Papin, Denis, La maniere d' amolir les os, et de faire cuire toutes sortes de viandes en fort peu de temps, et à peu de frais : avec une description de la machine dont il se faut serir pour cét effet, ses proprietez et ses usages, confirmez par plusieurs experiences; nouvellement invente, 1682

Bibliographic information

Author: Papin, Denis
Title: La maniere d' amolir les os, et de faire cuire toutes sortes de viandes en fort peu de temps, et à peu de frais : avec une description de la machine dont il se faut serir pour cét effet, ses proprietez et ses usages, confirmez par plusieurs experiences; nouvellement invente
Year: 1682
City: Paris
Publisher: Michallet
Number of Pages: 6 Bl., 164 S., 8 Bl.: Ill.

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Copyright: Max Planck Institute for the History of Science (unless stated otherwise)
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Table of contents
1. Page: 0
2. LA MANIERE D’AMOLIR LESOS, ET DE FAIRE CUIRE TOUTES ſortes de viandes en fort peu de temps, & à peu de frais. Page: 5
3. NOUVELLEMENT INVENTE. Par Mr PAPIN, Docteur en Medecine. Page: 5
4. A PARIS, Chez ESTIENNE MICHALL ET, rue Saint Jacques, proche la Fontaine Saint Severin, à l’image Saint Paul. M. DC. LXXXII. Avec Aprobation & Permiſſion. Page: 5
5. A L’ILLUSTRE SOCIETE’ DE LONDRES. Page: 7
6. PREF ACE. Page: 9
7. TABLE DES CHAPITRES. Page: 14
8. Approbation des Docteurs en Medecine. Page: 16
9. TRAITE TRES-CURIEUX ET UTILE POUR AMOLIR LES OS. Chapitre Premier. DESCRIPTION DE LA Machine, avec les moyens de s’en ſervir ſeurement. Page: 17
10. POVR CONNOISTE LA quantité de Preſſion. Page: 22
11. POVR CONNOISTRE LE degré de chaleur. Page: 27
12. Chapitre II. EXPERIENCES POVR LES Cuiſiniers. EXPERIENCE PREMIERE. Page: 39
13. EXPERIENCE II. Page: 40
14. EXERCICE III. Page: 41
15. EXPERIENCE IV. Page: 43
16. EXPFRIENCE V. Page: 44
17. EXPERIENCE VI. Page: 48
18. PROPRIETEZ. Page: 51
19. EXPERIENCE VII. Page: 53
20. EXPERIENCE VIII. Proprieté. Page: 55
21. EXPERIENCE IX. Page: 57
22. EXPERIENCE X. Proprieté. Page: 59
23. EXPERIENCE XI. Page: 60
24. EXPERIENCE XII. Proprietez. Page: 61
25. SUR LE POISSON. EXPERIENCE XIII. Page: 68
26. EXPFRIENCE XIV. Page: 69
27. EXPERIENCE XV. Page: 70
28. LEGUMES. EXERCICE XVI. Page: 72
29. PROPRIETE. Page: 74
30. EXPERIENCE XVII. Page: 76
31. Chapitre III. EXPERIENCES POUR les Voyages par Mer. EXPERIENCE PREMIERE. Page: 80
32. EXPERIENCE II. Page: 83
33. EXPERIENCE III. Page: 86
34. EXPERIENCE IV. Page: 88
35. EXPERIENCE V. Page: 90
36. EXPERIENCE VI. Page: 95
37. EXPERIENCE V II. Page: 97
38. EXPERIENCE VIII. Page: 100
39. EXPERIENCE IX. Page: 105
40. EXPERIENCE X. Page: 106
41. Chapitre IV. EXPERIENCES POUR les Confiſſeurs. EXPERIENCE I. Page: 110
42. EXPERIENCE II. Page: 113
43. EXPERIENCE III. Page: 115
44. EXPERIENCE IV. Page: 120
45. EXPERIENCES POUR faire des Boiſſons. Chapitre V. EXPERIENCE PREMIERE. Page: 121
46. EXPERIENCE II. Page: 124
47. EXPERIENCE III. Page: 128
48. EXPERIENCE IV. Page: 131
49. EXPERIENCE V. Page: 133
50. EXPERIENCES POUR les Chymiſtes. Chapitre VI. EXPERIENCE I. Page: 135
51. EXPERIENCE II. Page: 136
52. EXPERIENCE III. Page: 140
53. EXPERIENCE IV. Page: 146
54. EXPERIENCE V. Page: 147
55. Chapitre VII. POUR LES TINTURIERS. EXPERIENCE PREMIERE. Page: 153
56. EXPERIENCE II. Page: 155
57. EXPERIENCE III. Page: 157
58. EXPERIENCE IV. Page: 161
59. Chapitre VIII. EXPERIENCES SVR LES corps plus durs, comme l’Am-bre, l’rvoire, &c. Page: 164
60. Chapitre IX. CALCVL DV PRIX A quoy de bonnes & grandes Ma-chines pourroient revenir, & du profit qu’elles pourroient appor-ter. Page: 169
61. ADVIS Page: 175
62. ADVIS DEMO NSIEVRCO MIERS Prévôt de Ternant, Profeſſeur des Matbematiques à Paris. Page: 181
1
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2
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3
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4
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5
LA
MANIERE

D’AMOLIR
LESOS,
ET

DE
FAIRE CUIRE TOUTES
ſortes
de viandes en fort peu de
temps
, & à peu de frais.
Avec une deſcription de la Machine
dont
il ſe faut ſervir pour cét effet,
ſes
proprietez &
ſes uſages, confirmez
par
pluſieurs Experiences.
NOUVELLEMENT INVENTE.
Par Mr PAPIN, Docteur en
Medecine
.
1[Figure 1]11[Handwritten note 1]
A PARIS,
Chez
ESTIENNE MICHALL ET, rue
Saint
Jacques, proche la Fontaine Saint
Severin
, à l’image Saint Paul.
M. DC. LXXXII.
Avec Aprobation & Permiſſion.
622[Handwritten note 2]33[Handwritten note 3]44[Handwritten note 4]
7 2[Figure 2]
A
L’ILLUSTRE
SOCIETE’
DE
LONDRES.
MESSIEV RS,
Le favorable accüeil que vous
faites
à tous ceux qui ſuivant les
Statuts
&
les deſſeins de vôtre
Illustre
Societé, travaillent à
augmenter
les commoditez de la
vie
, &
à perfectionner la Science
N
aturelle, me fait prendre la li-
berté
de vous offrir ces Experien-
ces
;
j’avouë qu’il leur
8 bien des choſes, & qu’elles ne ſont
pas
dignes de paroiſtre devant une
Compagnie
auſſi éclairée &
auſſi
conſiderable
que la vôtre:
Mais
comme
j’ay tâché de vous imiter,
&
que je ſçay que vous avez aſſez
de
bonté pour ſupporter les defauts
de
ceux qui cherchent les moyens
de
penetrer dans la connoiſſance
de
la nature, j’eſpere que vous
accorderez
àce petit Traité la pro-
tection
que je vous demande pour
luy
, &
que vous me ferez la gra-
ce
de croire que je ſuis avec reſpe ct
&
estime,
MESSIEV RS,
Vôtre tres-humble & tres-
obeiſſant
ſerviteur.
****
9 3[Figure 3]
PREF ACE.
LON a déja veu quel-
ques
experiences du
Bain
Marie fermé à vis,
imprimées
dans le livre de l’Il-
luſtre
Monſieur Boyle des ex-
periences
Phyſicomechaniques,
qui
a paru l’an 1680.
mais, com-
me
ce livre eſt Latin, &
qu’il
ne
donne ny la deſcription de
nôtre
Machine, ny la maniere
de
s’en ſervir ſeurement, j’ay
creu
qu’il ſeroit à propos d’en
faire
un petit Traité à part pour
l’uſage
des Peres de famille, &

des
artiſans qui pourront en avoir
beſoin
, &
s’en ſervir avec une
utilité
merveilleuſe.
Davantage êtant tres-perſua-
que cét écrit tombera
10 les mains de pluſieurs perſonnes
qui
ne liront jamais l’hiſtoire de
la
Societe Royale de Londres,
ny
l’admirable Traité de Mon-
ſieur
Boyle, touchant l’utilité
de
la Philoſophie Experimenta-
le
;
Je croy avoir trouvé une oc-
caſion
tres-favorable pour dé-
tromper
ceux qui croyent que
c’eſt
perdre ſon temps que de
travailler
à faire de nouvelles
découvertes
, &
que tout eſt
déja
trouvé.
Pour refuter cette
erreur
je ne veux point ſortir
de
mon ſujet, &
même entre
pluſieurs
Argumens qu’il me
fournit
, il me ſuffira d’en met-
tre
un ſeul en uſage;
Je diray
donc
ſimplement que l’art de
cuire
les viandes eſt ſi ancien,
que
ſon uſage eſt ſi univerſel
&
ſi ordinaire, & que la pluſ-
part
des nations de la
11 ont travaillé avec tant de ſoin,
&
ſi long-temps pour y ra-
finer
, qu’il ſemble que s’il y en
avoit
quelqu’un au monde qui
puſtêtre
porté au plus haut de-
gré
de perfection, ce devroit
être
celuy-cy.
Cependant on
ne
pourra nier qu’il ne reçoive
à
preſent une augmentation
conſiderable
, puis que par le
moyen
de la Machine dont il
s’agit
icy, la Vache la plus vieil-
le
&
la plus dure ſe peut ren-
dre
auſſi tendre &
d’auſſi bon
gouſt
que la viande la mieux
choiſie
;
je dis de plus que la
choſe
n’êtoit pas diſſicile à trou,
ver
:
car on ſçait que les corps
les
plus compactes êtant échauf-
fez
brûlent plus for@ que ceux
qui
ſont d’une conſiſtence plus
rare
;
que le fer rouge, par
exemple
, brûle plus fort
12 les charbons, il n’y avoit donc
pas
lieu de douter, que ſi on
chauffoit
de l’eau aſſez pour la
faire
boüillir, &
que pourtant
on
l’empeſchât de ſe rarefier,
comme
elle fait en boüillant,
cette
eau ainſi preſſée feroit bien
plus
d’effet que quand elle a la
liberté
de ſe dilater;
Auſſi-tôt
que
cette penſée me fut entrée
dans
l’e ſprit, en faiſant pour Mr
Boyle
des experiences de com-
preſſion
, je crus la choſe ſi aſſu-
rée
, que je ne la balan çay point
à
en faire des experiences, ce-
pendant
, quoy que cela fuſt ſi
facile
, perſonne que je ſçache,
n’y
a penſé juſqu’à cette heure;
Nôtre Siecle a produit bien des
hommes
qui ont fait &
font en-
core
tous les jours des choſes in-
comparablement
plus difficiles:

mais
il paroît clairement qu’une
13 ſeule perſonne ne peut pas tout
découvrir
;
@l faut donc demeu-
rer
d’accord qu’on peut toûjours
faire
de nouvelles découvertes,
&
qu’il y a dequoy occuper les
eſprits
mediocres auſſi bien que
les
plus grands;
Tous ceux qui
ont
de l’inclination à l étude de
la
nature, ne doivent point faire
de
difficulté de s’y applïquer,
puis
qu’ils ont lieu d’eſperer que
leurs
peines ſeront recompen-
ſées
par la gloire de ce plaiſir
qu’ils
auront d’avoir trouvé
quelque
choſe d’utile au public
qui
paſſera juſques à la poſterité.
14 4[Figure 4]
TABLE
DES
CHAPITRES.
11
Chapitre
I. DEſcription de
# la Machine,
# avec les moyens de s’en ſervir
# ſeurement. # page I.
Chap
. II. Experiences pour les
# Cuiſiniers. # pag. 23.
Chap
. III. Experiences pour les
# voyages de Mer. # pag. 64.
Chap
IV. Experiences pour les
# Confiſſeurs. # pag. 94.
Chap
. V. Experiences pour faire
# des Boiſſons. # pag. 105.
Chap
. VI. Experiences pour les
# Chymistes. # pag. 109.
Chap
. VII. Experiences pour les
# Tinturiers. # pag. 137.
Chap
. VIII. Experiences ſur
1115 # Corps les plus durs, comme l’y-
# voire, l’écaille de tortuë, &
# l’ Ambre, &c. # pag. 148.
Chap
. IX. Calcul du prix à quoy
# de bonnes & grandes Machi-
# nes pourroient revenir, & du
# profit qu’elles pourroient appor-
# ter. # pag. 153.
16
Approbation des Docteurs en
Medecine
.
VEu le Raport de Meſſieurs
Rainſſant
&
Logier qui
ont
leu &
examiné le Traité de
la
maniere d’amolir les Os, la Fa-
culté
conſent qu’il ſoit imprimé.
A Paris ce 6. Juillet 1681.
Savard, Doyen de la Faculté
de
Medecine de Paris.
VEu l’Aprobation, permis
d’imprimer
.
Fait ce 8.
Juilet 1681.
DE LA REYNIE
171 5[Figure 5]
TRAITE
TRES-CURIEUX

ET
UTILE
POUR
AMOLIR LES OS.
Chapitre Premier.
DESCRIPTION DE LA
Machine
, avec les moyens de
s’en
ſervir ſeurement.
ESt un Cylindre creux fer-
11Figure
premig

re
.
par en bas, &
ouvert
22AA. par en haut.
Eſt un autre Cylindre creux de
33BB. meſme groſſeur, mais plus court
que
le precedent, &
il luy ſert
182Traité tres-curieux couvercle en appliquant leurs
deux
ouvertures l’une ſur l’autre,
comme
on void dans la figure.
11CC.
Sont deux Appendices qui
tiennent
au Cylindre AA, com-
me
les tourillons à un canon.
22DDDD.
Sont des pieces de fer, qui em-
braſſent
d’un côté les Appendi-
ces
CC, &
de l’autre les batres
de
fer EE.
33EE
Eſt une barre de fer qui entre
dans
les pieces DD, &
qui ſe
peut
ôter &
remettre facile-
ment
, quand on veut ouvrir &

fermer
la Machine.
44FFFF
Sont deux vis qui tournans dans
des
écrous de la barre EE ſer-
vent
à preſſer les Cylindres AA
BB
, l’un contre l’autre.
Eſt un autre Cylindre creux
55Fig. 2.
GG
.
de verre ou autre matiere, dans
quoy
l’on met les choſes à cuire,
&
l’ayant bouché avec un
193pour amolir les Os. vercle juſte & affermy dans un
chaſſis
par le moyen d’une vis
comme
la figure repreſente, on
l’enferme
dans les Cylindres AA
BB
, qui doivent être pleins
d’eau
Pour ſe ſervir bien commodé-
ment
de cette Machine, elle
doit
être poſée ſur un fourneau
fait
exprés, &
elley doit enfon-
cer
juſques aux appendix CC,
le
feu êtant en ſuitte allumé deſ-
ſous
&
les vis FF bien ſerrées,
vous
ferez cuire vos viandes ſi
long-temps
quil vous plaira, ſans
crainte
qu’elles diminuent, ou
que
les eſprits s’exhalent.
Il faut remarquer, que je don-
ne
la Figure longue &
êtroite à
cette
Machine, afin qu’il ne ſoit
pas
beſoin d’une ſi grande force
pour
la tenir fermée, car on ſçait
que
plus une couverture eſt
204Traité tres-curieux ge, plus il faut de force pour em-
pêcher
que la preſſion du dedans
ne
ſouleve le couvercle.
Il faut remarquer auſſi que je
donne
de la profondeur au cou-
vercle
BB afin qu’êtant remply
d’eau
, il conſerve toûjours de
@humidité
à un cercle de papier
percé
au milieu, dont on doit
garnir
la jonction des Cylindres
marquée
II;
car les deux Cy-
lindres
ne ſçauroient s’uzer aſſez
exactement
l’un ſur l’autre pour
empeſcher
des liqueurs preſſées
de
s’échapper ſi on ne met du
papier
entre les deux Cylindres,
&
le papier auſſi quand il eſt
ſec
ne ferme pas exactement l’un
ſur
l’autre;
Cependant la pro-
fondeur
du couvercle BB doit
être
fort petite, afin que la Ma-
chine
enfonçant preſques dans
le
fourneau en puiſſe mieux
215pour amolir les Os. cevoir & conſerver la chalcur.
Cette Machine eſt ſans dou-
te
fort ſimple, &
peu ſujette à ſe
gâter
:
Mais elle eſt incommode
en
ce qu’on ne regarde pas de-
dans
ſi ayſément que dans le
pot
ordinaire, &
comme elle
fait
plus ou moins d’effet ſelon
que
l’eau qui y eſt ſe trouve
plus
ou moms preſſée, &
auſſi
ſelon
que la chaleur eſt plus ou
moins
grande, il pourroit arri-
ver
quelquesfois que vous tire-
riez
vos viandes avant quelles
fuſſent
cuites, &
d’autres fois
que
vous les laiſſerez brûler,
ainſi
il a fallu chercher des
moyens
pour connoiſtre, &
la
quantité
de preſſion qui eſt dans
la
Machine, &
lc degré de cha-
leur
.
226Traité tres-curieux 6[Figure 6]
POVR CONNOISTE LA
quantité
de Preſſion.
IL n’y a qu’a faire un petit
tuyau
ouvert des deux bouts
comme
H H, &
l’ayant ſoudé
ſur
un trou fait au couvercle BB,
il
faut appliquer ſur l’ouverture
d’cnhaut
de ce tuyau une petite
ſoupape
P, bien exacte, &
gar-
nie
de papier, &
en ſuite avoir
la
verge de fer L M dont un bout
entre
dans la piece de fer L Z
qui
eſt attachée à la barre E E,
&
s’appuyant en ſuitte ſur le
milieu
de la ſoupape P.
empeſ-
che
qu’elle neſoit ſoulevée par
la
preſſion interieure, &
elle
l’empeſche
plus ou moins ſelon
que
le poids N eſt plus ou
237pour amolir les Os. avancé vers l’extremité M, com-
me
dans les Romaines ordinai-
res
.
Crainte que la ſoupape P. ne
demeurât
à ſec ſi-toſt qu’il ſe
ſeroit
perdu un peu d’eau.
Je
prend
un petit tuyau OO garny
de
chanvre, &
je l’enfonce dans
le
tuyau HH, en ſorte qu’une
de
ſes extremitez entre aſſez
avant
dans l’eau dont la Machi-
ne
eſt remplie.
Ainſi il arrive que
ſi
elle ſe vuide un peu, la preſ-
ſion
interieure pouſſe pourtant
toûjours
de l’eau contre la ſou-
pape
P, par ledit tuyau OO, ce
quila
rend plus exacte, &
aide
auſſi
à connoiſtre incontinent
quand
elle laiſſe échapper quel-
que
choſe.
Le tuyau H H doit avoir peu
de
Diametre, afin qu’il ne ſoit
pas
beſoin d’un fort grand
248Traité tres-surieux pour le tenir fermé dans la Ma-
chine
ou Bain Marie, dont je me
ſuis
le plus ſervy;
ce tuyau a prés
de
{2/5} de pouce de Diametre, ſi
bien
que ſon ouverture eſt à une
ouverture
d’un pouce de Dia-
metre
comme 4.
& 25. êtant
donc
environ ſix fois plus peti-
re
, elle ſe peut fermer avec ſix
fois
moins de poids:
Or ſelon
les
experiences de Monſieur Boy-
le
, dans la premiere continua-
tion
des experiences Phyſicome-
chaniques
, la preſſion ordinaire
de
l’air contre un trou d’un pou-
ce
de Diametre eſt d’environ 12.
livres, & par conſequent il eſt
d’environ
2.
livres contre l’ou-
verture
de mon petit tuyau;
la
verge
L M dans la meſme Ma-
chine
eſt de douze pouces de
long
, &
la diſtance depuis L L
juſques
à la ſoupape eſt
259pour amolir les Os. pouce; De ſorte qu’ayant un
poids
d’une livre à l’extremi-
M il fait autant d’eſſet ſur
la
ſoupape comme un poids de
douze
livres qui ſeroit directe-
ment
deſſus;
& ainſi il ne peut
être
ſoulevé ſi la preſſion dans
le
Bain Marie n’eſt ſix fois
plus
forte que la preſſion or-
dinaire
de l’air.
Ainſi quandun
poids
d’une livre eſt à l’extre-
mité
M, &
que la ſoupape P
laiſſe
échapper quelque choſe;
Je conclus que la preſſion dans
le
Bain Marie eſt environ huit
fois
plus forte que la preſſion or-
dinaire
de l’air, puis qu’elle peut
ſoulever
, non ſeulement le poids
qui
reſiſte à ſix preſſions, mais
auſſi
la verge L M que j’ay é-
prouvé
qui reſiſte à deux;
&
ainſi
en augmentant ou dimi-
nuant
le poids ou enle
2610Traité tres-curieux de place, je connois toûjours à
peu
prés combien la preſſion eft
forte
dans la Machine.
Ce meſme tuyau H H ſert auſ-
ſi
à remplir le Bain Marie aprés
que
les vis F F ſont ſerrées &
en
ſuite
j’y fais entrer le tnyau OO,
qui
le remplit juſte pour la rai-
ſon
que j’ay dite cy-deſſus.
7[Figure 7]
2711pour amolir les Os. 8[Figure 8]
POVR CONNOISTRE LE
degré
de chaleur.
J’Aurois fort ſouhaité pouvoir
faire
une ſorte de Thermome-
tre
marqué comme il faut pour
faire
connoiſtre preciſément de
combien
la chaleur s’augmente
ou
ſe diminuë, &
je croy que par
ce
moyen en comparant les de-
grez
de chaleur avec la quantité
de
l’effet qu’ils produiroient, on
pourroit
découvrir diverſes cho-
ſes
ſur la nature, &
de la chaleur,
&
des choſes ſurquoy elle agi-
roit
, mais manquant de loiſir &

