
PROPOSITION III.
T Outes choſes étant les mèmes que dans la propoſition
22fig. 8.
17
.
précédente, on trouvera préſentement que chacune des
puiſſances
A, B, D, E, F, &
c. eſt au poids T qu’elles
ſoutiennent
, comme chacune de leurs proportionelles CG, CR,
CM
, CN, CP, &
c. à la ſomme de leurs ſublimitez moins
celle
de leurs profondeurs.
Demonstration.
De toutes les pointes des parallelogrammes GR,
33fig. 8. HM, LN, QP, &
c. tirez Gg, Hh, Rr, Ll, Mm, Qq,
Nn
, Pp, &
c. perpendiculairement ſur la ligne de di-
rection
du poids T, prolongée indéfiniment de part
&
d’autre. Cela fait, vous trouverez par le Lemme
précédent
.
. Ch = Cg Cr. . Cl = Cm -
Ch
:
Donc Cl = Cm - Cg + Cr. . Cq
137111DE M. BORELLI. Cl + Cn: Donc Cq = Cm - Cg + Cr + Cn.
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
.
Ck = Cq - Cp: Donc Ck = Cm - Cg +
Cr
+ Cn - Cp.
Enfin continuant toujours ainſi
juſqu’à
la diagonale qui ſetrouve toujours ( Prop.
2.)
dans la ligne de ditection du poids T, on trouvera
de
même que cette diagonale eſt toujours égale à
Cm
- Cg + Cr + Cn - Cp ± &
c. Or on vient
de
voir ( Prop.
2.) que chacune des puiſſances A, B,
D
, E, F, &
c. eſt auſſi toujours au poids T qu’elles
ſoutiennent
, comme chacune de leurs proportio-
nelles
CG, CR, CM, CN, CP, &
c. à cette même
diagonale
:
Donc chacune de ces puiſſances eſt à ce
poids
, comme chacune de ces proportionelles à Cm +
Cr
+ Cn - Cg - Cp ± &
c. C’eſt-à-dire, ( Def.
1
.
& 2.) à la ſomme de leurs ſublimitez Cm, Cr,
Cn
, &
c. moins la ſomme de leurs profondeurs Cg,
Cp
, &
c. D’où l’on voit en général, que de qu@lque
maniére
qu’un poids ſoit ſoutenu avec des cordes
par
quelque nombre de puiſſances que ce ſoit, appli-
quées
à un même nœud, chacune de ces puiſſances
eſt
toujours à ce poids, comme chacune de leurs pro-
portionelles
, à la ſomme de leurs ſublimitez moins
celle
de leurs profondeurs.
Ce qu’il faloit démon-
trer
.
Autre Demonstration.
Soient encore les lignes CG, CR, CM, CN, CP,
&
c. proportionelles aux puiſſances A, B, D, E, F,
22fig. 17.&
c. proportionelles aux puiſſances A, B, D, E, F,
&
c. concevez par le point C, elles ſe communi-
quent
, un plan horizontal OH, c’eſt-à-dire, per-
pendiculaire
à la ligne de direction du poids T;
tirez
enſuite
des extrémitez de ces proportionelles G, R,
M
, N, P, &
c. autant de perpendiculaires ſur le
plan
OH, &
ſur la ligne de direction du poids T
indéfiniment
prolongée de part &
d’™autre: en
138112EXAMEN DE L’OPINION depuis C ſur le plan OH autant de lignes CH, CQ,
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
CL, CO, CK, &
c. qui joignent ce point avec les
perpendiculaires
qui tombent ſur ce plan, on aura
autant
de parallelogrammes rectangles Hg, Qr, Lm,
On
, Kp, &
c. qui exprimeront ( Lemm 3. Cor. 2. du
Projet
précédent) que chacune de ces puiſſances, par
exemple
la puiſſance A, fait la même impreſſion ſur le
point
C, que feroient deux autres puiſſances appliquées
à
ce point, l’une ſuivant CH, &
l’autre ſuivant Cg, à
chacune
deſquelles celle-ci ſeroit comme @G à cha-
cune
de ces mêmes lignes:
Le point C eſt donc tiré
vers
bas ſuivant la ligne de direction du poids T par
la
puiſſance A, d’une force (Cor.
3. du même Lemm)
à
qui cette puiſſance eſt comme CG à C@.
Pour la
même
raiſon, il eſt encore tiré ſuivant la ligne de di-
rection
de même poids, .
Vers bas, par la puiſſance
F
, d’une force à qui elle eſt comme CP à Cp;
& c.
. Vers haut, par la puiſſance B, d’une force à qui
elle
eſt comme CR à Cr;
par la puiſſance D, d’une
force
à qui elle eſt comme CM à Cm;
par la puiſſance
E
, d’une force à qui elle eſt, comme CN à Cn;
& c.
Or
(hyp.)
la puiſſance A eſt à chacune des puiſſances
B
, D, E, F, &
c. comme ſa proportionelle CG à cha-
cune
des leurs CR, CM, CN, CP, &
c. Donc la
puiſſance
A eſt à chacune des forces avec leſquelles
le
point C eſt tiré ſuivant la ligne de direction du
poids
T, .
Vers bas par les puiſſances A, F,
&
c. comme CG à chacune de leurs profondeurs
Cg
, Cp, &
c. . Vers haut par les puiſſances
B
, D, E, &
c. comme la même CG à chacune de
leurs
ſublimitez Cr, Cm, Cn, &
c. Donc cette
même
puiſſance A eſt à la ſomme de toutes les forces
avec
leſquelles le point C eſt tiré ſuivant la ligne de
direction
du poids T, .
Vers bas par les puiſſances
A
, F, &
c. comme ſa proportionelle CG à la
139113DE M. BORELLI. de leurs profondeurs Cg, Cp, & c. . Vers haut
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
par les puiſſances B, D, E, &
c. comme la même CG
à
la ſomme de leurs ſublimitez Cr, Cm, Cn, &
c.