des
commoditez neceſſaires pour
ce
deſſein, je me ſuis au lieu de
cela
ſervi d’un moyen fort ſim-
ple
, &
pourtant aſſez exact
2812Traité tres-curieux les uſages dont je parle dans ce
Traité
;
Je ſuſpens proche de la
Machine
un poids à un fil d’envi-
ron
trois pieds de long, afin que
chaque
vibration ou mouvement
ſe
faſſe dans le temps d’une ſe-
conde
ou environ;
je mets ce
pendule
en mouvement, &
je
laiſſe
tomber une goutte d’eau
ſur
le couvercle de la Machine,
afin
d’obſerver en combien de
temps
cette goutte d’eau s’éva-
porera
:
car je ſuis aſſuré que plus
la
Machine eſt chaude, &
moins
le
poids ſuſpendu fait de tours
&
retours avant que la goutte
ſoit
évaporée, il faut pourtant
prendre
garde, que le lieu
l’on
met la goutte d’eau ſoit toû-
jours
bien net, parce que un peu
de
graiſſe eſt capable d’empeſ-
cher
conſiderablement l’opera-
tion
.
2913pour amolir les Os.
A yant ainſi moyen de meſurer
les
differends degrez de chaleur
&
de preſſion qui ſont dans la
Machine
, il eſt bien aiſé de ſe
regler
pour ne faire que l’effet
qu’on
veut, pourveu qu’on ait
une
fois éprouvé avec quelle
force
la Machine agit:
car on
n’aura
qu’à prendre environ la
quantité
de charbon, que l’ex-
perience
aura fait connoiſtre la
plus
propre;
la mettre dans le
fourneau
ſous le Bain Marie;
laiſſer les portes & les regiſtres
du
fourneau ouverts, juſques à
ce
que la chaleur ſoit parvenuë
au
point que vous voulez.
En
ſuite
vous n’aurez qu’à fermer
les
portes &
les regiſtres pour
étouffer
le feu, &
laiſſer refroi-
dir
les vaiſſeaux, il faut auſſi a-
voir
chargé la verge de fer L M
autant
qu’il eſt neceſſaire
3014Traité tres-curieux faire la preſſion qu’on veut, &
on
ſera aſſeuré, qu’en gardant
ainſi
toûjours la meſme regle,
l’effet
ſe trouvera toûjours à peu
prés
pareil;
du moins puiſ-je aſ-
ſeurer
que j’ay manqué fort ſou-
vent
tandis que j’agiſſois au ha-
zard
, mais depuis que j’ay ainſi
trouvé
moyen de me regler, j’ay
toûjours
fait mes operations fort
bonnes
, à moins de quelque
malheur
;
Il faut pourtant remar-
quer
, que ſi on ne mettoit dans
la
marmitte G G que peu de vian-
de
en comparaiſon de ce quelle
pcut
contenit, elle ne pourroit y
faire
autant de preſſion qu’ily en
auroit
dans le Bain Marie, (en
effet
) j’ay quelquesfois veu des
marmittes
caſſées par l’eau du
bain
marie qui les environnoit,
&
qui les preſſoit plus fort quel-
les
ne pouvoient ſoûtenir, &
3115pour amolir les Os. ainſi le poids qui ſeroit ſur la ver-
ge
L M ne nous pourroit faire
connoiſtre
la preſſion qui ſeroit
dans
la marmitte, il vaudra donc
toûjours
mieux mettre un peu
trop
que pas aſſez de viande;
ou bien ſi on veut faire tout exa-
ctement
&
ne rien perdre, il faut
ſuivre
les directions que je don-
ne
au Chap.
2. Exper. 12.
Comme il ſeroit diſſicile de ſe
ſervit
ſur la mer de l’invention
que
j’ay décrite pour connoiſtre
le
degré de preſſion, à cauſe que
le
branle du vaiſſeau feroit re-
muer
les poids &
ouvriroit la
ſoupape
P, il faut au lieu de cela
laiſſer
vôtre bain marie aſſez vui-
de
, afin que la chaleur que vous
avez
deſſein de donner faſſe tour
juſte
la preſſion que vous voulez.
Par exemple, ſi vous voulez fai-
re
dix preſſions, &
que la
3216Traitétres-curieux leur ſoit aſſez grande pour faire
évaporer
la goutte d’eau en cinq
ſecondes
, il faudra ne mettre
dans
le bain marie que {7/8} de l’eau
qu’il
peut contenir, &
prendre
garde
de ne pouſſer la chaleur
que
juſqu’où je viens de dire, &

vous
ſerez aſſeuré, qu’il n’y aura
eu
dans le bain marie qu’environ
dix
preſſions, comme vous pou-
vez
voir Chap.
2. Exper. 16. On
pourra
par ce moyen ſe paſſer de
la
verge de fer, &
des points,
&
ſerrer ſimplement la petite
ſoupape
P avec une vis, ce qui
ſera
facile en faiſant faire le pe-
tit
tuyau H H de fonte avec de
petits
appendices, comme le
Cylindre
A R.
ſeulement, il ne
ſera
pas neceſſaire de faire icy les
choſes
fortes à cauſe de la peti-
teſſe
de l’ouverture.
Il ne ſera pas beſoin de
3317pour amolir les Os. prciſement toutes les differentes
quantitez
d’eau qui ſerontneceſ-
ſaires
pour faire tous les diffe-
rens
degrez de preſſion, avec
tous
les differens degrez de cha-
leur
, mais il ſuffira pour l’uſage
ordinaire
d’avoir toûjours une
meſine
quantité d’eau dans le
bain
marie, &
trouver par ex-
perience
quel degré de chaleur
eſt
neceſſaire pour chaque ope-
ration
, avec cette quantité d’eau.
J’aurois ſouhaitté de pouvoir
faire
les choſes auſſi bien comme
elles
ſont icy décrites j’aurois ain-
ſi
déterminer la quantité de
charbon
ou de bois qu’il faut
employer
pour chaque opera-
tion
, mais dans l’incertitude de
mes
affaires je n’ay point voulu
b@tir
de fourneaux, &
je me
ſuis
toûjours contenté d’appuyer
mes
machines contre un coin
3418Traité tres-curieux la cheminée, & de mettre le feu
dans
ce meſme coin entre la che-
minée
&
la Machine.
Il y a donc bien de l’apparen-
ce
que la chaleurn eſt pas ſi bien
ménagée
comme elle le pourra
eſtre
dans un bon fourncau, &

cependant
je ne laiſſeray pas de
donner
icy le recit de diverſes
choſes
que j’ay déja faites avec
cette
Machine, parce que cela
pourra
toûjours beaucoup aider
à
trouver bien-toſt la quantité
de
feu propre pour les autres
Machines
que l’on fera;
& je
croy
auſſi que la proportion
d
une operation à l’autre ſe trou-
vera
la meſme;
J’ay trouvé par
exemple
qu’il falloit {2/7} moins de
charbon
pour cuire le mouton
que
pour cuir le bœuf;
ainſi
quand
on aura trouvé par ex-
perience
, la quantité de
3519pour amolir les Os.bon neceſſaire pour cuire le
bœuf dans une Machine, on
n’aura qu’à prendre {2/7} moins de
charbon pour cuire du mouton
dans la meſme machine, & ainſi
des autres operations.
Mais avant que de commen-
cer le recit des Experiences, je
croy qu’il ne ſera pas mal à pro-
pos de dire encore icy, qu’aprés
avoir fait le premier bain Marie
fermé à vis, je voulus en faire
un autre fermé ſans vis par le
moyen d’une grande ſoupape
ovalle qui s’applique en dedans,
qui peut pourtant s’ôter tout à
fait à cauſe de ſa figure, ovalle
comme il a eſté dit pour le fu-
fil à vent dans la 2. continuation
des experiences Phyſico-mecha-
niques de monſieur Boyle publié
cette année 1680. Ce bain Mu-
riea ſix pouces de diametre, &
3620Traité tres-curieux 18. pouces de haut, de ſorte qu’on
peut
y faire entrer une marmit-
te
de 4.
pouces de diametre, &
14
.
de hauteur, qui tient neuf ou
dix
livres de viande, mais la
grande
ſoupape ayant cſté fon-
duë
trop foible pour bien garder
ſa
figure, le papier ne ſuſſit pas
pour
la rendre juſte, &
il faut
toûjours
y mcttre du cuir, mais
comme
le cuir ſe cuit dans l’eau ſi
chaude
, il arrive qu’êtant reduit
en
boüillie la preſſion du dedans
le
chaſſe, &
ainſi l’eau s’échap-
pe
;
Il m’eſt pourtant arrivé quel-
ques
fois, que quand le cuir é-
toit
bon &
bien fort, j’ay cuit
les
plus gros os d’une jambe de
bœuf
ſans brûler la viande,
mais
d’autres-fois auſſi il m’eſt
arrivé
que le cuir manquant
trop
toſt, la viande ſe brûloit ſans
que
les os ſe puiſſent cuire,
3721pour amolir les Os. que je me ſers rarement de cette
Machine
, cependant ſi on la
faiſoit
avec une ſoupape aſſez
bonne
pour la pouvoir garnir de
papier
, cette derniere maniere
vaudroit
peut-être bien l’autre;
la raiſon eſt que les reſſorts du
fer
ſe laſſent, &
ainſi on eſt aſſu-
jetty
à reſſerrer les vis de temps
en
temps, mais dans cette der-
niere
Machine, on ſeroit aſſeu-
que plus la preſſion ſeroit for-
te
au dedans, tant plus fort la
ſoupape
ſeroit fermée, nean-
moins
juſques à ce que los ou-
vriers
ſoient mieux inſtruits à
faire
de ces ſortes de ſoupapes,
je
conſeilleray toûjours plûtoſt
de
fermer le Bain Marie à vis.
Je croy que cecy ſuffit pour la
deſcription
de la Macbine, &

la
maniere de s’en ſervir, je vais
donner
à preſent les
3822Traité tres-curieux ces qui en feront connoître di-
vers
uſages &
proprietez. Mais
parce
que quelques - unes des
Experiences
donnoient lieu à
des
obſervations de Phyſique,
j’ay
creu ne faire pas mal de les
y
joindre, quoy qu’elles n’ayent
peut
êrre pas aurant de rapport
qu’on
pourroit le ſoûhaitter avec
le
ſujet dont il s’agit:
mais j’ay
pris
le ſoin de les diſtinguer par
des
caracteres differends, afin
que
ceux qui ne s’en ſoucient
pas
puiſſent ſauter par deſſus.
9[Figure 9]
3923pour amolir les Os. 10[Figure 10]
Chapitre II.
EXPERIENCES POVR LES
Cuiſiniers
.
EXPERIENCE PREMIERE.
LE ſecond Juin ayant remply
ma
marmitte d’une poitrine
de
mouton &
peſé huit onces de
charbon
j’allumay le feu;
la cha-
leur
parvint juſques à faire ex-
haller
en 3.
ſecondes de temps,
la
goutte d’eau que je mettois
ſur
le couvercle, &
la preſſion
en
dedans êtoit environ 9.
fois
plus
forte que la preſſion ordi-
naire
de l’air:
Je laiſſay étein-
dre
le feu de luy meſme, &
les
vaiſſeaux
eſtans froidis je
4024Traité tres - curieux. vay que le charbon qui reſtoit
peſoit
environ {1/2} once;
ſi bien
qu’il
n’y avoit eu en tout que 6.
{1/2} onces de charbon conſumées.
Cependant
la viande êtant tirée
ſe
rrouva avoir du goût d’empy-
reume
, &
le ſuc ne fit pas une
gelée
ſi forte de beaucoup que
quand
la viande n’eſt pas trop
c
uite.
EXPERIENCE II.
LE quatriéme Juin je reïteray
la
meſime Experience, &
je
ne
pris que 6 {1/2} onces de charbon,
mais
je pouſſay la chaleur en ſou-
flant
;
En ſorte qu’une goutte
d’eau
s’exhalloit en moins de
deux
ſecondes, &
il ne reſta pas
tout
à fait une demie once de
charbon
qui ne fuſt conſumée;
la preſſion êtoit un peu
4125pour amolir les Os. grande, que dans l’experience
precedente
;
Je laiſſé encore
êteindre
le feu de luy - meſme,
comme
l’autre fois;
cependant
quoy
que la quantité de charbon
eût
cette fois eſté moindre la
viande
ſe trouva plus brûlée
que
l’autre à cauſe, comme je
croy
, que le feu avoit eſté pouſ-
ſé
tout vivement.
EXERCICE III.
LE ſixiéme Juin, je reïteray
la
meſme Experience, &
je
ne
mis que cinq onces de char-
bon
, &
je ne pouſſay le feu que
juſques
à faire exhaler la goutte
d’eau
en quatre ſecondes, la preſ-
ſion
interieure comme aupara-
vant
, &
alors le mouton ſe trou-
va
fort bien cuit &
les os mols, &
le
ſuc vint en une forte
4226Traité tres-curieux Deſorte que depuis ce temps-là
ayant
eu diverſes fois du mou-
ton
à faire cuire, j’ay toûjours
gardé
cette meſme regle, &
je
n’ay
jamais manqué à avoir mon
mouton
dans ce meſme êtat que
je
croy être le meilleur, parce
que
ſi la cuiſſon êtoit moindre,
les
os ne ſeroient pas bons, &
ſi
la
cuiſſon êtoit plus grande, la
gelée
eſtant moins forte, ſeroit
auſſi
moins nourriſſante;
Je ne
pretends
pourtant pas dire, que
la
perfection en cette rencontre
n’ait
point d’étenduë, &
je croy
qu’on
pourroit cuire le mouton
conſiderablemẽt
davantage ſans
que
pour cela il fût gâté, mais
j’aime
toûjours mieux manquer
dans
le deffaut, que dans l’excez
parce
que ſi on le fait trop cuire,
il
n’y a plus de remede;
au lieu
que
ſi quelque morceau d’os
4327pour amolir les Os. trouve n’être pas aſſez cuit, il
eſt
facile de le remettre avec une
autre
potée.
EXPERIENCE IV.
LE deuxiéme Juin je fis l’ex-
perience
avec de la poitri-
ne
de bœuf, &
je pris 7.
onces de charbon; je pouſſay le
feu
juſques à faire exhaler la
goute
d’eau en trois ſecondes,
&
la preſſion du dedans êtoit
environ
neuf fois plus forte que
la
preſſion ordinaire de l’air, le
charbon
qui reſta ſans être con-
ſumé
pezoit environ {3/4} d’onces,
&
le bœuf ſe trouva fort bien
cuit
, il y avoit pourtant quel-
ques
endroits des os qui n’ê-
toient
pas tout à fait bien cuits,
j
ene conſeillerois pourtant pas
de
donner plus de feu que
4428Traité tres-curieux au bœuf, parce qu’il eſt toûjours
bien
aiſé de recuire les os, j’ay
meſme
bien des fois mieux aimé
ne
faire cuire la viande qu’au-
tant
qu’il eſt neceſſaire pour la
ſeparer
facilement des os, parce
qu’en
ſuite on peut faire cuire les
o
s à part ſans aucun dangers,
comme
on le pourra voir par les
experiences
qui ſuivent.
EXPFRIENCE V.
LE douziéme Juin je mis
cuire
du bœuf &
du mou-
ton
enſemble, &
je n’y em-
ployay
que 3.
onces de charbon,
je
pouſſay le feu aſſez vivement,
&
pourtant je ne pus faire que
trois
preſſions au plus dans le
bain
Marie, &
la chaleur ne
parvint
qu’à faire exhaler la
goutte
d’eau en 90.
ſecondes;
4529pour amolir les Os. les vaiſſeaux etans preſque re-
froidis
, je trouvay le mouton
aſſez
cuit au gré de bien des
gens
, mais pour le bœuf aſſeu-
rement
tout le monde l’auroit
trouvé
trop dur;
le ſuc qui en
ſortit
ne tourna point en gelée,
quoy
que je n’y euſſe point mêlé
d’eau
Je croy que le peu de preſſion
&
de chaleur en ce rencontre ne
vint
pas tant de manque de char-
bon
que de ce que le bain Ma-
r
ie n’eſtoit pas bien ajuſté, car
j’ay
remarqué depuis que tant
plus
il e st fermé, &
tant plus il re-
quiert
de chaleur, avec meſme
quantité
de charban.
Le 13. Juin je reïteray la meſ-
me
experience, &
je mis dans la
marmitte
une partie de viande
cruë
, &
une partie de viande
cuite
, le jour precedent je
4630Traité tres-curieux pris que 4. onces de charbon, &
ayant
pouſſé le feu le plus vive-
me
nt qu’il me fùt poſſible, je
ne
pus faire la preſſion dans le
bain
Marie qu’environ cinq fois
plus
forte que la preſſion ordi-
naire
de l’air;
la chaleur auſſi
ne
parvint qu’à faire exhaler la
goute
d’eau en 40.
ſecondes, le
charbon
qui reſta ſans être con-
ſumé
ne peſoit que 2.
drachmes,
&
la viande ſe trouva parfaite-
ment
cuitte &
tendre, mais tous
les
os n’êtoient en aucune fa-
çon
amollis, quoy que ceux qui
avoient
déja eſté cuits le jour
precedent
euſſent eſté expoſez
au
feu de 7.
onces de charbon,
3
.
le premier jour, & quatre le
ſecond
jour.
Le 15. Juin je reïteray la meſme
experience
, en mettant dans la
marmite
une prtie de la
4731pour amolir les Os. qui avoit déja eſté cuitte deux
fois
, &
auſſi de la viande cruë,
j’y
employay 5.
onces de char-
bon
, mais je pouſſay le feu ſi len-
tement
que la chaleur ne fut
point
aſſez grande pour faire ex-
haler
la goutte d’eau en moins de
deux
minutes ou 120.
ſecondes;
aprés que le feu fùt êteint, je
trouvay
que ma viande eſtoit
bien
cuite, &
que celle qui avoit
eſté
expoſée au feu de 12.
onces
de
charbon êtoit encore fort
bonne
ſans empyreume, &
les os
point
amollis;
ainſi je trouvay
qu’il
eſtoit bien facile de cuire la
viande
ſans les os, puis qu’on
pouvoit
la laiſſer au feu trois
fois
auſſilong-temps qu’il eſtoit
neceſſaire
, ſans que pourtant elle
commençaſt
à ſe brûler.
4832Traité tres-curieux
EXPERIENCE VI.
JE fis en ſuite la meſme expe-
rience
ſur les os, &
le 16. Juin
j
e pris les os de cette viande qui
avoit
ainſi eſté cuitte trois fois
plus
long-temps qu’il n’eſtoit ne-
ceſſaire
, &
les ayans mis dans
une
marmitte de verre avec de
la
graiſſe de mouton cuitte, &

toute
pure, je les enfermay dans
le
bain Marie;
& ayant pouſſé
la
chaleur juſqu’à faire exhaler
la
goute d’eau en 4.
ſecondes,
&
la preſſion neuf fois plus
forte
que la preſſion ordinaire de
l’air
, j’eſteignis bien-toſt le feu,
&
les os ſe trouverent cuits.
Je remis une ſeconde fois ces
meſmes
os dans la meſme mar-
mitte
de verre avec la meſme
graiſſe
, &
j’y ajoûtay un
4933pour amolir les Os. veau morceau d’os, qui n’avoit
jamais
eſté cuit, &
y ayant don-
le feu comme auparavant, je
trouvay
que le nouveau mor-
ceau
d’os eſtoit bien cuit, &
le
reſte
point gâté.
Le 17. Juin je remis encore les
meſmes
os, dans la meſme mar-
mitte
avec la meſme graiſſe, &

encore
un autre morceau d’os
qui
n’avoit point eſté cuit;
&
ayant
donné le feu comme aupa-
ravant
, je trouvay encore mon
nouveau
morceau d’os fort bien
cuit
, &
le reſte point gâté.
Je reïteray encore la meſme
experience
avec les meſmes os
&
la meſme graiſſe, mais cette
derniere
fois je donnay le feu, &

plus
fort &
plus long temps; &
il
arriva que les premiers os é-
toient
preſques tout en pouſſie-
re
, &
ſentoient le brûlé; qui ne
5034Traité tres-curieux paroiſſoit pourtant pas ſi deſa-
greable
que celuy de la viãde l’eſt
d’ordinaire
:
pour ce qui eſt de
la
graiſſe, elle n’avoit pas un fort
bon
gouſt, elle eſtoit ſeulement
plus
molle que d’autre graiſſe qui
n’avoit
eſté cuite qu’une fois;
je
ne
ſçay pas ſi à force de la faire
cuire
on pourroit luy faire chan-
ger
de nature:
mais ie croy qu’il
y
faudroit plus de temps que ie
n’y
en pouvois donner.
Les trois premieres cuiſſons
rapportées
dans cette experience
me
firent voir que les os auſſi bien
que
la viande ſe peuvent cuire
trois
fois auſſi long-temps qu’il
eſt
neceſſaire ſans danger de ſe
brûler
, &
ainſi il eſt clair qu’en
les
faiſant ainſi cuire ſeparément
les
perſonnes les moins capables
d’exactitude
pourront en venir
à
bout.
5135pour amolir les Os.
PROPRIETEZ.
IE ǹe veux pas paſſer plus loin
ſans
faire remarquer, que dans
la
5.
experience des os quiavoient
eſté
expoſez au feu de 12.
onces
de
charbon ne paroiſſoient point
amollis
, quoy que 5.
onces de
charbon
puiſſent ſuffire pour cét
effet
;
celafait voir que ce ne ſe-
roit
rien de peſer le charbon à
moins
de prendre garde en meſ-
me
temps de qu’elle maniere on
pouſſe
le feu:
car on ſeroit toû-
iours
en danger d’avoir la viande
ou
trop, ou pas aſſez cuite, &
on
peut
compter cecy pour une pro-
prieté
de cette Machine, que
plus
on donne le feu à coup, plus il
fait
d’effet, avecla meſme quantité.
de cbarbon.
Cette experience me
5236Traité tres-curieux envie d’en faire voir un autre, afin
de
faire voir manifeſtement que
la
preſſion interne avance beau-
coup
en cuiſſon.
Je pris donc
deux
petits vaiſſeaux tout à fait
pareils
bien fermez à vis;
mais
dont
l’un eſtoit exactement ſou-
par tout, &
l’autre avoit un
petit
trou au couvercle pour laiſ-
ſer
échapper les vapeurs;
les ayant
tous
deux mis enſemble ſur un
meſme
Bain de ſable, apres les
avoir
remplis de viande &
d’eau
de
la meſme maniere, Je les laiſ-
ſay
à meſme chaleur pendant
trois
quarts d hcure, &
les ayant
ôtez
tous deux enſemble, je
trouvay
que la viande qui avoit
eſté
exactement fermée eſtoit
plûtôt
trop, que pas aſſez cuite,
au
lieu que l’autre êtoit de beau-
coup
trop cruë;
On peut donc
e
ncore compter cecy par unè
5337pour amolir les Os. proprietez de cette Machine,
que
, plus la preſſion interieure e st
grande
, &
plus les choſes s’y cui-
ſent
, dans le même temps &
avec
la
même chaleur.
EXPERIENCE VII.
AY ant trouvé de la differen-
ce
entre la chair de uf
&
celle de mouton, l une êtant
plus
facile à cuire que l’autre;
Je voulus voir s’il y en auroit auſ-
ſi
entre les chairs de meſme eſ-
pece
, mais de diflerends âges;

Pour
ce deſſein le 4.
de Juillet
ie
pris de l’agneau, &
en mis
dans
deux verres, dans l un deſ-
quels
ie mis de l’eau, &
comme
il
ne m’avoit fallu que 5.
onces de
charbon
pour cuire le mouton,
ie
n’en pris que quatre {1/2} pour
l’agneau
, croyant qu’il
5438Traité tres-curieux être plus tendre, ie pouſſay le
feu
le plus vivement que ie pus,
&
ie ne pus faire que la goute
d’eau
s’évaporaſt en moins de 11.
ou douze ſecondes, la preſſion
interieure
êtoit huit fois plus
forte
que la preſſion ordinaire
de
l’air;
J’attribuë ce peu de
chaleur
en partie à ce que mon
charbon
avoit eſté déia la plû-
part
allumé &
êteint, le feu
s’êtant
êteint peu à peu;
Je trou-
vay
qu’il ne reſtoit qu’une dra-
chme
de charbon qui n’euſt pas
eſté
conſumée dans le verre ſans
eau
les os n’eſtoient point amol-
lis
, ſinon quelque petites extre-
mitez
:
mais dans le verre avec
de
l’eau ils êtoient tout à fait
mols
, auſſi il s’en falloit beau-
coup
que la viande n’y fuſt d’un
goût
ſi relevé que dans l’autre
verre
.
5539pour amolir les Os.
Cette experience me fit iu-
ger
10.
Qu’il ne faudroit gueres
moin
s de feu pour les os des ani-
maux
jeunes, que pour les vieux.
20. Que l’eau eſt un diſſolvant
p
ropre pour ramolir les os, mais
qu’elle
oſte du goût.
EXPERIENCE VIII.
Proprieté.
AFin de iuger à peu prés de
la
difference de cuiſſon qui
arrive
quand on laiſſe êteindre le
feu
peu à peu, ou quand on l’ôte
tout
, ſi toſt que la chaleur eſt
parvenuë
au point on la veut.
Le 5. Juillet i’emplis encore
mes
deux marmittes de verre
avec
de l’agneau commea upa-
ravant
, &
ayant mis bien du
charbon
, ie pouſſay la chaleur
iuſques
à faire exhaler la
5640Traité tres-carieux d’eau en trois ſecondes, & in-
continent
j’oſtay tout le feu;
je
trouvay
que les os dans la mar-
mitte
ſans eau eſtoient un peu
plus
cuits que dans l’experience
precedente
.
& dans la marmitte
avec
de l’eau, ils eſtoient tout à
fait
mols, &
la chair point brû-
lée
;
ainſi je trouve que c’eſt à peu
prés
la meſme choſe de pouſſer le
feu
de 4 {1/2} onces de charbon juſ-
ques
à faire exhaler la goutte d’eau
en
10 ſecondcs, &
en ſuitte laiſſer
é
teindre le feu peu à peu;
ou bien
de
pouſſer le feu de 6.
ou 7. onoes
de
cbarbon juſques à faire exbaler
la
goutte d’eau en 3.
ſecondes, &
en
ſuite oſter le feu tout à coup;
Il n’y auroit donc qu’à obſerver
cette
meſme proportion dans les
autres
generations;
Par exemple;
ſi
j’avois à faire une operation
à
quoy il fallut une quantité dc
5741pour amolir les Os.de charbon qui fit exhaler la
goutte
d’eau en 20.
ſecondes, &
laiſſer
éteindre le feu peu à peu,
&
que je vouluſſe gagner du
temps
;
je mettrois un bon feu,
afin
que la chaleur vint juſquesà
faire
exhaler la goutte d’eau en
ſix
ſecondes, &
en ſuite j’eſtein-
drois
le feu incontinent, &
ainſi
des
autres gardant la proportion
de
10.
à 3. j’avouë pourtant que
cette
regle n’eſt pas démontrée:
mais auſſi la choſe ne requiert
pas
une exactitude Mathemati-
que
, quand je ne dis rien de la
preſſion
interieure comme dans cet-
te
regle il faut entendre quelle
doit
touſiours eſtre égalle.
EXPERIENCE IX.
LE onziéme Juillet je pris un
lapin
, &
l’ayant mis
5842Traité tres-curieux dans deux marmittes de vcrre,
dont
l’une eſtoit avec de l’eau,
&
l’autre eſtoit ſans eau, j’y fis le
feu
de cinq onces de charbon, &

ayant
pouſſé la chaleur juſques à
faire
exhaler une goutte d’eau en
4
.
ſecondes, je laiſſay éteindre le
feu
peu à peu, mes vaiſſeaux
eſtans
refroidis, je trouvay que
les
os du lapin eſtoient bien cuits
dans
le verre eſtoit l’eau, mais
dans
l’autre ils ne l’eſtoient point
du
tout, cependant la chair ayant
eſté
aſſaiſonnée avec du ſel, du
poivre
&
du lard, êtoit auſſi bon-
ne
qu’un pâté ſçauroit être, mais
dans
le verre êtoit l’eau elle
l’êtoit
beaucoup moins.
Cette experience me fit voir
que
les os de lapin ſont plus durs
à
cuire que ceux de mouton, &

elle
me confirma que l’eau ayde
beaucoup
la cuiſſon des os.
5943pour amolir les Os.
EXPERIENCE X.
Proprieté.
IE pris un autre lapin, & l’ayant
enfermé
comme le precedent,
je
fis le feu de 4 {1/2} onces de char-
bon
;
mais le papier qui ſert à ren-
dre
le couvercle juſte ayant eſté
gâté
la machine ne ſouffrit pas
plus
d une preſſion en dedans à
cauſe
que l’eau s’échappoit;
cela
fut
cauſc auſſi que la chaleur ne
pûr
ſe bien communiquer au
couvercle
;
car quoy que dans
cette
experience la quantité de
charbon
fut plus grande, la gout-
te
d’eau que ie mettois ſur le
couvercle
êtoit 20.
fois plus long
temps
à s’exhaler que dans l’ex-
perience
precedente, ſi bien que
l’on
peut encore compter
6044Traité tres-curieux entre les proprietez de cette Ma-
chine
, que plus la preſſion inte-
rieure
eſt grande, moins il faut de
charbon
pour donnerun certain de-
gré
de chaleur, le lapin êtoit bien
cuit
, mais les os ne l’êtoient point
du
tout, pas meſmes dans le ver-
re
, il y avoit de l’eau, ſinon
quelques
uns qui avoient déja
eſté
au feu le jour précedent, &

que
i’avois remis pour s’achever
de
cuir.
Cette experience me ſit voir
que
les os cuits, quoy qu’ils ne
paroiſſent
aucunement amollis,
ont
pourtant acquis une grande
diſpoſition
à cela qui ne nous eſt
pas
ſenſible.
EXPERIENCE XI.
LE 13. Juillet je pris un vieux
lapin
mâle &
dome
6145pour amolir les Os. qui d’ordinaire eſt un pitoyable
manger
, je laſſaiſonnay &
le mis
dans
deux marmittes de verre,
j’y
fis le feu de 6.
onces de char-
bon
, je pouſſay la chaleur juſ-
ques
à faire exhaler la goutte
d’eau
en moins de 4.
ſecondes;
la preſſion interieure êtoit envi-
ron
ſix fois plus forte, que la
preſſion
ordinaire de l’air, je laiſ-
ſay
éteindre le feu peu à peu, &

je
trouvay mon lapin fort bien
cuit
avec les os mols, &
il avoit
auſſi
bon gouſt que les jeunes
lapins
l’ont d’ordinaire, &
ſon
ſuc
ſe tourna en bonne gelée.
EXPERIENCE XII.
Proprietez.
LE 18. Aouſt je mis des pi-
geonneaux
dans deux
6246Traité tres-curieux marmirtes de verre, & je les pe-
ſay
toutes deux ſeparement av ant
quede
les enfermer dãsleurs chaſ-
ſis
, je pouſſay le feu juſques à fai-
re
exhaler la goutte d’eau en 5.
ſecondes, & la preſſion interieu-
re
10.
fois plus forte que la preſ-
ſion
ordinaire de l’air;
mes vaiſ-
ſeaux
êtans refroidis, je trouvay
que
les deux couvercles êtoient
preſſez
aſſez fortement contre
leurs
marmittes, ce qui faiſoit
voir
qu’il y avoit de la rarefaction
en
dedans, &
qu’il en eſtoit ſorty
quelque
choſe, en ſuite les ayant
ſeichées
je les peſay ſeparement,
comme
avant qu’elles fuſſent
cuites
, &
je trouvay que l’une
(dans laquelle j’avois mis par
poids
{1/8} moins de viande, que
l’eau
qu’elle peut contenir) eſtoit
exactement
du meſme poids
qu’auparavant
, &
les os
6347pour amolir les Os. étoient fort tendres, & le ſuc
bien
congelé ſans empyreume.
L’autre marmitte (dans laquelle
j’avois
mis plus peſant de viande
qu’elle
ne pouvoit tenir d’eau)
avoit
augmenté ce poids &
le ſuc
n’en
eſtoit pas ſi bien gelé;
il y
a
apparence que la grande quan-
tité
de viande dans cette mar-
mitte
, en ſe rarefiant avec trop
de
force avoit ſoûlevé le couver-
cle
;
en ſorte qu un peu d’eau du
Bain
Marie avoit s’y inſinuer
&
ainſi avoit augmenté le poids@
&
deleyé la gelée, au lieu que
dans
l’autre la rarefaction de la
viande
n’avoit faire autre
choſe
que chaſſer un peu de l’air
qui
eſtoit au deſſus ſans ſoûleven
preſque
le couvercle.
Cette experience me: fit juger
qu’on
peut compter entre les
proprietez
de cette Machine,
6448Traité tres-curieux que, en cuiſant des pigeonneaux
avec
une chaleur qui faſſe exhaler
la
goutte d’eau en 5.
ſecondes, & la
preſſion
10.
fois plus forte que la
pre
ſſion ordinaire de l’air, il faut
que
le poids de la viande dans la
marmitte
ſoit {7/8} du poids de l’eau
que
la marmitte peut contenir Par
exemple
7 livres de viande dans
une
marmitte qui peut tenir 8.
li-
vres
d’eau:
car par ce moyen on
fait
la preſſion dans la marmitte,
auſſi
forte que dans le Bain Ma-
rie
, &
pourtant on ne perd rien.
On peut voir Experienee XVI.
que l’eau êtant priſe dans le mê-
me
poids, feroit auſſi le même
effet
, &
ainſi cela pourroit faire
croire
qu’il en ſeroit à peu prés
de
meſme dans les autres corps
pris
en même poids, &
que
ceux
qui laiſſeroient davantage
de
vuide à cauſe de leur
6549pour amolir les Os. ſpecifique auroient auſſi plus de
force
à proportion pour ſe di-
later
;
mais ce ſeroit une gran-
de
mépriſe;
car i’ay éprouvé
au
Chapitre ſixiéme Experien-
ce
2.
que l’eſprit de vin qui a
moins
de gravité ſpecifique, que
le
vinaigre, a pourtant bien plus
de
force pour ſe dilater beau-
coup
par la chaleur;
Il faudra
donc
(ſi l’on veut eſtre exact à ne
rien
perdre, &
à faire la juſte
preſſion
dans la marmitte) trou-
ver
par experience la force &
l’é-
tenduë
de la rarefaction des
autres
corps comme ïe l’ay trou-
vée
icy des pigeons, &
emplir
la
marmite ſuivant ce qu’on aura
trouvé
.
J’avois mis en même-temps
dans
une autre Machine des mê-
mes
pigeons à cuire;
ie pouſſay
la
chaleur iuſques à faire
6650Traité tres-curieux la goute d’eau en 3. ſecondes,
mais
la preſſion ny étoit que 5.
fois plus grande que la preſſion
ordinaire
de l’air;
mes vaiſſeaux
eſtans
refroidis je trouvay que
les
os n’eſtoient pas tout à fait
ſi
mols, que dans l’autre Machi-
ne
, quoy qu’ils euſſent eu la cha-
leur
plusforte;
ils eſtoient pour-
tant
mangeables preſque tous
Cette experience me fit croire
qu’on
peut compter entre les
proprietez
de cette Machine,
que
c’est preſque la meſme choſe de
faire
exhaler la goutte d’eau en 3.
ſècondes, avec 5. preſſions ou de la
faire
exhaler en 5.
ſecondes avec
dix
preſſions.
On pourroit ainſi
trouver
par experience, pour
toute
autre iencontte, que la
quantité
de preſſion, peut tenir
lieu
d’une certaine quantité de
chaleur
;
& ſi l’on avoit un
6751pour amolir les Os. mometre exact, comme j’ay dit
au
Chap.
2. on en tireroit peut-
eſtre
de grandes lumieres pour
pour
autres choſes.
Cette experience fait encore
voir
, que les Bains Marie bien
fermez
pour ſoûtenir de grandes
preſſions
, épargneront extreme-
ment
le feu:
car nous avons v@u
expoſ
.
10. que plus la preſſion in-
terieure
eſt grande, &
moins il
faut
de charbon pour luy don-
ner
un certain degré de chaleur,
&
à preſent nous voyons que
ce
degré de chaleur acquis avec
moins
de charbon fait pourtant
bien
plus d’effet, que quand l’on
eſt
obligé d’y employer plus de
charbon
faute de preſſion inte.
rieure.
6852Traité tres-curieux
SUR LE POISSON.
EXPERIENCE XIII.
LE quinziéme Juin j’ay pris
un
maquereau &
l’ay mis
dans
une marmitte de verre avec
des
groſſelles vertes, j’enfer-
may
la marmitte dans le Bain
Marie
, &
avec 4. onces, deux
drachmes
de charbon je pouſſay
la
chaleur, juſques à faire évapo-
rer
la goutte d’eau en 10.
ſecon-
des
, &
la preſſion au dedans étoit
7
.
fois plus forte que la preſſion
ordinaire
de l’air, aprés que le
feu
fût éteint, peu aprés je trou-
vay
que le charbon qui reſtoit
peſoit
prés de 2.
drachmes; le
peiſſon
eſtoit parfaitement bien
cuit
&
ferme, quoy que les arrê-
tes
fuſſent ſi tendres, qu’on
6953pour amolir les Os. les appercevoit pas en les man-
geant
;
avant d’eſtre cuit, il pe-
ſoit
9.
onces, & aprés être cuit
il
n’en peſoit plus que 7.
ſi bien
que
j’eus environ 2.
onces de
bon
ſuc qu’il auroit fallu jetter
ſi
mon poiſſon eut eſté cuit com-
me
à l’ordinaire;
outre qu’il
avoit
le gouſt bien plus relevé,
les
ſels volatils ne s’êtans ny eſ-
chappez
ny diſſous dans de l’eau;
les groſelles auſſi n’êtoient point
brûlées
, mais avoient fort bon
goût
.
EXPFRIENCE XIV.
LE 19. Juin je fis la meſm@
experience
avec un bro-
chet
, &
ie pouſſay le feu de la
meſme
maniere que dans l’ex-
perience
precedente;
& ie trou-
vay
mon poiſſon encore
7054Traité tres-curieux bien cuit, & la chair ferme & les
os
tendres, quoy que pourtant
ils
me paruſſent un peu plus durs
que
ceux du maquereau;
un
Gentil
homme qui en goûta me
demanda
ſi c’eſtoit ce que ie met-
tois
pour amollir les os qui don-
noit
ſi bon gouſt à la chair;
ce
qui
me fit croire que ce n’eſtoit
pas
la préoccupation qui me fai-
ſoit
iuger le poiſſon cuit de cette
ſorte
meilleur que l’autre;
le ſuo
ſe
changea en forte gelée;
au
lieu
que celuy du maquereau ê-
toit
touſiours demeuré liquide
Je
ne ſcay pas ſi cette differenc@@
venoit
de la chaleur de l’air, ou
de
la nature du poiſſon.
EXPERIENCE XV.
LE 20. Juin ie pris une groſſ
anguille
, &
l’ayant
7155pour amolir les Os. mée à l’ordinaire, i’y fis le feu
de
4 {1/@} onces de charbon, &
ie
pouſſay
la chaleur iuſques à fai-
re
exhaler la goutte d’eau en 6.
ſecondes, & la preſſion 7. fois
plus
forte que la preſſion ordi-
naire
de l’air, ayant laiſſé étein-
dre
le feu peu à péu, ie trouvay
mon
anguille fort bien cuite a-
vec
la peau, &
les os tendres ſans
empyreume
:
mais la chair n’a-
voit
pas conſervé de fermeté
comme
celle des autres poiſſons:

le
ſuc auſſi ne ſe gela point, ce
que
i’attribuë plûtoſt au trop de
cuiſſon
qu’à la nature dece poiſ-
ſon
, dont la peau eſt ſans doute
fort
propre à faire de la gelée.
Toutes ces experiences me
font
croire qu’il n’y a pas grande
difference
entre ja chaleur qu’il
faut
pour cuire differentes ſortes
de
poiſſons.
7256Traité tres-curieux
LEGUMES.
EXERCICE XVI.
LE 2. Juillet ie mis des féves
dans
une marmitte de verre;
les unes eſtoient cruës, & d’au-
tres
avoient déia eſté cuites avec
de
la corne de cerf, ie mis un peu
d’eau
au fonds de la marmitte
pour
voir la difference qu’il y au-
roit
entre celles qui auroient eſté
cuites
dans l’eau, &
celles qui
auroient
eſté au deſſus;
Je pouſ-
ſay
le feu iuſques à faire exhaler
la
goutte d’eau en 5.
ſecondes, &
la
preſſion interieure dix fois
plus
forte que la preſſion ordi-
naire
de l’air, i’oſtay incontinent
le
feu, &
les vaiſſeaux eſtans re-
froidis
, ie trouvaytoutes ces féves
extremement
molles, &
qu’il
7357pour amolir les Os. avoit pas grande difference entre
celles
qui n’avoient eſté cuites
qu’une
fois, &
celles qui l’avoient
eſté
deux fois, mais celles qui é-
toient
au deſſus étoient ridées, &