Or la ſomme faite de la peſanteur de ce poids, &
des
forces avec leſquelles le point C eſt tiré vers
bas
ſuivant la ligne de direction de ce même poids
par
les puiſſances A, F, &
c. étant diamétralement
oppoſée
à la ſomme de celles avec leſquelles ce même
point
eſt tiré en même-tems vers haut ſuivant cette
même
ligne par les puiſſances B, D, E, &
c. & au-
cune
de ces deux ſommes de forces ne l’emportant
ſur
l’autre;
puiſque (hyp.) le poids T ne monte n’y
deſcend
:
c’eſt une conſéquence néceſſaire qu’elles
ſoient
égales:
Donc la puiſſance A eſt non ſeulement
à
la ſomme des forces avec leſquelles le point C eſt
tiré
vers bas, ſuivant la ligne de direction du poids
T
par les puiſſances A, F, &
c. comme ſa propor-
tionelle
CG à la ſomme de leurs profondeurs Cg,
Cp
, &
c. Mais auſſi à la ſomme faite de cette pre-
miére
&
de la peſanteur de ce même poids, comme
la
même CG à la ſomme des ſublimitez Cr, Cm,
Cn
, &
c. des puiſſances B, D, E, & c. Donc la puiſ-
ſance
A eſt à cette derniére ſomme moins la pre-
miére
;
c’eſt-à-dire, à la peſanteur ſeule du poids
T
, à ce poids lui - même, comme ſa proportio-
nelle
CG à la ſomme des ſublimitez Cr, Cm, Cn,
&
c. moins la ſomme des profondeurs Cg, Cp, & c.
Or
( Hyp.)
chacune des puiſſances B, D, E, F,
&
c. eſt à la puiſſance A, comme chacune de leurs
proportionelles
CR, CM, CN, CP, &
c. à ſa pro-
portionelle
CG:
Donc chacune des puiſſances A,
B
, D, E, F, &
c. eſt au poids T qu’elles ſoutien-
nent
, comme chacune de leurs proportionelles à la
ſomme
de leurs ſublimitez moins celle de leurs pro-
fondeurs
.
Ce qu’il faloit démontrer.
140114EXAMEN DE L’OPINION
Corollaire.
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
On voit préſentement en général que la ſomme
de
toutes les puiſſances qui ſoutiennent un poids
avec
des cordes qui ſe tiennent par un même nœud,
en
quelque nombre qu’elles ſoient, quelque pro-
portion
qu’elles ayent entr’elles, &
de quelque ma-
niére
qu’elles lui ſoient appliquées;
eſt toujours à
ce
poids, comme la ſomme des parties de leurs cor-
des
qui leurs ſont (Chap.
2. Avert ) proportionelles,
à
la ſomme de leurs ſublimitez moins celle de leurs
profondeurs
.
On peut comparer tout ceci avec les Propoſitions 70. 73.
74. de M. Borelli, & on verra non ſeulement qu’elles ſont
tres-limitées
;
mais encore qu’avec ſa méthode on ne peut pas
aller
ſi loin.
Remarque.
En faiſant la ſeconde des deux démonſtrations
précédentes
, il m’en eſt encore venu une de la pre-
miére
Propoſition:
la voici.
Le poids T étant donc ſoutenu avec des cordes par deux
puiſſances
R &
S; des angles G & H du parallelogramme
22fig. 18.
19
.
GH, dont la diagonale CD fait partie de la ligne de di-
rection
de ce poids, ſoient faites GM &
HN paralleles à
cette
diagonale, &
perpendiculaires à MCN; achevez
les
parallelogrammes MP &
NQ. Cela fait, vous trou-
verez
encore de la maniére que nous avons fait la ſeconde
des
deux démonſtrations précédentes, que le poids T eſt aux
puiſſances
R &
S, comme la partie CD de ſa ligne de di-
rection
aux parties CG &
CH de leurs cordes, qui font
les
côtez du parallelogramme GH, dont elle eſt diagonale.
141115DE M. BORELLI.
Car (Cor. 2. Lem. 3. du Projet précéd.) la puiſſance
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
R fait ſur le point C la même impreſſion que fe-
roient
deux autres puiſſances appliquées à ce point,
l’une
ſuivant CP, &
l’autre ſuivant CM, à chacune
deſquelles
celle-ci ſeroit, comme CG à chacune de
ces
lignes:
Le point C reçoit donc en même - tems
deux
impreſſions différentes de la puiſſance R, l’une
ſuivant
CP, d’une force qui eſt à celle de cette puiſ-
ſance
, (Cor.
3. du même Lemm.) comme CP à CG, &
l’autre
ſuivant CM, d’une force qui eſt auſſi (par le
mème
Cor.)
à celle de cette même puiſſance, comme CM
à
CG.
Pour la même raiſon ce même point C reçoit
encore
en même - tems deux impreſſions différentes
de
la puiſſance S, l’une ſuivant CQ, d’une force
qui
eſt à celle de cette puiſſance, comme CQ à CH;
&
l’autre
ſuivant CN, d’une force qui eſt auſſi à celle de
cette
même puiſſance, comme CN à CH.
Or . La
force
de l’impreſſion que reçoit le point C de la puiſ-
ſance
R ſuivant CM, eſt égale à celle qu’il reçoit
en
même - tems de la puiſſance S ſuivant CN;
puis
qu’elles
ſont diamétralement oppoſées, &
qu’aucu-
ne
des deux (byp.)
ne ſurmonte l’autre: La force
de
la puiſſance R eſt donc à celle de l’impreſſion que
reçoit
le point C de la puiſſance S ſuivant CN, com-
me
CG à CM.
Or CM eſt égale à CN; puis que
les
triangles GPD &
HQC ſemblables, & GD
égale
à CH rendent GP égale à HQ;
& que les
parallelogrammes
MP &
NQ rendent auſſi GP
égale
à CM, &
HQ égale à CN: Donc la puiſſance
R
eſt à la force de l’impreſſion que le point C reçoit
de
la puiſſance S ſuivant CN, comme CG à CN.
Or on vient de voir que la force de cette même im-
preſſion
eſt à la puiſſance S, comme CN à CH:

Donc
la puiſſance R eſt à la puiſſance S, comme
CG
à CH:
. On vient de voir auſſi que la
142116EXAMEN DE L’OPINION ce S eſt à la force de l’impreſſion qu’elle fait ſur le
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
point C ſuivant CQ, comme CH à CQ:
Donc la
puiſſance
R eſt auſſi à la force de cette même im-
preſſion
, comme CG à CQ;
c’eſt - à - dire, comme
CG
à DP;
puis que les triangles GPD & HQC
ſemblables
, &
GD égale à CH, rendent DP égale
à
CQ.
On vient de voir encore que cette même
puiſſance
R eſt à la force de l’impreſſion qu’elle fait
ſur
ce même point C ſuivant CP, comme CG à CP:
Donc la puiſſance R eſt à la ſomme, à la diffé-
rence
des forces de ces deux impreſſions faites ſur
le
point C ſuivant CP &
CQ, par elle & par la puiſ-
ſance
S, comme CG à la ſomme, à la différence
de
ces deux lignes.