avoient
le gouſt plus relevé que
celles
qui eſtans au fonds s’é-
toient
enflées d’eau qui leur ra-
baiſſoit
le gouſt;
les écorces é-
toient
fort molles, excepté une
petite
pelliculle qui étoit plus
dure
, mais qui ſe pouvoit pour-
tant
fort facilement manger, en
ſorte
que des féves de cette ſorte
n’auroient
pas beſoin d’ëtre dé-
robées
, comme on dit.
Cette experience me confirma
que
les alimens dans cette ma-
chine
peuvent demeurer ſur le
feu
long temps aprés être cuites
ſans
pourtant ſe gâter.
7458Traité tres-curieux
PROPRIETE.
DAns l’experience que ie
viens
de décrire, i’avois
pris
garde de ne perdre ſur la ver-
ge
de fer LM, qu’autant de
poids
qu’il étoit neceſſaire pour
faire
la preſſion interieure 10.
fois
plus
grande que la preſſion ordi-
naire
de l’air;
de ſorte que quand
mon
Bain Marie fut conſidera-
blement
échauffé, la trop gran-
de
quantité d’eau qui y étoit,
eut
la force de ſoûlever la petite
ſoûpape
ſur le tuyau HH, &
de
ſe
couler par peu à peu iuſques
à
ce que i’oſtaſſe le feu :
mais
quand
le feu fut tout à fait oſté
il
ne coula plus rien;
quoy que
la
chaleur fut aſſez grande pour
faire
évaporer la goutte d’eau en
5
.
ſecondes; ainſi il eſt aiſé de
7559pour amolir les Os. ger que l’eau qui reſtoit dans le
Bain
Marie avoit deſormais tant
de
place pour ſe dilatter, que ce
degré
de chaleur n’eſtoit pas ſuf-
fiſant
pour luy faire faire plus de
10
.
preſſions; j’eus doncla curio-
ſité
de voir combien cette place
êtoit
grande;
Pour cét effet
quand
j’ouvris mon Bain Marie,
je
pris bien garde de ne laiſſer
point
perdre d’eau, &
ayant pe-
ſé
toute celle qui s’y trouva, je
vis
qu’il ne s’en étoit pas perdu
la
huitiéme partie;
parce que de
huit
onces que j’y avois miſes, il
m’en
reſtoit plus de 7.
on peut
donc
compter cecy pour une pro-
prieté
de cette Machine, que ſi
on
y met {7/8} de l’eau qu’elle peut
contenir
, &
qu’on pouſſe la cha-
leur
juſques à faire évaporer la
goutte
d’eau en 5.
ſecondes, la preſ-
ſion
au dedans ne ſera que 10.
7660Traitétres-curieux plus forte que la preſſion ordi-
naire
de l’air.
On pourra de meſ-
me
trouver par experience com-
bien
il faudra laiſſer de vuide ſe-
lon
les autres preſſions qu’on
voudra
faire, &
les autres degrez
de
chaleur qu’on voudra don-
ner
, &
cela ſera utile ſur la mer
comme
j’ay dit Chap.
2. & pour-
ra
aider à connoiſtre la nature.
EXPERIENCE XVII.
LE quinziéme Juillet j’en-
fermay
des pois verts dans
deux
petites marmites de
verre
, &
je mis dans l’une un peu
moins
d’eau qu’il n’en falloit
pour
couvrir le poids, dans l’au-
tre
je ne mis point d’eau du tout;
les ayant enfermées dans le petit
Bain
Marie, je pouſſay le feu juſ-
ques
, à faire évaporer la
7761pour amolir les Os.eau en 4. ſecondes, & la preſ-
ſion
interieure 10.
fois plus gran-
de
que la preſſion ordinaire de
air; j’oſtay le feu, & les vaiſ-
ſeaux
êtans refroidis, je trouvay
rous
les pois extremement mols,
ceux
qui étoient ſans eau avoient
rendu
du ſuc preſque aſſez pour
les
couvrir, &
ils avoient une
couleur
rouſſaſtre, &
tant ſoit
peu
d’odeur, &
de goût brûlé,
les
autres avoient conſervé leur
couleur
verte, &
avoient fort
bon
gouſt, mais moins haut que
ceux
qui êtoient ſans eau;
ayant
fait
fondre du beure frais, je
trouvay
à mon gré, que les pois
ſans
eau dans cette ſauce, na-
voyent
pas le gouſt trop fort, &

qu’ils
eſtoient meilleurs que les
autres
;
ſi on vouloit pourtant il
ſeroit
bien aiſé de les faire moins
cuire
, ceux cy ayant ſouffert
7862Traité tres-curieux tant de chaleur qu’il en faudroit
pour
ramolir des os, quelques
pois
que j’avois mis avec les gouſ-
ſes
ſe trouvetent fort bons &

tendres
, excepté le parchemin
qui
n’êtoit point du tout change
nonobſtant
cette grande cha-
leur
.
Cette experience ſemble prou-
ver
que l’eau empeſche l’empy-
reume
, mais je croy que toute
autre
choſe que l’eau qui auroit
remply
les interſtiſſes entre les
pois
l’auroit auſſi bien empeſché,
parce
que j’ay éprouvé aſſez
long-temps
depuis qu’ayant mis
des
grozeilles vertes dans les mê-
mes
marmittes de verre ſans eau;
mais ayant ſeulement pilé les
unes
&
laiſſé les autres entieres,
il
arriva qu’ayant pouſſé la cha-
leur
juſques à faire exhaler la
goute
d’eau en 3.
ſecondes, &
7963pour amolir les Os. preſſion dix fois plus forte que
la
preſſion de l’air, les grozeil-
les
entieres avoient acquis
beaucoup
d’empyreume, quoy
que
leur verre fuſt beaucoup
vuide
, &
au’ainſi elles n’euſſent
pas
ſouffert une grande preſſion;
au lieu que les autres qui rem-
pliſſoient
tout exactement de
leur
propre ſuc, avoient fort bon
gouſt
&
rien de brûlé; je conſeil-
lerois
donc pour cuire parfaite-
ment
bien les pois, de remplir
les
eſpaces qu’ils laiſſent entr’eux
avec
du ſuc d’autres pois, qui en
auroit
ja tout le goût, &
ainſi
il
ne l’oſteroit point aux autres.
Cette experience fait voir que
pluſieurs
digeſtions ſe peuvent
faire
dans cette machine, bien
mieux
que de la maniere ordi-
naire
, l’on eſt obligé de laiſ-
ſer
beaucoup de place vuide,
8064Traitétres-curieux qui fait que les ſubſtances ſont
plus
ſujettes à ſe brûler;
cecv
pourroit
auſſi fournir des conje-
ctures
ſur la nature de l’empyreu-
me
;
mais il vaut mieux attendre
que
l’on ait fait d’avantage d’ex-
periences
.
11[Figure 11]
Chapitre III.
EXPERIENCES
POUR
les
Voyages par Mer.
EXPERIENCE
PREMIERE.
LA plus grande incommo
dité
des gens qui font d@
grands
voyages ſur Me
vient
ſelon l opinion la plus com
mune
, de ce que les viandes don
on
ſe nourrit ayans eſté
8165pour amolir les O@ long-temps ſalées ont perdu tou-
tes
leurs parties les plus ſpiritueu-
ſes
, &
volatiles, & ainſi les par-
ties
terreſtres &
groſſieres qui
reſtent
, ne ſont propres qu’à
former
un ſang terreſtre &
groſ-
ſier
, qui donne le Scorbut;
il y
a
donc apparence que les gelées
eſtans
compoſées de parties vo-
latilles
&
aiſées à digerer, ſont
propres
à corriger ce deffaut des
viandes
ſalées;
mais pour l’ordi-
naire
elles ſont ſi cheres &
ſi diffi-
ciles
à faire, qu’il eſt rare d’en a-
voir
ſur mer, cela m’a faitcroir@
qu’il
ſeroit bon de donner un
moyen
d’en faire par toutfacile-
ment
&
à bon marché, j’ay donc
travaillé
pour cela.
Le 18. Juin j’ay pris des os de
boeuf
qui n’avoient jamais eſté
boüillis
qui eſtoient fort ſecs, &

du
plus dur endroit de la
8266Traitè tres-curieux& les ayans mis dans une petite
marmitte
de verre avec de l’eau,
je
les enfermay dans le Bain Ma-
rie
avec une autre petite marmit-
te
de verre quieſtoit auſſi pleine
d’eau
&
dos de meſme maniere,
ſinon
que dans celle-cy les os
êtoyent
des coſtes, &
avoyent
déja
eſté cuites, ayant pouſſé le
feu
juſques à faire exhaler la
goutte
d’eau en 3.
ſecondes, &
dix
preſſions, j’oſtay le feu &
les
vaiſſeaux
eſtans refroidis, je trou-
vay
de fort belle gelée dans mes
deux
marmittes;
mais celle dont
les
os êtoient des coſtes avoit la
couleur
un peu rougeâtre, ce qui
pouvoit
proceder de parrie
moüelleuſe
;
l’autre gelée eſtoit
ſans
couleur &
ſans gouſt, com-
me
la gelêe de corne de cerf, &

je
ne voy pas pourquoy elle ne
feroit
pas à peu prés le meſme
8367pour amolir les Os. fet, je puis meſme aſſeurer que
l’avant
aſſaiſonnée avec du ſucre
&
du jus de limon, je la mangeay
avec
autant de plaiſir, &
n’en
ſentis
aucune incommodité non
plus
que ſi c’euſt eſté de la gelée
de
corne de cerf.
Quoy que cette experience
ſoit
particulierement á eſtimer
ſur
la mer, elle ne laiſſera pas
d’être
auſſi fort utile ſur la terre,
les
gelées êtans par tout fort
bonnes
pour pluſieurs maladies,
il
ſera fort avantageux par tout
d’en
pouvoir facilement faire
pour
un ſol, plus qu’on n’en
pourroit
achepter pour quinze.
EXPERIENCE II.
IE remis des os crus de l’en-
droit
le plus dur d’une cuiſſe
de
bœuf dans une de mes
8468Traité tres-curieux tes marmittes de verre, & dan@
l’autre
je mis des os de poitrine
de
mouton qui avoient déja eſté
cuits
;
& qui n’eſtoient pourtant
pas
mols :
les ayant enfermées
toutes
deux dans un meſme
chaſſis
;
en ſorte qu’elles n’êtoient
pas
plus ſerrées l’une que l’autre,
&
les ayant miſes dans le Bain
Marie
, je pouſſay le feu juſques
à
faire exaler la goute d’eau en 9,
ſecondes
, mais alors il arriva que
que
la ſoupape quiferme le petit
tuyau
H H ayant manqué, par-
ce
que je l’avois garnie de cuir,
l’eau
du Bain Marie s’échappa
toute
avec une impetuoſité qui
m’êtonna
d’abord, mais qui du-
ra
pourtant environ une minute
à
cauſe de la petiteſſe de l’ouver-
ture
.
Je m’aſſure, que dans ce mê-
metemps
, l’eau dans les
8569pour amolir les Os. mites ſe dilatoit auſſi & s’en al-
loit
par deſſus les bords;
car je les
trouvay
beaucoup vuidées, mais
avec
cette difference que dans
celle
êtoient les os de mou-
ton
, la liqueur eſtoit une forte
gelée
, quoy queles os ne fuſſent
pas
encore attendris, ſinon en
quelques
extremitez, &
cette
gelée
ne peſoit que {2/7} moins que
l’eau
que j’y avois miſe;
au lieu
que
dans l’autre marmite les os
n’eſtoient
point du tout amolis,
la
liqueur point du tout gelée,
mais
ſeulement un peu êpaiſſe,
&
il y en avoit plus des {3/4} de per-
duë
, quoy que cette marmitte
euſt
les bords beaucoup plus
hauts
que l’autre.
Cette experience me fit voir,
.
Qu’il vaudroit toûjours mieux
faire
proviſion d’os de mouton
que
de bœuf.
, Que ce
8670Traité tres-curieux inutilement qu’on eſſayeroit de
faire
par les voyes ordinai-
res
de la gelée des os de bœuf,
veu
la grande chaleur qu’il fau-
droit
, &
la grande quantité d’eau
qui
ſe perdroit par l’évaporation.

30
.
Que la gelée conſtſte de parties
bien
plus difficiles à élever en va,
peurs
que celle de l’eau ordinaire.
EXPERIENCE III.
LE vingt-troiſiéme Juin je mis
mis
les os de bœuf dont je
viens
de parler dans la meſme
marmitte
, &
le poids de l’eau
eſtant
double du poids des os,
je
mis des cartillages dans l’au-
tre
marmite avec auſſi le double
de
leur poids d’eau, aprés avoir
pouſſé
le feu juſques à faire ex-
haler
la goutte d’eau en 3.
ſecon-
des
, &
la preſſion interieure 10.
8771pour amolir les Os. fois plus forts que la preſſion or-
dinaire
de l’air, je laiſſay le feu
encore
quatre ou cinq minutes,
&
en ſuite je l’oſtay tout à fait; &
les
vaiſſeaux êtans refroidis je
trouvay
que les os eſtoient de-
venus
mediocrement friables,
mais
l’eau n’êtoit pas aſſez épaiſ-
ſe
pour être appellée gelée ;
je
croy
pourtant, que ſi ce qui s’é-
ſtoit
évaporé dans la premiero
coction
y eut encore eſté, la ge-
lée
auroit eſté aſſez forte;
Les
cartilages
dans l’autre marmitte
êtoient
preſque abſolument fon-
dus
, &
faiſoient une forte gelée
depuis
le fonds du verre juſques
au
milieu, mais le deſſus n’eſtoit
pas
plus épais que la liqueu@
dans
l’autre marmitte.
Cette experience me fit juger,
10
, Qu’une livre d’os de bœuf
pourroit
faire environ deux
8872Traité tres-curieux vres de gelée. . Quilvaudroit
mieux
faire proviſion de carti-
lages
, parce qu’ils ſont abſolu-
ment
glutineux, &
ſe fondent-
tout
à fait dans l’eau, m is com-
me
elle eſt plus legere, elle ſur-
nage
, &
les cartillages demeu-
rent
au fonds, ne retenant en-
tre
leurs parties que quelque
peu
d’eau qui s’y eſt inſinuée
pour
les diſſoudre.
30. Que ce
n’eſt
que le ciment qui joint les
les
parties des os qui ſe diſſout
dans
l’eau pour faire la gélee,
puis
que les os en ſuite demeu-
rent
friables.
EXPERIENCE IV.
LE 28. Juin j’enfermay des os
dans
mes deux petites mar-
mittes
de verre, dans l’une eſ-
toient
des os de bœuf en plus
grande
quantité qu’il n’eſtoit ne-
ceſſaire
pour faire de la
8973pour amolir les Os. l’eau qui y eſtoit, dans l’autre
c’eſtoient
des os de mouton auſ-
ſi
en quantité plus que ſuffiſan-
te
pour congeler l’cau ils
trempoient
;
Je pouſſay le feu
juſques
à faire exhaler la gout-
te
d’eau en 3.
ſccondes, & la
preſſion
interieure eſtoit 10.
fois
plus
forte que la preſſion ordi-
naire
de l’air;
je continüay le feu
de
cette ſorte pirés d’un quart
d’heure
, &
enſuite je n’éteignis
qu’une
partie du charbon, en
laiſſant
le reſte pour entretenir
la
chaleur plus long-temps;
me
vaiſſeaux
eſtant refroidis, je
trouvay
de fort bon boüillon
ſans
goût de brûlé dans mes
deux
marmites, mais pourtant
il
ne ſe gela point, ( ce que ie
ne
puis attribuer qu’au trop de
cuiſſon
, puiſque dans les Expe-
riences
precedentes, avec
9074Traité tres-curieux d’os & moins de chaleur j’avois
fait
de la gelée.
Cette Experience fait voir
qu’il
faudra bien prendre garde
au
degré de chaleur que l’on
donnera
pour faire une grande
quantité
de gelée, &
que ce n’eſt
pas
aſſez qu’il n’y ait point de
goût
de brûlé, car il pourroit
nonobſtant
cela y avoir eu beau-
coup
trop de chaleur, &
pour
trouver
ce meilleur degré de cha-
leur
, il faut pluſieurs Experien-
ces
.
EXPERIENCE V.
LE 29. Juin je mis des os
de
bœuf dans une de
mes
petites marmittes de
verre
avec égal poids d’eau @
Dans
l’autre je mis de l’y-
voire
le plus preſſé qu’il me fut
poſſible
avec de l’eau pour
9175pour arnolir les Os. plir les interſtices; Je pouſſay
le
feu juſqu’à faire exhaler la
goutte
d’eau en 6.
ſecondes, &
la
preſſion interieure 12.
fois
plus
grande que la preſſion or-
dinaire
de l’air.
J’ôtay alors le feu
le
plus vite qu’il me fut poſſi-
ble
, &
les vaiſſeaux étant refroi-
dis
, je trouvay que le vaiſſeau
étoit l’yvoire, s’étoit caſſé,
parce
que l’yvoire qui y étoit
preſſée
venant à s’enfler par la
chaleur
&
par l’humidité, avoit
eu
plus de force que le verre;
L’yvoire étoit devenuë friable:
&
dans l’autre marmite les os n’é,
toient
pas encore ramolis qu’en
quelques
endroits des apophy-
ſes
;
la liqueur n’étoit pas non
plus
gelée excepté au fonds,
mais
le lendemain qu’il faiſoit
un
peu plus froid je la trouvay
gelée
juſques au haut, &
je
9276Traité tres-curieux mis ſur diverſes plaques de ver-
re
afin de la faire ſeicher;
Le
lendemain
premier de Juillet,
quoy
qu’elle eût été 24.
heu-
res
à l’air pour évaporer l’hu-
midité
, je la trouvay encore li-
quide
, à cauſe, comme je croy,
qu’il
faiſoit un peu plus chaud;
je m’en ſervis à coller un ver-
re
caſſé qui depuis cela tient
fort
bien, &
ſe peut rincer preſ-
ques
comme s’il n’avoit point
eſté
caſſé;
mais à la longue l’hu-
midité
diſſout cette colle.
Cette Experience me fit iu-
ger
, .
que la chaleur que i’y
avois
employé, avoit peché dans@
le
deffaut auſſi bien que la pre-
cedente
avoit peché dans l’ex-
cés
, &
qu’ainſi pour bien faire
la
gelée d’os, il faudroit pouſ-
ſer
la chaleur environ comme
dans
la premiere ou dans la
9377pour amolir les Os. ſiéme experience. . Ie me con-
firmai
dans la penſée que j’avois
que
c’eſt la colle des os qui ſe diſ-
ſout
dans l’eau pour faire la
g@lée
.
. Ie trouvay qu’il faut ex-
tremement
peu de parties conge-
lantes
pour coaguler l’eau;
car
quoyque
celle-cy eust pu ſe conge-
ler
dans un grenier en esté ;
ce-
pendant
quand elle fut ſeiche, il
me
resta ſi peu de colle que j’en
fus
ſurpris.
Ie jugeay qu’il fa-
loit
bien peu de cbaleur ponr em-
peſcher
ces ſortes de congelations,
&
qu’ainſi ſelon l’apparence la
qualité
de gelée, à proportion de
la
matiere, ſe trouvera bien plus
grande
en byver, qu’en eſté.
50.
Que la congelation qui ſe fait de
cette
maniere eſt toute differente
de
celle qui ſe fait purement par
le
froid, puiſque la glace
9478Traité tres-curieux ſur l’eau, mais la gelée va au@
au
fonds.
Pour ſe bien ſervir de la col-
le
dont ie viens de parler, i
faut
la conſerver bien nette, &

quand
on la veut employer, e@
detremper
un peu avec trois
ou
quatre gouttes d’eau nette,
en
frotter les bords du ver-
re
à recoller, &
les rappli-
quer
l’un contre l’autre, le plus
exactement
qu’on pourra;
on
en
pourra faire de meſme à l’y-
voire
, à la porcelaine, &
autres
corps
qui ſe caſſent net.
12[Figure 12]
9579pour amolir les Os.
EXPERIENCE VI.
LE premier Iuillet ie rem-
plis
deux petites marmi-
tes
de verre, dans l’u-
e il y avoit une once de cor-
e de cerf rapée, avec deux on-
es d’eau; Dans l’autre il y
voit une once d’os de merlan
@ deux onces d’eau, ayant pouſ-
é le feu iuſqu’à faire exhaler
a goutte d’eau en 7. ſecondes,
@ la preſſion interieure 12. fois
lus grande que l’exterieure;
otay promptement tout le feu,
@ les vaiſſeaux étant refroidis,
trouvay une gelée extreme-
ent forte & belle dans la mar-
itte étoit la corne de cerf,
fis goûter cette gelée à une
erſonne qui en fait fort ſou-
ent, & elle me dit qu’il faloit
u’il y eût dans celle-là
9680Traité tres-curieux que choſe plus que dans la ſien-
ne
, parce qu’elle y trouvoit beau-
coup
de goût &
d’odeur, au lieu
qne
la ſienne eſtoit ſans odeur &

goú
t, ie n’attribuë cette diffe-
rence
qu’aux eſprits &
ſels vo-
latils
, qui ſont tous conſervez
par
le moyen du Bain Marie
fermé
à vis, au lieu que parles
voyes
ordinaires ils ſe perdent;

&
cela donne lieu de croire que
cette
nouvelle ſorte de gelée au-
ra
bien plus de vertu.
La corne de cerf auſſi n’avoit
rien
conſervé de dur, au lieu
que
pourl’ordinaire elle ſe redui
en
pouſſiere qu’on ſent rude en
tre
les doigts.
Dans l’autre marmite les os d
poiſſon
étoient tout à fait mols
mais
la liqueur n’étoit point ge
lée
;
cependant étant miſe à ex-
haler
, il restoit de la colle,
9781pour amolir les Os. en petite quantité, & beaucoup
moins
forte que celle des os de
bœuf
.
EXPERIENCE V II.
LE 2. Iuillet ie remplis deux
petites
marmites de verre,
dans
l’une ie mis {1/2} once de cor-
ne
de cerf avec 2 {1/2} onces deau;
dans l’autre ie mis des os rapez
auſſi-bien
que la corne de cerf
avec
meſme quantité d’eau à
proportion
;
ayant pouſſé le feu
iuſques
à faire exhaler la gout-
te
d’eau en 5.
ſecondes, &
10
.
preſſions. J’ótay tout fort
promptement
;
le lendemain ma-
tin
mes vaiſſeaux étant refroidis,
ie
trouvay que dans la marmite
étoient les os, la liqueur
étoit
peu épaiſſie;
dans l’autreily
avoit
une bonne gelée, mais
9882Traité tres-curieux coup moins forte, que celle de
l’Experience
precedente:
Ie la
fis
chauffer, &
ſi-toſt qu’elle
fuſt
fonduë, ie la paſſay &
la
preſſay
le mieux que ie pus, &

ie
mis le marc ſeicher;
(ce
marc
au bout de huit jours étant
tout
à fait ſec, s’eſt trouvé peſer
encore
2 {3/4} drachmes:
De ſorte qu’il
n’étoit
ſorti de parties congelantes
de
la corne de cerf que 1 {1/4} dra-
chmes
, &
cela avoit ſuffi pour
congeler
2 {1/2} onces de liqueur, qui
ſont
16.
fois plus.
La liqueur qui avoit paſſé ſe
gela
en fort peu de temps, &

parut
bien plus forte, que n’eſt la
gelée
ordinaire;
ſi bien que je
croy
qu’on peut aſſurer qu’une
quantité
de corne de cerf ſuffic
pour
faire du moins 5.
fois auſſi
peſant
de gelée, &
peut-eſtre
qu
en pratiquant on trouvera
9983pour amolir les Os. quelque degré de feu - propre
pour
en faire bien davantage;
mais quand on ne feroit que
je
viens de dire, toûjours cela ſe-
roit-il
fort conſiderable, puiſque
par
les voyes ordinaires on au-
roit
prés de la moitié moins de
gelée
&
moins bonne, & il fau-
droit
beaucoup plus de feu, de
temps
&
d’eau douce qui eſt
de
conſequence ſur la mer;
car
quoy
qu’il faille de l’eau pour
faire
de la gelée à ma maniere,
cette
eau n’eſt pas perduë, &
elle
demeure
toute dans la gelée;
au
lieu
qu’à la maniere ordinaire il
s’en
évapore bien plus des trois
quarts
, &
l’épargne du temps &
du
feu ſera encore plus conſide-
rable
.
10084Traité tres-curieux.
EXPERIENCE VIII.
AY ant trouvé par l’Expe-
rience
precedente que la
corne
de cerf faiſoit une ſi gran-
de
quantité de gelée en compa-
raiſon
des os, ie voulus voir ſi
cela
ne venoit point de ce que le
degré
de feu avoit eſté propre
pour
la corne de cerf, &
pas
aſſez
fort pour les os;
Je reïte-
ray
donc cette Experience avec
les
meſmes circonſtances, ſinon
que
cette fois ie pouſſay la cha-
leur
iuſques à faire évaporer la
goutte
d’eau en 4.
ſecondes, &
mes
vaiſſeaux eſtant refroidis,
ie
trouvay quela gelée de corne
de
cerf eſtoit encore fort belle,
mais
la liqueur ſur les os eſtoit,
peu
épaiſſie;
Ie trouuay pour-
tant
de la gelée aprés avoir
10185pour amolir les Os. par inclination la liqueur qui ſur-
nageoit
, mais cette liqueur pe-
ſoit
plus d’une once;
ainſi je
iugeay
que les os ne contien-
nent
pas en effet à beaucoup
prés
autant de parties conge-
lées
, comme la corne de cerf en
contient
.
Aprés avoir paſſé & exprimé
les
matieres de mes deux marmi-
tes
, i’en garday les marcs ſépa-
rément
, chacun dans un verre
bien
fermé, crainte que l’hu-
midité
ne s’évaporaſt;
& envi-
ron
quinze iours aprés ie trou-
vay
qu’ils s’eſtoient fermentez
&
avoient acquis une odeur, &
un
goût de fromage de Parme-
zan
, &
fort propre à faire trou-
ver
le vin bon, en le mangant
avec
un peu de pain;
Meſſieurs
de
la Societé Royale, le
voyant
ont iugé qu’il y a
10286Traité tres-curieux rence quela corne de cerf en cet
eſtat
donneroit dans la diſtilation
plus
d’eſprits, &
plus facilement
qu’
elle ne fait d’ordinaire;
Les
os
eſtoient fort ſemblables en
tout
à la corne de cerf, &
meſ-
me
dans la ſuite il s’y forma des
vers
, ce qui n’arriva pas à la
corne
de cerf;
de ſorte que, com-
me
on a remarqué d’ordinaire
que
c’eſt dans le meilleur froma-
ge
que les vers ſe forment le
plûtoſt
, il ſembleroit que les os
en
cecy auroient quelque avan-
tage
ſur la corne de cerf, en re-
compenſe
de ce que la corne de
cerf
donne le plus de gelée.
Ayant trouvé de la difference
dans
la qualité de la gelée qu’on ti-
re
de differents corps, &
dans la fa-
cilité
de la tirer;
& dans la force
de
cette ſorte de colle,
10387pour amolir les Os. que d’ailleurs nos corps ne ſont au-
tre
choſe que des liqueurs congelées;
je croy que ſi l’on entreprenoit de
pouſſer
la choſe, &
que l’on tirast
des
gelées de diverſes parties d’un
meſme
animal, &
qu’on en tiraſt
auſſi
de divers animaux de meſme
eſpece
, mais d’âges differents, &

qu’on
en tirast auſſi d’animaux de
differentes
eſpeces, &
de bien plus
longue
vie les uns que les autres,
comme
ſont les cerfs &
les lapins,
&
qu’enſuite on comparaſt les dif-
ferentes
proprietez de toutes ces
colles
les unes avec les autres:
je
croy
, dis-je, que cela pourroit
beaucoup
aider à faire une meil-
leure
Theorie que l’on n’en a juſ-
ques
icy des cauſes de la durée de
l
a vie, &
cette Theorie pourroit
avoir
des ſuites bien plus impor-
tantes
que la pluſpart du monde
m
e croit.
10488Traité tres-curieux
Toutes ces Experiences me
font
croire que ſi on veut con-
ſerver
des os, des cartilages,
des
tendons, des pieds, &
au-
tres
parties d’animaux qui ſont
aſſez
ſolides pour ſe conſerver
ſans
ſel, &
dont on perd tous
les
ans dans Londres plus qu’i
n’en
faudroit pour fournir tous
les
vaiſſeaux que l’ Angleterre a
en
mer;
On pourroit avoir toû-
jours
ſur les vaiſſeaux des ali-
mens
plus ſains, &
bien meil
leurs
&
à meilleur marché, que
l’on
n’en a d’ordinaire;
Ie dis
meſme
que ces ſortes d’alimens
ſeroient
moins embarraſſans, par-
ce
qu’ils contiennent bien plu
de
nourriture à proportion de
leur
poids, comme nous avons
veû
manifeſtement dans la corne
decerf
, qui aprés avoir fait cinc@
fois
ſon poids de gelée (qui
10589pour amolir les Os. ſe pour une choſe fort nourriſ-
ſante
) ſe change encore preſques
tout
en ſubſtance, fort ſembla-
ble
à du fromage dont on ne
ſçauroit
manger qu’en petite
quantité
.
EXPERIENCE IX.
LE 20. Juin je fis cuire deux
maquereaux
de la maniere
que
j’ay dite chap.
2. exper. 13.
en ſorte qu’ils avoient les os ten-
dres
, &
j’en laiſſay un à l’air ou-
vert
, &
huit jours de temps
chaud
, que je le garday, je visqu’il
ne
ſe gatoit point, au lieu qu’un-
morceau
de l’autre que je gar-
day
dans ſa ſauce, ſe gâta en
trois
jours.
Je voulus enſuite voir ſi une
cuiſſon
ordinaire pourroit faire
le
meſme effet, &
pour ce
10690Traité tres-curieux ſein le 26. Iuin je fis cuire un
maquereau
à la maniere ordi-
naire
, &
ayant voulu le faire
ſeicher
comme le precedent, je
trouvay
qu’il ſe gaſta en moins
de
4.
jours; cela me fit croire
que
le Bain Marie fermé à vis
pourroit
eſtre utile pour ſeicher
les
alimens ſans qu’il fuſt beſoin
deſel
, &
ſans perdre le ſuc qui
s’en
évaporaſt;
la viande ainſi
conſervée
pourroit eſtre plus ſai-
ne
que la viande ſalée dont on
ſe
ſert ſur mer.
EXPERIENCE X.
Cette Machine eſtant ſi utile
pour
empeſcher l’évaporation de
l’eau
douce qui ſe fait en cuiſſon
à
la maniere ordinaire;
Je voulus
voir
ſi elle ne pourra pas auſſi
e
n quelque occaſion faire ſervit
10791pour amolir les Os. l’eau ſalée au lieu de douce, pour
ce
deſſeïn, je fis diſſoudre une
drachme
de ſel dans 40.
drachmes
d’eau
(qui eſt à peu prés la meſ-
me
proportion de ſel quiſe trou-
ve
dans l’eau, à ce que m’a dit
Mr
.
Boyle, & ayant mis deux on-
ces
de cette eau ſur une once de
pois
ſecs dans une marmitte de
verre
, je les enfermay dans la
Machine
;
Je pouſſay le feu juſ-
qu’à
faire évaporer la goutte
d’eau
en quatre ſecondes, avec
dix
preſſions;
les vaiſſeaux étant
refroidis
, je trouvay queles pois
avoient
imbibé toute l’eau, &

eſtoient
fort bien ramolis, &
Mr.
le Docteur King en ayant goû-
les trouva de fort bon gouſt,
&
pas trop ſalez: Il y abien de
l’apparence
que les féves &
au-
tres
legumes ſeroient de meſ-
me
.
10892Traité tres-curieux
Je croy donc qu’en fourniſſant
de
vivres les vaiſſeaux, on peut
compter
que les legumes chan-
geront
le double de leur pois
d’eau
de mer en eau douce, ou
du
moins la feront ſervir pour la
nourriture
, auſſi-bien que ſi elle
avoit
eſté douce, &
cecy peut
beaucoup
diminuër la quantité
d’eau
douce dont ilfaut embaraſ-
ſer
les vaiſſeaux;
ſi on vouloit
ſe
ſervir auſſi d’eau de mer pour
cuire
les pois à la maniere ordi-
naire
, il arriveroit que l’évapo-
ration
ne diſſipant que les par-
ties
aqueuſes, les pois demeu-
reroient
extremement ſalez, ou-
tre
que l’on ne pourroit jamais les
bien
ramolir.
J’ay auſſi eſſayé ſi l’eau de mer
ne
pourroit pas ſervir à faire de la
gelée
;
je mis pour ce deſſein de
cette
meſme eau ſalée dans
10993pour amolir les Os. marmitte de verre avec poids
égal
d’os de mouton, &
ayant
pouſſé
le feu comme à l’ordinai-
re
pour faire la gelée d’os, je
trouvay
qu’à la verité j’avois de
la
gelée trop forte, mais beau-
coup
trop ſalée;
la quantité de
parties
congelantes eſtant trop
petite
pour temperer la ſalleure
de
l’eau:
Je croy donc qu’il fau-
droit
meſler l’eau de mer avec le
double
d’eau douce pour faire de
la
gelée.
13[Figure 13]
11094Traité tres-curieux 14[Figure 14]
Chapitre IV.
EXPERIENCES POUR
les Confiſſeurs.
EXPERIENCE I.
LE 27. Juin j’ay mis des ce-
riſes
dans deux marmittes;
aux unes j’ay mis de l’eau autant
qu’il
eſtoit neceſſaire pour les
couvrir
, aux autres je ne mis
rien
du tout, ayant pouſſé le
feu
juſques à faire exhaler la
goutte
d’eau en 40.
ſecondes,
&
la preſſion interieure triple de
la
preſſion ordinaire de l’air, je
trouvay
mes ceriſes fort bien cui-
tes
, &
beaucoup de jus à
11195pour amolir les Os. les meſme à qui je n’avois rien
ajoûté
;
celles à qui i’avois mis de
l’eau
avoient beaucoup plus de li-
queur
, mais elles avoient le goûc
bien
plus fade que les autres.
Le lendemain ie mis quelques-
unes
des ceriſes dont ie viens de
parler
, à ſeicher à l’air, &
i’en
remis
quelques-unes avec des
groſſeilles
vertes dans une mar-
mitte
de verre, afin de voir ſi
une
nouvelle cuiſſon les gâteroit;
ie pouſſay le feu iuſqu’à faire ex-
haler
la goutte d’eau en 10, ſe-
condes
, &
la preſſion 8. fois
plus
forte que la preſſion ordinai-
naire
de l’air, &
aprés tout cela
i
e ne trouvay pas que mes ceriſes
fuſſent
preſque changées, &
elles
eſtoient
encore auſſi groſſes &

auſſi
entieres que devant que d’e-
ftre
cuites.
Je mis auſſi quelques-
unes
de celle-cy à ſeicher;
le
11296Traité tres-curieux demain je trouvay que toutes les
ceriſes
ſe ſeichoient ſans ſe gâ-
ter
, mais celles qui n’avoient été
c
uites qu’une fois &
ſans eau, ſe
conſervoient
plus groſſes que les
autres
, car celles qui avoient
eſté
cuites deux fois, eſtant fort
ridées
&
déja beaucoup plus pe-
tites
que les autres avoient eſté
une
fois plus long-temps à ſei-
cher
.
Cette Experience fait voir que
quelques
fruits peuvent ſans dan-
ger
demeurer fort long-temps
ſur
le feu dans cette Machine
aprés
eſtre cuits, &
pourtant ce-
la
leur oſte la diſpoſition qu’ils
avoient
auparavant à ſe pourrir,
cela
me fait croire que ſi les
gens
qui l’entendent faiſoient à
part
du ſyrop dans lequel on,
put
conſerver en ſuite ces ce-
riſes
, ſans qu’elles ſe
11397pour amolir les Os. ſent; on auroit une confitu-
re
, qui n’ayant point eſté
boüillie
dans le ſucre, conſer-
veroit
plus de gouſt du fruit,
mais
je croy qu’il faudroit que le
ſirop
fuſt un peu plus épais qu’à
l’ordinaire
, à cauſe que l’humi-
dité
des ceriſes s’y meſleroit bien
toſt
, &
la rendroit plus liquide.
On pourra trouver par expe-
rien
ce quel degré de cuiſſon ſe-
ra
le plus propre pour mettre le
fruit
en eſtat de ſe conſerver,
ſans
luy changer beaucoup le
gouſt
.
EXPERIENCE II.
LE 6. Juillet j’enfermay dans
une
marmitte de verre 5.
onces de grozeilles vertes, &
ayant
pouſſé le feu juſques à fai-
re
exhaler la goutte d’eau en 15.
11498Traité tres-curieux ſecon des, je l’éteignis prompte-
ment
.
& les vaiſſeaux eſtant re-
froidis
, je trouvay que mes
grozeilles
avoient rendu 1 {1/2} on-
ce
de liqueur aſſez épaiſſe, je
mis
quelques-unes de ces gro-
zeilles
à l’air, &
elles ſe ſeiche-
rent
fort bien ſans ſe gaſter.
Cette experience me confir-
ma
dans la penſée qu’on pour-
roit
faire des confitures qui con-
ſerveroient
beaucoup du gouſt
de
fruit;
& je croy qu’en meſ-
me
temps ce ſeroit une grande
avance
pour faire ce qu’on ap-
pelle
des Clearcakes, parce que
11Clear kake
e
ſt une eſpe-
ce
de gateau
tranſparent

fait
avec de
c
acreſme.
le ſuc qui eſt propre pour cela,
conſerve
tout icy, &
ſe retire
beaucoup
plus promptement,
que
par les moyens ordinaires.
11599pour amolir les Os.
EXPERIENCE III.
LE 22. Juillet il y a bien trois
ſemaines
que j’avois enfer-
des grozeilles vertes déja
molles
dans un grand verre, &

j’y
avois mis de l’eau ſoule de
ſucre
pour remplir les interval-
les
;
aujourd’huy voyant que ces
grozeilles
ſe fermentoient con-
ſiderablement
, parce qu’elles
formoient
quantité de bulles,
j’en
ay mis une partie avec de
la
liqueur dans une marmitte de
verre
, &
l’ayant enfermée dans
le
Bain, j’ay pouſſé le feu juſ-
ques
à faire exhaler la goutte
d’eau
en 6.
ſecondes, & la preſ-
ſion
5.
fois plus forte que la preſ-
ſion
ordinaire de l’air:
J’oſtay
le
feu, &
les vaiſſeaux eſtant re-
froidis
, je trouvay mes
116100Traité tres-curieux les fort bien cuites, molles &
bonnes
, au lieu que la fermen-
tation
les avoit renduës dures &

deſagreables
à manger.
J’avois mis en meſme temps une
autre
marmitte pleine de grozeil-
les
fraiſchement cüeillies, &
j’y
avois
ajoûté 3.
parties de ſucre
ſur
5.
de fruit, je trouvay que
celles
cy auſſi eſtoient fort bien
cuites
, &
avoient fort bon goût,
mais
beaucoup plus doux que
celles
qui avoient eſté fermcn-
tées
.
Aprés avoir laiſfé dixjours mes
de
ux verres bien couverts, mais
vuides
de plus d’un tiers, i’ay veu
qu
il ne ſe faiſoit point de fer-
mentation
, mais que le fruit ſe
moiſiſſoit
un peu dans le verre,
dont
les grozeilles n’avoient
point
eſté fermentées;
celam’o-
bligea
à les mettre dans un
117101pour amolir les Os. re plus petit, lequel en eſtant
remply
&
bien fermé à vis, com-
menca
en moins de 5.
ou 6. jours
à
ſe fermenter &
à perdre un peu
de
ſuc par deſſus les bords non-
obſtant
la vis qui preſſoit le cou-
vercle
.
Le 30. Aouſt i’ay ouvert ce ver-
re
que i’avois fermé à vis, &