Or (fig. 18.) la ſomme de ces
deux
lignes, (fig.
19.) leur différence, eſt égale
à
la diagonale CD du parallelogramme GH;
&
(fig.
18.) la ſomme, (fig. 19.) la différence des
forces
de ces deux impreſſions, eſt auſſi égale au
poids
T:
Donc la puiſſance R eſt au poids T, com-
me
CG à CD:
On vient de démontrer (n. 1.) que
cettemême
puiſſance R eſt auſſi à la puiſſance S, com-
me
CG à CH:
Donc les puiſſances R & S, & le
poids
T ſont entr’eux , comme les lignes CG, CH,
&
CD: & par conſéquent ce poids eſt à chacune
d’elles
, comme la partie CD de ſa ligne de direction
à
chacune des parties de leurs cordes, qui font les
côtez
du parallelogramme GH, dont elle eſt diago-
nale
.
Ce qu’il faloit démontrer.
On voit de-là, que ſi par le point C ſe com-
muniquent
les deux cordes qui ſoutiennent quel-
que
poids que ce ſoit, on fait MN perpendiculaire à
la
ligne de direction de ce poids, &
qu’aprés avoir pris
de
part &
d’autre ſur cette ligne CM & CN ègales en-
tr’elles
, on faſſe aux points M &
N les
143117DE M. BORELLI. MG & NH qui rencontrent auxpoints G & H les
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
cordes des puiſſances qui ſoutiennent ce poids:
elles
en
détermineront des parties CG, CH, qui ſeront
toujours
proportionelles à ces mêmes puiſſances.
Si M. Borelli eut fait rèflèxion que les puiſſances R &
S
n’agiſſent pas ſeulement contre le poids T, mais auſſi
l’une
contre l’autre ;
& que de même qu’elles concourent en-
ſemble
pour empêcber que ce poids n’attire à lui (fig.
18.)
le nœud C, de même auſſi cbacune d’elles concourt avec
lui
pour empêcber que l’autre ne l’emporte.
Si, - je, il avoit
fait
cette rèfléxion, il auroit ſans doute que chacune.
de
ces
puiſſances fait impreſſion ſur ce nœud, non ſeulement
ſuivant
la direction du poids qu’elles ſoutiennent, pour le
tenir
toujours à même hauteur;
mais auſſi ſuivant l’hori-
zontale
MCN, pour empêcher qu’aucune d’elles ne l’attire
n’y
à droit, n’y à gaucbe:
D' il auroit infailliblement conclu
que
ces impreſſions horizontales, ètant diamétralement
oppoſées
, doivent toujours être égales.
De-là voyant qu’el-
les
augmentent, diminuent néceſſairement à meſure que
les
angles que font les cordes de ces puiſſances avec la ligne
de
direction du poids qu’elles ſoutiennent, s’aprochent,
s’éloignent
de l’angle droit, il auroit enfin aperçû l’impoſſibi-
litè
de faire, finon aucun, du moins un tel changement à leurs
d
.
rections ſans en rompre l’équilibre.
@e dis ſinon aucun changement, parce qu’il a été
démontré
(Cor.
1. Prop. 1.) qu’il n’eſt pas poſſible d’y
en
faire aucun ſans rompre l’équilibre qui eſt (hyp.)
entre
ces
puiſſances, &
le poids qu’elles ſoutiennent. Nous
l’avons
même conclu (Chap.
1.) de la 68. Prop. d’où cet
Autheur
tire un ſcbolie tout contraire par un raiſonnement dont
le
défaut eſt préſentement aiſé à découvrir;
Voyez-le.
Sur ce qu’on vient de dire de l’uſage des impreſſions
144118EXAMEN DE L’OPINION zontales que font ſur le nœud C (fig. 18. & 19.) les puiſſan-
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
ces R &
S, il eſt aiſé de juger de celui des impreſſions ſem-
blables
que font auſſi ſur le nœud C de leurs cordes ſuivant
le
plan OH (fig.
17.) les puiſſances A, B, D, E, F,
&
C. auſſi ne s’y arrêtera-t-on pas davantage.
47[Figure 47]
PROPOSITION IV.
DE quelque maniére qu’un poids ſoit ſoutenu avec des
cordes
par quelque nombre de puiſſances que ce ſoit,
appliquées
à tant de nœuds qu’on voudra;
chacune d’elles eſt
toujours
à ce poids en raiſon compoſée d’autant d’autres raiſons
qu’il
y a de nœuds entre cette puiſſance &
ce poids: Sçavoir
par
chaque nœud, de la raiſon qui eſt entre la proportionelle
à
la force dont ce nœud eſt tiré ſuivant la corde qui lui donne
communication
avec cette puiſſance, &
la ſomme des ſu-
blimitez
moins celle des profondeurs de toutes les forces dont
les
branches dans leſquelles ce même nœud ſe diviſe, ſont
tirèes
chacune ſuivant ſa direction contre la réſiſtance qui leur
vient
par la corde de communication de lui à ce poids.
Demonstration.
Soit le poids T dont la corde C p ſe diviſe en tant
22fig. 20. de branches CZ, CX, CY, , &
c. qu’on vou-
dra
, dont celles qu’on voudra, ſe diviſent encore
en
pluſieurs branches, &
celles qu’on voudra encore
de
celles-ci en pluſieurs autres de la maniére qu’on
voit
ici;
& toujours de même juſqu’auſſi loin qu’on
voudra
.
Commencez au premier nœud C à marquer
ſur
les branches CZ, XC, YC, , &
c. des parties
CM
, CN, CP, , &
c. qui ſoient entr’elles com-
me
les forces avec leſquelles ces cordes ſont tirées
chacune
ſuivant ſa direction.
Faites - en autant
145119DE M. BORELLI les branches dans leſquelles celles-ci ſe ſubdiviſent;
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
&
toujours de même juſqu’aux derniéres auſquelles
les
puiſſances A, E, D, B, F, G, H, I, K, φ, &
c.
ſont appliquées. Cela fait, aprés avoir marqué des
extrémitez
de toutes ces proportionelles (Avertiſſ.

Chap
.
2.) les ſublimitez & les profondeurs de toutes
ces
forces, on trouvera que chacune de ces puiſ-
ſances
, par exemple, la puiſſance D eſt toujours à
ce
poids en raiſon compoſée d’autant d’autres rai-
ſons
telles que cette propoſition porte, qu’il y a de
nœuds
entre cette puiſſance &
lui: Car . La puiſ-
ſance
D étant (hyp) à la puiſſance E, comme O S
à
OV.