ayant
mis une partie du fruit &

du
ſuc dans une petite marmitte
de
uerre, &
l’ayant enfermée
dans
le Bain Marie, i’ay pouſſé
le
feu iuſques à faire exhaler la
goutte
d’eau en 6.
ſecondes, &
la
preſſion interieure 12.
fois plus
forte
que la preſſion ordinaire de
l’air
, i’ay oſté le feu incontinent,
&
les vaiſſeaux eſtant refroidis
i’ay
trouvé que ces grozeilles ain-
ſi
recuites avoient perdu beau-
coup
de leur douceur, mais
qu’elles
avoient pourtant
118102Traité tres-arieux gouſt fort agreable, & qui plai.
roit peut - eſtre mieux que le
doux
, à bien des gens;
ayant
mis
un peu de leur ſuc qui n’a-
voit
point eſté recuit dans une
autre
verre;
ie les mis tous d’eux
enſemble
dans le vuide &
ie vis
que
le ſuc recuit ne ſe fermentoit
plus
, parce qu’il ne ietta pas de
bulles
, au lieu que l’autre en iet-
ta
grande quantité.
De tout ce que ie viens de dire,
ie
croy pouvoir conclure, 10.
que en conſervant des fruits,
comme
i’ay dit au commence-
ment
, c’eſt à dire les faiſant fer-
menter
lentement dans des vaiſ-
ſeaux
bien fermez, on ſera toû-
iours
preſt d’en faire une bonne
confiture
à fort bon marché par
le
moyen du Bain Marie qui ra-
molira
le fruit &
empeſchera
l’évaporation
des eſprits
119103pour amolir les Os. gez par la fermentation. 20 Il y
aura
moins de danger de moiſi,
quand
les fruits ſeront ainſi cuits
pendant
leur fermentation.
.
S’il ſe fait du moiſi, on pourra
le
garantir en rempliſſant les ver-
res
&
les fermant à vis. . Sila
fermentation
recommence, on
pourra
encore l’arreſter par une
nouvelle
cuiſſon.
Il faudra pourtant continuër les
experiences
pendant un plus
long
temps que ie n’ay fait, afin
de
ſçavoir iuſqu’où cela ira
Je ne donne point icy la maniere
de
fermer les verres à vis, puis
que
c’eſt la meſme qui a eſté
décrite
au premier Chap.
pour la
marmite
, G G, &
des gens qui
en
voudroient faire grand trafic,
pourroient
au lieu de verre ſe
ſervit
de grands pots de terre bien
hauts
.
120104Traité tres-curieux
EXPERIENCE IV.
LE 17. & le 18. Aouſt ie reïte-
ray
l’experience precedente,
mais
au lieu de grozeilles ie me
ſervis
de prunes, dont ie fis cuire
par
3.
diverſes fois, & ie n’y remar-
quay
rien qui vaille la peine d’ê-
tre
rapporté, ſinon que les pru-
nes
cuites en ſe fermentant avec
{1/4} ou {1/3} de ſucre, acquierent un
gouſt
vineux, beaucoup plus
fort
&
plus agreable que ne font
les
grozeilles, &
ie ne doute
point
que bien des gens ne
les
preferaſſent à quelque con-
fiture
que ce puiſſe eſtre.
Je remarquay auſſi qu’en les di-
ſtillant
de la maniere que ie diray
du
roſmarin Chap.
6. Exper. 3. on
en
tire plus de ſuc &
bien plus
épais
que quand on les fait cuire
de
la meſme maniere que les
grozeilles
dont ie viens de parler.
121105pour amolir les Os. 15[Figure 15]
EXPERIENCES POUR
faire des Boiſſons.
Chapitre V.
EXPERIENCE PREMIERE.
LE vingt-deuxiéme Juillet
il
y avoit bien trois ſemai-
nes
que j’avois enfermé des
grozeilles
vertes déja molles dans
un
grand verre, &
j’y avois
mis
de l’eau ſoule de ſucre
pour
remplir les intervalles, au-
jourd’huy
voyant que ces fruits
ſe
fermentoyent bien fort, j’en
ay
ôté une partie &
de la li-
queur
auſſi, &
en ay rempli {4/5}
d’une
de mes petites marmittes
de
verre;
enſuite j’ay pris
122106Traité tres-curieux la liqueur pour remplir de même
mon
autre petite marmitte de
verre
, dans laquelle j’avois mis
quelque
peu de grozeilles frai-
ches
;
ayant ainſi enfermé cesdeux
marmites
dans un même chaſſiz,
&
dans le même bain marie,
j’ay
pouſſé le feu juſques à fai-
re
exhaller la goutte d’eau en
2
.
ſecondes, & je l’ay continüé
quelque
temps de cette force
la
preſſion êtoit dix fois plus for-
te
que la preſſion ordinaire de
l’air
;
mes vaiſſeaux êtans re-
froidis
, j’ay trouvé que les gro-
zeilles
qui ſe fermentoient
avoient
vüidé leur marmitte
juſqu’à
la moitié, &
qu’elles
êtoient
fort brûlées, au lieu que
les
grozeilles fraîches, quoy
qu’elles
nageaſſent dans une
grande
quantité de liqueur qui
fe
fermentoit, n’avoient
123107pour amolir les Os. pas vuidé leur marmitte, & ne
ſentoient
pas le brûlé.
Cette experience me fit ju-
ger
, qu’en faiſant du vin de
cette
maniere par infuſion dans
de
l’eau ſucrée, la force conſiſte
bien
plus dans les fruits, que
dans
la liqueur;
& que la fer-
mentation
leur donne preſques
autant
de force, que l’eſprit de
vin
en a pour ſe dilatter, (voy
chap
.
6. exper. 11.) Je penſai donc,
que
ſi on faiſoit le vin avec les
fruits
ſeuls ſans eau, on auroit
une
liqueur extremement forte;
mais comme le ſuc des grozeil-
les
de cette ſorte, &
de pluſieurs
autres
fruits eſt trop épais pour
ſe
changer en vin à moins d’ê-
tre
cuit;
je crus que le Bain
Marie
fermé à vis êtoit abſolu-
ment
neceſſaire pour attenüer
ces
ſucs ſans eau, &
ſans
124108Traité tres-curieux. s’évaporent, cela m’engagea à
faire
l’Experience ſuivante.
EXPERIENCE II.
LE vingt-cinquiéme Juillet
je
mis des grozeilles vertes
déja
molles dans une marmite
d’étain
, &
l’ayant enfermée
dans
le Bain Marie je pouſſay
la
chaleur juſques à faire evapo-
rer
la goutte d’eau en 3.
ſecon-
des
, &
la preſſion 10. fois plus
forte
que la preſſion ordinaire
de
l’air;
j’ôtay incontinent le feu,
&
mes vaiſſeaux êtans refroi-
dis
, je trouvay, que les grozeil-
les
avoient rendu un ſuc fort
rouge
&
que dans les endroits
elles
s’étoient crevées contre la
marmitte
d’étain, elles avoient,
acquis
une fort belle couleur de
pourpre
violet;
ce qui donna
125109pour amolir les Os. à la premiere Experience pour les
Teinturiers
.
J’avois mis ce matin de ces
même
grozeilles cruës dans un
verre
bien fermé avec de l’eau
ſaoule
de ſucre, &
à preſent je
mets
une partie des grozeilles
que
je viens de cuire, dans un au-
tre
verre avec leur ſuc, &
en-
viron
{1/4} de ſucre afin de voir
leſquelles
ſe fermenteront le plû-
tôt
.
Le deuxiéme A ouſt j’ay veu
depuis
2.
ou 3. jours les grozeil-
les
ſe fermenter dans un autre
verre
auſſi bien que dans l’autre,
&
aujourd’huy ayant mis du ſuc
de
mes deux verres chacun dans
une
bouteille;
je les ay miſes
toutes
deux enſemble dans le
vuide
;
& j’ay veu, comme je
l’attendois
, que le ſuc des gro-
zeilles
cuites approchoit
126110Traité tres-curieux plus de la nature du vin, que
celuy
des grozeilles cruës;
car
il
a eſté bien plus de bulles, &

il
avoit auſſi le goût bien plus
picquant
&
ſpiritueux.
Le troiſiéme Aouſt, j’ôtay les
grozeilles
de leur ſuc, &
les
preſſay
le mieux que je pus pour
leur
en faire rendre davantage:
je mis tout ce ſuc danc une bou-
teille
que j’ay toûjours gardée
dépuis
les 2.
ou 3. premiers jours
elle
boüilloit extremement fort,
chaſſoit
le bouchon de liege, &

s’en
alloit par deſſus, quoy
qu’elle
ne fuſt pas pleine juſ-
qu’aux
{2/3}:
mais depuis cela elle
s@eſt
beaucoup moderée, &
elle
a
preſentement le goût fort bon
&
picquant; mais pourtant elle
ſe
fermente toûjours, la liqueur
n’eſt
pas encore bien éelaircie,
&
on void toûjours des
127111pour amolir les Os. s’y former, quoy que ie la gar-
de
depuis ſix ſemaines;
cela me
fait
croire que du vin de cette
ſorte
, ſera de tres bonne garde,
&
qu’on doit pluſtoſt apprehen-
der
qu’il ne ſoit trop long-temps
à
venir a ſa perfection, que de
le
voir aigrir trop-tôt.
Ie mis dans un autre verre le
marc
de ces grozeilles avec de
l’eau
&
un peu de ſuccre par
deſſus
, en moins de 24.
heures
il
commença à ſe fermenter
bien
fort, &
en 15. iours de
temps
la liqueur eſtoit preſte à
boire
&
bien claire, mais elle
n’avoit
pas tant de force a beau-
coup
prés, que celle qui eſtoit
ſans
eau, &
ie croy auſſi qu’el-
le
ſe ſeroit bien-tôt aigrie;
ie fis cette experience à veuë
d’œil
, &
ſans peſer; mais ie iu-
geay
que le marc eſtoit
128112Traité tres-curieux {1/2} du poids de l’eau & le ſu-
cre
{1/8}.
Cette experience fait voir
que
par le moyen du Bain Ma-
rie
, le même fruit peut ſervir à
faire
deux ſortes de vin;
l’un de
bonne
garde, &
l’autre prompt à
boire
.
EXPERIENCE III.
LE cinquiéme Aouſt j’ay pris
un
peu du ſuc des grozeil-
les
de l’experience precedente
dans
le temps qu’il ſe fermentoit
le
plus fort;
& l’ayant mis dans
une
petite marmite de verre dans
le
Bain Marie, i’ay pouſſé la cha-
leur
iuſques à faire exhaler la
goutte
d’eau en 10.
ſecondes,
&
la preſſion triple de la preſſion
ordinaire
de l’air;
J’ay trouvé
que
ma liqueur avoit acquis
129113pour amolir les Os. gouſt un peu approchant de ce
que
nous appellons en France
du
reſiné, mais elle eſtoit fort
agreable
à boire, &
propre à
étancher
la ſoif;
pour ſçavoir
enſuite
ſi cette liqueur avoit
beaucoup
changé, i’en mis dans
un
petit verre, &
ie pris auſſi
de
la liqueur de la bouteille
d’où
celle-cy avoit eſté tirée, &

la
mis dans un autre verre &

les
ayant miſes toutes deux en
même
temps dans le vuide, ie
trouvay
que la liqueur qui avoit
eſté
miſe au feu pendant ſa fer-
mentation
, ietta moins de bul-
les
que ne feroit de l’eau com-
mune
;
au lieu que l’autre li-
queur
de la premiere ſuction ſe
couvrit
toute de bulles, &
en
ſuite
s’éleva aſſez haut en eſcu-
me
.
Cette Experience me fit
130114Traité tres-curieux re 10. que la cuiſon d’une li-
queur
qui ſe fermente, peut
eſtre
propre à luy oſter prom-
ptement
la mauvaiſe qualité
d’engendrer
des vents, &
de
donner
la colique, 2.
que cette
liqueur
ainſi cuite ne monte-
roit
pas pourtant à la teſte, com-
me
fait le vin, parce que les
eſprits
n’y ſont pas ſi developpez
que
dans le vin;
puiſque le vin
bout
un peu à gros boüillons
dans
le vuide, &
cette liqueur
n’y
bout point du tout, &
n’y
fait
même que tres peu de bul-
les
;
3. que cette liqueur ne ſe-
roit
pas ſuiette à s’éventer, puiſ-
que
les eſprits en ſortent ſi diffi-
cilement
;
enfin i’ay du pen-
chant
à croire qu’elle fortifie-
roit
&
nourriroit beaucoup,
puiſque
le pain qui eſt ainſi
cuit
pendant ſa
131115pour amolir les Os. paſſe pour le ſoûtien de la vie:
Cependant il faut attendre l’ex-
perience
avant que d’en pouvoir
parle
r avec certitude;
toûiours
on
peut dire que cette boiſſon
ne
ſera pas long-temps à pre-
parer
.
EXPERIENCE IV.
LE dix ſeptiéme Aouſt ie pris
du
ſuc de prunes diſtillé de
la
maniere que ie diray chap.
6.
exper. 3. comme il eſtoit plus
épais
que celuy qui ſe tire ſans
diſtillation
, parce que celuy qui
demeure
toûiours à la chaleur
avec
le fruit, s’y attenuë conti-
nuellement
;
ie crus qu’il faloit
plus
de chaleur, pour le ſubti-
lizer
;
l’ayant donc enfermé à
la
maniere ordinaire dans une
marmitte
, &
dans le Bain
132116Traité tres-curieux rie; je pouſſay le feu juſques à
faire
exhaler la goutte d’eau en
moins
de 2.
ſecondes, & la
preſſion
12.
fois plus forte que la
preſſion
de l’air;
mes Vaiſſeaux
eſtans
refroidis, je trouvay contre
mon
attente que le ſuc eſtoit
devenu
preſque tout ſolide dé-
puis
le haut juſqu’au bas de la
marmitte
, &
qu’il eſtoit chan-
en une ſubſtance noire &

bruſlée
qui ſe pouvoit facile-
ment
écrazer entre les doigts;
cependant il y avoit quantité
de
cavitez remplies d’une li-
queur
fort coulante, &
qui avoit
tant
d’acrimonie que la langue
la
pouvoit à peine ſouffrir, de
ſorte
que la chaleur avoit fait
dans
ce ſuc une ſeparation ap-
prochante
de celle que la preſu-
re
fait dans le laict.
Cetteexperience fait voir
133117pour amolir les Os. l’excez de chaleur eſt à crain-
dre
, &
auſſi que la cuiſſon des
fruits
tel que je l’ay décrite
ſera
meilleure pour les boiſſons,
que
la diſtillation, quoy que cel-
le-cy
puiſſe eſtre plus propre
pour
les confiſſeurs, pour les gel-
lées
Clearcakes, &
c.
Peut-eſtre pourtant qu’avec
le
temps ces ſucs ſi épais fe-
roient
du vin plus fort que des
ſucs
plus liquides;
mais je crains
qu’il
ne faluſt pluſieurs années
pour
en venir .
EXPERIENCE V.
LE dix-ſeptiéme, & dix-hui-
tiéme
Aouſt je garday des
ſucs
tirez de prunes, pour faire
les
mêmes experiences que j’a-
vois
faites avec les ſucs de gro-
z
eilles vertes, dont je viens
134118Traité tres-curieux parler; mais je crois qu’il eſt in-
utile
de les rapporter, puiſque je
n’y
ay rien appris de nouveau,
ſinon
que les prunes font un vin
bien
meilleur, &
plus fort à mon
gré
que les grozeilles, &
qu’auſſi
ayant
mis dans une bouteille de
ſuc
nouveau fait, un peu de ſuc
fait
dépuis 10.
iours, & qui ſe
fermentoit
bien fort, cela ſervit
comme
de levain pour faire fer-
menter
cette bouteille beaucoup
plus
proprement qu’elle n’auroit
fait
ſans cela.
16[Figure 16]
135109pour amolir les Os. 17[Figure 17]
EXPERIENCES POUR
les Chymiſtes.
Chapitre VI.
EXPERIENCE I.
LE 13. Juillet Mr. le Docteur
Slare
membre de la Socie-
Royale eut la curioſité d’eſ-
ſayer
ſi le Bain Marie fermé à vis
ne
pourroit pas ſervir à haſter
beaucoup
l’extraction des tein-
tures
difficiles en Chymie;
Pour
ce
deſſein nous miſmes dans une
des
petites marmittes de verre du
ſel
de tartre avec de l’eſprit de
vin
rectifié;
dans l’autre nous
miſmes
de l’ambre avec du meſ-
me
eſprit de vin;
nous
136120Traitétres-curieux la chaleur juſqu’à faire exhaler
la
goutte d’eau en 3.
ſecondes,
avec
12.
preſſions, & je l’éteignis
bien-toſt
aprés:
les vaiſſeaux
c
ſtant refroidis, il ſe trouva que
dans
le verre eſtoit le ſel de
tartre
, la teinture eſtoit auſſi
forte
qu’on l’euſt faire en un
mois
de temps par la maniere or-
dinaire
, &
elle avoit le goût
lexivieux
;
dans l’autre marmite la
teinture
d’ambre étoit beaucoup
plus
forte qu’on n’a coûtume de
la
faire.
EXPERIENCE II.
LE 15. Juillet Mr. le Do-
cteur
Slare eut encore en-
vie
d’eſſayer l’effet du bain
Marie
pour la teinture d’anti-
moine
, nous allumaſmes le feu
environ
à 10.
{1/2} heures du matin;
137121pour amolir les Os. je pouſlay le feu juſques à faire
exhaler
la goutte d’eau en 2.
ſe-
condes
, &
la preſſion interieu-
re
eſtoit 12.
fois plus forte que la
preſſion
ordinaire de l’air;
J ôtay
une
partie du feu, &
la chaleur
eſtant
diminuée en ſorte que la
goutte
d’eau ne s’exhaloit plus
qu’en
3.
ſecondes, le Bain Marie
ne
perdoit rien du tout, j’entre-
tins
le feu à peu prés de cette
force
juſqu’à {1/2} heures;
enſuite
ie
n’y regarday qu’un peu aprés 3.
heures, & je trouvay mes vaiſ-
ſeaux
fort refroidis, &
le feu
preſque
tout eſteint:
je le rallu-
may
, &
je pouſſay encore la
chaleur
juſques à faire exhaler
la
goutte d’eau en moins de 1 {1/2}
ſecondes
, &
il recommença à
ſortir
quelque choſe du Bain Ma-
rie
par la petite ſoupape, &
j’ô-
tay
du feu en ſorte que la
138122Traité tres-curieux d’eau ne s’exhaloit plus qu’en 2.
ſecondes, & le bain Marie ceſ-
ſa
de s’en aller, je laiſſay étein-
dre
le feu peu à peu, &
enſuite
ie
trouvay que le vinaigre avoit
tiré
peu de la teinture d’antimoi-
ne
, quoy que la chaleur euſt eſté
plus
forte &
beaucoup plus lon-
gue
, que pour la teinture du ſel
de
tartre.
Quelque temps aprés en vui-
dant
la marmitte, je trouvay
que
le verre d’antimoine eſtoit
venu
tout en une maſſe, comme
s’il
euſt eſté fondu, &
que le
deſſus
eſtoit rouge, mais le fonds
eſtoit
noiraſtre, ce qui nous fit
croire
que la teinture avoit eſté
toute
tirée, mais qu’elle s’eſtoit
enſuite
precipitée.
Nous remarquaſmes auſſi une
grande
difference entre l’eſprit
de
vin &
le vinaigre diſtillé,
139123pour amolir les Os. que la chaleur dans l’experience
premiere
avoit donné une ſi gran-
de
force à l’eſprit de vin pour ſe
dilater
qu’il en eſtoit ſorty une
grande
partie par deſſus les bords
de
la marmitte, qui par ce moyen
ſe
trouva plus de demy vuide, &

au
contraire l’eſprit de vinaigre
s’eſtoit
trouvé ſi peu capable de
dilatation
, que la preſſion dans
le
Bain Marie ſe trouvant autant
ou
plus forte que dans la marmi-
te
, elle ne ſe trouva point du
tout
vuidée, quoyque la chaleur
euſt
eſté plus grande que ſur l’eſ-
prit
de vin, &
que la preſſion
dans
le Bain Marie euſt eſté éga-
le
dans l’une &
l’autre experien-
ce
.
140124Traité tres-curieux
EXPERIENCE III.
LE 2. Aouſt je mis du roſ-
marin
dans une grande
marmitte
de verre longue,
&
il eſtoit ſoûtenu par un petit
treillis
de fer, en ſorte qu’il s’en
falloit
un tiers qu il ne touchât
au
fonds de la marmite;
J’allu-
may
enſuite le feu vers le haut de-
la
machine, afin que le bas de-
meurant
le plus froid les vapeurs
du
roſmarin peuſſent ſe conden-
ſer
au fonds de la marmitte, je
pouſſay
la chaleur juſqu’à faire
exhaler
la goutte d’eau en 6.
ſe-
condes
ſur le couvercle, mais le
bas
eſtoit preſque tout froid;
ie
trouvay
enſuite que le roſmarin
avoit
rendu un peu d’eau rouge,
&
de bonne odeur, environ le
poids
d’une drachme, &
2. ou 3.
141125pour amolir les Os. gouttes d huile eſſentielle qui
avoit
fort bonne odeur, &
qui
approchoit
de la nature du beur-
re
;
eſtant plus épaiſſe que l’huile
ordinaire
;
cette maniere de di-
ſtiller
a de l’avantage par-deſſus
la
maniere ordinaire;
1. En ce
qu
on n’eſt point en danger de
de
rien perdre, 2.
En ce que les
vapeurs
ſont plus faciles à pouſ-
ſer
en bas qu’en haut, &
qu’ain-
ſi
n’eſtant miſe en agitation que
par
la chaleur innocente du Bain
Marie
, &
tombans incontinent
par
leur poids, elles conſerveront
bien
mieux leur nature, que
quand
elles ſont expoſées à un
feu
moins benin qu’il faut qu’el-
les
en reçoivent une agitation ca-
pable
de les élever à une hauteur
conſiderable
;
ce qui ne ſe peut
faire
ſans danger d’altererleur na-
ture
, 3 Dans les diſtillations
142126Traité tres-curieux dinaires il demeure toûjours
beaucoup
d’huyle attachée au
chapiteau
, &
quj ne tombe point
dans
le recipient, au lieu qu’icy
il
n’y a point de chapiteau, le
recipient
faiſant les deux offices,
reçoit
d’abord toutes les vapeurs
qui
ſortent du mixte.
Le Diaphragme dont je me ſuis
ſervy
pour ces diſtillations, eſt re-
preſenté
fig.
3.
B B eſt le diaphragme fait de
fils
de fer.
AA ſont trois petits pieds
pour
ſoûtenir le diaphragme à
quelque
diſtance du fonds.
CC eſt un autre fil de fer at-
taché
au centre du diaphragme,
&
montant juſques vers le haut
de
la marmitte, afin que quand
l’operation
eſt finie, on puiſſe
tirër
par le diaphragme &
les
matieres
qui ſont au deſſus;
&
143127pour amolir les Os. qu’ainſi la liqueur diſtillée de-
meure
ſeule dans la marmitte.
On pourroit auſſi donner aux
vaiſſeaux
une figure circulaire;
comme dans la quatriéme figure;
car
mettant une des extremitez
dans
le feu &
l’autre dans l’eau,
les
vapeurs ſe viendroient con-
denſer
de ce coſté-là, &
les ſels
atils
ſe pourroient attacher au
milieu
, comme ils font dans les
diſtillations
ordinaires.
On pourroit auſſi faire des vaiſ-
ſeaux
tels que la cinquiéme figu-
re
repreſente, la marmitte b b,
ſon
ouverture I I tout à fait hors
du
Bain Marie.
On la pourroit emplir entiere-
ment
de la matiere qu’on vou-
droit
diſtiller;
car appliquant à
l’ouverture
I I un couvercle B B
de
profondeur raiſonnable, tou-
tes
les vapeurs viendroient
144128Traité tres-curieux condenſer, & les matieres ſe-
roient
ſoûtenuës par un diaphra-
gme
.
Il faudroit que la marmitte fuſt
fortement
ſoudée au Bain Ma-
rie
à l’ouverture S S, afin de re-
tenir
l’eau contenuë dans l’eſpace
TTTT
entre le Bain Marie &

la
marmitte.
Il faudroit que le petit tuyau
H
H fuſt fermé à vis, &
non
par
des poids comme vous voyez
dans
la figure.
Il faudroit qu’il y euſt quel-
que
boëte de fer attachée au
Bain
Marie par des poids, com-
me
vous voyez dans la figure,
pour
tenir le feu qui l’échauf-
feroit
.
Enfin il faudroit que le tout
fuſt
ſoûtenu preſques en équili-
bre
par les tourillons C C ſur les
deux
piliers RRRR, afin de
145129pour amolir les Os. voir aiſément tourner la machine
ſans
deſſus deſſous.
Par ce moyen on s’épargneroit
la
peine d’ouvrir le Bain Marie,
&
ainſi il ne ſeroit point neceſſai-
re
de le laiſſer refroidir, parce
qu’on
pourroit toûjours ouvrir
la
marmitte &
la remplir de nou-
veau
ſans donner aucun lieu à
l’eau
de s’échapper de l’eſpace
TTTT
, &
de plus le couvercle
BB
pourroit eſtre de verre, &

ainſi
on auroit moyen d’obſerver
le
progrez de la diſtillation.
On pourroit auſſi (pour les ope-
rations
qui ſe doivent faire en
grande
quantité) enfermer 5.
ou
6
.
machines de cette ſorte dans
un
grand cercle de fer, &
mettre
le
feu dans l’eſpace du milieu, &

ainſi
le meſme feu les échauffe-
roit
toutesà la fois, &
peut eſtrc
que
par ce moyen avec du
146130Traité tres-curieux bon de terre, on pourroit cuire
le
Pain fort bon &
à bon marché;
& quelque grande que fuſt la
machine
, on la pourroit toûiours
tourner
le haut en bas, à cauſe
qu’elle
ſeroit ſoûtenuë en équili-
bre
, &
ainſi on la pourroit vui-
der
, &
remplir aſſez facilement
mais
i’avouë que ie ne l’ay pas
encore
experimenté iuſques .
EXPERIENCE IV.
L E 10. Aouſt ie pris 3. onces de
canelle
, &
les ayant diſpoſées
de
meſme que le roſmarin dont
ie
viens de parler, ie pouſſay le
feu
iuſqu à faire évaporer la gou-
te
d’eau en 2.
ſecondes, mais le
bas
de la machine trempoit dans
de
l’eau froide que ie renouvel-
lois
de temps en temps, ſi bien
que
il devint à peine tiede,
147131pour amolir les Os. à ce coup environ 5. drachmes
d
une liqueur blancheâtre avec
quelques
petites gouttes d’huile
au
deſſus, il y avoit auſſi un peu
d’huile
atachée aux côtez du ver-
re
&
qu’on pouvoit détacher avec
une
lame de couteau, &
on la voy-
oit
enſuite nager ſur la liqueur;
Il
y
apparence que l’huile tirée de
cette
maniere n’eſt pas ſi peſan-
te
, que celle qu’on apporte des
Indes
, &
ſe meſlant avec le phle-
gme
elle le rend ainſi blancheâ-
tre
;
cependant le phlegme ainſi
meſlé
d’huile a fort bonne odeur,
&
peut fort bien aromatiſer, eſ-
tant
mis en plus grande doſe que
l’huile
pure.
EXPERIENCE V.
L E 12. Aouſt ie mis de l’anis
dans
une de mes petites mar-
mittes
de verre, &
des
148132Traité tres-curieux de roſmarin dans l’autre avec de
l’eau
qui les ſurnageoit un peu,
mon
deſſein eſtoit de voir ſi l’hui-
le
eſſentielle ne ſe pourroit point
extraire
de meſme que la gelée
des
os, ie croyois que les parties
de
l’eau s’inſinuans entre les par-
ties
des plantes, pourroient fai-
re
échapper l’huile qui enſuite ſe
trouveroit
au deſſus de l’eau;
ie
p̀ouſſay
le feu iuſques à faire éva-
porer
la goutte d’eau en 10.
ſe-
condes
, puis ie l’éteignis incon-
tinent
, ie trouvay que mes ma-
tieres
avoient bien meilleur o-
deur
qu’auparavant, ſur tout le
roſmarin
, mais ie ne trouvay
point
d’huyle.
Le 13. Aouſt ie reïteray la meſ-
me
experience avec du roſmarin
dans
une marmitte, &
de la ca-
nelle
dans l’autre.
Je pouſſay le
feu
iuſques à faire exhaler la
149133pour amolir les Os. d’eau en trois ſecondes, & l’ô-
tay
incontinent aprés;
les vaiſ-
ſeaux
êtans refroidis je trouvay
que
le roſmarin avoit plûtôt
mauvaiſe
, que bonne odeur;
ce
qui
me fit juger que la chaleur
exceſſive
l’avoit gâté, au lieu
que
dans l’autre Experience une
chaleur
moins grande l’avoit
rendu
plus odoriferant, ſi bien
que
je ne ſçay pas ſi par pluſieurs
experiences
on ne pourroit point
trouver
un degré de chaleur pro-
pre
à le rendre meilleur, &
luy
faire
donner dans la diſtillation
plus
d’huile, &
plus facilement
qu’il
ne fait d’ordinaire.
La Canelle êtant un corps plus
dur
n’étoit point gâtée, mais il
n’y
avoit pas de profit à le pre-
parer
de cette maniere, à moins
de
ſçavoir quelque degré de cha-
leur
qui luy fut plus propre.
150134Traité tres-curieux
Voilà tout ce que j’ay fait juſ-
ques
icy ſur la Chymie avec
cette
Machine;
à quoy je croy
pouvoir
ajouter qu’il y a tout
lieu
de croire qu’elle ſera fort
utile
pour toutes les operations
qui
demandent un feu doux, &

égal
de tous côtez, parce que
mettant
le feu au bas &
l’eau la
plus
chaude montant toûjours
au
deſſus, la chaleur ſe commu-
niquera
par tout égallement;
el-
le
ſera propre auſſi pour conſer-
ver
le même degré de chaleur
pendant
un fort long temps,
parce
que la grande quantité
d’eau
qu’il y aura à échauffer,
empeſchera
que les inegalitez
du
feu ne ſoient ſi ſenſibles ſur
les
matieres qui v ſont enfer-
mées
;
Par exemple; Si le feu
vient
à être plus fort à un temps
qu’à
l’autre, il arrivera que
151135pour amolir les Os. force du feu ſera diminuée avant
quelle
ait faire d’effet conſi-
derable
ſur la Machine &
toute
l’eau
qu’elle contient;
de même
quand
le feu vient à étre moins
grand
qu’il ne devroit la cha-
leur
ne laiſſe pas de ſe conſerver
long-temps
dans la Machine;
enſorte qu’on peut avoir le loiſir
de
refaire du feu;
Cette conſi-
deration
m’avoit donné envie
d’éclorre
des poulets par ce
moyen
, &
je ne doute pas
que
la choſe ne pût fort bien
reüſſir
;
J’aurois voulu mettre la
boule
d’un Thermometre ſcellé
hermatiquement
ſous une poule
parmy
les œufs, &
le tuyau du
Thermometre
ſortant aſſez loin
hors
du nid, auroit montré le
degré
de chaleur neceſſaire pour
cette
operation;
En ſuite j’aurois
enfermé
le meſme
152136Traité tres-curieux dans une Machine ajuſtée avec
des
fenêtres vitrées pour laiſſer
voir
ce qui ſe paſſoit au dedans,
&
ainſi on auroit voir quand
le
Thermometre ſeroit parvenu
au
même degré que quand elle
êtoit
ſous la poule;
& les œufs
êtans
ainſi enfermez dans des
marmites
de verre auroient eſté
faciles
à voir, quand il en ſeroit
ſorty
des poulets, comme cette
operation
ne demande ny beau-
coup
de preſſion, ny beaucoup
de
chaleur, on pourroit la faire
dans
des machines de plomb,
qui
pourroient être grandes &
à
bon
marché.
J’aurois voulu auſſi eſſayer ſi
la
preſſion pourroit avancer la
formation
du poulet, auſſi bien
quelle
avance la cuiſſon de la
viande
;
mais j’ay abandonné ces
deſſeins
crainte de manquer de
loiſir
pour en venir à bout.
153137pour amolir les Os. 18[Figure 18]
Chapitre VII.
POUR LES TINTURIERS.
EXPERIENCE PREMIERE.
P Arce que dans la ſeconde
Experience
du Chap.
V.
j’avois crû que les grozeilles ver-
tes
avoient tiré de l’étain une
belle
couleur de pourpre violet,
je
voulus voir ſi des grozeilles
rouges
ne feroient pas une cou-
leur
encore plus belle;
ainſi le
3
.
Aouſt, je mis pluſieurs lames
d’étain
dans une petite marmi-
te
de verre avec des grozeilles
rouges
pilées;
je pouſſay le feu
juſques
à faire évaporer la gout-
te
d’eau en 3.
ſecondes, avec
154138Traité tres-surieux preſſion interieure 12. fois plus
grande
que la preſſion ordinaire
de
l’air;
je trouvay en ſuite que
les
groſeilles rouges au lieu d’a-
voir
fait une couleur plus belle,
avoient
une couleur pâle, &
le
fruit
avoit beaucoup de goût de
brûlé
;
J’avois mis en meſme
temps
dans l’autre marmite de
verre
des ceriſes noires, &
je
trouvay
que le ſuc avoit auſſi
perdu
beaucoup de ſa couleur;
cela me fit croire que le feu alte-
re
les couleurs des choſes, ſur
leſquelles
il agit, en donnant aux
corps
qui n’en ont pas, &
l’ô-
tant
à ceux qui en ont, &
je croy
que
dans la 2.
Experience du
Chap
.
V. les grozeilles vertes
qui
s’êtoient crevées contre l’é-
tain
n’avoient pas plus de cou-
leur
que les autres, parce qu’elles
avoient
ſouffert plus de
155139pour amolir les Os.y a donc apparence que par le
oyen de cette machine qui
it ſi bien agir la chaleur ſans
ſſiper les parties des corps; On
ourra faire ſervir à diverſes
intures des ſubſtances qui n’y
oient pas propres par les voyes
dinaires.
EXPERIENCE II.
E quarriéme Aouſt je pris
du
ſuc de limon &
l’enfer-
ay avec des lamines d’étain
ns une petite marmite de ver-
, & ayant pouſſé le feu juſ-
es à faire évaporer la goute
eau en 10. ſecondes, & la preſ-
n interieure ſeulement triple
la preſſion ordinaire de l’air,
trouvay que le ſuc de limon
avoit point tiré de teinture de
tain, quoy qu’il ſoit bien
156140Traité tres-curieux acide que les grozeilles vertes
quand
elles ſont meures.
Le 7. Aouſt je reïteray la mê-
me
experience avee le meſme
ſuc
de limon, &
je pouſſay le feu
juſques
à faire évaporer la gou-
te
d’eau en trois ſecondes, &
la
preſſion
12.
fois plus forte que
la
preſſion ordinaire de l’air;
Je
laiſſay
un peu de charbon afin de
conſerver
la chaleur plus long
temps
, &
je trouvay que le ſuc
de
limon n’avoit point de goût
de
brûle, &
qu’il n’avoit point
tiré
de teinture de l’étain, ſeu-
lementil
paroiſſoit un peu jau-
nâtre
, ce qui me confirma que
la
couleur des grozeilles vertes,
Chap
.
V. Experience II. n’avoit
pas
eſté tirée de l’étain.
J’avois mis en même temps
dans
une autre marmite des gro-
zeilles
écraſécs, &
je
157141pour amolir les Os. qu’elles avoient contracté un
goût
d’empyreume, ſi fort qu’on
ne
les pouvoit avaller, leur li-
queur
êtoit rougeâtre, &
beau-
coup
moins belle que celle du
Chap
.
V. Experience II. De
ſorte
qu’il paroiſt que l’excez de
chaleur
peut beaucoup nuire;
cette liqueur tachoit mes mains
d’une
couleur jaune que je ne
pouvois
faire paſſer en huit jours
de
temps, quoy que je n’épar-
gnaſſe
pas le ſavon.
EXPERIENCE III.
LE ſeiziéme Aouſt Monſieur
Meres
Teinturier à Lon-
dres
m’apporta de la racine nom-
mée
Rubea tinctorum en poudre;
Nous en miſmes dans deux mar-
mites
de verre avec des petits
morceaux
d’étoffe &
de
158142Traitétres-curieux& dans l’une nous melâmes un
peu
d’eau de vie, nous pouſſa-
mes
le feu juſques à faire douze
preſſions
&
évaporer la goute
d’eau
en trois ſecondes, ce qui
fut
fait en {1/2} heure, &
ayant in-
continent
oſté le feu, nou trou-
vâmes
que la couleur rouge é-
toit
gâtée, &
qu’elle tiroit ſur le
jaune
;
les morceaux d’étoffe é-
toient
tout à fait gâtez &
ſe dé-
chiroient
ſans peine quoy que
pour
l’ordinaire on puiſſe faire
boüillir
cette étoffe trois heures
ſans
ſe gâter.
Cette experience
nous
fit croire que le Rubea tin-
ctorum
, ny les étoffes ne ſont pas
propres
pour une ſi grande cha-
leur
.
Monſieur Meres eut en ſuite
envie
de voir ſi la cochenille
pourroit
donner toute ſa cou-
leur
ſans être morduë;
159143pour amolir les Os. cét effet il mit trois grains de
Cochenille
, fort entiers dans
trois
onces &
demie d’eau, &
en
même temps il mit dans l’au-
tre
marmitte de la Cochenille
commune
qui ſe vend huit fois
meilleur
marché que l’autre, à
cauſe
de cela il en mit environ
huit
fois plus à proportion de
l’eau
;
ayant pouſſé le feu de mê-
me
que dans l’experience pre-
cedente
, nous trouvâmes que
dans
le premier verre il yavoit
eu
un des grains de Cochenille
qui
s’êtoit tout à fait diſſout, &

que
les deux autres n’avoient
plus
du tout de couleur, mais
qu’ils
étoient noirs.
La liqueur
êtoit
d’un beau rouge:
mais dans
l’autre
verre la teinture êtoit
bien
plus forte.
Cette experience fit voir qu’on
peut
par le moyen du Bain
160144Traitétres-curieux rie fermé à vis, épargner toute
la
peine, &
le déchet qu’il y a à
brayer
la Cochenille, &
que
peut-être
la Cochenille commu-
ne
donneroit beaucoup plus de
teinture
qu’elle ne fait d’ordi-
naire
.
Je fis avec ces liqueurs une ex-
perience
pour ſçavoir ſi la Ma-
chine
de vuide pourroit ſervir
à
faire penetrer les teintures
dans
les étoffes;
Je mis un mor-
ceau
d’étoffe dans une des li-
queurs
, &
les ayant mis dans le
vuide
, je vis comme je l’atten-
dois
, qu’il ſortit grande quanti-
d’air de l’étoffe, ſi bien que
je
croyois que la teinture en-
trant
enſuite dans la place de
cét
air, ſe trouveroit avoir bien
penetré
par tout;
cependant@
quand
j’eus redonné l’air, &
que
l’humidité
de l’étoffe eut eſté
161145pour amolir les Os. primée, il ſe trouva qu’il n’y re-
ſta
pas de couleur, ce qui me fit
voir
que ce n’eſt pas aſſez que la
teinture
s’inſinuë entre les poils
meſmes
;
& elle ne ſçauroit s’y
inſinuer
ſi les parties dont chaque
poil
eſt compoſé, ne ſont rare-
fiées
par la chaleur qui a bien plus
de
force pour cela, que le vuide.
EXPERIENCE IV.
LE 18. Aouſt ie mis deux
morceaux
d’étoffe de lai-
ne
dans deux marmittes de ver-
re
, &
ie verſay ſur l’un de la
teinture
de cochenille à bonmar-
ché
, &
ſur l’autre du ſuc de pru-
nes
diſtillées de la maniere décri-
te
chap.
6. exper. 3. ie ne pouſſay
le
feu que iuſques à faire évapo-
rer
la goutte d’eau en quaran-
te
deux ſecondes &
ſix preſ-
ſions
;
enſuite i’ôtay vite le
162146Traité tres-curieux craignant que l’étoffe ne fuſt gâ-
tée
;
les vaiſſeaux eſtant refroidis,
ie
trouvay mes deux morceaux
d’étoffe
encore bons &
bien
teints
, celuy qui eſtoit dans le
ius
de pruneaux auſſi bien que
l’autre
, mais il eſtoit d’un rou-
ge
plus enfoncé &
tirant ſur le
brun
;
le iu des pruneaux auſſi
avoit
beaucoup changé de cou-
leur
, eſtant devenu rougeaſtre
de
violet qu’il eſtoit aupara-
vant
, il eſtoit auſſi devenu plus
liquide
.
Cette experience fait voir que
le
Bain Marie conſervant long-
temps
les choſes à la chaleur
ſans
qu’elles ſe gaſtent, &
rete-
nant
les plus ſubtiles parties qui
s’exhalent
d’ordinaire, ſera pro-
pre
à faire penetrer dans les étof-
fes
des teintures, qui d’ordinai-
re
ſont eſtimées trop
163147pour amolir les Os. comme eſt le ius de pruneaux.
Parce que pour les teintures
on
ne ſe ſoucie pas du goût, Mr.
Meres croit qu’on n’auroit pas
beſoin
de marmitte pour mettre
dans
le Bam Marie;
ainſi ie croy
qu’on
pourroit laiſſer l’ouverture
moindre
que la cavité, comme
vous
voyez fig.
6. & il faudroit
auſſi
ſuſpendre cette machine
en
equilibre ſur les tourillons
CC
, afin de la vuider &
rem-
plir
facilement.
Si on vouloit y teindre des
étoffes
, il faudroit que l’entrée
H
H fuſt du moins aſſez grande
pour
pouvoir introduire les pie-
ces
d’étoffe dans la cavité A A.
164148Traité tres-curieux 19[Figure 19]
Chapitre VIII.
EXPERIENCES SVR LES
corps plus durs, comme l’Am-
bre
, l’rvoire, &c.
J’Ay fait des experiences ſur
des
corps plus durs, comme
l’ambre
, l’yvoire, la corne de
bœuf
, l’écaille de tortuë;
mais
comme
ie n’y ay encore rien
trouvé
qui puiſſe eſtre utile dans
la
pratique, je ne veux pas en-
nuyer
le lecteur en rapportant
toutes
les particularitez des ex-
periences
;
Je me contenteray
donc
ſimplement de donner
quelque
peu d’obſervations qu’-
elles
m’ont fourni.
. Ie n’ay jamais pu
165149pour amolir les Os. l’ambre, quelque degré de cha-
leur
que j’aye employé, quoy
que
j’empliſſe la Machine avec
de
la pois &
du ſable au lieu
d’eau
, &
que je la fermaſſe avec
8
.
vis au lieu de 2. J’ay bien
faire
la ſeparation de diverſes ſu-
bſtances
dont il eſt compoſé,
ſçavoir
de baume, des fumées,
&
des terreſtreitez; mais tout
cela
ne ſe peut appeller de l’am-
bre
fondu, puis qu’il n’a plus les
proprietez
de l’ambre, car ſi on
diſſout
ces ſubſtances dans l’eſ-
prit
de therebentine, elles ne
ſçauroient
acquerir beaucoup de
dureté
, quoy qu’on faſſe éva-
porer
l’eſprit;
& une chaleur
mediocre
peut les ramolir, com-
me
ſi ce n’eſtoit que la there-
bentine
endurcie.
. Mr. Boyle m’ayant donné de
la
gomme copal pour eſſayer
166150Traité tres-curieux qu’elle feroit, je trouvay bien
à
la verité qu’elle ſe fondit ſans
ſe
gaſter beaucoup:
mais quand
je
voulus m’en ſervir pour facili-
ter
la fonte de l’ambre, je n’y
pus
reüſſir;
j’ay voulu employer
pour
ce même deſſein du maſtik,
de
la gomme adragant, de la
poix
reſiné, mais tout cela a été
inutilement
, ſi bien que je croy
qu’on
peut aſſeurer, que pour la
fonte
de l’ambre il faut une cha-
leur
plus forte &
plus prompte
que
cette Machine n’en peut
donner
.
. Quoy qu’il ſemble que la
corne
de bœuf ſoit un corps plus
gluant
que les os, je n’ay jamais
pu
en tirer aucune gelée ny colle,
quoyque
j’aye remis la meſme
corne
trois ou quatre fois de ſui-
te
dans la Machine ſur le feu.
. Je n’ay jamais pu
167151pour amolir les Os. l’yvoire molle & pliante, quoy-
que
je l’aye fait cuire de diverſes
manieres
, &
avec diverſes li-
queurs
, comme ſont la graiſſe,
l’huyle
, la bierre &
l’eau, j’en
ay
tiré de fort belle gelée bien
tranſparente
, mais l’yvoire de-
meure
caſſante.
. L’écaille de tortuë ne ſe
ſçauroit
ramollir en boüillant
dans
l’huyle, mais dans l’eſprit de
vin
elle s’enfle, &
devient pleine
de
cavitez comme une éponge.
. La corne de bœuf & l’écail-
le
de tortuë ayant eſté cuittes
dans
l’eau, a une chaleur capa-
ble
de faire exhaler la goutte
d’eau
en 3.
ſecondes, avec une
preſſion
interieure 12.
fois plus
forte
que la preſſion ordinaire de
l’air
;
elles deviennent ſi molles,
qu’elles
ne ſe rendurciſſent point
en
3.
ou 4. jours de temps, &
168152Traité tres-curieux peut-eſtre que cecy pourroit être
d’
uſage dans la pratique, &
don-
ner
plus de commodité demettre
ces
matieres en œuvres, que
quand
elles ne ſont échauffées
qu’à
la maniere ordinaire;
il faut
pourtant
avoüer qu’elles demeu-
rent
aprés cela plus caſſantes
qu’auparavant
;
& j’ay une fois
veu
deux pieces d’écaille de tor-
tuë
, qui en cuiſant enſemble,
s’eſtoient
ſi bien collées l’une à
l’autre
, qu’elles ſe rompoient ail-
leurs
, plûtoſt que de ſe des-unir.
20[Figure 20]
169153pour amolir les Os. 21[Figure 21]
Chapitre IX.
CALCVL DV PRIX A
quoy de bonnes & grandes Ma-
chines
pourroient revenir, & du
profit
qu’elles pourroient appor-
ter
.
P Arce que l’on objecte
d’ordinaire
contre les nou-
velles
Inventions, que la dé-
penſeira
plus loing que le pro-
fit
qu’elles pourront apporter,
j’ajoûteray
icy un calcul de la
dépenſe
qu’il y auroit à faire
pour
de telles machines que cel-
les
que j’ay décrites, &
du pro-
fit
qu’on en tireroit.
J’ay eſté chez un Marchand
170154Traité tres-curieux fer, & j’y ay fait peſer un tuyau
de
fer de fonte qui avoit 6.
pou-
ces
de diametre &
2. pieds de
haut
, il eſtoit ſans doute aſſez
fort
pour reſiſter à une preſſion
interieure
20.
fois plus forte que
la
preſſion ordinaire de l’air;
ce-
pendant
il ne peſoit que 57.
liv.
ſi bien qu’un autre tuyau de
cette
ſorte qui auroit 12.
pouces
de
diametre, &
autant de for-
ce
à proportion de ſa groſſeur
ne
peſeroit qu’environ 228 liv.