, elle eſt auſſi (Prop. 3.) à la force dont le
nœud
O leur réſiſte ſuivant OZ, comme OS à la
ſomme
de leurs ſublimitez O ſ &
O u. . Cette
même
force étant auſſi (hyp.)
aux puiſſances A & B,
comme
ZR à ZL &
ZQ, elle eſt de méme (Prop.
3
.)
à la réſiſtance que leur fait le nœud Z ſuivant
Z
C, comme Z R à la ſomme des ſublimitez Z r &

Z
q moins la profondeur Z l.
. Enfin la valeur
de
cette réſiſtance étant encore (hyp.)
aux forces
dont
le nœud C eſt tiré ſuivant C X, C Y, C φ.
& c.
comme
CM à CN, CP, C θ, &
c. elle eſt auſſi
(Prop.
3.) au poids T, comme CM à la ſomme des
ſublimitez
C m, C n, &
c. moins celle des profondeurs
, C p, &
c. Donc en multipliant par ordre ces
trois
rangées de proportionelles, la puiſſance D ſe
trouvera
au poids T, comme le produit fait des
trois
antécédens OS, ZR, &
CM, au produit fait
de
leur trois conſéquens Oſ + Ou, Zr + Zq -
Zl
, &
Cm + Cn - Cp - . C’eſt - à - dire, en
raiſon
compoſée des trois raiſons de OS à Oſ +
Ou
, de Z R à Zr + Zq - Zl, &
de CM à Cm +
Cn
- Cp - , qu’on voit telles que cette pro-
poſition
porte.
Or il n’y a en eſfet que trois
146120EXAMEN DE L’OPINION O, Z, & C, entre cette puiſſance & ce poids: Donc
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
la puiſſance D eſt au poids T en raiſon compoſée
d’autant
d’autres raiſons telles que cette propoſition
porte
, qu’il y a de nœuds entre cette puiſſance &

ce
poids.
On prouvera de même que la puiſſance A
eſt
à ce poids en raiſon compoſée de ZL à Z r +
Z
q - Zl, &
de CM à C m + C n - C p - C λ.
On trouvera encore de même que la puiſſance F
eſt
à ce même poids en raiſon compoſée de X β à
X
b + X f, &
de CN à C m + C n - C p - C λ;
&
ainſi de toutes les autres puiſſances, en quelque
nombre
qu’elles ſoient, de quelque maniére, &
à
quelque
nombre de nœuds qu’elles ſoient appli-
quées
.
D’où l’on voit en général, que de quelque
maniére
qu’un poids ſoit ſoutenu avec des cordes
par
quelque nombre de puiſſances que ce ſoit, ap-
pliquées
à tant de nœuds qu’on voudra, chacune
d’elles
eſt toujours à ce poids en raiſon compoſée
d’autant
d’autres telles que cette propoſition porte,
qu’il
y a de nœuds entre cette puiſſance &
ce poids.
Ce
qu’il faloit démontrer.
Corollaire I.
On voit qu’en prenant ZR égale à O ſ + O u,
avec
ZL &
ZQ à ZR en même proportion qu’elles
ſont
ici;
de plus CM égale à Zq + Zr - Zl,
avec
CN, CP, , &
c. auſſi à CM en même
proportion
qu’elles ſont ici;
la puiſſance D ſera au
poids
T, comme OS à Cm + Cn - - Cp ±
&
c. c’eſt-à-dire, comme ſa proportionelle à la ſomme
des
ſublimitez moins celle des profondeurs des for-
ces
avec leſquelles les branches du premier nœud
C
ſont tirées chacune ſuivant ſa direction.
Il en faut
penſer
autant de toutes les autres puiſſances appli-
quées
au poids T, ſoit de prés, ſoit de loin.
147121DE M. BORELLI.
On peut comparer cette propoſition avec ce Corollaire à la
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
propoſition 78.
de M. Borelli.
Corollaire II.
Lors qu’un poids attaché à une corde qui a plu-
22fig. 21.
22
.
ſieurs nœuds par chacun deſquels, entre toutes
les
branches qui en naiſſent, il n’y en a qu’une qui
ſe
ſubdiviſe en d’autres branches:
lors dî-je que le
poids
T attaché à une telle corde, eſt ſoutenu par
pluſieurs
puiſſances Y, X, S, R, V, Z, &
c. telle-
ment
appliquées aux derniéres de ces branches que
tous
les nœuds F, E, C, &
c. d’où elles naiſſent, ſe
trouvent
dans la ligne de direction de ce poids;
chacune de ces puiſſances, en quelque nombre qu’el-
les
ſoient, eſt toujours à ce poids, comme la pro-
portionelle
de cette même puiſſance à la ſomme des
ſublimitez
moins celle des profondeurs de tout ce
qu’il
y en a d’appliquées à ce même poids:
car ſi l’on
prend
ſur les branches de chaque nœud des parties
OF
, EI, CB, CA, EH, FK, FN, EM, &
c.
proportionelles
aux forces avec leſquelles chacune
d’elles
eſt tirée ſuivant ſa direction, &
que des ex-
trémitez
de ces mêmes parties on marque (avert.

Chap
.
2.) leurs ſublimitez avec leurs profondeurs;
on
trouvera .
que les proportionelles FN, EM,
&
c. qui ſe trouvent dans la ligne de direction de ce
poids
, ſont égales aux ſublimitez FN, FM, &
c. des
forces
avec leſquelles elles ſont tirées ſuivant leur
direction
, c’eſt-à-dire, ſuivant cette même ligne.

.
On trouvera encore que chacune de ces mêmes
proportionelles
, par exemple FN eſt auſſi toujours
égale
à la ſomme des ſublimitez moins celle des pro-
fondeurs
des forces, ou des puiſſances appliquées
148122EXAMEN DE L’OPINION nœud E qui eſt immédiatement au-deſſus du nœud
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
F depuis lequel cette proportionelle a été priſe:
puis que (hyp) cette même proportionelle, & (Prop.
3
.)
cette même ſomme ſont à la proportionelle EI
de
la puiſſance X, comme la force dont le nœud E
eſt
tire ſuivant la corde EF, eſt à cette même puiſſan-
ce
.
Pour la même raiſon EM eſt égale à la ſomme
des
ſublimitez moins celle des profondeurs des forces
des puiſſances appliquées au nœud C qui eſt im-
médiatement
au-deſſus de E;
& ainſi des autres
proportionelles
qui ſe trouvent dans la ligne de di-
rection
du poids T.