mais
quand meſme un vaiſſeau
de
cette grandeur avec ſes fonds
peſeroit
250.
liv. il ne revien-
droit
toûjours pas à 29.
livres
tournois
, puiſque les marchands
peuvent
gagner en donnant
cette
ſorte de fer pour 2 {1/2}.
ſols
la
livre.
On pourroit faire uſer & aju-
ſter
le couvercle au
171155pour amolir les Os. dans le lieu meſme ſont les
forges
, &
les ouvriers tra-
vaillent
à bon marché, &
ainſi
cela
ſe pourroit faire à moins
de
20.
ſols pour chaque Machi-
ne
.
Les pieces de fer DD avec
les
quatre vis crainte que deux
ne
fuſſent pas fuffiſantes, &
la
verge
de fer LM ſe pourroient
faire
à moins d’un écu, ſur tout
ſi
on les faiſoit à la campagne,
&
beaucoup à la fois.
Ce ne ſeroit auſſi que trop
de
donner un écupour mettre le
tuyau
HH , &
y aioûter la ſou-
pape
.
On pourroit auſſi avoir la mar-
mitte
GG de fonte, de fer, de
verre
ou de pots de grais pour
moins
de 4.
écus, & elle ſeroit
aſſez
forte &
aſſez grande pour
contenir
8.
livres d’eau,
172156Traité tres-curieux pourtant qu’il ſeroit difficile de
faire
un verre ſi grand, mais au
lieu
d’un, on en pourroit faire
trois
ou quatre, pour mettre
l’un
ſur l’autre dans le meſme
chaſſis
.
On peut donc aſſeurer
qu’un
marchand pourroit avec
bon
profit vendre de telles mar-
chandiſes
à ſeize écus la piece
toutes
preſtes &
en bon eſtat.
Une Machine telle que ie viens
de
décrire feroit plus de 50.
liv.
de gelée à la fois, & elle pour-
roit
faire ſon effet du moins deux
fois
en 24.
heures; car i’ay éprou-
que ma grande Machine qui
a
ſix pouces de diametre, peut
en
moins d’une heure acquerir
toute
la chaleur neceſſaire pour
faire
de la gelée d’os.
On peut
donc
aſſeurer qu’on pourroit fai-
re
du moins 110.
liv. de gelée par
iour
avec une machine de 12 pou-
ces
de diametre.
173157pour amolir les Os.
Or dans Paris, quelques
Traitteurs
tiennent toûjours de
la
gelée prête pour ceux qui en
veulent
achepter;
On la vend
communement
vingt ſols la livre:
mais dans Londres l’on n’en
fait
que quand on la demande,
les
Apoticaires la vendent deux
Chelins
;
ce ſeroit donc rendre
un
bon ſervice au public, ſi quel-
qu’un
entreprenoit de fournir
la
gelée à 4.
ſols la livre; Ce-
pendant
un homme pourroit à
ce
prix-là faire par jour pour en-
viron
vingt livres tournois de
geléeavec
telle machine.
Le feu ne coûteroit pas ſix
ſols
, &
on auroit auſſi les os, &
un
peu de corne de Cerf à bon
marché
, n’êtant pas neceſſ aire
de
les raper, il ne faut pas non
plus
beaucoup de ſucre pour la
gelée
, mais ſuppoſons que la
174158Traité tres-curieux, & c. penſe monte à huit livres tour-
nois
par jour, il reſtera toûjours
quatre
écus de profit pour le
Maître
de la Machine, &
ainſi
en
quatre jours de temps, il pour-
ra
être rembourſé de la dépenſe
de
l’achapt, &
un homme ſeul
pourroit
faire travailler cinq ou
ſix
machines à la fois, &
les em-
ployer
pour divers uſages, dont
quelques-uns
ſeroient peut être
de
plus grand profit que de fai-
re
de la gelée;
Il ne faut donc
point
douter, que ceux qui au-
ront
les avances neceſſaires pour
travailler
à bon eſcient à ces ſor-
tes
de choſes, y pourront faire
parfaitement
bien leurs affaires,
&
en même temps rendre un
ſervice
au public.
175159 22[Figure 22]
ADVIS
MO nſieur Edmond @ King
Docteur
en Medecine,
&
l’un des membres de la So-
cieté
Royale de Londres,
ayant
fait faire une de ces ma-
chines
, pour plus grande com-
modité
&
ſeureté a fait aju-
ſter
la verge de fer LM avec
une
charniere à l’extremité L,
afin
qu’elle tombe toûjours ju-
ſte
ſur le Tuyau HH , &
qu’il
n’y
ait pas de danger que la ſou-
pape
P gliſſe à coſté &
gaſte
l’operation
:
Il a auſſi fait bâ-
tir
un fourneau de brique tout
exprés
.
& ainſi j’ay eu depuis
la
commodité d’eſſayer ſi par ce
moyen
la dépenſe du charbon
ſeroit
moindre que dans le
176160Advis. de ma cheminée (voy cbap. I.)
mais j’ay trouvé contre mon at-
tente
que la dépenfe de char-
bon
eſt beaucoup plus grande
dans
ſon fourneau, dont je
croy
devoir attribuer la rai-
ſon
à ce que les charbons
dans
ſonfourneau ne touchent
pas
la machine, mais demeu-
rent
à quelque diſtance au deſ-
ſous
;
de meſme que dans les
fourneaux
ordinaires à bain de
ſable
les charbons ne touchent
pas
le pot, au lieu que dans ma
cheminée
le charbon touche
la
machine preſque tout le long
d’un
coſté, &
ainſi la peuvent
bien
mieux échauffer.
Il y a
donc
apparence qu’il vaudroit
mieux
faire les fourneaux en
ſorte
que les charbons tou-
chaſſent
la machine tout le
long
d’un coſté:
il
177161Advis. mieux auſſi les faire de plaques
defer
, parce que les fourneaux
de
brique demandent beau-
coup
de feu pour eſtre tout à
fait
échauffez, à moins qu’on
les
faſſe travailler continuelle-
ment
.
Cependant Mr. King a fait
diverſes
experiences avec ſa
machine
, ayant la commodité
que
le feu s’y allume ſans qu’il
ſoit
beſoin de ſouffler.
Outre
pluſieurs
bons plats de viande
&
de poiſſon, il a auſſi preparé
divers
remedes, &
a trouvé
que
dans cette machine l’ope-
ration
ſe peut faire en moins de
la
dixiéme partie du temps qui
eſt
neceſſaire dans les autres
fourneaux
;
& ponrtant quel-
ques
unes de ces preparations
ſont
beaucoup plus fortes que
l’ordinaire
.
178162Advis.
Nous avons veu qu’en hyve@
la
corne de cerf eſtant boüillie
avec
douze fois auſſi peſant
d’eau
, elle la change toute en
gelée
:
les os font la meſme cho-
ſe
eſtant boüillis avec quatre
fois
auſſi peſant d’eau, ce qui
eſt
du moins le double de ce
que
j’avois trouvé en eſté.
A
cette
occaſion je rapporteray deux
@utres
effets qui ne ſe produiſent
pas
également en byver &
en eſté:
ba premiere est la fermentation
des
os dont j’ay parlé cbap.
3.
exp
.
8. qui ne ſe fait pas de
beaucoup
ſi bien dans le froid
que
dans le chaud;
le ſecond
eſt
la cuiſſon des viandes:
car
j’ay
éprouvé avec ma machine
quele
mouton ſe cuit fort bien
en
eſté avec 5.
onces de char-
bon
;
mais en hyver il ne ſe peut
bien
cuire à moins de 6 {1/2} onces.
179163Advis.
Nous avons veu qu’il n’eſt
pas
neceſſaire de mettre dans
la
machine toute l’eau qu’on
veut
congeler;
mais mettant
poids
égal d’os &
d’eau, aprês
l’operation
cette eau eſtant mê-
lée
avec trois fois autant d’au-
tre
eau, la tourne toute en ge-
lée
;
& ainſi la quantité de ge-
lèe
qu’on peut faire avec une
machine
, &
par conſequent le
profit
qu’on en peut tirer, va
bien
plus loin que je n’ay dit
dans
le 9.
Chapitre.
J’ay trouvé qu’un vieux chap-
peau
fort méchant &
mal tra-
vaillé
, eſtant penetré de gelée
d’os
, eſt devenu bon &
ferme;
en ſorte qu’ily a apparence que
ſi
on ſe ſervoit d’une telle li-
queur
pour faire les chappeaux,
ils
ſeroient bien meilleurs que
l’ordinaire
.
180164Advis.
La machine de Mr king ayant
déja
donné lieu à ces experien-
ces
;
Je ne doute pas que quand
la
choſe ſera devenuë commu-
mune
, on en découvrira beau-
coup
d’autres uſages en fort peu
de
temps.
181 23[Figure 23]
ADVIS
DEMO NSIEVRCO MIERS
Prévôt de Ternant, Profeſſeur
des
Matbematiques à Paris.
LAV erſion du Livre An-
glois
de Mr Papin, eſt
autant
bonne qu’on la
peut
ſouhaitter:
Mais comme
ce
docte Medecin François de
naiſſance
, &
experimenté Phi-
loſophc
Coſmopolite, que l’A-
cademie
nouvellement établie
à
Veniſe, pour perfectionner
les
Arts &
les Sçiences, a tiré
d’Angleterre
, ne fit que paſ-
ſer
par Paris, &
y ſalüer ſes an-
ciens
amis;
il n’eut pas le temps
d’y
faire conſtruire ſa Macbine,
pour
amolir les Os, &
faire
182 r@ toutes ſortes de Viandes e@
fort
peu de temps, &
à peu de
frais
:
pluſieurs perſonnes n’ont
peu
y réüſſir.
Cela m’a obli-
de donner au public la mê-
ine
Machine, renduë beaucoup
plus
facile, plus commode &

plus
aſſeurée, &
telle que Mr
Hubin
Emailleur du Roy, &
ſi
connu
parmy les Sçavans cu-
rieux
, la fit conſtruire au mois
d’Avril
dernier, avec laquelle
il
a le premier en France, mon-
tré
par experience à la Cour, &

à
M@s de l’ AcademieRoyale des
Sçiences
, tout ce que Mr
Papin
ſon ancien amy, avoit
promis
dans ſon livre imprimé
à
Londres.
On connoiſtra par la ſeule
inſpection
de ces figures, en
quoy
cette machine eſt plus fa-
cile
, plus commode &
plus
183 @e, que celle de Mr Papin.
La Figure premiere marquée
par
les lettres GG :
FF , re-
preſente
le Cylindre creux dans
lequel
on met cuire les Fruits,
les
Legumes, les Poiſſons, les
Chairs
, &
les Os pour en fai-
re
de la gelée.
Ce Cylindre creux eſt de Me-
tal
.
Sa hauteur eſt d’un pied
de
Roy.
Son diametre eſt de
quatre
pouces.
Son rebord, ou
cordon
GG , eſt de quatre li-
gnes
d’épaiſſeur, &
d’autant de
ſallie
.
La Figure II marquée H, re-
preſente
un couvercle defonte,
de
trois lignes d’épaiſſeur, un
peu
voutée, pour mettre ſur le
Cylindre
creux GG , FF .
La Figure III , marquée K,
V
, K:
K, L, K, repreſente
une
eſpece d’Eſtrier de fer.
184
La Figure IV, marquée N,
eſt
une Platine de fer, de qua-
tre
lignes d’épaiſſeur, pourmet-
tre
ſur L, fonds de l’Eſtrier.
La Figure V, marquée parles
lettres
KVK :
GG . K: FF . K,
repreſente
le Cylindre creux
GG
:
FF de la Fig. I. mis dans
l’Eſtrier
de la Fig.
III. On ſerre
fortement
le couvercle H, ſur
Ia
bouche GG , du Cylindre
creux
par le moyen de la vis
V
, qu’on tourne avec le gros
poinçon
de fer Q qu’on voit
dans
la Fig.
IX.
La Fig. VI, marquée par les
lettres
BB :
DD . eſt un Cy-
lindre
creux de fonte.
Son re-
bord
ou cordon BB a fix li-
gnes
de hauteur &
autant de ſal-
lie
.
Son fonds DD eſt épais
d’environ
quatre lignes, afin que
par
l’effort de la preſſion
185 terne il ne bouge, la machine fi-
gure
X eſtant miſe ſur les char-
bons
ardents.
La concavité de
ce
Cylïndre BD .
Fig. VI. à un
pied
&
un pouce de profondeur,
&
cinq pouces & demi de dia-
metre
d’ouverture ou largeur
pour
recevoir toute la machine
de
la Figure V.
laquelle eſt ſup-
portée
au fonds DD ſur un pe-
tit
bourelet cercle ou couronne
de
paille.
La Figure VII, marquée par
les
lettres a, T, a:
AA . repre-
ſente
un Cylindre de fonte creux
&
renverſé, pour ſervir de cou-
vercle
au Cylindre creux B, B:
D, D. de la Fig. VI , ainſi qu on
le
voit dans la Fig.
X. Son dia-
metre
eſt égal a celuy du Cy-
lindre
creux BB .
Sa hauteur
eſt
de deux pouces &
demi.
Son
rebord ou cordon AA ,
186 de ſix lignes de hauteur, &
d’autant
de ſaillie.
Le Tuyau T
eſt
de fonte, &
ſoudé au tra-
vers
du fond a a, du couver-
cle
a a:
AA , ſon uſage, eſt
tel
que Mr Papin l’a décrit.
La Figure VIII, marquée Y,
eſt
une platine de fer de qua-
tre
lignes d’épaiſſeur, elle eſt un
peu
cambrée ſur le milieu:
Elle
eſt
auſſi échancrée en Z, afin
qu’en
la mettant ſur le fonds a a,
du
couvercle a a:
BB , comme
on
le voit dans la Fig.
X. elle
reçoive
le Tuyau T.
Cette pla-
tine
y ſert à preſſer &
joindre
tres-fermement
par le moyen
des
vis O, I.
le couvercle a a:
AA . avec le Cylindre BB :
DD
.
comme il paroiſt dans la
Fig
.
X.
La Figure VIII, marquée
par
les lettres RC:
OMI : ES.
187 eſt forgée en double Equerre,
dont
les deux extremitez ſont
forgées
quarrément en crochets
chacun
de demi pouce de ſallie
en
dedans.
Ces crochets em-
braſſent
le corps du Cylindre,
AA
.
BB. de la fig. VI. par
deſſous
le rebord ſallie ou cor-
don
BB , comme le tout paroît
dans
la Fig.
X. Enfin par le
moyen
des deux vis O:
I. qu’on
tourne
avec le gros poiçon de
fer
Q Fig.
IX. dans des écrous
de
la bande de fer CE , on ſer-
re
, &
on joint tres-étroitement
le
couvercle a a:
AA de la Fig.
VII , ſur la bouche BB du Cy-
lindre
creux BB .
DD de la
Fig
.
VI , comme on voit le tout
dans
la Fig.
X.
Ce double Equerre RCES
porte
une petite boucle M, qui
ſert
à acrocher, comme il
188 dans la Fig. X, le levier, verge,
ou
barre plate de fer MTX , la-
quelle
par ſa peſanteur, &
par
celle
du poids P ſert à preſſer le
papier
qu’on met ſur le trou du
tuyau
T, pour le bien boucher,
afin
que pendant que la machi-
ne
eſt ſur les charbons ardens il
n’en
puiſſe rien échapper ou ex-
haler
.
Ce double Equerre à crochets
a
par tout un pouce &
demi de
largeur
, &
demi pouce d’épaiſ-
ſeur
.
Ses crochets RS ont du
moins
demi pouce de ſallie en
dedans
.
La largeur ou diſtance
d’entre
les deux barres plates
CR
:
ES , eſt égale au diame-
tre
des rebords, ſallies ou cor-
dons
AABB .
qu’elles em-
braſſent
;
mais la diſtance R
S
de l’extremité ou pointe d’un
crochet
à l’autre, eſt
189 de la largeur du diametre du
corps
du Cylindre BB :
DD ,
qu’ils
doivent embraſſer au
deſſous
du cordon BB , qui a
de
chaque coſté un demi pouce
de
ſallie.
La hauteur inferieure
de
ce double Equerre RC , eſt
d’environ
quatre pouces, afin
de
pouvoir embraſſer le cordon
BB
, tout le couvercle a a:
AA ,
&
la platine Y ſur laquelle por-
tent
les pointes des vis OI ,
qui
tournent dans des Ecrous
de
la partie horizontale CE
du
double équerre RC :
OM
I
:
ES .
J’ay depuis remarqué qu’on
peut
encore rendre cette ma-
chine
plus facile &
de moin-
dre
dépenſe:
en voicy la ma-
niere
.
Faites que le Cylindre
creux
de fonte de la Fig.
VI ,
marquée
par les lettres BB :
190 D, ſoit aſſez profond pour re-
cevoir
entierement toute la ma-
chine
de la Fig.
V, marquée par
les
lettres KVK :
GG . KFFK .
Cela eſtant vous n’aurez pas
beſoin
du couvercle, en Cy-
lindre
creux de la Fig.
VII,
marqué
par les lettres a, T, a:

AA
:
il ſuffira d’avoir une
platine
de metal de 3, ou 4 li-
gnes
d’épaiſſeur, dont le dia-
metre
ſera égal au diametre
BB
du Cylindre creux de fonte
y
compris ſon rebord, ou cor-
don
.
Cette platine ſervira donc
de
couvercle au Cylindre creux
marqué
AA :
BB dans les fi-
gures
VI &
X. On ſoudera au
travers
de cette platine le Tuyau
de
fonte T.
Ainſi on remplira
d’eau
tout à coup la machine
AA
:
BB , laquelle eſtant cou-
verte
de ſa platine, &
191 le ayant mis l’autre platine
échancrée
y z de la Fig.
VIII ,
on
adjuſtera le doule Equerre
marqué
par les lettres C:
O
MIE
:
RS, & c.
Ceux qui ſoubaitteront auoir la
Macbine
reduite dans toute ſa
facilité
&
de moindre dépenſe,
telle
que nous l’avons donné cy-
deſſus
, s’addreſſeront au S@
HOVDRY
, Maiſtre Fondeur,
ruë
de la Ferronerie.
192
[Empty page]
193
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194 24[Figure 24]
195
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196
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197 25[Figure 25]
198
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