De-là on verra que chacune des
ſublimitez
FN, EM, &
c. des forces qui ſuivent la direc-
tion
de ce poids, eſt toujours égale à la ſomme des ſu-
blimitez
moins celle des profondeurs des forces, ou
des
puiſſances appliquées au nœud qui eſt immédia-
tement
au-deſſus de celui depuis lequel elle ſe prend:

D’où
il ſuit que la ſublimité FN qui ſe prend depuis
le
plus bas de tous ces nœuds, eſt égale à la ſomme
des
ſublimitez moins celle des profondeurs de toutes
les
puiſſances X, V, S, R, &
c. appliquées à tous
les
autres nœuds E, C, &
c. Or on vient de voir
dans
le Corollaire précédent que chacune de toutes
les
puiſſances qui ſoutiennent le poids T, par exem-
ple
S, ou Y, eſt à ce poids, comme ſa proportio-
nelle
CB, ou OF à la ſomme des ſublimitez moins
celle
des profondeurs des forces avec leſquelles
toutes
les branches du plus bas nœud F ſont tirées
chacune
ſuivant ſa direction contre le poids T;

c’eſt-à-dire
, à la ſomme faite de la ſublimité FN,
&
de la ſomme des ſublimitez moins les profondeurs
des
puiſſances Y, Z, &
c. immédiatement appliquées
au
nœud F:
Donc chacune des puiſſances Y, X, S,
R
, V, Z, &
c. eſt en ce cas au poids T, comme
149123DE M. BORELLI. proportionelle à la ſomme des ſublimitez, moins celle
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
des profondeurs de tout ce qu’il y en a d’appliquées
à
ce même poids.
Corollaire III.
D’où l’on voit que la ſomme de toutes ces puiſ-
ſances
eſt à ce poids, comme la ſomme de leurs pro-
portionelles
à la ſomme de leurs ſublimitez moins
celle
de leurs profondeurs:
De ſorte que s’il n’y
en
avoit que deux d’appliquées à chaque nœud
dont
l’une tirât à droit &
l’autre à gauche, & que
toutes
celles de chaque côté fuſſent égales entr’elles,
&
avec des directions paralleles entr’elles; la ſomme
(fig.
21.) des ſublimitez, par exemple F o, + F k,
Ei
+ Eh, Cb + Ca, &
c. des deux puiſſances ap-
pliquées
au quel que ce ſoit des nœuds F, E, C, &
c.
ou bien la différence (fig. 22.) de la ſublimité de l’une
à
la profondeur de l’autre, par exemple Fk,- Fo,
ou
Eh - Ei, au Ca - Cb, &
c. étant alors la même
pour
tous ces nœuds, auſſi-bien que les proportio-
nelles
de ces puiſſances;
la ſomme de ces mêmes
puiſſances
ſeroit alors au poids T, comme la ſomme
des
proportionelles de deux d’entr’elles appliquées à un
même
nœud, quel qu’il ſoit, eſt à la ſomme (fig.
21.)
des
ſublimitez de ces deux puiſſances, (fig.
22.) à la
différence
qui eſt entre la ſublimité de l’une, &
la
profondeur
del ’autre.
Corollaire IV.
Ce qui fait enfin voir que ſi toutes les puiſſances
Y
, X, S, R, V, Z, &
c. étoient égales entr’elles, &
que
toutes leurs directions fiſſent avec celle de ce
poids
des angles égaux auſſi entr’eux, leur ſomme
ſeroit
alors à ce même poids, (fig.
21.) comme une
de
leurs proportionelles à une de leurs
150124EXAMEN DE L’OPINION l’une & l’autre choiſie à diſcretion; c’eſt - à - dire,
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
comme le ſinus total au ſinus du complement de
celui
qu’on voudra de ces mêmes angles.
On peut encore comparer ces trois Corollaires à la Propo-
ſition
71.
de M. Borelli & au Corollaire qu’il en tire.
Corollaire V.
On voit encore de cette propoſition que dans l’hy-
22fig. 23.
24
.
pothéſe ou les lignes de direction de tous les points
du
corps A D concourent au centre E de la terre,
de
quelque maniére que ce poids ſoit ſoutenu par
tant
de puiſſances F, G, H, I, K, L, M, N, &
c.
qu’on voudra avec des cordes qui lui ſoient appli-
quées
en tant de points A, B, C, D, &
c. qu’on vou-
dra
;
chacune de ces puiſſances ſera toujours à ce
poids
, comme chacune de leurs proportionelles à la
ſomme
des ſublimitez des forces avec leſquelles ces
points
A, B, C, D, &
c. ſont tirez ſuivant les lignes
AE
, BE, CE, DE, &
c. par le concours d’action
des
puiſſances qui y ſont appliquées:
des ſublimitez,
dî-je
, déterminées comme dans le Corollaire 1.
Car
il
eſt clair que ce poids agit contre toutes ces puiſſan-
ces
de même que feroit une force qui lui ſeroit égale,
ſi
AE, BE, CE, DE, &
c. étoient autant de cor-
des
attachées enſemble au point E par un nœud
commun
auquel cette force fut appliquée ſuivant la
direction
ZE du centre de gravité de ce poids.
Or
en
ce cas les points A, B, C, D, &
c. étant comme
autant
de nœuds auſquels ſont appliquées, chacune
ſuivant
ſa direction, les puiſſances F, G, H, I, K,
L
, M, N, &
c. ſi l’on prend depuis E ſur chacune
des
lignes AE, BE, CE, DE, &
c. une partie Eg,
Ef
, Ec, Eb, &
c. égale à la ſomme des
151125DE M. BORELLI. moins celle des profondeurs des puiſſances appli-
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
quées à chacun des points A, B, C, D, &
c. On
trouvera
(Cor 1.)
que chacune de toutes ces puiſ-
ſances
F, G, H, I, K, L, M, N, &
c. ſeroit alors à
la
force qu’on ſuppoſe en E, comme chacune de leurs
proportionelles
DO, CP, BQ, DX, AR, CV, BT,
AS
, &
c. à la ſomme des ſublimitez, El, Ee, Ed,
Ea
, &
c. des forces dont les nœuds A, B, C, D, & c.
ſeroient alors tirez, chacun ſuivant la ligne qui le
joint
avec le point E:
Donc chacune de ces mêmes
puiſſances
eſt en effet au poids AD, comme chacune
de
leurs proportionelles à la ſomme de telles ſubli-
mitez
des forces avec leſquelles les points A, B, C, D,
&
c. ſont tirez ſuivant les lignes AE, BE, CE, DE,
&
c. par le concours d’action de celles qui y ſont ap-
pliquées
.
Si les forces, avec leſquelles les différens points A, B, C,
D
, &
c. du corps AD, ſont tirez ſuivant des lignes qui con-
courent
au centre E de la terre, par le concours d’action des
puiſſances
qui y ſont appliquées, avoient quelque profondeur,
on
trouveroit de même que chacune de toutes les puiſſances qui
ſoutiennent
ce poids, lui ſeroit en même raiſon que chacune de
leurs
proportionnelles à la ſomme de telles ſublimitez moins
celle
des profondeurs de ces mêmes forces:
mais ce cas étant
naturellement
impoſſible;
puiſqu’il faudroit pour cela que ce
poids
comprît pour le moins plus du quart de la circonférence
de
la terre, on n’a pas crû qu’il fût néceſſaire de l’exprimer.
Corollaire VI.
On voit préſentement que dans l’hypotheſe ordi-
naire
, ou l’on regarde les directions AE, BE, CE,
DE
, &
c. comme paralleles entr’elles, chacune des
ſublimitez
El, Ee, Ed, Ea, &
c. déterminées
152126EXAMEN DE L’OPINION ZE par chacune des proportionelles Eg, Ef, Ec,
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
Eb, &
c. qu’on vient de prendre egales à la ſomme
des
ſublimitez moins celle des profondeurs des puiſ-
ſances
appliquées à chacun des points A, B, C, D,
&
c. étant alors égales à ces mêmes proportionelles;
chacune de ce qu’il y a de puiſſances ainſi appliquées
à
ce poids, ſçavoir F, G, H, I, K, L, M, N, &
c. eſt
toujours
en ce cas à ce même poids, comme chacune
de
leurs proportionelles à la ſomme de toutes leurs
ſublimitez
moins celle de toutes leurs profondeurs.
Corollaire VII.
D’où il ſuit que dans la même hypothêſe la ſom-
me
de toutes ces puiſſances eſt à ce poids, comme
la
ſomme de leurs proportionelles à la ſomme de leurs
ſublimitez
moins celle de leurs profondeurs:
De
ſorte
que s’il n’y en avoit que deux d’appliquées à
chaque
point, dont l’une tirât à droit, &
l’autre à
gauche
;
& que toutes celles de chaque côté fuſſent
égales
entr’elles, &
avec des directions qui fiſſent
avec
celle du point elles ſont appliquées, des angles
de@chaque
côté égaux entr’eux:
la ſomme (fig. 23.) des
ſublimitez
, par exemple Ar + Aſ, ou Bq + Bt,
ou
Cp + Cu, ou Do + Dx, &
c. des deux puiſſances
appliquées
au quel que ce ſoit des nœuds A, B,
C
, D, &
c. ou bien (fig. 24.) la différence de la ſu-
blimité
de l’une à la profondeur de l’autre, par
exemple
Ar - Aſ, ou Bq - Bt, ou Cp - Cu, ou
Do
- Dx, &
c. étant alors la même pour tous ces
points
, auſſi-bien que les proportionelles de ces puiſ-
ſances
;
la ſomme de toutes ces puiſſances ſeroit
alors
au poids AD, comme la ſomme des proportio-
nelles
de deux d’entr’elles appliquées à un même
point
, quel qu’il ſoit, eſt à la ſomme (fig.
23.) de
153127DE M. BORELLI. ſublimitez, ou (fig. 24.) à la différence qui eſt entre
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
la ſublimité de l’une &
la profondeur de l’autre.
Corollaire VIII.
Ce qui fait enfin voir que ſi toutes les puiſſances
F
, G, H, I, K, L, M, N, &
c. étoient égales en-
tr’elles
, &
que toutes leurs directions fiſſent avec
celles
des points elles ſont appliquées, des angles
égaux
entr’eux;
leur ſomme ſeroit alors au poids
CD
(fig.
23.) comme une de leurs proportionelles
à
une de leurs ſublimitez, de quelque maniére qu’on
les
prenne;
c’eſt-à-dire, comme le ſinus total au ſinus
du
complement de celui qu’on voudra de ces mêmes
angles
.
On peut enfin comparer ces quatre derniers corollaires à
la
Propoſition 72.
de M. Borelli, & au corollaire qu’il
en
tire.
Tels ſont les principes généraux de tout ce que cet Au-
theur
a dit des poids ſuſpendus par des cordes, &
de l’uſage
qu’il
en a fait pour exprimer la force des muſcles;
c’eſt ce
qu’on
s’étoit propoſé d’établir dans ce Chapitre par la mé-
@hode
du Projet précédent:
qu’on voye préſentement ſi la
ſienne
peut aller juſques-là, &
ſi elle peut conduire à la So-
lution
du Problême ſuivant.
48[Figure 48]
PROBLEME.
DIx puiſſances φ, A, E, D, B, F, G, H, I, K,
22fig. 20. appliquées à pluſieurs nœuds de cordes, étant données
avec
les angles que toutes ces cordes font entr’elles;
154128EXAMEN DE L’OPINION la valeur du poids T que toutes ces puiſſances ainſi appli-
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
quées ſoutiennent enſemble.
Solution.
Soit la valeur de chaque puiſſance, & de chaque
angle
donné dans la Table ſuivante.
22
Puiſſance
. # Livres. # # Angle. # Deg. # M.
φ
# 5. # # θCT # 45. # 30.
A
# 4. # {1/4} # MCT # 150. # 20.
E
# 7. # {1/4} # LZC # 58. # 30.
D
# 12. # {1/2} # RZC # 112. # 15.
B
# 14. # # VOZ # 151.
F
# 11. # {1/2} # SOZ # 110.
G
# 17. # # QZC # 143.
H
# 7. # {1/2} # NCT # 145.
I
# 16. # # βXC # 131. # 30.
K
# 13. # {1/2} # hXC # 123. # 30.
# PCT # 64. # 40.
# δYC # 62.
# zYC # 107. # 20.
# eYC # 151. # 40.
155 49[Figure 49]
156 50[Figure 50]
157
[Empty page]
158
[Empty page]
159 51[Figure 51]
160
[Empty page]
161
[Empty page]
162 52[Figure 52]
163
[Empty page]
164
[Empty page]
165 53[Figure 53]
166
[Empty page]
167
[Empty page]
168 54[Figure 54]
169
[Empty page]
170
[Empty page]
171 55[Figure 55]
172
[Empty page]
173
[Empty page]
174 56[Figure 56]
175
[Empty page]
176
[Empty page]
177 57[Figure 57]
178
[Empty page]
179
[Empty page]
180 58[Figure 58]
181
[Empty page]
182
[Empty page]
183 59[Figure 59]
184
[Empty page]
185
[Empty page]
186 60[Figure 60]
187
[Empty page]
188
[Empty page]
189 61[Figure 61]
190
[Empty page]
191
[Empty page]
192 62[Figure 62]
193
[Empty page]
194129DE M. BORELLI.
Cela ſuppoſé, ſur les branches des cordes auſquel-
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
les les puiſſances φ, A, E, D, B, F, G, H, I, K,
ſont
immédiatement appliquées, ſoient priſes depuis
leurs
nœuds des parties θC, LZ, VO, SO, QZ, βX,
hX
, δY, zY, eY, qui ſoient entr’elles, comme les
forces
de ces mêmes puiſſances, c’eſt-à-dire, comme
les
chifres qui leur répondent dans la Table pré-
cédente
.
Préſentement ſi l’on regarde chacune de ces pro-
portionelles
comme un ſinus total, le ſinus de la diffé-
rence
d’un angle droit à l’angle d’application de la
puiſſance
qui rèpond à cette proportionelle, ſera la
ſublimité
, ou la profondeur de cette même puiſſance:
par exemple, ſi l’on prend la proportionelle C θ
de
la puiſſance φ, pour un ſinus total, ſa profondeur
ſera le ſinus de l’angle Cθλ, qui eſt la différen-
ce
de θCλ angle d’application de cette puiſſance, à
un
angle droit.
De même en prenant la proportio-
nelle
V O de la puiſſance E, pour un ſinus total, ſa
ſublimité
Ou ſera le ſinus de l'angle OVu, qui eſt la
diffèrence
d’un angle droit à ſon angle d’application
V
O Z;
de cette facon nous aurons les ſublimi-
tez
&
les profondeurs de toutes ces puiſſances par les
analogies
ſuivantes.
195130EXAMEN DE L’OPINION11
Comme
# au # # # # Ainſi # # à
Le
ſinus total # Sinus # de \\ l’angle # de \\ Deg. M. \\ différence \\ de 90. deg. \\ à l’angle \\ d’applica- \\ tion # de la \\ puiſ- \\ ſan- \\ ce. # La propor- \\ tionelle \\ de cette \\ méme puiſ- \\ ſance # de # Saſubli- \\ mité, ou \\ à ſa pro- \\ fondeur # de
# 7009093. # Cθλ # 44. 30. # φ # # 5. # # 3. {1013093./2000000.}
# 5224986. # ZLl # 31. 30. # A # ZL # 4. {1/4} # Z l # 2. {4412381./20000000.}
# 8746197. # OVu # 61. # E # OV # 7. {1/4} # Ou # 6. {13639713./40000000.}
10000000
.{ # 3420202. # OSſ # 20. # D # OS # 12. {1/2} # Oſ # 4. {110101./400000.}
# 7986355. # ZQq # 53. # B # ZQ # 14. # Zq # 11. {180897./1000000.}
# 6626201. # Xβf # 41. 30. # F # X β # 11. {1/2} # Xf # 7. {6439043./20000000.}
# 5519370. # Xhb # 33. 30. # G # Xh # 17. # Xh # 9. {382929./1000000.}
# 4694716. # Yδd # 28. # H # # 7. {1/2} # Yd # 3. {521037./1000000.}
# 2979303. # Yzx # 17. 20. # I # Yz # 16. # Yx # 4. {479303./625000.}
# 8802014. # Yeg # 61. 40. # K # Ye # 13. {1/2} # Yg # 11. {8827189./10000000.}
Aprés avoir ainſi trouvé la valeur de chacune des ſu-
blimitez
&
des profondeurs de toutes les puiſſances qui
ſoutiennent
le poids T;
ſoit priſe Z R égale à Ou
plus
O ſ;
c’eſt-à-dire, ſuivant les analogies précéden-
tes
, égale à 6.
{13639713. /40000000. } plus 4. {110101. /400000. }; ou bien en ré-
duiſant
ces deux fractions à une même
196131DEM. BORELLI. tion, égale à 10. {24649813. /40000000. }. Aprés cela O V étant à Z R,
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
comme la puiſſance E à la force dont le point Z eſt
tiré
ſuivant ZO par le concours d’action des puiſ-
ſances
D &
E; Z R ſera la proportionelle de cette
force
, &
l’angle R Z C étant (hyp.) de 112. deg. 15.
min. ſa diffèrence à un angle droit; c’eſt-à-dire,
l’angle
ZRr ſera de 22.
deg. 15. min. Ce qui don-
nera
par une analogie ſemblable aux précédentes,
3
.
{74265285916559. /200000000000000. } pour la valeur de Zr ſublimité de cette
force
:
puiſque ZR de 10. {24642813. /40000000. } eſt à 3. {17426@285916559. /200000000000000. }
comme
le ſinus total 10000000.
à 3786486. ſinus
de
l’angle ZRr de 22.
deg. 15. min.
Soit enſuitte . C M égale à Zq plus Zr moins
Zl
;
c’eſt-à-dire, ſuivant les analogies que nous ve-
nons
de trouver, égale à 11.
{180897. /1000000} plus 3. {174265285916559. /200000000@00000. }
moins
2.
{4412381. /20000000. }; ou bien en réduiſant ces trois frac-
tions
à une même dénomination, égale à 12.
{1663208759165@9. /200000000000000}.
Ce qui donnera par une analogie ſemblable aux pré-
cédentes
, 11.
{74566272432665199141. /500000000000000000000. } pour la valeur de la
ſublimité
Cm:
puis que 12. {166320875916559. /200000000000000. } eſt à 11.
{745662724;
2665199141. /500000000000000000000. }, comme le ſinus total 10000000. à
8689196
.
ſinus de l’angle CMm de 60. deg. 20.
min
.
qui eſt la différence d’un angle droit à l’angle
M
C T de (hyp.)
150. deg. 20. min.
. Faite de même C N égale à Xb plus Xf; c’eſt-
à-dire
, ſuivant les analogies de la table précédente,
égale
à 9.
{382929. /1000000. } plus 7. {64,9043. /20000000. }; ou bien en réduiſant
ces
deux fractions à une même dénomination, égale
à
16.
{14097623. /20000000}. Ce qui donnera par une analogie ſem-
blable
aux précédentes, 13.
{136767694854583/200000000000000. } pour la va-
leur
de la ſublimité Cn:
puis que 16. {14097623. /20000000. } eſt à
13
.
{136767694854583. /200000000000000. }, comme le ſinus total 10000000.
197132EXAMEN DE L’OPINION 8191521. ſinus de l’angle CNn de 55. deg. qui eſt
11DES POIDS
ſoutenus
avec
de@cordes
ſeu-
lement
.
la différence d’un angle droit à l’angle NCT de
(hyp.)
145. deg.
. Enſin ſoit encore C P égale à Yg plus Yx
moins
Yd;
c’eſt-à-dire, ſuivant les analogies de la
table
précédente, égale à 11.
{8827189. /10000000. } plus 4. {479303. /625000. } moins
3
.
{521037. /1000000. }; ou bien en réduiſant ces trois fractions à
une
même dénomination, égale à 12.
{232141683. /282000000. }. Ce qui
donnera
par une analogie encore ſemblable aux
précédentes
, 5.
{686442223302177. /1410000000000000. } pour la valeur de la pro-
fondeur
C p:
puis que 12. {232141683. /282000000. } eſt à 5. {686442223302177. /1410000000000000. },
comme
le ſinus total 10000000.
à 4278838. ſinus
de
l’angle CPp de 25.
deg. 20. min. qui eſt la diffè-
rence
d’un angle droit à l’angle P C T de (hyp.)
64.
deg. 40. min.
De tout cela on voit preſentement que
la
{Subl.
Cm \\ Subl. Cn \\ Prof. \\ Prof. Cp} eſt ègale à {11. {74566272432665199141. /500000000000000000000. }. \\ 13. {136767694854583. /200000000000000. } \\ 3. {1013093. /2000000. } \\ 5. {686442223302377. /1410000000000000. }
De ſorte qu’en réduiſant toutes ces fractions à une
même
dénomination, on aura Cm + Cn - -
Cp
= 15.
{5919081693@137450578881. /70500000000000000000000}. Or ayant pris, comme
nous
venons de faire, CR = Oſ + Ou.
. CM
= Zq + Zr - Zl.
CN = Xf + Xb. . CP
= Yg + Yx - Yd;
chacune des puiſſances qui
ſoutiennent
ainſi le poids T;
par exemple, la puiſ-
ſance
E eſt (Prop.
4. Cor. 1.) à ce poids, comme ſa
proportionnelle
OV de (hyp.)
7 {1/4} à Cm + Cn
198133DE M. BORELLI. - Cp: Donc cette même puiſſance E eſt à ce
11DES POIDS
ſoutenus
avec
des
cordes ſeu-
lement
.
poids, comme 7.
{1/4} à 15. {19190816934137450578881. /70500000000000000000000. }; & par con-
ſèquent
la valeur de cette puiſſance étant (hyp.)
de 7. {1/4} liv. ce même poids eſt auſſi juſtement de
15
.
{5919081692@137450@78881. /70500000000000000000000. } liv. c’eſt-à-dire, de 15. livres, &
un
peu plus de cinq ſeptiémes de livre.
Ce qu’il faloit
trouver
.
FIN.
AU RELIEUR.
LE S neuf planches au pied deſquelles on voit Projet,
doivent
ètre reliées ſelon l’ordre de leurs chifres immé-
diatement
à la fin de la Méchanique;
en ſorte que le quart
du
papier il n’y a rien, ſoit enfermé dans le livre, &
que
l’autre
quart ſont les figures, puiſſe, en les dépliant, en
ſortir
tout entier, pour ſervir à tous les endroits de cette Mé-
chanique
l’on en aura beſoin.
Pour les quatre autres plan-
ches
, au pied deſquelles on voit Examen, elles doivent auſſi
être
reliées de la même maniére à la fin de l’Examen que voicy
de
M.
Borelli.
A PARIS,
De l’Imprimerie dela Veuve Clement Gaſſe, 1687.
199
EXTRAIT DV PRIVILE’GE
du Roy.
PAr Lettres Patentes du Roy, données à Ver-
ſailles
19.
jourde Juin 1687. ſignées par le Roy
en
ſon Conſeil, Galloys &
ſcellées. Il eſt permis
à
Jean Boudot Libraire à Paris, d’imprimer un
livre
intitulé Projet d’une nouvelle Méchanique, avec un
Examen
de l’Opinion de M.
Borelli, ſur les propriétez des
Poids
ſuſpendus par des Cordes, par M.
V * * * * * * * en
tel
volume, marge, &
caractére, en autant de volumes,
&
tout autant de fois que bon luy ſemblera, pendant
le
tems de huit années conſécutives, à commencer
du
jour qu’il aura été achevé d’imprimer pour la
premiére
fois.
Et défenſes ſont faites à toutes ſortes
de
perſonnes d’imprimer ledit livre, d’en vendre n’y
diſtribuër
d’autre impreſſion que de celle dudit
Boudot, ou de ceux qui auront ſon droit, à peine
de
mil livres d’amende, &
de tous dèpens, dom-
mages
&
intérêts, & de confiſcation des Exemplaires
contrefaits
, ainſi qu’il eſt porté plus au long dans ledit
Privilége
.
Regiſtré ſur le Livre de la Communauté des Li-
braires
&
Imprimeurs de Paris, le 30. Juillet 1687.
Signé, Coignard, Syndic.
Achevè d’imprimer pour la premiére fois le 30. Aouſt 1687.
200
FAVTES A CORRIGER.
PAg. 4. lig. 20. AH liſez AK
pag. 9. ligne 14. Lemme 3. , liſez Lemme 3.
pag. 14. ligne 11. poid liſez poids
pag. 17. ligne 4. elle ſe liſez elle le
pag. 23. à la marge Vis-à-vis du problême marquez fig. 19.
pag. 29. ligne 22. AH liſez AD
pag. 35. à la marge fig. 26. liſez fig. 26.
27.
pag. 38. ligne 25. à EF; liſez HEF; & ligne 26. effacéz ou EHF,
pag. 48. ligne 31. points liſez point
pag. 74. ligne 1. puiſſnces, liſez puiſſances,
pag. 99. ligne 14. & pag. 100. lignes 5. 16. & 17. propotionnelles liſez
proportionelles
pag. 103. ligne 1. ces de liſez de ces
pag. 104. ligne 6. 69. M. liſez 69. de M.
pag. 105. ligne 27. répoudent, liſez répondent,
201
[Empty page]
202
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